Le Deal du moment : -20%
(Adhérents Fnac) Enceinte Bluetooth Marshall ...
Voir le deal
199.99 €

Burn book [Samantha]

Marlene Carter-Barclay
Marlene Carter-BarclayMédicomage
Messages : 679
Profil Académie Waverly
Burn book [Samantha] Icon_minitimeSam 22 Nov - 18:45
23 Novembre 2008

- Et faites bien attention aux racines !

La porte de la serre numéro cinq se referma sur cette dernière recommandation du Professeur Londubat aux sujet de ses précieuses plantes. Les mains tremblantes, Marlene se pencha sur sa malheureuse victime, un géranium dentu qui lui avait échappé des mains quelques minutes avant la fin du cours, à vrai dire au moment où elle avait croisé le regard de James. Le pot en terre cuite avait explosé sur le sol de la serre en répandant de la terre et une malheureuse plante agitée qui avait entrepris de mordre les pieds de toutes les personnes qui l'entouraient et plus précisément ceux de Samantha Miller qui avait laissé échapper son pot également. Devant cette hécatombe et au moment où la sonnerie retentissait, le Professeur Londubat leur avait demandé de réparer leurs dégâts en rempotant leurs géraniums au plus vite.

Marlene savait très bien qu'elle aurait dû s'excuser auprès de Samantha pour la morsure de géranium - quoique, elle avait l'habitude de se faire mordre par plus féroce que cela (et elle ne parlait pas ici de Lauren McGowan) - mais elle n'avait qu'une envie et c'était de quitter cette serre au plus vite. Elle ne s'était pas retrouvée seule avec sa camarade depuis l'année dernière, organisant de manière très rigoureuse sa présence au dortoir afin d'éviter ce genre de problèmes, et n'avait de toute manière pas le cœur à ça ces derniers temps. Elle évitait James depuis ce qui était arrivé l'autre nuit et passait le reste de son temps à y repenser, quand elle n'avait pas envie de pleurer. A fleur de peau, elle n'avait pourtant pas pu éviter la botanique, leur seul cours en commun, et voilà que cela avait donné. Marmonnant un reparo, elle saisit le pot de nouveau entier et entreprit de remettre un peu de terre dedans avant d'y coller son géranium, heureusement un peu sonné par les quelques minutes passées en dehors de son pot, et de le recouvrir presque entièrement de ce qu'il restait de terreau.

Une fois la plante sauvée - elle laissait échapper des petits grognement de satisfaction - Marlene s'empressa d'aller la ranger avec ses congénères et revint vers sa table de travail sans un mot en ignorant copieusement Samantha. Elle retira ses gants, les secoua un peu, les fourra dans son sac en bandoulière et attrapa son manteau pour quitter la serre. Elle était presque arrivée à la porte lorsqu'un caquètement malheureusement trop familier se fit entendre juste avant le bruit du loquet de la serre. Elle se jeta sur la porte mais celle-ci était effectivement verrouillée tandis que l'ombre familière de Peeves flottait au dessus du plafond de la serre en poussant des cris obscènes. Laissant échapper un copieux juron moldu, elle lança un alohomora sur la porte mais celle-ci ne bougea pas d'un pouce. Depuis quand Peeves pouvait-il sortir du château, d'abord ? Et pourquoi est-ce que cette fichue direction laissait-elle un esprit frappeur sévir sur les élèves ? En tant que préfète-en-chef, Marlene était révoltée, en tant qu'élève, elle était furieuse et en tant que Marlene, elle avait juste envie de pleurer parce qu'elle passait une semaine horrible et qu'en plus elle était coincée avec un loup-garou avec qui elle était en conflit dans une serre verrouillée éloignée de l'école.

S'adossant lentement à la porte, elle posa les yeux sur Samantha avant de prononcer les premiers mots entre elles depuis plus de dix mois :

- On est coincées.   


Burn book [Samantha] 191118054952506833

Avatar par Shiya.
Samantha Miller
Samantha MillerPersonnage décédé
Messages : 245
Profil Académie Waverly
Burn book [Samantha] Icon_minitimeMer 3 Déc - 20:07
Occupée à ranger son pot de geranium rempoté sur l'étagère avec les autres, Samantha se figea sur place lorsque Marlene s'adressa à elle. Ses mains s'immobilisèrent sur le pot et elle resta silencieuse l'espace d'une seconde, avant de se retourner vers sa camarade, et de croiser son regard. Est-ce qu'elle était sérieuse ?

Sam n'était déjà pas d'une très bonne humeur depuis que la plante de cette empotée l'avait mordue et qu'elle avait fait tomber la sienne sous le choc. Elle préfèrerait largement être en compagnie de Lauren que de faire des heures supplémentaires en botanique, mais voilà qu'un évènement inattendu venait de se produire, pour ne pas dire miraculeux... Marlene Barclay lui avait adressé la parole.

L'air stupéfait, Samantha se retourna ostensiblement, comme pour vérifier s'il y avait quelqu'un derrière elle, puis reporta son attention sur Marlene. Posant une main sur sa poitrine, elle répondit d'un ton faussement ému :

"Pardon ? C'est à moi que tu parles ?"

Se baissant pour attraper son sac, elle le fit glisser sur son épaule, puis fit quelques pas en direction de Marlene. Appuyée contre la porte de la serre, sa camarade semblait déplorer un méfait de Peeves, dont Sam n'avait que faire. Marlene avait fait ce qu'elle n'aurait jamais dû faire : reconnaître son existence pour la première fois depuis des mois, et lui laisser ainsi l'opportunité de déverser la montagne de rancoeur qui sommeillait en elle.

"Moi, la bête féroce prête à te dévorer dans ton sommeil ? La fille invisible, que tu évites consciencieusement depuis des mois ? La monstruosité qui ne mérite même pas que tu lui adresses la parole, et ne parlons même pas d'un peu de réconfort, après un accident traumatique qu'une pauvre fille comme toi n'aurait jamais pu supporter ?", cracha-t-elle, son ton ironique mordant l'air. "Après tout, je l'ai bien mérité, n'est-ce pas, et Roxanne aussi, elle n'a eu que ce qu'elle méritait, c'est bien ce que tu penses, non ? Quelle honte qu'on t'impose ma présence, une lycanthrope, on devrait la virer de l'école, n'est-ce pas ?!"

Une vanne semblait s'être ouverte en Sam, qui ne pouvait résister à la tentation de déverser sur Marlene les flots de rage, de déception, d'écoeurement même qu'elle retenait depuis des mois. Parce que si Marlene n'était pas la seule à réagir comme cela, elle était la personne dont elle était le plus proche à l'avoir fait. Toutes les personnes qui connaissaient Sam suffisamment bien l'avaient soutenue après l'accident. Toutes, sauf Marlene, qui représentait donc à ses yeux toute l'intolérance et la méchanceté dont on avait pu faire preuve à son égard. Sam en avait réellement été affectée, même si elle avait fait de son mieux pour ne pas trop le montrer, mais elle avait passé des heures et des heures à ressasser sa colère contre Marlene. A se dire que, si les situations avaient été inversées - et elles auraient pu l'être - jamais elle n'aurait réagi de la sorte. Alors l'envie de crier sur Marlene était trop forte pour la réprimer, après tout ce temps, et elle se sentit même plutôt soulagée que Peeves ait eu la charmante idée de les bloquer ensemble.

Cette fois, Marlene ne pourrait pas se dérober. Elles allaient avoir une discussion, une bonne fois pour toute. Tout en déversant sa bile, Sam s'avança inconsciemment vers la jeune femme, son visage déformé par la colère.

"Attention, Marlene, pour un peu j'vais penser que tu te souviens des six ans qu'on a passé dans la même classe et le même dortoir, de toutes les discussions qu'on a eu, du fait que je te considérais comme une amie, oui, ce serait dommage, manquerait plus que j't'approche à moins de dix mètres avec ma maladie contagieuse, hein ? Des fois que j'te morde, même si bon, c'est pas la pleine lune, et que quand bien même, je ne les passe pas dans ton dortoir, que je sache..."

Les précautions prises par la directrice pour assurer la sécurité de ses élèves les nuits de pleine lune étaient bien trop importantes pour qu'une morsure accidentelle puisse se produire. Sam était presque mieux gardée que la pierre philosophale, et très largement mieux gardée que Remus Lupin en son temps, quand bien même elle prenait la Tue-Loup ce qui la rendait inoffensive. Bref, les pleines lunes étaient seulement difficiles pour elle, qui allait s'enfermer dans son cachot obscur et humide et qui subissait sa malédiction, qui passait des journées difficiles entre fatigues et sautes d'humeur, qui voyait ses notes chuter et sa vie sociale s'étioler à cause de ça... Et qui culpabilisait si d'aventure elle s'en plaignait, car Roxanne, elle, n'avait pas eu cette chance. Mais cela, Marlene n'avait pas dû y penser une seule seconde, toute occupée qu'elle était à craindre pour sa sécurité. Même si elle avait probablement plus de chance d'être poussée dans un escalier par un camarade exaspéré par son comportement insupportable que d'être attaquée par un loup, quel qu'il soit.

Ces évidences, Sam aurait tant voulu les lui entrer dans le crâne, car elle ne supportait pas la bêtise crasse dont faisait preuve Marlene. Un peu de jugeotte, à défaut de compassion, aurait dû suffire à lui faire comprendre que son comportement était proprement irrationnel. Que non, adresser la parole à Sam de temps en temps ne la conduirait pas à se faire transformer dans la minute. Le comportement de la jeune femme l'exaspérait au plus haut point et, surtout, la blessait. Elle aurait tant voulu lui faire comprendre ce qu'elle vivait...

Parvenue à la hauteur de Marlene, elle s'approcha encore un peu d'elle, un sourire froid accroché aux lèvres. Posant les deux mains de chaque côté de la tête de Marlene, la défiant du regard de bouger d'un pouce.

"Alors, Marlene, coincée avec le loup-garou ? Avec la bête féroce ? Dommage... On dirait bien que tu vas être obligée d'me parler, finalement."


 Burn book [Samantha] 2278784391  
Marlene Carter-Barclay
Marlene Carter-BarclayMédicomage
Messages : 679
Profil Académie Waverly
Burn book [Samantha] Icon_minitimeJeu 8 Jan - 23:31
Marlene avait parlé presque machinalement, sans même savoir pourquoi. C'était une constatation, parce qu'elle restait généralement pas coincée par envie dans les serres après les cours. En ouvrant la bouche, à vrai dire, elle ne savait pas à quoi elle s'attendait. A vrai dire, elle n'y avait même pas pensé. Et n'aurait jamais pu envisager ça. Un tel déferlement de rage et de haine par Samantha. Évidemment, c'était logique, elle devait être en colère après elle depuis qu'elle avait cessé de lui parler lorsqu'elle était revenue de l'hôpital. Elle avait bien vu que sa camarade lui en voulait, de toute manière, elle s'était bien arrangée pour lui faire comprendre en envoyant Lauren McGowan lui demander des comptes à la soirée de fin d'année, Lauren McGowan, qui menaçait quasiment une fois par semaine de lui refaire le portrait. Mais elle n'aurait jamais pu soupçonner le torrent de rancœur que Samantha déversa brusquement face à elle, tandis que Marlene la fixait, toujours appuyée contre la porte de la serre. Et pourtant, même si elle ne dit rien, elle entendit tout, du "pauvre fille comme toi" au "tout ce qu'elle méritait".

Ce qui s'était passé, elle l'avait appris pendant la nuit, lorsque les professeurs avaient envahi tous les dortoirs de l'école pour trouver les lits vides. Celui de Samantha, en face du sien, notamment. Elle ne s'était rendu compte de rien, tout simplement parce qu'elle s'était couchée tôt la veille et dormait le baldaquin fermé. Avant le lever du jour, la nouvelle avait fait le tour de l'école, celle de la mort de Roxanne Prewett - qui contrairement à ce que disait Sam - avait horrifié Marlene et la morsure de Samantha. Les réactions avaient été diverses dans l'école et la sienne avait été la peur, tout simplement parce qu'elle était littéralement terrifiée par ce genre de choses, par tout ce qui sortait de l'ordinaire. Une ironie, pour une sorcière, mais elle était encore tellement marquée par son éducation moldue que l'idée de toutes ces créatures dangereuses et mortelles pouvait la faire cauchemarder la nuit. Marlene n'avait jamais été courageuse et elle avait été en plus élevée dans la peur du monde extérieur, par un père trop protecteur qui voyait des menaces partout.

Quand Sam était revenue de l'hôpital, des balafres sur le coup et en tant que loup-garou, elle n'avait pas su quoi lui dire, comment appréhender ce qui lui faisait peur et qui se matérialisait désormais en sa camarade de dortoir. Alors comme toujours, lorsque Marlene ne savait pas appréhender une situation ou avait peur, Marlene avait fui. Comme avec James. Dans le fond - et c'était sûrement ça le pire - elle savait qu'elle avait tort et se cherchait des excuses, comme toujours, parce qu'il y avait toujours un autre responsable, ce n'était jamais elle. Mais elle détestait déjà tellement si fort parfois, à un point qu'elle arrivait à pleurer toute seule alors que rien, absolument rien n'était arrivé, qu'elle rejetait absolument tout le reste loin d'elle en essayant de s'auto-convaincre qu'elle n'avait rien fait de mal. Marlene bâtissait sa confiance en elle au détriment des autres, cela avait toujours été un peu le cas, elle ne se rappelait pas d'une période de sa vie sans cela. Peut-être avant, lorsqu'elle était enfant, avant la mort de sa mère qui avait compliqué beaucoup de choses et qui restait encore très prégnant en elle, même si elle ne s'en rendait même pas compte elle-même. Marlene rejetait loin d'elle tout ce qui la dérangeait, la perturbait, l'effrayait, elle se mettait des œillères parce qu'elle se doutait - craignait ? - que s'arrêter signifierait pour elle ne pas repartir. C'était lâche mais elle n'avait jamais été courageuse. Samantha avait sûrement raison, elle n'aurait pas pu survivre à quelque chose comme cela et elle le savait très bien, au fond d'elle. Mais que pouvait-elle faire ? Que pouvait-elle dire ? Revenir en arrière était impossible, ou du moins, était impossible à ses yeux parce qu'il faudrait reconnaître ses erreurs et les mauvaises choses qu'elle avait faite et elle s'y était toujours refusée.

Et pourtant, à cet instant précis, elle pouvait sentir la culpabilité l'étreindre de toutes ses forces, ce sentiment qu'elle enfouissait toujours très loin d'elle, dissimulé derrière des barricades de mauvaises excuses et de mauvaises foi. Non, savoir qu'elle avait blessé Samantha ne lui faisait pas plaisir, au contraire. Oui, elle regrettait un peu, elle regrettait parce qu'elle sentait le chagrin derrière les mots de sa camarade, camarade qui lui balançait à la figure qu'elle l'avait toujours considérée comme une amie, elle qui en avait toujours voulu à foison et qui s'était toujours sentie isolée. Face à Sam, elle aurait pu s'excuser, rendre les armes et avouer ses fautes et ses erreurs mais c'était tellement humiliant et elle restait tiraillée par une partie d'elle-même qui était certaine d'avoir raison sur certains points, de n'avoir jamais rien fait de véritablement mal, de ne pas avoir pensé à mal parce qu'elle ne l'avait pas fait. Et si elle n'avait pas pensé à mal, alors elle n'avait rien fait de mal, non ? Elle aurait pu présenter ses excuses, reconnaître qu'elle faisait du mal aux gens, qu'elle avait blessé quelqu'un et essayer de réparer les choses, d'oublier ce sentiment de peur trop familier qui la hantait sans cesse, ces "et si", Marlene aurait pu essayer de faire quelque chose de bien pour quelqu'un d'autre.

Et elle était là, adossée à la porte gelée de la serre, ses mains crispées autour de la bandoulière de son sac, en proie à tous ces sentiments qui s'affrontaient, l'esprit et le cœur bouillonnant de toutes ces contradictions... Jusqu'au moment où Samantha s'approcha d'un peu trop près, posant ses mains de chaque coté de sa tête, le regard menaçant. Et ce fut la peur qui reprit le dessus, la colère aussi et elle la repoussa de toutes ses forces, le cœur battant à toute allure, les mains tremblantes et l'esprit désorganisé.

- T'es complètement tarée ! protesta-t-elle d'une voix mal assurée.

Et tout ce qu'elle avait retenu ces derniers jours où elle était à fleur de peau, tous ces sentiments enfouis, soudainement exacerbés par le discours de Samantha, par la fatigue, par la lassitude... Par la honte.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? cria-t-elle. Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise, bordel ? s'énerva-t-elle. Oui, j'ai eu peur ! Qu'est-ce que tu veux ? Que j'arrive pour te balancer des colliers de fleurs ? Et bah non, désolée, j'y arrive pas. Oui, y'a peut-être des gens qui vivent super bien le fait de fréquenter quelqu'un qui peut éventuellement les tuer par accident un soir de pleine lune - et vas pas me dire que les accidents ça n'arrive pas parce que t'en es la preuve vivante - et bah pas moi !

Elle laissa tomber son sac de cours par terre qui s'écrasa dans un bruit d'éclats de verre mais elle s'en fichait.

- Mais dans le fond, qu'est-ce que ça peut te faire, hein ? Puisque de toute manière, je ne suis qu'une pauvre fille dont tu n'as strictement rien à faire parce que je n'en vaux pas la peine et tout le monde dans cette foutue école pense la même chose ! T'en as strictement rien à foutre de moi, t'as tes amis qui sont toujours là pour toi, t'as la moitié de l'école qui t'adore, qu'est-ce que ça peut te faire à la fin, hein ?

Sentant des larmes poindre dans ses yeux, Marlene se détesta pour ça et elle les essuya d'un geste rageur.

- Ça y est, on a fini ? lança-t-elle d'une voix qu'elle aurait voulu forte et assurée et qui ressemblait en définitive plus à un murmure qu'autre chose.


Burn book [Samantha] 191118054952506833

Avatar par Shiya.
Samantha Miller
Samantha MillerPersonnage décédé
Messages : 245
Profil Académie Waverly
Burn book [Samantha] Icon_minitimeMar 24 Fév - 17:40
"La moitié de l'école qui m'adore ?"

La voix de Samantha, chargée d'ironie et d'amertume, trembla légèrement dans l'air. Elle avait du mal à en croire ses oreilles. A écouter Marlene, à voir ses stupides larmes de crocodile, on aurait dit qu'elle était jalouse. Oui, jalouse de Sam, de sa soit-disant popularité, de son soit-disant soutien. Elle n'avait jamais rien entendu d'aussi ridicule, d'aussi égoïste, d'aussi complètement et affreusement faux.

Son regard arrondi par la surprise face à tant de bêtise et de culot, face à autant de méchanceté inconsciente et d'ignorance, Samantha resta plantée face à Marlene. Et tant pis pour ses propres larmes de nervosité qui lui montaient aux yeux, tant pis si elle s'énervait contre une personne qui n'en valait décidément vraiment pas la peine, elle ne pouvait s'en empêcher. Parce que cette fois, c'était trop, tout simplement trop, elle saturait, elle n'en pouvait plus, elle jetait les armes. C'était trop de sentiments négatifs à son encontre, trop de haine, de peur, d'hypocrisie, trop d'émotions à l'encontre de quelqu'un qui ne faisait jamais que de son mieux. Les souvenirs affluaient dans sa tête, les souvenirs des derniers mois et les regards insistants posés sur la cicatrice hideuse qui lui zébrait le cou, et les souvenirs des mois d'avant, le regard méprisant de Jayden, et celui, trahi, de Jordan. Tout cela se cristallisait sur Marlene, cette pauvre fille qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez et qui avait le toupet de pleurer face à elle.

"Ouais. La moitié de l'école qui fait semblant de ne pas avoir peur pour ne pas avoir l'air intolérante, et l'autre, comme toi, qui ne se donne même pas cette peine. Tu sais ce que c'est, Marlene, de voir le dégoût, la peur et le rejet dans les yeux des gens ? Des inconnus comme des gens auxquels tu tiens ? Comme dans tes propres yeux ? Non, je ne crois pas. Tu crois que j'en ai rien à foutre ? Tu crois que ça me déchire pas le coeur ? Tu crois que j'me serais pas déjà jeté sous le Poudlard Express si c'était pas pour Dave et Lauren, les deux seules personnes qui, oui, en ont effectivement quelque chose à cirer ?"

Car c'était sans doute ce qu'elle aurait fait si elle n'avait été entourée que de personnes comme Marlene. Des personnes pour lui rappeler qu'elle n'était qu'une créature féroce et dangereuse qui ne méritait pas de vivre. Qui n'avait pas sa place dans la société. Qui devait être enfermée. Des personnes pour lui crier qu'elle n'était plus Samantha Miller, cette fille qui avait été appréciée, mais simplement une bête que l'on devait éloigner et qui ne méritait plus de vivre, qui n'avaient plus les droits fondamentaux de chaque sorcier, de chaque être humain. C'était pire qu'une peine de mort, finalement, pire qu'un baiser du détraqueur, car Samantha était peut-être morte aux yeux de personnes telles que Marlene, mais elle n'était pas morte pour autant. Elle était toujours là, au fond de ce corps meurtri et changé, elle était toujours elle. Tout ce qui la constituait, elle, sa personnalité, son histoire, ses souvenirs, ses goûts, sa conscience, tout cela était toujours là. Mais ce que lui disait Marlene, en filigrane, c'était que cela ne comptait plus, n'avait plus d'importance, n'avait même plus d'existence, car elle était dangereuse. Et Marlene se plaignait de ne pas être considérée, de ne pas être assez aimée ? Mais personne ne la rejettait entièrement, et complètement, dans son humanité ni dans ce qu'elle était...

"Ou tu crois peut-être que mon sort est enviable ? Que si c'était toi qui avait été mordue, la moitié de l'école t'adorerait aussi ? Non, Marlene, juste non. Les personnes qui m'apprécient ne le font pas parce que j'ai été mordue ou non. Ils le font parce que j'ai des qualités humaines et que je ne me résume pas à une bête féroce ! Ils le font parce que oui, je vaux la peine qu'on s'arrête à autre chose qu'à ce que je suis l'espace d'une nuit, parce que je suis toujours moi, que je suis toujours là, toujours vivante, que j'ai toujours des droits, une sensibilité, que je peux toujours être blessée qu'on me rejette, qu'on veuille m'enfermer, me dénier une éducation, un avenir, une vie !"

Comment lui faire comprendre ? Cela la rendait folle, Marlene la rendait folle, de rage et de frustration.

"Si les gens pensent que tu n'en vaux pas la peine, Marlene, c'est pas parce que tu n'as pas vécu un évènement traumatisant pour te mettre au centre de l'attention, ou je ne sais quelle bêtise. C'est parce que quand tu agis comme ça, non, vraiment, tu n'en vaux pas la peine. Si t'es pas capable de faire preuve d'un minimum d'humanité, de comprendre qu'il y a toujours un être humain avec des sentiments en face de toi, alors... Peut-être bien que ce n'est pas moi, le monstre des deux."

Par Salazar, elle ne pouvait même plus la regarder, tant l'envie de l'éclater contre un mur était devenue forte. Les pulsions violentes, ce n'était pas le loup en elle qui les provoquaient, c'était bel et bien Marlene et son air de sainte nitouche, Marlene et sa pauvre petite vie d'adolescente complexée, Marlene qui ne réalisait pas sa chance. Marlene qui représentait ce que Sam était avant, ce qu'elle avait perdu : la faculté à s'émouvoir pour les simples petits tracas d'une vie sans relief...

Des larmes de colère dévalaient désormais les joues de Samantha, qui murmura d'une voix rauque, "Ca y est, on a fini", avant de se détourner pour s'éloigner dans la serre.


 Burn book [Samantha] 2278784391  
Marlene Carter-Barclay
Marlene Carter-BarclayMédicomage
Messages : 679
Profil Académie Waverly
Burn book [Samantha] Icon_minitimeDim 19 Avr - 22:54
Non, Marlene ne savait pas ce que Samantha vivait. Et si elle devait être tout à fait honnête, elle n'y avait jamais pensé, n'avait jamais cherché à se mettre à sa place. Elle s'était braquée dans sa peur, dans son rejet, elle s'y était enfermée et n'avait jamais cherché à aller au delà. Elle n'avait pas vu, avait refusé de voir peut-être et n'avait pas cherché à voir non plus. Elle n'avait vu que les attentions, les attentions des professeurs, les soutiens de Dave et de Lauren, elle n'avait vu que ce qu'elle voulait voir et tout cela n'avait fait que la renforcer dans ce sentiment que tous les autres avaient tout et elle rien. Et quand Samantha lui balança tout cela à la figure, dans un bloc, presque dans un souffle, Marlene reçut tout cela avec la surprise de celle qui n'avait jamais cherché à voir plus loin que le bout de son nez, par facilité. Pour la première fois depuis que tout cela était arrivé, depuis l'accident de Samantha, depuis qu'elle s'était détournée, elle voyait ce qu'elle avait refusé de voir chez Samantha, elle voyait ce qu'elle n'avait même pas songé à voir. Cela aurait pu s'arrêter là. Elle aurait pu avoir ces éléments de réflexions, cette brusque vision qui tournait déjà dans sa rétine, celle des larmes de Sam face à elle, celle de sa souffrance qu'elle lui montrait, cette souffrance niée par Marlene.

Cela aurait pu s'arrêter là. Mais plus que sa propre situation, Samantha lui renvoya aussi brusquement ses propres complexes et ses propres angoisses. Elle entendit chaque mot et cette fois-ci, elle ne chassa même pas les larmes qui avaient commencé à couler sur ses joues. Tout ce qui l'obsédait en permanence, être appréciée des autres, être aimée, reconnue, faire partie de ces gens que tout le monde admirait et voulait, tout ce qui rythmait sa vie et ses ambitions... Ou ses désillusions. Tout ce que Marlene s'efforçait de cacher et tout ce qu'elle espérait, Samantha le lui envoya en pleine figure. Incapable de savoir quoi répondre face à ce flot de rancœur, de colère, de violence et malgré tout, de vérité, Marlene se contenta d'essayer de respirer tandis que les sanglots l'étouffaient et brouillaient sa vue.

I wanna be a bottle blonde
I don’t know why but I feel conned
I wanna be an idle teen
I wish I hadn’t been so clean

Ce n'est pas ça, que Marlene voulait. Elle ne voulait pas être cette gamine qui était au bord de la crise d'angoisse deux fois par mois, être cette fille qu'on détestait et qu'on ignorait. Elle ne voulait pas être l'image que lui renvoyait Samantha, elle ne voulait même pas être l'image que lui renvoyait son miroir. Elle voulait faire partie de ces filles que tout le monde aimait, elle voulait être à l'image de ces Kessy, de ces Clara qui semblaient inébranlables et qui étaient fortes en toutes circonstances. Elle voulait être sûre d'elle, assurée, pleine de confiance, populaire, jolie, admirée, aimée. Pas la préfète-en-chef que la moitié de l'école ne connaissait même pas et que l'autre trouvait ennuyeuse et coincée à mourir. Elle ne voulait pas être cette fille-là.

I wanna stay inside all day
I want the world to go away
I want blood, guts and chocolate cake
I wanna be a real fake  

L'étau qui enserrait sa poitrine se resserrait un peu plus à chaque respiration laborieuse et elle s'appuya sur une table de travail pour assurer ses jambes tremblantes. Samantha l'avait touché, avait enfoncé toutes les cordes les plus douloureuses - sûrement dans un juste retour des choses - et Marlene avait l'impression de perdre pied. Rien n'allait, rien n'allait plus, rien n'avait jamais été. Elle était malheureuse, toute seule, plus seule que jamais et tout ce qu'elle voulait, c'était s'allonger dans son lit et pleurer toutes les larmes de son corps, encore et encore jusqu'à disparaître. Samantha pouvait dire ce qu'elle voulait, elle avait Lauren et Dave, elle. Marlene n'avait plus personne. Emma, peut-être, et encore, elle avait Clara. Sa famille était loin et elle se coupait un peu d'eux à chaque été qu'elle passait enfermée dans sa chambre à rêvasser. Elle avait eu James, un peu. Elle n'avait plus. Personne ne se souciait d'elle, tout le monde s'en fichait et après tout, elle n'en valait pas la peine, n'est-ce pas ? Elle essayait de se convaincre de toutes ses forces que si, depuis qu'elle était à Poudlard mais peut-être que Samantha avait raison. Peut-être qu'ils avaient tous raison. Elle n'était pas toute seule pour rien. Elle était cette pauvre fille que tout le monde détestait. Les mots de James dans le train lui revirent à cet instant avec une telle violence qu'elle en eut le souffle coupé tandis qu'un vertige la prenait. Toutes les remarques qu'elle avait pu recevoir depuis qu'elle était jeune lui revenait en tête, tous les mots durs, tout le venin, les mots de Samantha.

Yeah, I wish I’d been a, wish I’d been a teen, teen idle
Wish I’d been a prom queen fighting for the title
Instead of being sixteen and burning up a bible
Feeling super, super (super!) suicidal

Elle ne serait jamais ce genre de fille qu'elle aspirait à être, elle ne serait jamais Kessy Brooks ou Kalamity Chambers. Elle n'était que cette pauvre fille que tout le monde détestait et qui ne servait à rien, cette pauvre fille qui n'était même pas capable d'aider les gens. Elle ne servait à rien. Et personne ne tenait à elle, dans le fond. Les rares personnes qui pouvaient éventuellement le faire s'en remettraient, c'était insignifiant dans le fond. Elle y avait souvent pensé, à cela, un temps. Cela s'était éloigné un peu et depuis quelques temps, cela revenait avec encore plus de force. Des idées sombres dans la tête et dans le cœur, qu'elle chassait toujours mais qui revenaient toujours quand ça n'allait pas. Et à cet instant, cela n'avait jamais été pire.

The wasted years, the wasted youth
The pretty lies, the ugly truth
And the day has come where I have died
Only to find I’ve come alive


Elle essayait de se convaincre du contraire, elle se cachait derrière ses mensonges, derrière une assurance feinte. Marlene mentait, trompait, illusionnait. Essayait. Elle construisait un petit monde tout autour comme s'il allait devenir réalité mais elle se rendait compte que cela ne servait à rien : personne n'était dupe. Même pas elle. Mais c'était tellement plus facile de mentir au monde et de se mentir à soi-même que d'affronter des vérités qui n'étaient pas très reluisantes. Marlene n'était pas la fille qu'elle espérait être. Elle était beaucoup moins bien que cela. Elle était incapable de faire les choses bien. Elle gâchait tout.

I wanna be a virgin pure
A 21st century whore
I want back my virginity
So I can feel infinity

Elle avait tout gâché avec James aussi. Elle avait tout gâché entre eux. Elle s'était toujours dit que sa première fois se passerait autrement, que cela serait autre chose, que cela serait spécial. C'était l'idée qu'elle en avait, l'illusion qu'elle en avait et finalement, ce n'était pas cela. Et elle ne pouvait pas revenir en arrière, c'était terminé. Marlene avait l'impression d'avoir gâché quelque chose, quelque chose qu'elle aurait pu faire autrement, qu'ils auraient pu faire autrement si elle avait le courage de faire les bons choix. C'était trop tard, désormais. Elle n'avait plus ces rêveries devant elle, cette image idéale et elle le regrettait, sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce qu'elle se retrouvait toute seule, toute seule à gérer cela et encore une fois, c'était sa faute. C'était toujours sa faute. Elle était incapable de faire quelque chose de bien.

I wanna drink until I ache
I wanna make a big mistake
I want blood, guts and angel cake
I’m gonna puke it anyway

Elle avait envie de tout oublier. De partir loin d'ici et de ne plus penser à rien, de ne plus avoir l'impression d'être au bord du précipice en permanence. Elle voulait ne plus rien ressentir et surtout pas ce mal-être immense qu'elle n'arrivait pas à contrôler. Après tout, elle n'avait plus rien à perdre. Tout était perdu ou n'avait jamais été gagné.

Yeah, I wish I’d been a, wish I’d been a teen, teen idle
Wish I’d been a prom queen fighting for the title
Instead of being sixteen and burning up a bible
Feeling super, super (super!) suicidal
The wasted years, the wasted youth
The pretty lies, the ugly truth
And the day has come where I have died
Only to find I’ve come alive
Come alive, I’ve come alive

Incapable de réprimer ses sanglots et la crise d'angoisse qui la gagnait une nouvelle fois, Marlene recula et se laissa glisser contre le mur, cherchant malgré tout à contrôler sa respiration comme elle l'avait appris. Elle faisait des crises d'angoisse depuis la mort de sa mère mais ces derniers temps, c'était presque devenu quotidien. Enfouissant sa tête dans ses genoux, elle ferma les yeux de toutes ses forces pour essayer de vider sa tête tandis que tout tournait dans son esprit dans un insupportable tourbillon, la poitrine oppressée.

Oh, God ! I’m gonna die alone
Adolescence didn’t make sense
A little loss of innocence
The ugly years of being a fool
Ain’t youth meant to be beautiful ?


Elle avait l'impression que rien n'irait. Que non, cela n'irait pas mieux. Que non, les choses ne s'arrangeaient pas avec le temps. C'était trop, trop partout, trop présent, trop fort, pour que les choses s'arrangent avec le temps. Et elle n'en pouvait déjà plus.

Yeah, I wish I’d been a, wish I’d been a teen, teen idle
Wish I’d been a prom queen fighting for the title
Instead of being sixteen and burning up a bible

Mais comme d'habitude, Marlene finirait par sécher ses larmes. Elle finirait par arrêter de pleurer, par respirer de nouveau normalement et par se relever pour reprendre le cours de sa vie, enfouissant tout cela au fond d'elle. Elle finirait par faire comme si ça allait, par faire comme si c'était passé. Elle finirait par faire comme si ça n'allait pas recommencer. Comme d'habitude.
RP terminé


Burn book [Samantha] 191118054952506833

Avatar par Shiya.
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Burn book [Samantha] Icon_minitime