Gillian Forest-Whitaker

Gillian est une fille. Gillian est brune. Gillian a les yeux bleus. Gillian est une Whitaker.
Impossible en tout cas de renier l'évidence. De folles boucles brunes, qu'elle attache très peu, préférant les laisser voler au vent. Des yeux bleus, semblable à la mer, qui pétille de malice et de jeunesse. Un sourire éclatant qui croque la vie à pleine dents. Des tâches de rousseur qui parsèment ses joues.
Elle porte sur son visage la marque des Whitaker.

Petite et mince, quoique les marques de l'adolescences commencent à se poser doucement sur son visage et sur son corps, elle se sera déjà faufilée à l'extérieur, courant dans les rues de Sheffield. Son père dit en riant qu'elle a plus d'un feu follet, avec ses boucles folles, que d'une enfant normale. Le Quidditch a posé ses marques, dans ses muscles fins, ses mains fortes, son corps solide qui peux encaisser sans broncher un Souaffle lancé à pleine vitesse.

Gillian se moque de ce que pensent les autres. Elle se moque de ne pas être comme les autres.
C'est donc la reine des associations de couleurs étranges: du vert avec du rose, du rouge et du jaune, du bleu avec du orange... Toujours quelque chose d'innatendu.
Ses vêtements sont pris au petit bonheur la chance dans son armoire, sans se soucier des associations, sans se soucier des matières, sans se soucier du temps à l'extérieur.
Et surtout, ne dites jamais rien sur son bonnet. Bleu à rayure, des boutons symbolisant les yeux et deux pompons blancs pour les oreilles, offert par sa grand-mère, c'est son vêtement préféré. Même si elle le porte moins maintenant, usé qu'il est par plusieurs années où elle l'a porté chaque jour.

Gillian aime la vie, et ne supporte pas de la gâcher.
Une seule journée inactive est pour elle une journée perdue, une journée vide et sans intérêt qu'elle aimerait recommencer.  Une journée à l'intérieur n'a pas d'intérêt. Une journée sans Quidditch n'en a pas beaucoup plus. Une journée sans inventions ni aventures extraordinaires avec ses meilleurs amis n'en aucun non plus. Une journée sans dispute avec Penny et Cairàn est tout simplement impossible.

Gillian est de ces enfants toujours en mouvement, incapable de rester simplement assise derrière une chaise lorsqu'elle pourrait être dans les rues de Sheffield. Une partie de son corps, que ce soit ses doigts, ses jambes, ses yeux reste vivant, mouvant, insaisissable, ce qui peux donner à son interlocuteur l'impression qu'elle n'écoute pas, même si c'est le cas.
Ce que les professeurs détestent, habituellement. Ayant énormément de mal à rester assise, les sujets très théoriques sont très difficiles pour elle, elle préfère les cours qui demandent du mouvement, ou simplement un travail personnel autre qu'écrit.Ils répètent tous qu'elle gâche un potentiel certain, qu'il faudrait qu'elle apprenne à évacuer la tension qui l'habite. Gillian aimerait bien, mais personne ne lui a jamais appris comment faire.
Les seules exceptions sont les cours d'Histoire, qu'elle a toujours trouvé passionnant, à la grande surprise de toute sa famille. Personne ne semblait comprendre pourquoi une gamine à la limite de l'hyperactivité trouvait si passionnant des cours sur des hommes d'un autre siècle. Et personne n'est tout à fait sûr qu'elle le sache elle-même.

Sa mère lui avait un jour dit qu'elle avait presque plus besoin des autres que des autres besoin d'elle. Ce qui n'était pas faux. Gillian est de ces enfants qui se nourrissent des autres, des interactions, ou bien simplement de leurs présences. Elle déteste rester seule, sans personne autour d'elle, sans personne à qui elle puisse se confier en cas de besoin, en cas de problème.

Gillian est une personne joyeuse, mais surtout très fatigante pour les personnes de son entourage. Son incapacité à rester immobile font que beaucoup la trouvent souvent beaucoup trop papillonnante, beaucoup trop fantasque. Elle s'est fait la spécialité de passer du coq à l'âne, sans rapport visible entre les deux sujets pour une autre personne qu'elle-même.
Elle n'hésite pas avant de parler, disant ce qu'elle pense sans détour mais peux atténuer lorsqu'elle sent que son interlocuteur pourrait mal le prendre. Le message final est toujours le même, la manière de le dire un peu différente.
Elle n'est pas timide. Elle fait plutôt parti des enfants qui ont trop à exprimer, et pas assez de temps pour cela.

Elle et ses amis, c'est une longue histoire. Faite de haut et de bas, mais qui surtout ne s'est jamais arrêtée.
Ses amis lui reprochent parfois son impulsivité, qui fait qu'elle ne les écoute pas toujours. Mais ils se sont bien trouvés, et Gillian ne les a jamais abandonnés. Elle est très proche d'eux, parfois même un peu trop. Elle ne les comprends pas forcément toujours, et ses réactions peuvent parfois sembler étranges ou excessives, mais elle leur reste toujours loyale. Même si parfois, la communication s'arrête, se coupe, sur une incompréhension, une dispute, elle finit toujours par revenir, ne serait-ce que pour comprendre. Et voir ce qui doit être fait derrière.
Ils sont francs avec elle, elle est franche avec eux. Tout comme elle l'est avec les gens qu'elle n'apprécie pas.
Elle a très peu d'ennemis, mais elle fait clairement comprendre, de par son comportement et ses paroles, quand elle n'apprécie pas quelqu'un.

Elle est ce que les adultes appellent une enfant pleine de malice. Elle-même ne comprends d'ailleurs pas forcément pourquoi.
Tout ce qu'elle sait, c'est que taquiner, titiller les autres, élaborer de grands plans pour jouer une farce aux autres, c'est vraiment une des meilleurs choses au monde.
Inventer des mondes, des univers dans les rues de Sheffield, créant des personnages sans peur et sans reproche, dévalant les rues, explorant les recoins cachés, vagabondant près des égouts et des terrains vagues...
Elle a grandi, mais néanmoins ce côté est toujours là. Avec l'ascension de la milice à Poudlard, elle n'en est que plus soulagée de toujours la posséder, cette malice: c'est quelque chose qu'elle a, et que rien ni personne ne peut lui enlever.

Mais c'est cela la force de Gillian: elle se moque de ce que les autres pensent d'elle. Elle se moque qu'ils la trouvent loufoque, étrange, garçon manqué.
Le regard des autres passe sur elle sans l'atteindre, et des choses qui en blesseraient certains n'ont sur elle comme seul effet que de lui arracher un léger sourire, une remarque joyeuse, un rire.
C'est ce qu'elle pense qui importe, pas les remarques des autres.
Peu importe que les endroits, les gens qu'elle fréquente ne soit pas recommandable.
Peu importe qu'elle ne se comporte pas comme une enfant normale est censée se comporter. Peu importe que ses vêtements ressemblent plus à un arc-en-ciel qu'à une tenue normale. Peu importe les sanctions, les brimades, les réprimandes, si elle estime avoir raison, elle ne changera rien.
Faites-lui toujours la remarque, elle vous sourira avant de vous quitter. Sans rien avoir changé.

Mais même sa joie de vivre a des limites. Quand elle se retrouve dans une situation inhabituelle, étrange, sa première réaction est de paniquer. Pendant environ une minute.
Ensuite, elle essaiera de comprendre. Si elle voit une solution, elle l'appliquera.
Si elle n'en voit pas, elle commencera à paniquer. Vraiment. Et elle se tournera sans hésitations vers quelqu'un qu'elle sait pouvoir résoudre son problème. Ou espère, en tout cas.
Elle sait pertinemment qu'elle n'a pas réponse à tout. Dans ces cas-là, mieux vaux se tourner vers quelqu'un qui sait.

Gillian est née pendant la guerre. En mars 1995, peu avant que Voldemort ne soit ouvertement de retour. Mais à Sheffield, la guerre a fait très peu de ravages, les gens essayant de ne pas faire de vague et de ne pas attirer l'attention.
Gillian avait trois ans quand Voldemort a été vaincu. Elle se rappelle d'une immense fête dans les rues de Sheffield, elle courant partout avec les enfants des voisins, la joie sur les visages...

"Jared? Pourquoi tu pleures?"
Le garçon était seul, assis sur un muret, et ça c'était déjà bizarre. Jared était toujours avec Josef, et surtout, Jared ne pleurait pas.
Il se tourna vers elle, et dit simplement:
"Je pleure parce que je suis triste. Je pleure parce que Lise ne reviendra pas."
Elle n'avait pas su quoi répondre. Alors elle s'était simplement dressée sur la pointe des pieds, avait déposé un bisou sur la joue de Jared et s'était éloignée.

Elle avait ensuite grandi sans histoire dans la cité Nimbus, courant dans les ruelles, criant dans les parcs, s'amusant comme une folle avec ses amis.
Megan, qu'elle avait rencontré à 7 ans.
Eliott, son cousin collant qui finalement s'était imposé comme indispensable.
Puis Jeremy, quand elle eut 8 ans, qui n'eut aucun mal à s'intégrer.

Les enfants couraient, fuyaient, volaient.
Quoi? Ils ne le savaient pas. Où? Mystère.
Un monstre immonde les poursuivaient, cherchant à les attraper pour les emmener vers sa monstrueuse caverne afin de les dévorer... Et ils devaient d'abord trouver la baguette magique de Merlin afin de pouvoir le battre...
"Les enfants!"
Tous s'arrêtèrent net et se tournèrent vers Sam, adossé contre le chambranle de la porte de sa boulangerie.
"Vous ne pensez pas qu'il est temps de venir manger?"
Les quatre échangèrent un regard complice avant de se précipiter à l'intérieur.
Le monstre pouvait bien attendre.

Leur vie continuait ainsi, faite de cours, de jeux, de cris, et d'amusement. Même les petites disputes ne semblaient pas avoir d'importance.
Ils étaient toujours fourrés ensemble, chez les Forest, les Jones, les O'Brian ou les Aven, à créer ensemble des mondes extraordinaires.
Les autres pouvaient même se sentir exclus. Ils n'avaient besoin de rien, se suffisaient à eux-même, et les autres avaient l'impression qu'ils s'étaient créés leurs propres bulles dans laquelle ils évoluaient, et où ils n'admettaient personne d'autre.
Tout cela semblait pouvoir durer toujours.

Jusqu'à ce jour d'été 2006.

COLLÈGE DE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE
Directrice : Minerva McGonagall
Chère Miss Forest-Whitaker,
Nous avons le plaisir de vous informer...

Gillian fixa la lettre d'un air absent. Oui, elle était ravie d'aller à Poudlard, oui elle était ravie de pouvoir partir dans cette endroit merveilleux dont tout le monde lui parlait. Mais cela signifiait quitter Sheffield, quitter ses parents, quitter Eliott et Megan. Et c'était dur.
"Gil!!"
Jeremy s'était précipité vers elle, une lettre à la main.
"Toi aussi?"
Alors elle avait retrouvé le sourire.
"Oui!"

Ils étaient devenus fous. Ils étaient allés sur le chemin de Traverse, accompagné d'Eliott, pour tout acheter, s'amusant et riant au grand désespoir de Sue qui commençait à en avoir assez de leur courir après.
Pendant leurs deux mois de vacances, ils parvinrent presque à oublier que cela impliquait un départ. Qu'ils ne seraient plus jamais ensemble comme avant.

Assise sur les marches du perron, les quatre enfants regardaient dans le vague.
Les valises qui les entouraient ne laissaient guère de doute sur la date. On était le premier septembre, Gillian et Jeremy partaient.
"Nous oubliez pas, hein?"
Gillian tourna vers son cousin son regard bleu avant de sourire.
Elle tendit son bras vers l'avant, et les trois autres posèrent leur main sur la sienne.
Jeremy prit la parole le premier.
"Je promet de ne jamais vous oublier."
"Promis, dit Megan."
"Promis"
Gillian eut un grand sourire, qui illumina ses yeux clairs.
"Promis."

Poudlard fut magique, pour elle. Dans tous les sens du terme. Dés sa répartition, dés ses premiers jours, elle se sentit complètement à l'aise et complètement chez elle dans le grand chateau de pierre. Toujours fourrée avec Jeremy, Kathrina ou Paul, qui furent vite connu chez les Poufsouffle comme inséparables, elle se fit une place sans aucun problème. Les professeurs la trouvait tantôt adorables, tantôt insupportable, tantôt attendrissante, elle qui ne réussissait pas partout mais possédait toujours un enthousiasme sans faille. Ce ne fut que durant sa deuxième année qu'elle commença réellement à sortir du cercle rassurant des Poufsouffles. Aby, Ahren, Andrew, Sasha... tant de visages, de têtes, d'amis, qui parfois semblaient incompatibles mais que Gillian, par un miracle inconnu, réussissait à avoir tout de même. Beaucoup chuchotèrent encore longtemps sur son passage, incrédule quand à son amitié avec Andrew ET Ahren, tant la chose paraissait impossible. Obtenant le poste de poursuiveuse, elle continuait sa vie dans son monde de bisounours lorsque la réalité la rattrapa brutalement. Ahren, avec qui elle s'était disputée, et Kat, sa douce Kat, sa meilleure amie, tout deux avait tout perdu. Ce fut un choc pour elle. Comment avait-elle pu ne rien voir, elle qui se targuait d'être leur amie? Cela la marqua profondément pour le reste de l'année, et elle se promit de ne plus jamais laisser cela arriver.