Un peu d'histoire [Roderick/Abigail]

Une journée comme une autre à la bibliothèque de Poudlard. J’avais vu des élèves défiler toute la journée. J’avais enregistré leurs retours et leurs prêts, je les avais aidés dans leurs recherches. Et le peu de temps où on ne me sollicitait pas, j’en avais profité pour avancer dans mon boulot.

Parce que oui, j’avais beaucoup de boulot en retard. J’achetais régulièrement des livres pour la bibliothèque, livres qui étaient soigneusement sélectionnés, ce qui demandait déjà beaucoup de temps. Mais une fois qu’ils étaient arrivés, il ne suffisait pas d’agiter ma baguette pour qu’ils se rangent tranquillement dans les rayons. Oh que non, il y avait encore plusieurs étapes à faire ! Ce que nous appelions, dans notre jargon, le catalogage et l’équipement du livre.

Pour le catalogage, ce n’était pas hyper compliqué. Enfin, techniquement si, parce qu’il nous fallait retrouver toute sorte d’informations sur le livre, mais là, j’ouvrais mes registres, je posais ma plume à papote dessus et je dictais les informations au fur et à mesure que je les trouvais. Vous savez, étant à moitié moldue, j’avais eu l’occasion de voir comment fonctionnait les bibliothèques dans le monde non-magique. J’avais pu manipuler un peu leurs ordinateurs et leurs logiciels, et si vous voulez mon avis, ils avaient trouvé là quelque chose de vraiment génial. Quelque chose qui simplifiait grandement le catalogage, et la recherche de documents ensuite. Quand à l’équipement, je le faisais toujours à la façon moldue. J’aimais bien utiliser mes dix doigts plutôt que ma baguette pour ce genre de petites choses manuelles qui demandaient de l’habitude et de la dextérité. Je sais que d’ordinaire, les bibliothèques des sorciers n’ont pas recours à tout ce système de renforts, de couvertures plastiques, de cote. Mais c’était quelque chose que j’avais mis en place en arrivant. C’était quand même plus pratique pour retrouver un livre, ne serait-ce que pour les élèves qui ne connaissaient pas la bibliothèque et le fonds aussi bien que moi.

Bref, tout ça pour dire que ça avait été une journée comme les autres et qu’elle tirait maintenant à sa fin. Petit à petit, les lieux s’étaient vidés, les élèves retournant tous dans leur salle commune pour se détendre un peu avant le diner. Et j’avais l’intention de faire pareil. Je comptais retrouver mon livre, et me prendre dedans jusqu’à ce que vienne l’heure de descendre dans la Grande Salle. J’étais en train de relire Orgueil et Préjugés, et j’avais hâte de retrouver ce cher Mr Darcy.

Je me levai de mon fauteuil et commençai à faire le tour de la bibliothèque pour m’assurer qu’il n’y avait plus personne avant de fermer pour la nuit. Et je terminai ma ronde, comme d’habitude, par la section moldue. Cette section avait été aménagée depuis que j’avais pris mon poste à Poudlard. J’y avais recrée une bibliothèque moldue, rassemblant ici des ouvrages traitant de tous les sujets (histoire, sciences…) et de la littérature aussi, des classiques mais aussi ce qui faisait fureur chez les moldus en ce moment. Je voulais ouvrir les élèves à ce monde qui, pour moi, était tout aussi intéressant que le monde sorcier.

Je m’apprêtai à revenir à mon bureau lorsque je surpris un mouvement, dans un coin de la section moldue. Un homme était encore en train de lire. J’esquissai un sourire et m’approchai de lui. Après quelques pas, je m’aperçus que c’était Monsieur Wembley, le professeur d’histoire de la magie.

- Professeur Wembley ? Pardon de vous déranger, mais je vais fermer la bibliothèque.

Roderick pouvait enfin souffler, il en avait terminé avec les cours pour la journée à son plus grand soulagement. Ce fut sans surprise qu'il se rendit alors à l'endroit qu'il préférait le plus à Poudlard : La Bibliothèque. Il avait toujours eu une affection toute particulière pour cette endroit, qu'il visitait déjà quasi-quotidiennement pendant sa scolarité à l'instar des si studieux Serdaigles. A maintes reprises ont lui avait souvent fait la remarque qu'il aurait sûrement dut être répartit là-bas et qu'il n'avait rien à faire Poufsouffle. Le problème étant que les gens se faisaient souvent une mauvaise opinion de sa maison. Un élève studieux avait tout à fait sa place chez les Blaireaux, et malgré sa tendance à l'isolement il ne se serait vu nulle part ailleurs car les blaireaux étaient solidaires. Il n'était peut-être pas des plus sociables à l'époque mais si il y avait une chose qu'il appréciait c'était qu'on ne lui en tenait pas forcément rigueur. Certes il aurait peut-être eu sa place à Serdaigle mais qu'aurait-il était alors qu'un élève sérieux de plus ?

Alors qu'il avait laissé ses pensées dériver, il était arrivé rapidement à l'endroit espéré. Si avant il aurait pu s'orienter sans difficulté parmi les rayons, il devait avouer avoir un peu de mal avec la façon dont les nouvelle bibliothécaire les avait réorganisé. Peut-être avait-il été trop habitué à la méthode de Mme Pince qu'il avait assimilé au fil du temps.
Il se retrouva alors sans trop savoir comment au rayon moldu. Si il avait par contre une chose qu'il appréciait chez la nouvelle venue, c'était bien le fait qu'elle ait pris cette initiative. Il détailla les étagères un petit moment avant de ce décider sur un livre de fiction historique assez court, il semblait s'agir d'un roman épistolaire, si c'était vraiment le terme approprié vu le petit nombre de page que comportait le récit.

Il emporta le livre jusqu'à une table isolée, s'y installa et relut le titre à voix basse, songeur.

" Inconnu à cette adresse "

Le titre l'avait interpellé alors qu'il détaillait le rayon. Il entama alors sa lecture et une heure à peu près passa. Plus il avançait dans le récit et plus il se posait de questions. La vengeance de ce Max était-elle vraiment justifiée ? Martin pensait-il vraiment ce qu'il disait lorsqu'il lui écrivait ou était-il bien forcé de dire ces choses horribles à son pourtant ami proche ?
Alors qu'il était en pleine réflexion, il fut interrompu par la bibliothécaire qui devait fermer le lieux. Il n'avait pas vu le temps passer, dire qu'il était arrivé en début d'après-midi...

" Oh euh... Désolé, commença-t-il confus. Je n'avais pas vu l'heure ".

J’adressai un sourire au Professeur Wembley et secouai la tête.

- Oh ce n’est pas grave, je ne vais pas vous blâmer. Je suis la première à me perdre totalement dans un livre jusqu’à en oublier tout ce qui se passe autour de moi. Je vous comprends parfaitement.

La curiosité était un vilain défaut, on nous le dit toujours. Mais lorsqu’on est bibliothécaire, on ne peut pas s’empêcher de jeter un coup d’œil aux livres que lisent les gens qu’on croise ici ou là. Du coup, habitude oblige, je posai mon regard sur le livre que le Professeur tenait entre les mains.

- Inconnu à cette adresse, Kressman Taylor. J’ai lu ce livre lorsque j’étais adolescente. Il m’a beaucoup marquée. Cet échange de lettres entre Martin et Max, la façon dont chaque personnage évolue, en particulier Martin face à la montée du nazisme. C’est une très belle histoire. Qui nous en apprend beaucoup sur l’histoire de l’Europe. Enfin… l’histoire moldue.

Je relevai la tête et adressai un nouveau sourire au professeur Wembley.

- Ce livre est une pépite. Ce n’est pas étonnant que vous vous soyez perdu à l’intérieur. Ca vous plait ?

J’aurais aimé que les élèves s’intéressent un peu plus à cette section de la bibliothèque. Mais en réalité, c’était difficile de les y amener. Elle fonctionnait bien, pourtant, grâce aux nés-moldus. Mais pour le coup, elle ne remplissait pas totalement la fonction d’ouverture que j’avais voulu lui donner. Qu’à cela ne tienne, je ne désespérais pas de les y attirer grâce à des romans comme celui de Kressman Taylor.

- Pardonnez-moi mais, je suis étonnée de vous voir ici. Je ne pensais pas que vous vous intéressiez à la littérature moldue.

Le presque quarantenaire releva la tête alors que la bibliothécaire engageait la conversation. Elle avait apparemment lu le même livre mais contrairement à lui n'avait rien trouvé à y redire. Peut-être était-ce lui qui se prenait la tête pour rien ou sur-analysait la chose...

" Heureux alors que vous ne m'en teniez pas rigueur, commença-t-il alors qu'elle lui disait comprendre qu'on ne puisse pas voir le temps filer une fois plongé dans un livre. Quand à cet ouvrage... Je dois dire que je suis sceptique ?, déclara-il avec prudence. "

La jeune femme rousse avait semblé étonnée qu'il se soit intéressé à de la littérature moldue, chose qu'il comprenait car les sorciers en général se contentaient de ne s'intéresser qu'au monde sorcier, méprisant assez tout ce qui était moldu. Alors il choisit d'abord de répondre à cette question avant de s'atteler à expliquer la raison pour laquelle ce bouquin le laissait sceptique.

" Je suis moi-même sang mêlé à vrai dire, alors que le livre soit d'origine sorcière ou moldue cela n'a pas vraiment d'importance à mes yeux. "

Il hésitait un peu sur la marche à suivre pour exprimer son opinion quelque peu étrange sur l'ouvrage. Il ne voulait pas la heurter alors qu'elle venait de dire avoir adorer ce livre. Mais après tout, il ne s'agissait pas du livre en lui-même mais de ses personnages qu'il avait du mal à appréhender.

" Peut-être ne s'agit-il que de moi, cependant je le trouve assez sujet à controverse. Il semblerait qu'il ait été écrit avant que l'on ne prenne vraiment conscience de l'ampleur de l'emprise qu'avait le régime nazi sur le peuple allemand. Toutefois, il me semble que Martin a été clair avec Max lorsqu'il lui avait écrit que le courrier étant surveillé, il ne pouvait pas vraiment s'exprimer librement. Et depuis lors, j'ai un sérieux doute quand aux intentions de Martin..."

Il fit une pause, méditant sur le reste de son argumentation. C'était légèrement confus dans sa tête alors il avait du mal à en venir aux faits, à ce qui le dérangeait pour être exact.

" Et si Martin n'avait pas vraiment été endoctriné par le nazisme montant ? Et si il avait seulement prétendu, sachant que son courrier était lu et donc ne voulant pas d'ennuis ? "

Après avoir vécu une guerre de près, il était normal qu'il s'interroge car après tout, on était pas vraiment libre de s'exprimer en temps de guerre...

" Peut-être que célibataire, il aurait agit autrement. Allant au devant du danger, mais face à la menace qui mettrait en péril sa famille ? Max était trop loin pour comprendre et surtout je trouve sa vengeance... mesquine, statua-t-il. "

L'on avait seulement accès aux lettres, pas à la psyché des deux protagonistes. C'était justement ce fait qui lui faisait penser que l'on ne pouvait pas se fier aux lettres de celui-ci pour connaître les véritables intentions de Martin. Peut-être qu'avec un point de vue interne ou omniscient il n'y aurait pas de place pour le doute mais dans cette situation, il était plus difficile de décider si Martin était réellement en tort ou jouait seulement un rôle.

" Par exemple, quand Max demande des nouvelles de sa soeur Griselle et que Martin lui annonce avoir refusé de l'aider, causant indirectement sa mort. Et si Martin l'avait en fait aidé mais était dans l'incapacité de le dire à Max ? Encore une fois, sachant le courrier surveillé et son amitié avec juif étant connue, il n'aurait possiblement pas pu le mettre au courant et donc Max aurait indirectement tué sa soeur à travers sa vengeance. Et même si elle était morte à cause de la lâcheté de Martin, quel droit avait Max de causer à son tour sa mort et celle de famille par la même occasion ? "

Il s'arrêta sur ces mots, songeant qu'il en faisait peut-être une affaire personnelle. Il trouvait beaucoup à redire mais en même temps il se rendit compte que ce livre était tout à fait intéressant. Il aurait bien aimé le faire livre à ses élèves mais se doutait que cela semblerait hors de propos dans un cours d'Histoire de la Magie.

Il songea alors à la façon dont il s'était un peu emporté au sujet du livre.

" Je ne sais pas vraiment ce qui m'a pris, mais ce livre a comme qui dirait soulevé beaucoup de questions. Mais il ne s'agit sûrement que de moi qui n'ait pas dû tout comprendre ou peut-être était-ce une intention de l'auteur ? N'ayant pas lu sa biographie, je n'ai malheureusement pas les réponses à mes sûrement trop nombreuses questions. "

Peut-être en faisait-il une affaire personnelle, lui qui n'avait pas vraiment participé à l'effort de guerre dix ans auparavant.

[Pfiou, heureusement que je l’ai lu celui-là ! Même si ça remonte à… hum… Ah 6 ans, ça fait pas si loin finalement ]


Le professeur Wembley semblait d’humeur à engager la conversation. Je restai cependant debout près de la table pendant quelques instants. Une bonne bibliothécaire ne devait pas se montrer trop intrusive et ne pas déranger un lecteur dans sa lecture. Oui, j’avais oublié qu’il était l’heure de fermer et que c’était pour cela que j’étais venue le voir à la base.

- Oui c’est… Vous permettez que je m’asseye ?

Je n’attendis pas sa réponse et tirai une chaise en face de lui.

- C’est là tout l’art de Kressman Taylor, c’est qu’on ne saura jamais vraiment ce qu’il s’est passé. Vous savez, à l’époque, l’endoctrinement était tellement fort qu’il n’était pas étonnant de voir les gens changer du tout ou tout. Mais je me suis posé la même question à l’époque où je l’ai lu.

Je posai mes avant bras sur la table et croisai mes doigts.

- Martin n’a, effectivement, de cesse de prévenir son ami que c’est dangereux. Le fait est que Max, vivant aux Etats-Unis n’a pas conscience de ce qui se passe réellement en Allemagne à l’époque.

Je me redressai et attrapai une mèche de cheveux que j’enroulai autour de mon doigt. C’était un tic, un truc que je faisais souvent, sans me rendre compte, quand je réfléchissais.

- Je crois que les lettres de Max, insistantes, ont fini par causer la perte de Martin et de sa famille. La dictature nazie était…

Je le montrai d’un geste de la main.

- Vous êtes à moitié moldu vous aussi alors vous avez sûrement entendu parler de cette période en long, en large et en travers. Les opposants au régime nazi étaient tout simplement éliminés.

Je fini par reposer les mains sur la table et haussai les épaules.

- C’est du moins ainsi que je l’ai compris. Mais je me suis également demandé si, tout simplement, Martin n’avait pas fini par devenir un vrai nazi. Peut-être avait-il tout simplement déménagé face à l’insistance de Max. Je pense que c’est une volonté de l’auteur, de laisser le doute sur ce qu’il s’est vraiment passé. C’est là toute la force du roman épistolaire, on ne sait que ce que les protagonistes écrivent.

J’esquissai un sourire et le désignai d’un geste de la main.

- Je crois que l’auteur a parvenu à ses fins, vous amener à vous poser des questions.

- Ne dites pas ça, la fiction n’est pas toujours comme ça. Il arrive parfois que les romans soient plus… comment dire… explicites. Disons qu’on se pose moins de question parce qu’on sait vraiment comment ça se termine.

J’esquissai un sourire, le professeur Wembley nous lançait dans un débat. Et j’aimais les débats, surtout lorsqu’ils traitaient de littérature.

- Vous savez, je crois sincèrement que Max n’avait pas totalement conscience de ce qui se passait en Allemagne. Quand on vit a des milliers de kilomètre de l’endroit où se passe les choses, on n’a pas toujours conscience de ce qui se passe vraiment. Je veux dire. Evidemment qu’il était au courant. Mais je crois qu’il sous-estimait l’ampleur de la chose. Il pensait certainement que Martin exagérait.

Je fronçai les sourcils et m’appuyai contre le dossier de ma chaise.

- D’ailleurs, si on y réfléchit, nul besoin d’être à des milliers de kilomètres pour penser que tout est exagéré. Vous savez que les juifs ne se sont pas défendus pendant la Shoah alors qu’ils savaient pertinemment ce qui se passait. Ils se disaient juste que ce n’était pas possible. Qu’une chose aussi horrible ne pouvait pas arriver, qu’on exagérait, qu’on leur mentait, alors ils se sont laissé faire… Il s’est passé la même chose dans le monde magique lorsque Vous-Savez-Qui est revenu. On nous avait prévenu, Potter n’a eu de cesse de nous le dire. Mais personne ne l’a cru et regardez où ça nous a mené.

En tant que sang-mêlée, j’étais devenue personna non grata. J’avais été traquée et obligée de me cacher pour ma sécurité. J’avais participé à la bataille de Poudlard et j’y avais perdu mon frère. Parce que personne n’avait cru que Voldemort était de retour et que personne n’avait rien fait pour l’empêcher d’agir.

- Quelque fois, je me dis que c’était la même chose pour Max. Martin avait beau lui dire ce qui se passait en Allemagne, il ne voulait tout simplement pas le croire. Peut-être ne se rendait-il pas compte du danger qu’il faisait courir à son ami ?

HRP:

HRP:

J’adressai un sourire au professeur Wembley pour clore la discussion. Je ne voyais pas quoi ajouter de plus de toute façon. Et je n’étais pas là pour le convaincre. Mon point de vue n’était pas le meilleur. C’était là tout l’intérêt de la fiction, c’est qu’on n’en tirait pas tous les mêmes leçons, les mêmes messages. On prenait en fonction de notre caractère, de notre passé, de notre façon de voir les choses. Dans un livre comme celui-ci, l’auteur nous laissait libres d’interpréter les choses comme nous le voulions. Et à voir le débat qu’il pouvait susciter, on pouvait en conclure qu’il avait bien réussi son coup.

- Un conseil ?

Je relevai la tête et parcourus les rayonnages du regard. Il y avait tellement de livres que j’aurais pu lui conseiller, et tellement également qui ne lui auraient peut-être pas plu.

- Ca dépend de ce que vous aimez. Vous êtes plutôt quel genre ? Policier, historique, science fiction ?

Quoi, ce n’était pas parce qu’il était professeur d’histoire de la magie qu’il affectionnait particulièrement lire des romans historiques ! Quant au terme « science fiction », le professeur Wembley ne venait-il pas de me dire qu’il était un sang mêlé ? Peut-être connaissait-il les deux mondes aussi bien l’un que l’autre, un peu comme moi.

- Vous savez, la littérature moldue est tellement riche, c’est difficile de conseiller un livre quand on n’a pas plus de précision sur le lecteur en lui-même. Et je ferais mal mon travail si je vous conseillais un titre sans me renseigner d’abord sur ce que vous aimez lire !

Spoiler:

- De la science fiction ou de la fantasy ? Hum…

Je me levai les yeux au ciel un moment, montrant par là-même que j’étais dans une profonde réflexion. Quand on me demandait un conseil, je prenais toujours le temps de réfléchir. Le professeur Wembley venait de me poser une question qui touchait vraiment au cœur de mon métier. Je n’étais pas bibliothécaire simplement pour faire des prêts, des retours, couvrir et ranger des livres. J’étais bibliothécaire également pour pouvoir faire découvrir des choses nouvelles à mes lecteurs, et pour échanger avec eux sur leurs lectures, ce qu’ils avaient aimé, ou pas. Aussi, quand on me demandait un conseil, je faisais toujours bien attention à ce que je répondais. Pour moi, il était important de taper juste. Bon, je savais pertinemment que chacun avait des goûts différents, et qu’il était fort possible que les personnes n’aimassent pas le livre que je leur avais conseillé. Mais quelle récompense, quelle reconnaissance pour moi, lorsqu’on venait me dire qu’on avait adoré !

Je me levai et parcourus mes rayonnages du regard avant de m’avancer en direction de l’un d’entre eux. La SF avait son rayon bien à part, mais la fantasy était mélangée avec les romans « sans genre ».

- En termes de fantasy, il y a quelque chose qui marche plutôt bien chez les jeunes moldus en ce moment…

Je sortis un premier roman des étagères et le posai sur la table devant le professeur Wembley. Il avait pour titre « Eragon » et sur sa couverture figurait un dragon.

- Il faut dire qu’il a été adapté au cinéma il y a… pff… quelque chose comme 2 ou 3 ans. Pas un véritable succès d’ailleurs, ce film. A la base, il y a… ah bah tenez, le tome 3 est sorti en septembre dernier.  Bref…

Je sorti un autre livre que je déposai également sur la table.

- Il y a celui-ci aussi, que personnellement, j’ai beaucoup aimé. C’est pas totalement de la fantasy, je dirais plutôt que c’est du fantastique, encore que… c’est discutable je pense.

Celui-ci représentait une petite fille à cheval sur un ours polaire en armure et avait pour titre « Les royaumes du Nord ».

- Pareil, il a été adapté au cinéma et le film a été plutôt décevant. Le souci, c’est que des livres comme ceux-là sont tellement riches qu’il est facile d’en faire de mauvaises adaptations.

Je continuai à parcourir mes rayonnages, retirant au fur et à mesure de mon avancée différents livres que je posai sur la table.

- Cœur d’encre, c’est clairement du fantastique, plutôt que de la fantasy ou de la SF. Mais c’est… personnellement, j’ai beaucoup apprécié également. J’ai eu un peu de mal à entrer dedans au début, mais ça se lit bien finalement. Vous avez aussi la quête d’Ewilan, en plusieurs tomes, les chevaliers d’Emeraude aussi. Je ne l’ai jamais lu, mais les jeunes moldus se l’arrachent.

Puis je me plaçai devant le rayonnage SF et tout de suite, mon flot de parole s’arrêta.

- Pour ce qui est de la SF, je maitrise beaucoup moins. Mais il y a une auteur française qui est spécialisée dans ce genre et qui, je crois, écrit des romans de qualité.

Je sortis des rayonnages deux livres de cette auteure. Le premier s’intitulait « 49 302 » et le second « Les orphelins de Naja ».

- Ah bah si, il y a aussi un nouveau livre, qui est sorti il y a quelques mois et qui rencontre un franc succès. Je l’ai lu il y a peu et j’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à le lâcher.

Je plaçai devant lui ce dernier livre. Il avait une couverture sobre, noire, toute simple, avec un oiseau brillant, une flèche dans le bec, représenté à l’intérieur d’un cercle. Le genre de couverture qui frappe, qui interpelle. Et le titre : The Hunger Games.

Je relevai les yeux sur le professeur Wembley et esquissai une moue un peu gênée.

- Je suis désolée, quand on me parle de livre, j’ai tendance à m’emballer. Arrêtez-moi, surtout, si vous trouvez que je parle trop.

Spoiler: