Azénor était épuisée, depuis la réunion de la veille au soir, elle n’avait pas arrêté. Lorsque Mr Calder les avait laissé sortir, ils avaient dû se mettre immédiatement au travail. Bien sûr, ce ne fut pas sans rechigner pour un bon nombre des employés que ce soit pour des raisons personnelles – travailler de nuit sans être prévenu à l’avance, non mais franchement, ça ne respectait aucune règle du travail ! – ou idéologiques – on allait tout de mettre enfermer des habitants dans leur ville durant leur sommeil, c’était un piège qui se refermait sur eux sans qu’ils ne le sache… Néanmoins, ils n’avaient pas eu le choix s’ils voulaient garder leur travail alors tous les employés des Transports s’y étaient mis.
Azénor avait passé la nuit dans les archives pour retrouver la trace de toutes les cheminées de Bristol. Elle aurait pu se réjouir en se disant que pour une fois elle n’était pas toute seule dans cette pièce poussiéreuse mais la somme colossale de recherches qu’ils avaient à effectuer l’en avait empêché. Lorsque le petit jour s’était levé, ils n’étaient toujours pas tout à fait prêt, des agents n’étaient toujours pas revenus, des feuilles volaient dans tous les sens, les listes n’étaient qu’à moitié complétée.
Le seul avantage qu’avait pu tirer Azénor de cette nuit était qu’elle avait eu des responsabilités. Face à tant de travail à effectuer en si peu de temps, les chefs avaient été obligé de déléguer jusqu’aux stagiaires. Alors Azénor s’était retrouvé avec un des quartiers résidentiels à superviser. Elle avait recensé les Cheminées avec une de ses supérieures mais c’est seule qu’elle avait dû aller courir après les agents de terrain pour qu’ils ferment ses cheminées mais surtout pour qu’ils viennent lui en faire le rapport ensuite.
Elle était plutôt fière de son travail, elle n’avait pas terminée en retard contrairement à certains de ses collègues plus âgés et elle avait rendu avec fierté sa fiche directement à Mr Calder qui l’avait autorisé à rentrer chez elle. Elle s’était alors affalée sur son lit quelques heures trop courtes avant de retourner au Ministère.
Elle était entrée dans un Ministère en effervescence comme elle l’avait rarement vu mais au Département des Transports, les choses s’étaient quelque peu calmées. Les employés avaient les traits tirés mais ne courraient plus dans tous les sens. Moira avait réquisitionnée Azénor et ensemble, elle s’était occupée de reprendre les listes de la zone ouest de Bristol pour s’assurer qu’aucun oubli n’avait était commis. Azénor put même mettre au propre le travail qu’elle avait effectué durant la nuit, pouvant enfin suivre un travail du début à la fin. Moira la félicita pour son efficacité.
Lorsqu’enfin, elle put rentrer chez elle en ce 14 novembre, Azénor était épuisée mais comblée. Contrairement à ce qu’elle avait pensé lorsque la réunion avait débuté la veille au soir, elle s’était sentie à sa place, utile et efficace. Elle avait enfin l’impression d’appartenir au Département des Transports et après trois mois de stage, c’était gratifiant.
Sa journée n’avait cependant pas fini d’être bonne comprit-elle en découvrant le hibou d’Adrian l’attendant à son appartement. Elle sourit face à l’écriture de son petit ami, si ça lui disait de passer du temps avec lui ? Bien sûr, toujours. Elle se changea rapidement, revêtissant une
robe en laine noire, des bottes fourrées et une écharpe. Elle espérait qu’Adrian remarquerait ses efforts.
Et après un dernier spray de son parfum :
Femme Fatale de Dulce&Gambas, elle transplana.
Adrian était là, l’attendant avec un bouquet de fleurs à la main, Azénor fondit et faillit se précipiter pour se jeter à son cou comme dans les romans qu’elle lisait le soir. Néanmoins, un sursaut de bon sens lui fit comprendre qu’Adrian n’apprécierait pas forcément, elle se contenta donc de marcher vers lui d’un pas rapide avant de l’enlacer par derrière et de lui planter un baiser dans le cou :
« Ad’, comment vas-tu ? T’étais en congés aujourd’hui ? »Elle glissa son bras sous le sien pour entrer dans l’établissement.