Demons [Klem & Lilly]

24 décembre - cité Nimbus.

Avant, Mr et Mrs Callaghan mettaient un point d'honneur à faire un grand repas de noël le vingt-quatre au soir, qui était directement suivi du déballage de cadeaux. Mais depuis quelques années, cette tradition avait changée, et Lilly se rendait à présent chez ses parents uniquement le vingt-cinq décembre - parce qu'un déjeuner était bien moins fatiguant qu'un diner, évidemment. Lorsqu'elle était avec Jensen, c'était aussi un bon compromis pour qu'ils puissent réveillonner tous les deux. Mais aujourd'hui, c'était la première fois qu'elle passait un vingt-quatre décembre seule - puisqu'elle était à l'étranger, l'année dernière, pour cette période. Et elle devait bien avouer que cela lui faisait étrange - et la rendait un peu triste.

Pour s'occuper l'esprit, Lilly avait décidé de se rendre chez Klemens. Parce que, d'abord, elle lui avait acheté une bouteille de whisky pour noël et qu'elle comptait bien lui déposer, et parce que cela faisait une petite semaine qu'elle ne l'avait pas vu, et que, elle l'avouait, il lui manquait. Sans pouvoir l'expliquer, elle se sentait proche du jeune homme, et cela lui faisait un bien fou. C'était différent de tous les autres hommes qu'elle avait pu fréquenter depuis Jensen, sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi. Elle se sentait bien, c'était tout.

"Klem ?" lança la jeune femme en arrivant devant la porte de l'appartement du loup-garou. C'était ouvert. Intriguée, elle poussa la porte, et pénétra dans le salon. "Klem, c'est Lilly, t'es là ?"

Un sourire se dessina sur les lèvres de Lilly lorsqu'elle aperçu Klem, et elle se laissa aller contre lui lorsqu'il la prit dans ses bras. Cet acte - s'il lui faisait plaisir - l'étonnait un peu aussi, tant Klemens avait une mine affreuse. Elle se garda toutefois bien de le lui faire remarquer, et se contenta de passer machinalement une main dans les cheveux du jeune homme pour les remettre en place lorsqu'ils se séparèrent.

"Ça va." mentit-elle avec - presque - aplomb. Ça allait comme le premier noël qu'elle passait seule, sans Jensen. Mais ça allait bien. Presque bien, disons.

Elle déposa son sac et sa veste dans un coin, avant d'observer attentivement le jeune homme.

"Mais et toi alors ? Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus !" déclara-t-elle avant de rajouter, malgré elle : "Et ça n'a pas trop l'air d'aller."

En même temps, il suffisait de regarder Klemens pour le constater. Elle ne reprit toutefois pas la parole, préférant attendre qu'il parle de lui-même.

Lilly suivit Klemens et se laissa tomber dans son canapé. Elle glissa un regard curieux vers lui, soucieuse. Elle connaissait le jeune homme depuis plusieurs mois maintenant, et il était vrai qu'elle ne l'avait jamais vu de la sorte. Il avait l'air profondément blessé, cela se voyait dans sa manière de s'exprimer, d'agir, dans ses mimiques. Sans un mot, elle se blottit contre lui et attendit qu'il parle, le regard dans le vide.

Sa déclaration l'étonna, et elle ne pu s'empêcher de froncer les sourcils, comme si elle n'avait pas bien entendu. Bien sûr que - même sans trop l'avoir fréquenté - elle connaissait l'amitié qui liait Roy à Klemens. C'était bien simple, le loup-garou le mentionnait très souvent, et il fallait être aveugle pour ne pas voir le lien qui unissait ces deux-là.

"Tu es sûre que c'est... pour de bon ?" questionna Lilly.

Parce qu'elle était bien placée pour savoir qu'une dispute entre deux meilleurs amis n'apportait jamais rien de bon. Elle avait encore des frissons lorsqu'elle se souvenait de celle qui l'avait opposé à Charlotte. Si elles ne s'étaient pas réconciliées... Lilly n'avait aucune idée de la situation qu'elle occuperait en ce moment, mais à coup sûr, elle serait loin d'être glorieuse.

"Parfois il suffit d'un peu de temps pour que tout s'arrange, tu sais..." le réconforta-t-elle d'une voix douce.

Lilly avait appris, au fil du temps, à connaître Klemens. Ce n'était pas simple, elle devait bien l'avouer - ce n'était pas le genre d'homme qu'on pouvait lire comme un livre ouvert. Pourtant, elle commençait à le connaître - à connaître celui qu'il était vraiment. Peut-être parce que, sur quelques points, ils se ressemblaient. Ils avaient une manière plus ou moins semblable de gérer leurs émotions, de gérer leur rapport aux autres, et leur rapport au monde. Aussi, lorsque le jeune homme écourta leur conversation sur Roy, Lilly ne broncha pas. Elle y reviendrait plus tard, sans doute - peut-être quand le souvenir serait un peu moins douloureux.

"Un cadeau ?" répéta-t-elle, à moitié étonnée, mais surtout touchée par le geste de Klem. Elle eut un petit sourire, et ne pouvant s'en empêcher, lança : "C'est un poster de toi pour que je l'affiche dans ma chambre et je dresse un autel en ton honneur ?" fit-elle en référence à l'une de leurs anciennes blagues.

Elle se leva à son tour, et fouilla dans son sac à la recherche du paquet qu'elle avait soigneusement emballé. Elle savait bien qu'offrir de l'alcool n'était pas exactement le cadeau le plus original qu'il soit. Mais la qualité de la bouteille rattrapait ce manque d'originalité, n'est-ce pas ?
Retournant s'asseoir sur le canapé, elle tendit le paquet à Klemens, avant de saisir le sien.

"Joyeux noël Klemmy." lança-t-elle d'un ton affectueux, en déballant le présent, un léger sourire aux lèvres.

La réaction de Klemens lui arracha un sourire, heureuse que le cadeau lui plaise.

"Ne t'inquiète pas va, je m'arrangerais pour être avec toi lorsque tu l'ouvriras." plaisanta-t-elle lorsqu'il lui affirma qu'elle n'aurait pas dû lui offrir ça.

Cela lui faisait plaisir, véritablement, et elle était contente de pouvoir partager ce noël avec son nouvel ami. A son tour, elle déballa son cadeau, et ne pu retenir une exclamation de surprise à la vue du bracelet. Déjà, parce qu'il était joli - et qui aurait pu penser que Klemens avait si bon goût en matière de bijoux ? - et ensuite parce qu'elle était touchée que le jeune homme ait pensé à elle.

[color=darkcyan]"J'aime beaucoup, il est magnifique." déclara-t-elle, en le saisissant délicatement avant de le tendre à Klemens pour qu'il l'accroche à son poignet.

Elle n'était pas très bijoux, pourtant, bien qu'elle préférait les bracelets au reste - elle avait un problème avec les bagues, depuis ses fiançailles.

"Merci, c'est adorable." fit-elle en lui déposant une bise sur la joue. "Ça me fait vraiment plaisir." affirma la jeune femme en faisant doucement tourner le bracelet autour de son poignet.

Les yeux rivés sur son poignet, Lilly sentait le regard de Klem peser sur elle. La relation qu'elle avait noué avec le jeune homme était à la fois très simple et très compliquée. Simple dans le sens où ils étaient amis - parfois plus - sans chercher à définir leur lien. Compliquée, parce qu'elle soulevait chez Lilly pleins de sentiments contradictoires. Quand elle était près de Klemens, elle était heureuse - du moins, elle se pensait heureuse - et légère. Mais, en même temps, elle se sentait triste - parce que ce n'était pas Jensen - et coupable - parce qu'elle faisait tout pour fuir ses problèmes.

Alors, comme à chaque fois qu'elle se retrouvait avec son ami, la jeune femme décida d'adopter la méthode la plus efficace qu'elle connaissait, à savoir celle de faire complètement abstraction de ce qu'il pouvait bien se passer dans son esprit, pour seulement se concentrer sur le moment présent. Si Charlie avait été là, elle aurait probablement froncé les sourcils en lui disant qu'elle devait - par Godric ! - arrêter de faire l'autruche, mais comme sa meilleure amie n'était pas là, Lilly se contenta d'enterrer ses pensées et de relever les yeux vers Klemens. Ce dernier s'approchait justement d'elle pour poser ses lèvres sur les siennes. Elle ferma les yeux pour lui rendre son baiser, glissant par la même occasion une main derrière la nuque du loup-garou.

Lorsqu'ils se séparèrent, Lilly resta un instant les yeux clos, la respiration courte. Une part d'elle savait que l'idée qu'elle avait en tête était mauvaise. Et pourtant, elle avait envie de passer un instant rassurant dans les bras de Klemens, sans avoir à se soucier de ce qu'il se passait à l'extérieur. Se hissant d'un mouvement sur les genoux du jeune homme, elle glissa ses bras autour de son cou et ne réfléchit pas longtemps avant de l'embrasser une nouvelle fois, plus longuement.