12 décembre 2008

Mordred sifflotait en relisant un rapport de Willa, ajoutant une ou deux choses dans les marges du parchemin. Il n'aimait pas relire les rapports, mais entre les corriger et les écrire, il choisissait sans hésiter la première tâche. Derrière son bureau, il entendait Finnigan râler en priant pour que Meyer revienne vite. De son côté, Willa était étrangement silencieuse. Mordred savait pourquoi, mais il ne pouvait rien y faire aussi feignait-il de l'ignorer. Il venait de sortir sa baguette pour effacer le dessin de boursouflet au regard larmoyant qu'il avait fait en bas du rapport lorsqu'Haley Peterson se dirigea vers lui.

"Lannister, on a Calder en salle d'interrogatoire."

Surpris, l'Auror leva les yeux vers sa supérieure - beaucoup trop jeune pour être chef à son humble avis. Lui-même se trouvait étonnamment chanceux d'être lieutenant, alors qu'elle soit promue aussi vite! Mais après tout, tant qu'elle était compétente, Mordred ne s'amuserait pas à lui chercher des noises. S'il jugeait qu'elle faisait n'importe quoi, il n'aurait sans doute pas de scrupules à lui désobéir, mais il ne faisait pas partie de ceux qui menaient leur guerre à coup de semi-obéissance et d'insolence à moitié dissimulée.

Mordred se leva et pris le dossier qu'elle lui tendait sans aucune question. Il savait très bien pourquoi elle le lui confiait. Rien n'était dit officiellement, mais les ordres de la Milice étaient pourtant plus clair que du crystal: on ne touchait pas à Roy Calder ni à ses amis. A titre personnel, Mordred était très heureux de n'avoir pas à interroger Roy. Depuis la soirée chez Klemens, il l'appréciait plutôt bien. Mais il comprenait aussi que ses collègues ne soient pas aussi ravis. Calder faisait partie des trafiquants connus qu'ils n'avaient jamais pu arrêter. Et maintenant, ils commençaient à comprendre que même s'ils trouvaient quelque chose, cela ne déboucherait sur rien. Il n'aurait pas aimé être à leur place. Les Aurors n'étaient pas à proprement parler déssaisis de leurs enquêtes. Mais dès que l'une d'elle touchait d'un peu trop près à Bristol, elle était étrangement découragée. Les "agitateurs" dont les Aurors auraient du s'occuper passaient entre les mains de la milice sous prétexte de protection de l'ordre public...

Parce qu'il était à la fois Auror et membre de la Milice, Mordred avait la chance de pouvoir tout suivre. Il ne se morfondait pas au BDA toute la journée comme Willa avec la sensation de se faire voler son travail. Pour autant, il y avait des choses dans l'organisation qui le dérangeaient: confier la direction d'aurors à la chef des Oubliators était selon lui une bien mauvaise idée. Et puis il avait bien vu que les pauvres types qu'ils avaient envoyés à Skye la semaine précédente ne ressemblaient ni à des terroristes ni à des révolutionnaires... Mais il avait été trop occupé avec le BDA à rechercher les évadés d'Azkaban pour s'en soucier.

"Qui l'a attrapé?" demanda-t-il à Hayley.
"Harry et Ron" commenta-t-elle sobrement.

Harry et Ron étaient des types sympa, ça ne faisait pas de doute. Mais ils étaient, contrairement à lui, des Gryffondors purs et durs, dont l'adolescence avait été particulièrement marquée par l'injustice. Nul doute qu'ils n'allaient pas être très heureux de voir leur travail anéanti... Mais Mordred n'était pas celui qui prenait les décisions. Il passa devant eux avec un haussement d'épaule fataliste et entra dans la salle d'interrogatoire où l'attendait Roy.

"Salut Calder!" dit-il en jetant négligemment le dossier sur la table et en tirant la chaise. "Content de te revoir." Il s'assit de la même manière et fixa l'amie de Klemens. "Alors, qu'est-ce que tu as fait comme bêtise pour te retrouver ici, cette fois?"

L’impunité totale. S’il y avait une clause au contrat qu’il avait passé avec le gouvernement que Roy ne lâcherait pour rien au monde, c’était celle-là. Rien que pour cet avantage précieux, il était prêt à reverser sans trop grincer des dents le pourcentage que lui réclamait le ministre sur ses affaires. Ne disait-on pas que la liberté n’avait pas de prix ? Si, car elle avait une saveur délicieuse, qui avait tendance à rendre Roy encore plus arrogant que d’habitude, soyons honnêtes. Après tout, il commandait à une organisation criminelle qui pouvait s’étendre autant qu’elle le souhaitait, sans s’inquiéter des autorités. Il pouvait faire ce qu’il voulait.

En tout cas, tels étaient les termes du contrat très officieux qu’il avait passé avec le Ministère : Peterson et Coleman, les deux femmes qui tenaient les rênes des forces de l’ordre du pays, s’arrangeaient pour que ni lui ni ses hommes ne soient jamais inquiétés. Mais il fallait croire que messieurs les héros de guerre Potter et Weasley pouvaient déroger à la règle. Si Roy les accueillit avec le poli sourire de celui qui n’avait rien à se reprocher, il n’apprécia pas la façon cavalière avec laquelle les deux Aurors l’arrêtèrent, alors qu’il se rendait aux Folies Sorcières depuis son appartement. Comme s’ils n’attendaient que de trouver une occasion de l’attraper depuis quelques mois... Eh bien, ils seraient vite déçus, songeait Roy assis à sa chaise d’interrogé. Peu importait les preuves qu’ils avaient contre lui, au fond. Leurs supérieurs étaient de son côté, c’était un fait contre lequel ni Weasley ni Potter ne pouvait lutter.

Pas vraiment inquiet, donc, mais pas non plus ravi d’être ici, Roy fut néanmoins satisfait de voir que l’Auror qui franchit la porte n’était pas l’un de ceux qui l’avait arrêté, même s’il feignit la déception.

« Lannister ! le salua t-il, avec un sourire qui prédisait le commentaire bien lourd qu’il allait faire. J’avoue que j’espérais voir Peterson, elle est carrément plus canon que toi. »

Il ne plaisantait qu’à moitié, d’un côté, parler directement à Hailey aurait été plus simple, de l’autre, il appréciait Mordred, qui devait être l’un des seuls Aurors supportables de ce bureau, à ses yeux. Il fallait dire qu’il était le seul qu’il avait eu l’occasion de côtoyer en dehors d’une salle d’interrogatoire. Cette soirée chez Klemens s’était finalement bien passée, Roy avait eu la surprise de trouver en la personne de Mordred quelqu’un avec qui il pourrait tout à fait s’entendre. La question qu’il lui posa le fit hausser les épaules, feignant l’ignorance.

« Rien… de plus que d’habitude » nuança t-il, sur un ton qui trahissait une certaine insolence.

Il jeta un oeil machinal au dossier que Mordred venait de poser entre eux. Il ne l’avait peut-être pas lu avant de venir et Roy ne pouvait lui en vouloir : toute cette paperasse avait l’air bien ennuyeuse à déchiffrer. C’était bien mieux de discuter directement avec l’intéressé, surtout quand ce dernier avait tout loisir de fournir sa propre version, n’est-ce-pas. Le trafiquant finit par fournir les explications que Mordred attendait, sans masquer son sarcasme :

« Je suis apparemment associé aux dernières livraisons de tenebrosia du port, dit-il en reprenant les dires de ses collègues, avant de lever les yeux au ciel, innocemment. Alors que tout le monde sait que ce n’est pas moi qui contrôle le port… »

Ce qui était vrai, les quelques derniers sharacks s’accrochait à leur territoire comme moule à leur rocher, mais cela devrait bientôt changer, selon les plans de Roy. Il suffisait de se débarrasser des deux ou trois bonnes personnes, que les Veilleurs avaient récemment identifiées. La bataille pour le marché de Bristol n’était pas terminée, mais elle approchait de sa conclusion, au grand plaisir du chef des Veilleurs...

« Mais je suis surpris. Je croyais que le BDA ne s’occupait plus de Bristol ? » interrogea t-il à son tour.

La presse avait bien fait étalage des mesures sécuritaires du ministre qui assignait la surveillance de Bristol et la traque des malfrats au tout nouveau corps de la Milice. Roy en savait beaucoup plus que le citoyen lambda qui lisait son journal, et mieux encore il y trouvait tout son compte, car il était plus simple pour lui de troquer avec des miliciens : beaucoup plus corruptibles que leurs collègues Aurors, pour la plupart.

Calder n'avait pas l'air très inquiet - et à raison. Bon, il n'avait jamais vraiment eu l'air inquiet lorsqu'il était au BDA. Soit il connaissait ses droits sur le bout des doigts, et avait toujours été conscient que les Aurors n'avaient jamais rien de suffisant pour l'expédier à Azkaban, soit il était un sacré bon comédien. Mordred misait sur un peu des deux, avec un peu plus d'intelligence qu'il ne l'avait cru au départ, vu qu'il était passé de "gangster indépendant" à "grand ami du gouvernement", ce qui témoignait d'un changement de position dans la pègre assez radical.

"Tu me vexes, là" dit-il, pourtant pas offensé le moins du monde. "Je travaille mon brushing bien plus qu'elle! Et je crois que j'ai eu plus de rancards, aussi."

Il fallait dire qu'Hailey Peterson n'était pas aussi facile d'approche que lui. Roy eu ensuite l'obligeance de lui résumer l'affaire, qui était en effet très banale. Mordred jeta un coup d'oeil au dossier par pure conscience professionnelle, avant de se rappeler qu'il était censé faire taire cette dernière pour l'entretien qui venait et conclure "qu'aucun élément probant ne [leur] permettait de retenir l'interpellé". Franchement, heureusement qu'il s'agissait de Roy, sinon il aurait pris parti pour Harry et Ron.

"Ah, mais tout réside dans le fait que l'on ne sache rien, sinon tu serais à Azkaban depuis longtemps!" pointa-t-il avec malice. "Par conséquent, je ne vois aucune objection à étudier sérieusement ce que mes collègues m'ont donné." Et il se repencha sur le dossier, l'air de rien. "Alors, qu'est-ce que tu fabriquais hier matin à 3h15? Je veux les détails!"

La question de Calder le surpris. Peut-être n'était-il pas aussi détendu qu'il le paraissait, finalement. Mordred hésita un instant à lui montrer son badge de la milice, puis changea d'avis. La situation était propice à lui faire une bonne blague, non? Il fallait de toute façon qu'il le garde un minimum de temps pour ne pas vexer ses collègues et que l'interrogatoire paraisse solide. Et puis, il n'avait pas vraiment envie de retourner au rapport de Willa... Aussi afficha-t-il un air sincèrement surpris et leva les yeux.

"Eh bien, tu as été mal informé. Qui t'as raconté cette bêtise?"

Roy ne retint pas un léger rire à la réplique de Mordred, toujours prêt à plaisanter, comme il l’avait découvert lors de leur soirée poker. Il renchérit du tac au tac, sur ce ton moqueur qui lui ressemblait bien :

« Plus de rencards ou de demandes de rencards ? Ca m’a l’air de faire une grande différence, chez cette femme. »

Bien que le sujet d'Hailey Peterson ne manquait pas d'intérêt, selon Roy, il fut assez satisfait de voir qu'ils en venaient assez vite aux faits qui l’amenaient ici, et Roy décida qu’il classait définitivement Mordred dans la catégorie des Aurors sympas, les autres catégories étant celle des bouledogues -avec Hayden McNeil à leur tête-, celle des héros de guerre pédants et celle des attrayantes, avec un e, car uniquement représentées par des femmes, dont Charlotte Meyer. Hailey était quelque part entre la première et la troisième catégorie. Allez, Mordred était plutôt mignon et il avait le sens de l’humour, Roy voulait bien lui mettre un petit bonus catégorie trois, un point pour le brushing.

Il le trouvait sympathique, parce qu’il le connaissait mieux que les autres, mais si cela n’avait pas été le cas, Roy l’aurait tout de même classé dans cette catégorie par défaut. Vous comprenez, un Hayden McNeil l’aurait sommé de cracher la vérité en sortant sa grosse voix de représentant des forces de l’ordre sensée donner tout son relief au mot « forces » dans l’expression, tandis qu’un Harry Potter lui aurait longuement parlé d’un petit ton froid -ça y est, on avait sauvé le monde sorcier une fois, on vous devait le respect éternel- de procédures judiciaires, des risques qu’il encourait pour l’intimider et l’inciter à faire des aveux. Mordred lui parlait sans le prendre pour un cognard, ce dont Roy lui était assez reconnaissant. Oh, la soirée poker y était sans doute pour quelque chose, et le trafiquant comptait bien mettre à profit le fait qu’il s’était attiré sa sympathie pour sortir le plus rapidement possible d’ici - c’est qu’il avait d’autres chats à fouetter. A sa question, Roy fit mine de réfléchir, alors qu’il se passait machinalement la main sur sa barbichette.

« Hier à 3h du mat… Tu veux vraiment les détails ? Le sourire de Roy eut quelque chose d’assez licencieux, alors qu’il poursuivait l’air de rien : Non parce que si c’est juste un alibi qu’il te faut, j’aimerais autant ne pas griller ma vie intime tout de suite, on n’est pas assez potes, mais bon, si tu veux vraaaaiment savoir… Les rumeurs sont vraies, sur cette Rita à l’Amortensia. Elle était contorsionniste avant d’arriver à Bristol. »

Ce n’était pas vrai -enfin, si, mais ce n’était pas ce soir-là que Roy en avait fait l’expérience—, néanmoins il y avait bien une ou deux filles de ce bordel prisé de Bristol qui accepterait de mentir pour lui, si jamais on les interrogeait. Evidemment, rien dans l’innocence de son regard qui ne cillait pas ne laissait penser qu’il y avait une entourloupe là-dessous. Tout juste une envie de rire, mais il fallait bien connaître l’animal pour déceler cette petite lueur farceuse dans ses yeux posés sur l’Auror. Fanfaron et comédien, du grand Roy Calder.

D’ailleurs, c’était bien parce qu’il était comédien qu’il se retint à temps de hausser les sourcils avec scepticisme quand Mordred lui rétorqua qu’il avait été mal informé. Ses informations venaient des sources les plus sûres possibles d’obtenir, les instigateurs mêmes de la politique de ce pays. A partir de là, soit c’était Mordred qui était mal informé sur son propre bureau, soit il lui mentait sciemment. Les sourcils de trafiquant se froncèrent imperceptiblement, l’espace d’une seconde. Pourquoi ? Le testait-il ? Ou cherchait-il juste à gagner du temps ? Il répondit en haussant les épaules, sur un ton égal :

« Ai-je besoin de citer un nom ? Il suffit juste de vivre à Bristol pour voir que les gars qui y patrouillent sont des gens de la Milice, et d’ouvrir les journaux pour se faire rabâcher que mater ce genre de terres hostiles, c’est précisément leur raison d’exister. »

Roy quitta sa position accoudée au bureau avec main sous le menton pour revenir contre le dossier de chaise, bras croisés. Mordred cherchait peut-être simplement à savoir ce qu’il savait, exactement. Il n’avait pas besoin de savoir, jugea t-il en contemplant l’Auror, même si, au fond, il s’en doutait déjà. Avec un minimum de jugeotte, il avait compris tout seul qu’il était ami avec le gouvernement, puisque le bureau même pour lequel il travaillait s’arrangeait pour que ni lui ni ses amis n’aient des ennuis, alors qu’ils trafiquaient pourtant assez allègrement en prenant beaucoup moins de précautions que s’ils étaient réellement poursuivis. Il fallait croire qu’il y avait des Potter et des Weasley pour troubler la fête de temps à autres en essayant de bien faire leur travail, toutefois.

Roy finit par retrouver son sourire tranquille. Il n’avait rien à cacher, puisqu’il n’était pas en terrain ennemi, mais il ne pouvait rien dire non plus, paradoxalement. C’était là toute la subtilité des accords officieux, tout se jouait dans ce qui n’était pas dit, mais su de tous les intervenants. Et Mordred était l’un de ses intervenants, qu’il le veuille ou non. Roy était d’ailleurs assez curieux de savoir où il se positionnait à ce niveau-là : du côté de ceux qui avaient une conscience professionnelle, ou de ceux qui considéraient qu’exécuter les ordres avait ce mérite ô combien appréciable de garantir sa tranquillité ? Roy décida d’arrêter de faire semblant et d’écourter cet interrogatoire qu’il ne devrait même pas subir, en vérité. C’était bien parce que c’était Mordred qu’il avait en face de lui qu’il acceptait de discuter en toute… sympathie, c’était le mot d’aujourd’hui.

« Allez, Mordred, me prend pas pour un idiot, tu sais très bien que j’ai des contacts ici. » reprit-il, en retrouvant son ton impertinent. « Je veux bien raconter des conneries, mais celle-là, c’en était pas une. Alors, t'as eu une promo et tu me l'as pas dit ? » demanda t-il, en souriant de toutes ses dents.

Calder était, évidemment, détendu. Il savait très bien qu'il ne risquait rien et se félicitait sans doute d'être tombé sur Mordred à défaut de Peterson. Mordred de son côté, restait un peu confus. Il allait laisser Roy partir - mais pas aussi vite que Roy l'espérait - et tant mieux, car il ne tenait pas à arrêter un typer aussi sympathique et accessoirement meilleur ami de son ami. Mais affronter Harry, Ron et le reste du BDA, bof... Ca n'était pas son activité préférée. Et que ferait-il, si un jour il tombait sur un associé de Roy bien moins sympathique? Le genre de type horripilant qui conduisait la plupart de ses collègues à avoir de violentes pensées peu professionnelles? Décidant qu'il aviserait le jour où cela arriverait - technique de Gryffondor qui avait maintes fois fait ses preuves, l'Auror se contenta d'arborer une mine faussement songeuse lorsque le trafiquant se renseigna sur les rancards des membres du BDA.

"Je dirai les deux" finit-il par conclure. "Faut avouer qu'elle a peut-être plus de succès, mais les rumeurs d'Endoloris subis par les prétendant ont considérablement fait diminuer le nombre. Alors que moi... Toujours disponible!"

Il ponctua sa remarque d'un clin d'oeil grivois. Roy n'était pas du tout son style, mais il avait remarqué que l'homme était taquin et surtout, à l'aise sur le sujet. Dès lors, pourquoi se priver? Ses soupçons furent confirmés lorsque Roy lui fabriqua un alibi à ce sujet, le tout en moins de cinq secondes. Il n'était pas seulement à l'aise, il en vivait quasiment! décida Mordred, joueur. Lui-même n'étant pas étouffés par les tabous... Cette conversation allait dériver en eaux profondes, et pas celles du port de Bristol.

"Parce que tu crois que tu as encore une vie intime?" plaisanta-t-il avec un retard non équivoque. "Tu n'as pas encore compris à quel point Klem' est corruptible?"

Bien sûr, Klemens n'avait jamais mentionné la moindre prouesse sexuelle de Roy, quand bien même il était au courant. Mordred s'en passait fort bien, sa propre vie intime étant pleinement satisfaisante. Il devait cependant bien reconnaître que la condition d'Auror tendait à devenir moins prestigieuse que celle de malfrat quand il s'agissait de séduire ces demoiselles, ces derniers temps. Et il n'avait jamais non plus entendu parler de Rita de l'Amortensia - un Auror dans un bordel, ça ne passait pas vraiment. "Contorsionniste?" dit-il en notant le nom de la jeune femme dans le dossier - il enverrait quelqu'un vérifier pour la forme. Et pour l'ego de ses collègues. "Je suis sûr que ça a son intérêt..." Il avait l'imagination vive. "... mais ça ne serait pas un peu effrayant, quand même?" Un peu trop vive, l'imagination. Il en grimaçait presque.

Quand ils en vinrent au coeur du sujet, ou plutôt du non-sujet, Mordred eu un moment de déception lorsque Roy décida de se la jouer langue-de-bois. Oh, pourquoi ne dire que ce que tout le monde à Bristol devinait? Mordred s'attendait à ce que Roy joue les fanfarons. Sans rien dire explicitement bien sûr, car il semblait s'y connaître en sous-entendus. Puis, subitement, l'homme décida de jouer franc jeu. Eh bien, Mordred ramassait les deux réactions qu'il n'attendait pas. S'il fut surpris une fraction de seconde, cela ne le désarçonna pas pour autant. Il scruta son vis-à-vis un petit moment, cherchant à déterminer à quel jeu il jouait.

"A ma connaissance, je n'ai eu aucune promotion récemment..." Ce n'était même pas un mensonge: depuis qu'il connaissait Roy, rien n'avait changé pour Mordred. "Demande à tes contacts, puisqu'ils sont si efficaces. D'ailleurs, je pourrais difficilement être promu: faudrait que Peterson saute! Et je crois que tes contacts ne seraient pas trop d'accord... Enfin, professionnellement parlant."

En eaux profondes, il vous l'avait bien dit.

Roy pouvait se targuer d’avoir des informateurs partout, mais pour avoir les potins du BDA, il fallait réussir à s’infiltrer dans le bureau-même. Il semblait que c’était en partie chose faite, désormais.

« Pourquoi ça ne m’étonne pas, s’esclaffa t-il alors que Mordred lui révélait la réputation qu’Hailey traînait, avant de répondre à son clin d’oeil par le même sourire paillard. Oh ne me regarde pas comme ça, je vais finir par te faire des avances. »

A l’aise, oui, Roy l’était pour une situation d’interrogatoire, nettement plus que d’habitude. Il pouvait dire ce qu’il voulait et feindre la nonchalance, mettre les pieds au BDA le tendait toujours un peu. Mais bon, si Mordred rentrait dans son jeu en lui renvoyant la balle, il pouvait presque espérer passer un moment divertissant.  Puisqu’ils en étaient dans les allusions graveleuses, Roy ne se gêna pas pour dériver un peu plus. Plaçant sa joue sur la paume de sa main, son sourire s’étira alors que l’Auror évoquait Klemens en sous-entendant qu’il savait déjà tout.

« Tu parles, Klem est le genre à vanter son propre tableau de chasse, pas celui de ses potes. Je le connais. D’ailleurs, je suis prêt à parier qu’il a déjà essayé de te draguer, et s’il l’a pas encore fait, prépare-toi, ça ne devrait plus tarder. » conclut-il avec un large sourire.

Klemens était encore plus audacieux que lui, à ce niveau-là. C’était à se demander s’il n’était pas capable de draguer ses collègues -qui devaient lui courir après-, même les vieilles peaux -surtout les vieilles peaux. Sur une échelle de la séduction, Roy était considéré comme pouvant à peu près se tenir à côté d’un Klemens qui osait absolument tout, chose qui avait d’ailleurs toujours beaucoup fait rire le trafiquant. Comment mettre l’ambiance dans une soirée entre mecs qui s’enlisait un peu trop dans sa routine poker-gobière ? Il suffisait de demander à Klemens de raconter ses expériences avec ses conquêtes d’un soir -d’un matin ou d’un après-midi aussi-, le succès était garanti. Evidemment, dix hommes dans une même pièce pour discuter de ce genre de sujet susceptible de piquer leur fierté masculine, cela finissait inévitablement par dériver en combat de coqs, à qui aurait la plus longue baguette…

Roy nota la main de Mordred qui écrivait le nom de Rita pendant qu’il parlait encore, il se nota mentalement de retourner la voir au cas où, puis s’imagina que l’Auror allait lui demander plus de précisions pour son dossier, mais ce ne fut pas tout à fait le genre auquel on pouvait s’attendre. Légèrement surpris, et surtout amusé que Mordred se montre curieux sur ces détails, Roy ne fit pas le pingre. Il se laissa une seconde pour réfléchir à sa réponse, ses doigts pianotant sur la surface de la table.

« Hum… Effrayant, non. Ca a sa part de risques, disons, faut aimer tenter des trucs. C’est parfait quand tu veux changer ta routine, je dirais. »

Allons, était-il en train de parler de ses expériences sexuelles en plein interrogatoire ? Il fallait croire. Mordred allait bientôt créer une nouvelle catégorie à lui tout seul, celle des Aurors vraiment fréquentables. Le sourire de Roy s’agrandit à cette pensée. Il nouait des relations inattendues ces derniers temps. Il avait toujours baigné dans l’idée que les relations d’un homme en disaient long sur sa position, alors il était loin d’être mécontent de savoir un Auror de son côté -ou en voie de l’être.

Cet interrogatoire devait se tenir malgré tout, même s’il prenait de plus en plus des allures… légères. Une seconde, les sourcils de Roy se haussèrent de surprise, le temps d’assimiler le sous-entendu, puis ce fut un franc rire qu’il laissa éclater. S’il s’y attendait ! Définitivement, il l’aimait bien, décida le trafiquant, toujours hilare.

« En effet, elle a pas l’air d’être le genre à se laisser sauter, dans tous les sens du terme » ricana t-il, sur le même ton. « T’es juste en-dessous de Peterson, alors ? Ah mais oui, tu m’avais dit la dernière fois que t’étais lieutenant, se souvint-il, en se remémorant ses piques lors de leur soirée poker. T’es haut placé, en fait. »

Roy s’imaginait que Mordred était un Auror comme les autres, sans doute parce qu’il ne faisait pas spécialement valoir son grade, comme d’autres auraient pu le faire. Roy ne savait pas exactement jusque quel niveau de détail Peterson était allée en donnant ses ordres à ses lieutenants. Mais, au-delà de la plaisanterie, Mordred révélait en filigrane qu’il savait que ses contacts étaient haut placés, pour être aptes à destituer Hailey de son poste. Roy décroisa les bras, s’appuyant contre un des accoudoirs. Décidé à poursuivre cette conversation autour de Mordred plutôt que sur lui-même, il reprit le fil de son raisonnement :

« Je me dis qu’il y a bien une raison pour qu’on t’ait confié le dossier à toi plutôt que de le laisser à Potter. Genre, un badge de la Milice en plus. »

Les miliciens, ses grands copains…

"Je ne voudrais pas que tu m'aies dans le nez, donc autant préciser tout de suite, avant de briser ton petit coeur: tu n'es pas mon genre. Pas assez de..." Il hésita un moment, puis opta finalement pour une réponse plus saugrenue que graveleuse. "cheveux."

Et ça n'était qu'un des nombreux éléments qu'il manquait à Roy pour séduire Mordred. Son seul atout était sans doute sa taille, car l'Auror aimait bien les femmes plus petites que lui, mais il avait dans l'idée que Roy n'aimerait pas être comparé sur ce point. Bizarrement. La conversation dérivait ensuite sur Klemens, leur unique connaissance - enfin, à part la moitié du BDA - commune, et sur ses exploits sexuels. Mordred devait donner raison au trafiquant: Klemens adorait se vanter sur ce point, et il avait de la matière. Lui-même s'était pourtant toujours considéré comme très actif, mais Klemens battait des records, et Roy n'était pas en reste.

C'était sans doute l'une des raisons pour lesquels Mordred s'entendait bien avec eux. Il se rapprochait plus de leur mode de vie que de celui de ses collègues. Passés la trentaine, tous les Aurors - et les gens en général - semblaient soudain se caser et/ou pouponner comme si leur vie en dépendait. Le reste glissait lentement mais sûrement vers la catégorie "vieux cons", comme disait Seamus en parlant de Teddy Furtinus. Mais Mordred ne se retrouvait dans aucune catégorie. Tout d'abord, il n'était pas vieux, merci bien. Ensuite, il n'était ni amer, ni complexé par son célibat comme certains. Et enfin, l'idée de devoir rendre des comptes sur l'heure à laquelle il rentrait et de devoir gérer une tornade hurlante et potentiellement dangereuse était au-delà des limites de son courage de Gryffondor.

Alors, oui, Mordred comprenait bien mieux Klemens et Roy sur ce point. Ce qu'il aimait, lui, c'était la séduction. La mise en danger, le frisson, le risque de se voir opposer un non définitif, les subterfuges pour arriver à ses fins. Il aimait les filles joueuses, qui le voyaient venir et entraient dans son jeu. Il aimait faire céder autant que céder. Les naïves et les prudes, très peu pour lui. Il ne voyait aucun intérêt pour les cibles faciles que constituaient les premières, et jugeait par expérience que les secondes rapportaient trop d'ennuis tant elles s'attachaient vite. Mordred n'était pas habitué aux contraintes de la vie de couple. Il n'avait en soi rien contre l'idée, mais aucune fille ne lui avait jamais vraiment donné envie de tenter l'expérience. Souvent, une fois la période de séduction passée, il ne voyait plus aucun challenge et se désintéressait de la question. Il avait donc quelques sex friends, des filles indépendantes qui avaient la même vision de la vie que lui, et rien d'autre. Parfois, il se surprenait à se demander quelle fille pourrait bien l'intéresser sur le long terme, mais il n'en avait jamais rencontré.

"Si Klemens m'a dragué, je ne m'en suis pas aperçu" répondit-il avec un rire. "Mais merci pour l'avertissement!"

Ca le ferait bien rire, que Klem essaie. Il faudrait qu'il pense à raconter ça à Roy après. Une dizaine d'idées sur la manière de faire tourner le lycanthrope en bourrique lui venait déjà en tête. Mais ce fut l'allusion finale de Mordred sur Hailey qui fit éclater le trafiquant de rire. L'Auror, lui, espérait que sa supérieure n'écoutait pas leur interrogatoire, mais ne pouvait s'empêcher de s'amuser. Il se souvint alors que Harry et ron écoutaient peut-être aussi et réalisa un peu tard qu'il s'était mis dans une situation impossible. Bah, il ferait passer ça pour une nouvelle technique d'interrogatoire... Et il arriverait bien à leur dégotter des informations sur un autre mafieux de l'allée des embrumes pour les calmer, avec un peu de chance. Les affaires sur lesquelles ils travaillait en temps qu'Auror portaient plutôt sur Londres que Bristol. On n'avait mis le Survivant sur la ville problématique que par souci d'image médiatique, mais son efficacité ne plaisait guère au gouvernement... Mordred l'avait bien compris, et se comportait en conséquence.

"Eh oui, que veux-tu. Il y a des gens qui ont besoin de relation pour progresse, d'autres qui sont juste géniaux" - et Mordred de se passer une main dans les cheveux d'un air crâne.

Etre lieutenant avait des avantages, c'était certain. La hiérarchie du BDA restait assez simple et avoir un grade était donc un honneur. Mordred le savait, et il avait été étonné qu'on le lui donne à lui plutôt qu'à d'autres personnes bien plus compétentes. Mais il pensait que ses bonnes relations avec ses collègues jouaient pour beaucoup. Il devait être pratique pour le chef du BDA d'avoir un intermédiaire apprécié pour faire passer ses ordres. Dommage que son appartenance à la Milice ne remette tout cela en cause. D'ailleurs, Roy ne démordait pas de son idée de lui faire avouer qu'il en faisait partie. Mordred trouvait ça bien trop drôle de le faire mariner que de lui répondre.

"Tu sais, ici, c'est moi qui pose les questions" rappela-t-il l'air de rien. "Je n'ai aucune obligation de satisfaire ta curiosité! Mais comme je suis sympa, je te propose de mener l'enquête - passer de l'autre côté de la barrière, tu devrais essayer! - et de revenir ici quand tu auras la réponse. J'en connais qui seront ravis de te montrer le chemin."

C'était dit avec un sourire taquin, mais cela lui donna aussitôt une idée qui pourrait le tirer de la panade. Sans changer de ton, prenant soin de rester dans le registre détendu et drôle qu'ils avaient instaurés, il enchaîna.

"Ou alors, on peut aller plus vite, tiens! On peut faire de l'échange d'informations. Les raisons pour laquelle on t'as laissé à mes bons soins contre... voyons..." Mordred se balança sur sa chaise, cherchant une idée peu sérieuse pour commencer. "Un tour dans les coulisses de Folies? J'ai toujours rêvé de savoir comment ça se passait derrière le rideau."

La petite démonstration de Mordred fit hausser les sourcils de Roy, mi-amusé mi-sceptique. Mordred, devenu lieutenant grâce à son pur génie, donc. L’Auror avait cette manie de répondre tout en ne répondant pas vraiment aux questions qu’on lui posait, ou que l’on sous-entendait, le tout dans un ton humoristique qui faisait qu’on ne pouvait pas trop lui en vouloir, parce qu’on passait un bon moment malgré tout. En tout cas, Roy ressentait leur entrevue de cette façon. Oh, il n’en était pas mécontent, il voulait bien jouer à se renvoyer la balle avec lui, c’était toujours plus sympathique que les traditionnels interrogatoires.

Mordred lui joua le même numéro de passe-passe lorsqu’il voulut savoir assez explicitement s’il faisait partie de la Milice ou non. Roy voulut répondre qu’il allait mener l’enquête, puisque c’était ainsi -et que poser la question à Danielle lui prendrait trois secondes, surtout- mais Mordred le devança pour proposer un échange de bons procédés qui fit sourire Roy jusqu’aux oreilles. Il eut même un petit rire face à la manoeuvre de Mordred, destinée, il n’en doutait pas, à le faire parler petit à petit.

« C’est donc comme ça que tu mènes tes interrogatoires, tu fais la conversation pour choper des infos, mine de rien, en lâchant un ou deux de tes petits secrets pour nous donner l’impression qu’on gagne au change. Bravo, monsieur l’Auror, c’est du propre. J’espère au moins que je suis le seul à avoir ce privilège. »

Son sourire se fit carnassier. Il espérait bien être le seul envers qui Mordred faisait preuve d’autant de sympathie, sinon, cela valait bien la peine de faire copain-copain avec un Auror. Roy s’accouda à la table, sur-jouant avec amusement la posture de confidence.

« Parce que je suis sympa aussi, et que je t’aime bien, je vais te répondre en toute sincérité. Les coulisses des Folies, c’est… assez proche de ce qu’on s’imagine en entrant côté visiteur. De la déprave à tous les niveaux, et quelques affaires qui feraient tiquer tous tes petits copains. D'ailleurs, t’es même pas obligé d’aller jusque l’Amortentia pour voir des femmes comme Rita, si ça t’intéresse, appelle juste le patron. » glissa Roy sur un ton insolent avec un petit clin d’oeil.

Il revint s’adosser contre son siège pour observer la réaction de Mordred, sans toutefois tarder pour réclamer sa part du marché :

« Alors, Mordred, qu’est-ce qui m’a valu ce moment fort sympathique avec toi plutôt qu'avec les beaux yeux de Potter ? »

"Dans tes rêves, Calder" répondit Mordred lorsque le trafiquant espéra qu'il était le seul à avoir les privilèges de l'interrogatoire à la Lannister. "Tu sais, depuis la CEDS - la Convention Européenne des Droits du Sorcier - on n'a plus trop le droit à la torture, on est donc obligé d'avoir recours à des moyens un peu plus... Serpentard. Je sais que pour toi, ça doit sembler archaïque, mais que veux-tu, on fait ce qu'on peut!"

Mordred pouvait presque entendre les cris outrés de Willa si elle avait entendu ces propos. Sa sérieuse binôme avait parfois du mal avec son humour "déplacé" (pour reprendre ses propres termes). L'Auror ne doutait pas que plaisanter sur le mal que l'on pouvait faire à un autre être humain entre dans cette catégorie - tout comme le fait de discuter amicalement avec une personne qui pratiquait vraisemblablement ce genre d'activité. Mordred avait une conscience aigue du personnage complexe qu'était Roy Calder. Il était loin de l'avoir cerné, mais il savait qu'on ne devenait pas chef d'un gros gang de la mafia et petit protégé du gouvernement simplement avec des paroles charmeuses. Roy était dangereux - et son ambivalence excitait la curiosité de Mordred, qui adorait jouer avec le feu.

D'ailleurs, à croiser le fer de mots avec son alter ego mafieux (enfin, presque), Mordred ne devait pas oublier son but principal. Etait-ce simplement Peterson qui protégeait Roy, ou quelqu'un d'autre également?

"Je ne veux pas les filles des Folies, je veux les coulisses. Tu me promets ça, et je te montre ce qu'il y a sous ma robe..."

Derrière cette proposition indécente se cachait en fait la réponse à la question de Roy posait depuis le début de l'interrogatoire. Car Mordred gardait, bien dissimulé dans la doublure intérieure de son uniforme bleu d'Auror, un badge orné d'une certaine araignée...

« Avoue juste que tu m’apprécies, toute CEDS mise à part » rétorqua Roy, avec son sourire aguicheur.

Si Roy était tout à fait enclin à plaisanter avec l’Auror, il n’en oubliait pas ses limites. Mordred se montrait désormais un peu trop insistant à son goût, et tout aussi charmante soit sa compagnie, il était loin d’être assez proche de Roy, ou en tout cas suffisamment dans sa confiance pour qu’il lui fasse de véritables révélations. Ce qu’il cherchait à savoir -et maintenant, cela semblait de plus en plus explicite- Roy n’avait jamais prévu de le lui donner, et encore moins dans un bureau empli d’Aurors avec des oreilles qui traînaient. C’était exactement le genre de secret qui ne devait rester rien de plus qu’un soupçon, dans l’esprit de ceux qui n’en faisaient pas partie. Mordred, aussi milicien soit-il -encore que Roy n’était pas certain de cette information- n’avait nullement besoin de savoir jusqu’où allaient ses alliances et ses secrets, derrière les rideaux de son casino.

Parce que leur entrevue s’était déroulée sur ce ton frivole et grivois qui semblait être leur terrain d’humour à tous les deux, Roy resta dans le même ton en voulant y mettre un terme :

« Oh Mordred, Mordred… Je crains que tu ne sois un peu trop entreprenant pour moi. Je suis peut-être audacieux avec les femmes, mais avec les hommes, ah ! Un monstre de timidité. On va garder le secret de tes parties intimes pour quand on sera plus proches, toi et moi, si tu veux bien. »

Double discours s’il en est un, Roy s’arrêta sur ce clin d’oeil charmeur, puis se leva de son siège. Il finirait par avoir sa réponse à sa façon, pour Mordred et la Milice. A présent, il lui importait surtout de retourner à ses affaires, desquelles Potter et Weasley l’avaient vainement tiré. Face à l’Auror, Roy prononça la phrase la plus insolente qu’il avait dû prononcer ici de toute sa carrière, mais bon, puisqu’il pouvait se le permettre, il allait grandement s’en faire plaisir :

« Je peux partir ? J’ai des trafics sur la planche. »

FIN DU RP