Tom Llewelyn

Tom est un grand gaillard assez carré. Sa large silhouette s'est affaissée avec le temps, comme écrasée par le poids des problèmes. À le voir évoluer de sa démarche trainante, les bras ballants, il semble encombré par sa propre carcasse. Il s'avachit plus qu'il ne s'assoit, les épaules un peu voutées. Son apparence présente des signes évidents de négligence, tels que son omniprésente barbe de trois jours ou ses vêtements froissés. Il a le physique abîmé de celui qui s'est fait refaire le portrait plus d'une fois : une dent cassée lors d'une bagarre et puis son nez, resté légèrement de travers après un coup de poing. Mais, ironiquement, les embuches que la vie a posées sur son chemin l'ont bien plus façonné que ne l'ont tenté les quartiers mal famés de Bristol. Cela, on peut le voir dans ses cernes creusés par les insomnies, dans ses rides prématurées offertes par les soucis et dans les quelques poils blancs que les préoccupations ont déposés dans ses cheveux châtain foncé. Tom a vieilli trop vite ; c'est un homme usé, fatigué à seulement 35 ans. Seule sa fille est capable de faire pétiller à nouveau ses yeux noisette.

Tom, c'est le type désagréable que vous croisez dans la rue et qui vous sape votre bonne humeur. Constamment grincheux, il se complait dans son malheur et aime le communiquer aux autres de sa mine renfrognée. L'expression « jamais content » conviendrait très bien à décrire son état d'esprit quotidien. Il ne rate pas une occasion de râler haut et fort pour manifester ce mécontentement. Déjà grognon de naissance, il s'est aigri avec le temps et la rancœur. Car, en effet, il n'y a pas plus rancunier que lui. Si par exemple un tort lui est fait, plutôt que de se débarrasser de ce poids, il va garder son ressentiment pour lui, le contenir et le ressasser, ressasser, ressasser jusqu'à ce qu'il grandisse impitoyablement puis explose au moment où il s'y attend le moins. C'est sa façon à lui de ne pas pardonner. Étant donné qu'il est extrêmement susceptible, il conserve donc en lui une masse de rancœur tout à fait disproportionnée, ce qui peut donner une image fort négative de sa personne. Comme s'il détestait tout le monde, ce qui n'est pas le cas, mais presque.

Ce côté amer s'étend bien au-delà. Déjà, il ne supporte pas les riches – quels qu'ils soient – à cause de leur aisance financière et des facilités quotidiennes qui en découlent. Il envie les fortes capacités, les talents de chacun, à côté desquels il se fait figure d'un bon à rien. Il voudrait faire partie de ceux qui ont réussi dans leur vie, une vie amoureuse et professionnelle épanouie... En règle générale, les gens heureux (où qui renvoient une impression de bonheur) lui sortent par les yeux : ils ne font que lui rappeler ses propres difficultés. Envers les inconnus comme envers ses proches, Tom est exagérément jaloux. Quand il était encore en couple, personne n'avait intérêt à lancer un regard à sa petite-amie sous peine de se faire provoquer en duel sans beaucoup de douceur. Pas mal de coups de poing ont résulté de cette possessivité extrême, qui a d'ailleurs fini par leur pourrir la vie à tous les deux. Tom est quelqu'un d'exclusif, et il exige la même chose de chaque personne de son entourage. Sa fille en paie les frais : comme tout papa-poule qui se respecte, il est très protecteur envers elle.

Cependant, on ne peut pas lui nier une qualité de taille : Tom s'efforce d'être un bon père. Il emmène Skye avec lui à chaque match des Canons de Chudley ; il lui achète ce chapeau à leur effigie quand il voit qu'elle n'ose pas le lui demander ; il perpétue leur rituel de partager un paquet de Patacitrouilles quand il y a de l'orage, blottis tous les deux sous leur couverture en patchwork. Car s'il n'a rien de plus à lui offrir que ce petit appart miteux, il tient à ce qu'elle ne pâtisse pas de leur niveau de vie. Il est prêt à tout pour qu'elle s'en sorte mieux que lui ne s'en est sorti, à ce qu'elle ait des chances équivalentes à celles des autres enfants – voilà une cause en laquelle il sera toujours dévoué, et d'une loyauté sans égal. En attente de meilleures offres, il s'acharne en travaux divers, exécute parfois des tâches ingrates. Il n'est pas fainéant et ses pouvoirs réduits (l'ayant condamné un temps à une nullité magique notoire) l'ont obligé à savoir mettre une main besogneuse à la pâte. Ou, s'il le faut, dans la bagarre...

Tom naît dans le Devon en 1973, un 15 décembre. À un an, il a déjà une écharpe des Canons de Chudley autour du cou ! Son frère Oliver, six ans de plus que lui, est un grand fan de cette équipe et lui transmet rapidement ce syndrome. Tom grandit aussi normalement que possible, mais ses progrès en magie sont bloqués au point mort. Il a beau les attendre, ces fameux pouvoirs... rien. Nada. Aucun signe. Les Llewelyn s'inquiètent. Et s'il était Cracmol ? Leurs pires craintes ne se confirment pas pour autant. À onze ans, Tom reçoit sa lettre de Poudlard en même temps que des dizaines d'enfants comme lui – ou presque comme lui. Car il doit bien se rendre à l'évidence : s'il est incontestablement Sorcier, son potentiel magique est tout de même plus faible que la normale. Chaque individu naît avec des capacités différentes, et chaque sorcier avec des pouvoirs plus ou moins puissants. Tom est juste mal tombé. Ses parents se renseignent et l'inscrivent à Vitmagic, « cours par correspondance pour sorciers débutants ».

Bien évidemment, sa magie déficiente ne passe pas inaperçue à Poudlard. « Sorcier raté », « presque Cracmol » sont les insultes qu'il récolte aux détours des couloirs. Incapable de lancer correctement un sort, Tom répond aux moqueries par la force de ses poings. À chaque fois qu'il retourne chez lui avec un coquard, sa mère lui reproche ses bagarres et lui dit qu'il y a de meilleurs moyens de communication que la violence. Mais c'est le seul qu'il connaît pour les faire taire. Il a toujours détesté ces enveloppes violettes qu'il reçoit chaque semaine pour apprendre à mieux tenir sa baguette. En apprenant à se défendre, il apprend aussi à détester les élèves de cette école, tous brûlants de magie tandis qu'il est privé de ce qui coule en abondance dans leurs veines. Ils ne se rendent pas compte de leur chance, ils ne l'exploitent pas, ils la gâchent pendant que lui s'acharne à la tâche tel un bon Poufsouffle pour ne pas redoubler. Inévitablement, il redouble ; sa cinquième année d'abord, puis sa septième.

Ses ASPICs ne s'étant pas illustrés par leur nombre, on l'envoie aux États-Unis dans l'espoir vain qu'il se découvre une passion pour les études supérieures. Il atterrit dans l'un des plus gros foyers étudiants du continent, sans la moindre idée de ce qu'il veut faire. Bien entendu, il passe ses années de fac à prendre du bon temps plutôt qu'à travailler. Il participe à un nombre ahurissant de fêtes aussi déjantées que mémorables, même s'il ne se souvient pas de toutes, et pour cause ! C'est sur un campus voisin qu'il rencontre une jolie blonde qui le séduit immédiatement. Elle s'appelle Melissa, elle est plus âgée de deux ans, elle a beaucoup de caractère. Elle est aussi capricieuse et forte tête, mais lorsqu'il le découvre, ils vivent déjà ensemble. Ils ont à peine 24 et 26 ans quand ils donnent naissance à Skye. On dit qu'une femme se sent mère à partir du moment où elle tombe enceinte, et qu'un homme se sent père à partir du moment où il voit l'enfant. À l'instant précis où Tom voit sa fille pour la première fois, il comprend qu'il sera prêt à tout pour elle.

Cependant, si leur idylle se poursuit encore quelques années, elle n'est justement plus si idyllique que cela. Avec Skye ont débarqué les ennuis financiers. Tom et Melissa se disputent du matin au soir. Ils dorment encore dans le même lit mais ne se connaissent plus. La jeune fille dont il est tombée amoureux à la fac est partie pour laisser place à une jeune mère négligente et tyrannique. Quant à lui, il n'est plus le même fêtard invétéré ; il est devenu ronchon, maussade et difficile à vivre. Le couperet tombe un soir de Noël, alors qu'ils ont convié leurs deux familles dans l'espoir de se reconstruire. Parmi les invités, il y a Oliver, l'aîné des Llewelyn. Le lendemain, plus de Melissa Simmons : elle s'est envolée avec lui. C'est donc un 25 décembre que Tom se retrouve seul, sans métier, une fille de sept ans sur les bras, parce que sa femme (qu'il aimait encore) l'a quitté pour son propre frère. Brisé, il ne leur pardonne pas cette trahison.

Tom décide de prendre un nouveau départ. Skye dans ses bagages, il revient en Angleterre et s'établit à Bristol. Un ancien camarade de classe dont la tante prend des pensionnaires, Quentin Hooper, lui conseille une adresse : le 42b, dans une rue parallèle à la Voie des Miracles où les logements ne sont pas trop chers. L'appartement ne paye pas de mine avec sa façade sale et ses escaliers branlants, mais les deux Llewelyn se l'approprient rapidement. Un cellier, une petite chambre, un séjour, une cuisine et une salle de bains minuscule. Tom laisse la chambre unique à sa fille et lui construit des étagères en hauteur pour optimiser l'espace. Quant à lui, il se réserve le canapé-lit de la pièce principale. Quelques sortilèges agrandissent les placards, le sol froid se recouvre de tapis et Skye colle ses autocollants de joueurs sur les vitres. Depuis son abandon, elle n'a plus parlé une seule fois de sa mère, subissant la situation sans broncher.

Le père et la fille s'habituent à leur nouvelle vie. Tom se heurte une ou deux fois à quelques voyous qui se déplacent en bande dans le quartier, mais n'en ressort qu'avec une ou deux égratignures. S'ils continuent d'aller voir les Canons en match, plus de visite chez tonton ou grand-mère. Tom boude ouvertement sa famille qui ne l'a soutenu en rien dans les épreuves qu'il a traversées. Oliver lui propose plusieurs fois de lui prêter de l'argent mais son jeune frère refuse de lui parler. Il n'aurait pas voulu de son aide de toute façon. Il a sa fierté, il veut se débrouiller par lui-même. Hélas, toutes les portes sont fermées à quelqu'un qui n'a aucune qualification, aucun diplôme ni talent particulier en magie. Il enchaîne des petits boulots qui rapportent peu, peinant à garder la tête hors de l'eau. Ses économies s'amenuisent, il touche le fond. Alors qu'il faut bien payer le loyer pour éviter de se faire éjecter, Tom fait brièvement expérience de la misère, la vraie, celle qui fait se demander si on se couchera le ventre plein le lendemain soir.

Il passe des soirées entières à s'abîmer les yeux sur les factures en retard. Skye s'assoit sur la table et le regarde faire. C'est la vision de sa fille qui le transcende, qui le pousse à continuer de se battre à mains nues contre la vie. Sans elle, il aurait abandonné depuis longtemps. Mais à la voir ainsi dans son pyjama orange, les cheveux en bataille, il est bien déterminé à s'extirper de ce bourbier, de cette prison, de ce puits sans fond qu'on appelle la pauvreté. Alors il se tient prêt à saisir les opportunités qui se présenteront à lui, celles qui l'aideront à se sortir du trou. C'est le point où il en est maintenant. Il n'a revu personne depuis trois ans. Seul son petit frère Michael vient encore le trouver chez lui, dernier membre de la famille avec lequel il est encore en contact, à son plus grand déplaisir car Michael est comme les chats : un sale profiteur. Quant à Tom lui-même, il semblerait qu'il en veuille au monde entier.

Skye Llewelyn - Fille unique
Skye a 11 ans, des cheveux châtain clair, des yeux vert-noisette et le visage mangé par ses lunettes. Répartie à Poufsouffle, elle rêve de devenir écrivain. C'est une petite fille mûre pour son âge. Elle entretient avec son père une relation très complice et ne se déplace jamais sans sa casquette des Canons.

Melissa Simmons - Ex-compagne
Melissa est une américaine qui a étudié dans la prestigieuse école des sorcières de Salem, où Tom l'a rencontrée. Il est tout de suite tombé sous le charme de cette jolie blonde aux yeux verts, aussi exigeante qu'impétueuse. C'est après la naissance de Skye que leur vie commune se complique, jusqu'à ce qu'elle rencontre Oliver et quitte Tom sans explication.

Oliver Llewelyn - Frère aîné
Aîné de la fratrie Llewelyn, Oliver est quelqu'un de posé et d'enthousiaste. À 41 ans, cet ancien Gryffondor a plutôt bien réussi dans la vie. Il est Baguette d'Élite et vient de se fiancer avec Melissa, l'ex-petite-amie de son frère. Tom et Oliver ne se sont pas revus depuis qu'elle est partie avec lui.

Michael Llewelyn - Frère cadet
Michael est le petit dernier de la famille. Sans gêne, enquiquineur né, il se croit absolument tout permis. Il adore harceler son frère Tom, squatter son appartement et lui demander de l'argent que ce dernier ne possède pas. Réparti lui aussi à Gryffondor, il vit encore aux crochets de sa mère à 28 ans passés.

Amanda Llewelyn - Mère
Ex-Poufsouffle, Amanda perd son mari durant la première guerre du monde magique et se retrouve seule avec trois enfants à sa charge. Elle réussit à s'en sortir avec l'aide de ses parents, chez qui elle s'installe dans le Devon. Ses fils devenus adultes, c'est toujours là-bas qu'elle vit.

Mrs Hooper - Logeuse
Alias le Dragon, Tom l'évite comme la peste car il lui doit toujours deux mois de loyer. S'ensuit une véritable opération commando quand il veut entrer ou sortir de chez lui, car elle lui signale ses dettes à chaque fois qu'il passe le pas de la porte.