-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Leopold tout puissant [Isobel]

Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeDim 12 Oct 2014 - 18:10
12 octobre 2008

"Vous êtes sure que cette phrase n'est pas trop rentre-dedans ? Je sais qu'on veut un discours énergique, mais il faudrait éviter de me faire passer pour un dictateur, tout de même."

Le ton de Leopold était amusé, mais il dissimulait mal sa nervosité. Leopold n'avait d'ordinaire aucun mal à dissimuler ses inquiétudes, qui d'ailleurs étaient rares, mais la situation était particulière. Isobel Lavespère et lui travaillaient depuis un bon moment sur l'un des discours d'annonce les plus sensibles qu'il avait à tenir depuis son élection, à savoir le fait que le Magenmagot lui avait confié - ou, plus exactement, allait lui confier - les pleins pouvoirs afin de rétablir l'ordre public dans le pays qui sombrait dans le chaos. C'était plus exactement la ville de Bristol qui nécessitait des mesures exceptionnelles à prendre dans un temps d'urgence, mais Leopold comptait bien utiliser ces pouvoirs qu'on lui confiait pour faire passer les mesures de son programme qui étaient restées bloquées. Depuis la guerre des gangs, la situation à Bristol était particulièrement explosive et on avait compté plusieurs émeutes. Les aurors s'avéraient impuissants à rétablir l'ordre, faute de moyens suffisants. Il fallait que quelqu'un prenne les choses en main, et ce quelqu'un, c'était lui.

Le vote n'avait pas encore été fait mais il le serait dès ce soir, et Leopold savait qu'une large majorité des membres du Magenmagot était en sa faveur. Le ministre avait donc d'ores et déjà demandé l'aide d'une des meilleures employées de la communication du Ministère pour l'aider à rédiger son discours. Il tenait à avoir le ton juste, et c'était quelque chose qu'il avait parfois du mal à faire seul, car il était bien malaisé de s'adresser à tout un pays sans froisser personne... Soucieux, Leopold faisait donc travailler la pauvre Isobel depuis un bon moment, écrivant, réécrivant et reformulant avec elle son discours. Les employés du niveau 1 avaient vite appris qu'avec le nouveau ministre, il ne fallait pas se plaindre ni rechigner à la tâche. Quand Leopold était concentré sur quelque chose, ce n'était pas la peine de demander une pause. Il pouvait justement se montrer assez tyranique à ce sujet... Heureusement, Isobel était suffisamment compétente pour que Leopold ait retenu son nom et accepte même de lui faire confiance. En termes de communication, il valait mieux qu'il s'en remette aux professionnels. Son entretien avec le chef du clan MacFusty lui avait servi de leçon.

"Qu'en dites-vous ?", interrogea-t-il en posant sur Isobel un regard incisif. Leur discours était bien avancé mais Leopold n'hésiterait pas à pinailler sur le moindre mot s'il le fallait. Cette annonce devait être parfaite, il en allait de sa crédibilité en tant que ministre.

Ministre détenteur des pleins pouvoirs. Un frisson de plaisir lui parcourait l'échine à chaque fois que cette pensée lui traversait l'esprit...

Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
Messages : 1166
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeDim 12 Oct 2014 - 23:43
- Certaine Monsieur le Ministre : cette phrase est une véritable sentence, un pivot du discours. Elle affirme certes le pouvoir du Ministère mais en ces temps troublés, c'est ce que les gens veulent entendre, croyez-moi.

L'écriture du discours de Leopold Marchebank au sujet de ses pleins pouvoirs était fastidieuse mais Isobel ne l'aurait échangée contre rien au monde. D'ailleurs, il fallait noter qu'elle avait tout fait pour être responsable de cette tâche : elle connaissait pas mal d'employés du Ministère et à force d'aider sans compter tous les notables de l'institution, elle s'était constitué un petit réseau qui la tenait au courant des bruits de couloir. Le fait que le Ministre allait demander les pleins pouvoirs au Mangenmagot était devenu la rumeur la plus courante hier et Isobel avait donc assuré ses arrières. Lorsqu'ils avaient fait le planning de la journée d'aujourd'hui avec ses collègues, elle s'était assuré de prendre le minimum, prétextant une obscure réunion avec un sous-secrétaire quelque part dans le Ministère et avait terminé ce qui lui restait à faire dans la nuit. Aussi, lorsqu'on était venu s'enquérir de la disponibilité d'un chargé de communication pour Monsieur Marchebank lui-même, elle n'avait eu qu'à saisir une plume.

C'était une occasion en or de se rapprocher du pouvoir en place : Isobel avait des ambitions - elle ne le cachait d'ailleurs pas - et savait qu'être bien vue du Ministre de la Magie pouvait lui ouvrir toutes les portes, y compris celle du bureau de responsable officiel de la communication du Ministère. Elle avait été sur tous les dossiers importants du FREE ces derniers temps, allant jusqu'à écarter ses collègues lorsqu'il le fallait. Isy se rêvait indispensable et comptait se battre jusqu'au bout pour y parvenir. En attendant, voir le Ministre satisfait de son discours serait une grande victoire aussi s'arma-t-elle de son sourire le plus professionnel.

- Je pense que vous êtes bien partis pour que cette allocution reste dans les mémoires, affirma-t-elle.

Elle s'était volontairement exclue du processus d'écriture dans sa phrase : si elle était si douée dans son métier, c'est parce qu'elle avait très vite compris qu'il fallait tout faire pour mettre les autres en valeur. Saisissant les parchemins annotés sur lesquels ils travaillaient depuis des heures, Isobel déplia ses jambes avant de se lever, faisant quelques pas dans le bureau.

- Imaginez-vous à la tribune, devant une population terrifiée qui n'attend que vos solutions pour les protéger.

Elle parcouru les notes des yeux avant de reprendre, relevant la tête vers Monsieur Marchebank.

- C'est la cohue dehors, les gens ont peur, ils veulent une réponse forte. Ils veulent se sentir encadrés, protégés. Et c'est ce que vous êtes en train de leur donner. Comme vous le dites au début du discours, vous ne prenez ces pouvoirs que par pure nécessité et les gens le savent, c'est ce qu'ils attendent de vous. Ceci, elle reposa le discours sur le bureau du Ministre, est ce qui fera de vous le sauveur de la nation. Et en ces temps difficiles, les gens ont besoin d'un sauveur qui ait le courage de prendre de grandes décisions, contrairement à vos prédécesseurs qui ne faisaient que dans le compromis.


« I never knew you were the someone waiting for me »
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeSam 1 Nov 2014 - 17:07
Leopold détacha son regard d'Isobel pour le poser sur le tableau de cette artiste de Bristol, qui l'avait suivi depuis son ancien bureau. S'imaginer à la tribune ne lui posait pas de difficultés. Un frisson d'excitation parcourut le ministre alors qu'il se voyait faire face à la foule, délivrant ce discours exhaltant qu'ils venaient de mettre patiemment au point, ce discours qui allait rester dans les mémoires. Les pleins pouvoirs... Un sourire confiant s'étira sur les lèvres du ministre, qui se leva à son tour avant de faire quelques pas dans la pièce. Son corps protesta après toutes ces heures d'immobilité et il songea qu'il aurait bien envie de faire de l'exercice. Hélas, la journée était encore loin d'être terminée...

Son regard se posa sur la chargée de communication qui venait de lui tenir un discours de motivation. Elle était douée, cela se traduisait par sa façon de tourner les choses dans les discours, sa façon de manier les mots, mais également par cette capacité à savoir s'adresser aux plus puissants de la façon qu'il fallait, au moment où il le fallait. Leopold se sentait effectivement rassénéré par les propos d'Isobel, qui lui apportait un point de vue un peu plus réaliste que le sien sur ce que la population avait besoin d'entendre. Leopold, lui, savait surtout ce qu'il avait envie de dire... Et si les deux pouvaient se conjuguer, par une miraculeuse opération du destin - ou, plus exactement, une série de complots - alors c'était parfait.

"Laissez-moi vous poser une question, Mademoiselle Lavespère". Leopold avait prononcé ces derniers mots en français, car le nom de famille d'Isobel lui paraissait terriblement mal servi lorsqu'il était accompagné d'un simple "miss". "Est-ce vraiment ce que vous pensez, intimement ? Ou est-ce simplement quelque chose que vous me dites car c'est ce dont je dois être convaincu ?"

L'homme jaugea la sorcière du regard, se demandant de quel bois cette Isobel était faite. Rien ne lui indiquait qu'elle approuvait la ligne politique de Leopold ni même qu'elle avait voté pour lui, quand bien même elle l'aidait à préparer ses discours : elle ne faisait que son boulot...

"Ne vous en faites pas, il n'y a pas de mauvaise réponse, je suis simplement curieux d'avoir votre avis personnel sur la question."

Leopold avait beau ne pas s'arrêter à l'opinion que l'on pouvait avoir de lui, la fonction de ministre était nouvelle pour lui, et à plus forte raison celle de ministre détenteur des pleins pouvoirs. Dans ces conditions, il n'hésitait pas à se montrer à l'écoute de son entourage pour avoir le plus d'avis sincères sur la question, afin de se faire une opinion la moins biaisée possible sur ses actions. Non pas qu'il essayait de faire ce qui était bien, mais il tenait à garder un contrôle des évènements le plus large possible et pour cela, il lui fallait être informé. L'information, c'était le pouvoir, voilà l'une de ses nombreuses devises, comme en témoignait son large réseau d'espions et d'informateurs...
Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
Messages : 1166
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeMer 12 Nov 2014 - 23:09
Isobel ne put retenir un sourire lorsque le Ministre lui servit du mademoiselle sur un plateau d'argent. Elle avait beau être américaine, elle était née dans le Vieux Carré français de la Nouvelle-Orléans et la langue de Molière était sa langue maternelle au même titre que l'anglais. Mademoiselle lui faisait l'effet d'une madeleine de Proust et elle avait toujours aimé la douceur et la mélodie du mot, contrairement au court et énergique Miss anglais qui s'accordait parfois mal aux sonorités si françaises de son nom de famille.

- Je vous en prie, répondit-elle avec un sourire lorsqu'il lui demanda s'il pouvait lui poser une question.

Les interrogations du Ministre étaient intéressantes et plutôt légitimes. Isobel aurait fait son travail quoi qu'il advienne et peu importe le parti au pouvoir mais elle s'y investissait encore plus lorsqu'elle prenait à cœur ce dernier. Elle maîtrisait les bases de la communication, les tournures de phrases qu'elle devait employer, les mots qu'il fallait placer, ceux qu'il fallait bannir. Mais dans le cas du FREE, les choses lui venaient avec une aisance naturelle tant elle soutenait les idées de ce dernier. Ces derniers temps, son travail était plus que son emploi : c'était sa manière de participer à la construction d'un monde nouveau et dans lequel elle croyait.

Isy n'était pas née en Angleterre, elle était née dans une société complètement différente, une société qui était elle-même un microcosme au sein de l'immense monde magique présent sur le territoire américain. Il n'y avait pas que des sorcières et des sorciers qui cohabitaient au sein de la Nouvelle-Orléans, c'était le territoire de toutes les personnes et créatures magiques, des vampires aux loups-garous en passant par les spectres et les Vélanes. Une communauté entière qui vivait dans une relative harmonie, les plus grandes tensions étant entre les coven plutôt qu'entre les espèces. Elle avait grandi dans ce monde et la dynamique de ségrégation qui régnait au sein du monde magique européen était sûrement la chose qui l'avait le plus marquée. Leopold Marchebank voulait mettre fin à cela, il voulait bâtir une société plus sûre et plus unie qui serait alors plus forte et Isobel voulait en être. Raconter tout cela lui était impossible évidemment, cela dévoilait beaucoup trop de choses sur elle et sur son passé mais ce n'était pas pour autant qu'elle comptait mentir.

- Je crois en vous Monsieur le Ministre, répondit-elle tranquillement, son sourire n'ayant pas quitté ses lèvres. En vous, en votre programme, dans les idéaux du FREE.

Ses prunelles sombres étaient rivées dans celles de Leopold tandis qu'elle prononçait ses mots, laissant juste planer un léger silence avant de reprendre.

- Le cas contraire ne m'aurait pas empêché de faire correctement mon travail mais disons que je mets un peu plus de cœur à l'ouvrage maintenant que je travaille pour votre gouvernement.

La nuance était subtile, elle passait toujours autant d'heures au travail mais on la retrouvait dans le sourire plus sincère qu'elle arborait lorsqu'elle devait présenter un projet, tout simplement parce qu'elle le cautionnait entièrement et simplement.

- Je ne suis pas la seule d'ailleurs. C'est bien pour cela que vous êtes assis dans ce fauteuil. Nous sommes beaucoup à avoir foi dans le monde que vous souhaitez installer. C'est un bouleversement sociétal complet et il y aura des réticences et des difficultés, des conservateurs et des mitigés.

Elle saisit les parchemins froissés d'avoir été trop relus sur lesquels étaient couchés d'une encore sombre les mots du discours et les parcouru du regard un instant avant de relever la tête.

- Les pleins pouvoirs sont une mesure radicale, il est vrai. Certains hurleront à l'abus. Mais vos électeurs, donc je fais partie, savent que c'est une mesure juste. Après tout, la fin ne justifie-t-elle pas les moyens ?



« I never knew you were the someone waiting for me »
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeDim 30 Nov 2014 - 18:37
Un fin sourire apparut sur le visage du ministre à la dernière phrase d'Isobel, et il observa la chargée en communication d'un regard nouveau. Décelait-il là une alliée de plus dans la lutte pour la conservation du pouvoir qu'il menait ? Isobel semblait être une jeune femme brillante, intelligente, déterminée, et sans scrupule, bref, tout ce que Leopold aimait chez l'un de ses collaborateurs... Avec sa réponse, elle venait d'attirer l'attention d'un ministre jusque-là focalisé sur son discours. Mais le discours était fin prêt, grâce à leur travail acharné et à l'expertise d'Isobel, et Leopold avait désormais besoin de se détendre et de se concentrer avant l'annonce du soir. Quelle meilleure façon y avait-il pour cela que de faire connaissance avec cette mystérieuse jeune pousse de la comm' ?

Leopold revint donc vers son bureau pour en ouvrir l'un des tiroirs, dont il tira une bouteille de vin rouge et deux verres à pied. Sans demander son avis à Isobel, il les servit généreusement, sentant déjà son corps se détendre au son du liquide pourpre qui s'écoulait. Puis il saisit les deux verres et en tendit un à Isobel, avant de trinquer avec elle.

"La fin justifie les moyens", murmura-t-il lorsque leurs deux verres tintèrent, jaugeant Isobel de son regard sombre. Quel genre de femme était-elle ? Quelle était son histoire, comment était-elle arrivée au Ministère ? Quelles étaient ses ambitions, ses peurs, ses désirs ? Voilà le genre de choses que Leopold voulait savoir, maintenant qu'Isobel avait piqué sa curiosité. Après avoir bu une gorgée de vin, il jeta un coup d'oeil rapide à sa montre puis, satisfait, reporta son attention sur Isobel.

"Je vous remercie pour votre aide et votre soutien. Devez-vous retourner à des travaux plus urgent, ou avez-vous le temps de tenir compagnie à un ministre sous pression ?"

Un sourire d'auto-dérision accompagna ses dernières pensées. Oh, ce n'était sans doute pas un comportement très professionnel mais Leopold avait toujours cette attitude avec ses collaborateurs - à plus forte raison lorsqu'il s'agissait de charmantes jeunes femmes. Il ne comptait pas ses heures et avait tendance à être un ministre un peu envahissant, empiétant parfois sur le travail des uns et des autres et tendant à être partout. Perfectionniste, Leopold pensait souvent que les choses étaient mieux faites s'il s'en occupait lui-même, ou s'il les confiait à un petit nombre de personnes triées sur le volet, dont il ne doutait pas de la compétence. Son "équipe", en quelque sorte. Avec ces personnes, en qui il accordait une confiance relative, il ne faisait pas de chichis et n'hésitait pas à les utiliser, pour ne pas dire exploiter, dans la limite du raisonnable. Alors il fallait aussi s'accorder des moments de détente et surtout, il fallait qu'il les connaisse suffisamment pour estimer pouvoir s'en remettre à eux. Isobel était-elle de cette trempe ? Etait-elle une Hailey ou une Jacob dans l'âme ? A en croire son discours et la qualité de son travail aujourd'hui, il était permis de le penser, ou tout du moins d'enquêter.

"Je serais curieux d'en connaître d'avantage sur votre parcours."
Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
Messages : 1166
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeLun 29 Déc 2014 - 2:16
Lorsque le Ministre se détourna pour attraper deux verres, Isobel glissa une main dans sa nuque et sur son visage, soulagée que le discours satisfasse Monsieur Marchebank. Plus les années passaient, plus elle travaillait avec des fonctionnaires haut-placés et en l’occurrence, elle n'aurait pas pu faire mieux que le Ministre de la Magie lui-même. Mais elle savait que ces séances de travail étaient à double-tranchant : si les politiques étaient satisfaits, cela ne faisait que renforcer sa place au sein du Ministère en tant que chargée de communication mais si elle faisait erreur, cela pouvait très bien lui coûter sa place et ce, en un claquement de doigts. Avec un discours aussi important, elle avait pris des risques, surtout qu'elle avait sciemment écarté ses collègues du dossier mais si tout se passait bien, ce risque serait payant : être bien vue du Ministre de la Magie lui-même était une excellente base pour une promotion. Elle accepta le verre de vin avec un sourire : il était de toute manière tard et il aurait été très malvenu de refuser, même s'il fallait le noter, son avis n'avait pas été demandé.

- Les travaux les plus urgents sont ceux qui concernent la tête de l’État, répondit-elle simplement. Le reste peut attendre demain.

De toute manière, même si Marchebank ne l'avait pas retenue, elle serait rentrée. Il se faisait tard et elle était arrivée au Ministère sur le coups de sept heures, pour pouvoir commencer à travailler sans la cohue de l'open-space du service communication. Isobel aimait travailler dans le calme, c'est à dire soit très tôt soit très tard et elle faisait d'ailleurs les deux la plupart du temps mais toute sa semaine avait été chargée, notamment à cause de ce discours aussi se permettait-elle la folie de ne pas replonger le nez dans ses dossiers après vingt-deux heures. Du temps passé en bonne compagnie n'était de toute manière jamais du temps perdu : que le Ministre de la Magie retienne son nom serait une très bonne chose pour ses ambitions et Isy n'était pas idiote au point de laisser passer une telle occasion : certains tueraient - non, elle ne pensait absolument pas à Mildred Magpie - pour une entrevue avec Leopold Marchebank.

Lorsqu'il la questionna sur son parcours, elle eut un sourire et prit une gorgée de vin, juste l'espace d'un instant afin de faire un choix. Elle n'avait jamais cherché à changer de nom - elle y était extrêmement attachée malgré tout - et exhibait donc son passé et ses origines aux yeux du monde. Il suffisait de s'intéresser un peu à la magie vaudou et à la Nouvelle-Orléans magique pour découvrir les Lavespère, les Laveau, les Lalaurie ou les Tunde mais Isobel était rarement reconnue. En Europe, le vaudou était peu pratiqué, c'était de la vieille magie, mal vue et stigmatisée. Sa puissance faisait peur, on la rangeait dans les magies noires, les magies interdites. Alors peu à peu, on l'oubliait, ces croyances lointaines et obscures. Même aux États-Unis, qui partageaient pourtant leur territoire avec les coven, ils passaient pour des illuminés, des sorciers un peu fous qui se rattachaient à une magie désuète. La Nouvelle-Orléans était devenue une sorte de musée à ciel ouvert, autant pour les sorciers que les moldues, qui admiraient les échoppes en pensant que tout ceci n'étaient que des vieilles superstitions... Isobel, elle, connaissait la vérité. Elle avait vu la magie vaudou, elle l'avait pratiquée et elle s'était entièrement replongée dedans depuis la mort du mafieux, celui que Roy lui avait demandé d'éliminer. Évidemment, personne au Ministère ne le savait mais si elle avait eut cette infime hésitation, dissimulée derrière un sourire tranquille, c'est parce qu'elle ignorait si le Ministre Marchebank - qui était un homme cultivé - connaissait le vaudou. Elle ne voulait pas prendre le risque de se dévoiler ou de lui mentir, aussi choisit-elle de faire ce qu'elle faisait le mieux : manipuler l'information pour la présenter sous son meilleur jour.

- J'ai eu un parcours plutôt atypique par rapport à certains de mes collègues, qui sont entrés ici après leur scolarité au collège Poudlard. Je suis née aux États-Unis, dans une famille avec une lointaine origine française, précisa-t-elle même si son léger accent américain l'avait sûrement déjà trahie. J'ai très vite eu envie de voir le monde et de sortir du carcan familial plutôt étouffant - joli euphémisme - j'ai donc quitté assez vite la maison pour voyager.

Elle ne précisa évidemment pas qu'elle n'avait jamais été scolarisée dans un collège de sorcellerie et qu'elle avait été éduquée par des grandes prêtresses vaudou pour reprendre leur flambeau un jour, même si cela rentrait encore dans un parcours "plutôt atypique". Elle ne précisa pas non plus qu'elle avait quitté la Nouvelle-Orléans comme une voleuse et sans jamais se retourner, voilà seize ans de tout cela.

- J'ai parcouru les États-Unis, notamment le sud, mais aussi des grandes villes comme Las Vegas ou Miami avant de m'installer à Salem pour trois ans où j'ai fais le choix de suivre des études supérieures, via des cours du soir, tout en faisant mes premières expériences dans la communication. J'ai ensuite quitté les Etats-Unis en 1998 pour rejoindre l'Europe, l'Angleterre une première fois, et où j'ai de nouveau voyagé pendant quelques années, que ce soit en France, en Suède, en Italie... J'ai fini par m'installer à Dublin il y a huit ans pour travailler dans la communication d'une usine de chaudrons et je suis rentrée au Ministère quatre ans après, en devenant anglaise. Je n'avais pas les diplômes des jeunes diplômés du Royaume-Uni mais de très bonnes recommandations, termina-t-elle avec un sourire.  

Elle avait l'avantage de l'expérience et son ancien employeur de Salem s'était montré très élogieux à son égard. Évidement, tout comme aujourd'hui, Isy avait passé sous silence de nombreuses périodes de sa vie et de nombreux aspects de sa personnalité mais il était quasiment impossible de les soupçonner : qui aurait pu dire à la regarder que les Aurors l'auraient classée sans hésiter dans la catégorie des mages noirs ? Fouiller dans son passé aurait pu donner quelque chose mais Isobel avait toujours été talentueuse pour effacer ses traces, notamment parce qu'elle se doutait bien que sa famille avait dû la chercher et aussi car elle préférait que certaines petites choses ne soient pas découvertes.

- La vie nous fait parfois prendre des chemins inattendus, conclut-elle en reprenant une gorgée de vin.

 Isobel Louise, la petite sorcière de la Nouvelle-Orléans, qui avait grandi entre les incantations vaudous et les prières aux ancêtres... Personne n'aurait pu prédire qu'à trente ans, elle serait en Angleterre, à converser avec le Ministre de la Magie en tant que chargée de communication du Ministère, même pas elle. Ce n'était sûrement pas le destin qu'on attendait d'elle mais elel l'avait choisi et c'était ce qui faisait toute la différence.


« I never knew you were the someone waiting for me »
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeDim 4 Jan 2015 - 18:58
Leopold hocha la tête quand Isobel affirma avoir eut un parcours atypique. Il ne savait pas trop pourquoi, mais il s'en était douté, à ce qu'elle dégageait, à son nom et à son accent peut-être. L'évocation des Etats-Unis et d'une origine française lui évoquèrent la Louisiane, et il retint de l'interroger plus tard, préférant tout d'abord l'écouter tout en sirotant son verre de vin. La façon dont une personne se présentait et les informations qu'elle choisissait de mettre en avant en disaient souvent autant, voire plus, à son sujet que le contenu du récit.

Un léger sourire apparut sur son visage quand Isobel mentionna un carcan familial étouffant, qui l'avait poussé à vouloir voyager. Voilà qui leur faisait un point commun, si ce n'est que Leopold avait réglé le souci d'étouffement d'une façon un peu plus radicale que le voyage. Il fallait reconnaître que la sorcière avait un parcours impressionnant, d'autant plus dans un ministère où les profils étaient souvent si semblables. Lettre de Poudlard à onze ans, entrée dans l'équipe de quidditch ou de bavboules à quatorze, ASPICs à dix-sept, et l'intégration plus ou moins rapide du Ministère... Très peu pour Isobel, qui s'était fait une place ici en partant de rien, et la voilà dans le bureau du Ministre en personne. L'intuition de Leopold avait été bonne à son sujet, il avait face à lui une sorcière ambitieuse et débrouillarde, qui avait vite compris l'importance d'avoir de bonnes relations et une bonne expérience plutôt que d'impressionnants diplômes et une personnalité de Véracrasse.

"Je ne peux que vous approuver sur ce point", répondit Leopold d'un ton amusé, son regard balayant la pièce. A lui aussi, la vie lui avait fait prendre des chemins inattendus... Même s'il ne pouvait nier avoir légèrement forcé son destin. Peut-être était-ce également le cas d'Isobel Lavespère, qu'il devinait - ou espérait - trop pragmatique pour croire à la fatalité.

"Même si rien n'arrive vraiment par hasard", nuança-t-il d'un ton sibyllin. "Le talent, le travail et l'audace valent mieux que n'importe quel diplôme. Vous avez un parcours réellement impressionnant, cela doit être très formateur de voyager ainsi. J'espère que vous vous plaisez au Ministère, nous avons la chance d'avoir des talents tels que les votres."

Son regard se posa un instant sur le discours qu'ils avaient élaboré avec acharnement, puis remonta jusqu'au visage d'Isobel. Son compliment n'était rien d'autre que sincère, mais rien ne l'empêchait de le ponctuer par un sourire charmeur, pas vrai ? Loin de lui l'idée de flirter avec une de ses collaboratrices, bien évidemment, il ne faisait que profiter de la vue... La chose la plus sage à faire aurait probablement été de congédier Isobel et de rentrer chez lui pour prendre une douche et se préparer pour la soirée, mais... La compagnie était agréable et il était curieux.

"Alors comme ça, vous venez des Etats-Unis, avec une origine française... Pardonnez-moi d'avance pour le cliché, mais je vais tenter ma chance. Louisiane ?"

Leopold espérait se trouver en présence d'une sorcière issue de la Nouvelle-Orléans, cette ville énigmatique et chargée d'histoire, à propos de laquelle les mythes et légendes étaient florilèges. Leopold avait autrefois connu un homme de la Nouvelle-Orléans, un de ses anciens hommes de main aujourd'hui décédé, qui lui avait beaucoup parlé de cette ville. Il l'avait abreuvé d'histoires sur les covens et les sorcières vaudous qui l'avaient passionné et Leopold s'était promis d'y mettre les pieds un jour. Pourtant, les années avaient passé et, comme beaucoup de choses, il n'avait pas trouvé le temps et avait fini par oublier. Mais l'idée qu'Isobel pouvait être issue de ce milieu l'entourait d'une aura de mystère et faisait briller ses yeux d'excitation. Il se mit à espérer, tel un bambin attendant une histoire avant d'aller se coucher, qu'elle lui en dise plus sur son enfance, sur le fonctionnement de sa famille et sur la magie qui était pratiquée là-bas.

Le ministre avait toujours été intéressé par les diverses formes de magie qui se pratiquaient dans le monde, au-delà des pratiques très règlementées de l'Europe occidentale. Ainsi, il se souvenait avoir parlé avec Amelia Pevensie de la magie chinoise et de l'enseignement complètement différent qui y était pratiqué. Leopold, sans doute à cause de ses problèmes de santé liés à la pratique de la magie, avait toujours été à la recherche d'autres façons de l'appréhender. C'était l'une des sources de sa curiosité naturelle, qu'il avait du mal à dissimuler à cet instant.

Mais peut-être Isobel n'était-elle qu'une simple descendante d'un quelconque diplomate ou marchant français venu s'installer à New-York, ce qui serait beaucoup moins exotique...
Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
Messages : 1166
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeVen 9 Jan 2015 - 0:29
Isobel ne croyait pas au hasard, ni au destin et ce genre de choses. Elle croyait évidemment en des influences extérieures, celle des esprits et des ancêtres, qui continuaient d'avoir leur mot à dire sur l'avenir des vivants mais elle croyait surtout en l'ambition et en la réussite personnelle et en la détermination. Elle était arrivée là où elle était - même si elle ne l'avait nullement prévu seize ans auparavant en quittant la Nouvelle-Orléans - parce qu'elle l'avait voulu de toutes ses forces et s'était battue pour, elle le faisait toujours d'ailleurs. Lorsqu'elle s'était retrouvée, jeune adolescente sans argent et sans endroit où aller, dans le monde moldu, elle avait usé de moyens pas toujours très légaux pour s'en sortir. Elle avait noué des alliances avec des gens qui n'étaient pas des saints, avait su trouver des amis dans des milieux que le citoyen lambda fuyait et était arrivée en Angleterre des années après avec la même détermination. Elle s'était vite fait sa place au sein du service de communication, évinçant ses collègues quand il fallait. Elle ne s'était pas fait que des amis parmi eux mais son travail était reconnu et salué et c'était tout ce qui lui importait. Elle vivait pour son travail et cela portait ses fruits aujourd'hui, constata-t-elle tandis que le Ministre de la Magie en lui-même la complimentait.

Elle nota très bien son sourire charmeur et répondit avec un sourire en coin un peu moins professionnel que d'habitude. Oh, c'était gentillet. Pas qu'elle ne sache pas user de ce genre de choses lorsque cela pouvait lui servir mais c'était risqué de se lancer dans une telle entreprise face au Ministre de la Magie. Cela lui apporterait des avantages un temps mais cela pouvait aussi très bien se retourner contre elle. Dans sa vie professionnelle, Isobel avait l'avantage de la compétence et elle limitait donc son utilisation de coups de pouce comme ceux que pouvaient lui apporter un peu de charme utilisé à bon escient. Mildred Magpie pouvait dire ce qu'elle voulait mais Isy avait gravi les échelons grâce à son travail, du moins au Ministère.

- Je vous remercie Monsieur le Ministre. J'espère que notre étroite collaboration pourra se poursuivre dans le temps, répondit-elle sans se départir de son sourire et sans quitter le Ministre du regard.

En toute innocence évidemment, puisque c'était assurément une valeur qui la caractérisait depuis toujours. L'assurance avec laquelle elle participait néanmoins à la conversation fut touchée en plein cœur lorsque Monsieur Marchebank se risqua à lui demander si elle venait de Louisiane. Le pouls d'Isobel accéléra imperceptiblement tandis qu'elle prenait une nouvelle gorgée de vin afin de se donner le temps de réfléchir. Elle n'avait jamais cherché à effacer les traces de son passé, elle se contentait de ne jamais en parler et d'éluder le sujet quand les gens devenaient trop curieux. Isobel Lavespère était américaine, parlait français, voilà tout ce que les gens savaient. Évidemment, dès que l'on possédait un peu de culture du territoire américain, sa région de naissance s'imposait facilement. De toute manière, le Ministère possédait ses véritables papiers et son acte de naissance de la Nouvelle-Orléans. En faire des faux l'aurait fait passer pour une coupable, ce qu'elle n'était assurément pas. Isobel n'avait pas choisi l'endroit où elle était née et elle avait en sa faveur le fait d'avoir quitté son coven très tôt et avoir fait sa vie ailleurs était une preuve de sa bonne foi quant à la magie vaudou. Ou du moins en apparence. Car si Isobel était innocente de son lieu de naissance, elle ne l'était pas dans ses pratiques magiques et les Aurors auraient à l'esprit qu'elle avait les capacités de faire de la magie vaudou s'ils venaient à se pencher sur son dossier, voilà pourquoi elle n'en parlait jamais.

Elle se doutait bien qu'une enquête avait été faite à son égard lorsqu'elle avait demandé la nationalisation, c'était peut-être même pour cela qu'elle lui avait été refusée la première fois. Mais à l'époque, elle pratiquait très peu et n'avait quasiment rien à se reprocher, du moins sur le territoire anglais car Los Angeles et Las Vegas étaient une autre histoire. Elle avait beaucoup plus à perdre désormais qu'elle pratiquait assidument depuis le marché qu'elle avait fait avec Roy pour éliminer l'un de ses concurrents. Elle réalisait des enchantements bien plus puissants et qui, surtout, s'éloignaient de plus en plus de ce que les occidentaux appelaient la "magie blanche". Aux yeux d'Isobel, et de tous les sorciers vaudous d'ailleurs, tout n'était qu'une question d'usage et d'intention mais elle doutait que les Aurors soient convaincus par cette version si elle venait à être arrêtée. Et pourtant, malgré ce risque, Isobel avait bien plus à perdre en faisant le choix de mentir face au Ministre : si par hasard son dossier lui venait devant les yeux, il saurait et n'apprécierait certainement pas qu'une simple chargée de communication se permette de lui mentir en le regardant dans les yeux. Et puis après tout, encore une fois, naître à la Nouvelle-Orléans n'était en rien un crime... Ou du moins officiellement. Aussi, Isy reposa-t-elle son verre, un sourire tranquille sur les lèvres.

- Je plaide coupable, répondit-elle. Je suis née à la Nouvelle-Orléans.

Les foyers magiques de Lousiane étaient de toute manière répartis entre La Nouvelle-Orléans - le carré français et le bayou qui abritait de nombreuses créatures magiques - et Bâton Rouge où des coven moins puissants étaient établis. Les rênes de la région étaient tenues au cœur de la Nouvelle-Orléans par les Laveau et les Lavespère principalement, du moins, lorsqu'elle était partie. Elle tentait de se tenir au courant des remous de la ville qui l'avait vu naître - dans un petit appartement de la rue Dauphine - mais la communauté restait très secrète, apparaissant très peu dans les journaux magiques américains. Elle avait évidemment entendu parler de l'ouragan de 2005, qui l'avait bien plus marquée qu'elle ne voulait l'admettre, mais elle avait mis tout cela derrière là voilà seize ans, se répétait-elle inlassablement. Et Isobel Lavespère ne retournait pas en arrière, elle avait toujours fait ainsi.

- Vous vous intéressez aux États-Unis ? interrogea-t-elle poliment.

Moyen détourné de savoir s'il était particulièrement renseigné sur la Louisiane ou si le Ministre avait juste eu un coup de chance en pointant son lieu de naissance. Le fait que cet état soit la patrie du vaudou n'était inconnu pour personne mais il y avait les gens qui le savaient sérieusement - et savaient donc que les coven pratiquaient encore une véritable magie - et ceux qui ne voyaient là que des coutumes désuètes et des sorciers illuminés qui vivaient comme des sectes, et ils n'avaient d'ailleurs pas tort sur ce dernier point, songea Isy.


« I never knew you were the someone waiting for me »
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeMar 24 Fév 2015 - 11:14
Miss Lavespère avait de l'aplomb, s'était certain. La façon dont elle avait répondu à son sourire charmeur le montrait bien, quand bien même la conversation n'avait pas évolué en ce sens - il fallait dire que Leopold n'y tenait pas particulièrement. Oh, Isobel était une femme magnifique et, à n'en pas douter, devait faire tourner bien des têtes mais lui-même se devait de garder la tête froide au Ministère. D'ailleurs, aussi belle et intriguante Isobel soit-elle, elle ne parvenait pas à la cheville de la nouvelle épouse de Leopold, aussi n'éprouvait-il pas la moindre frustration à faire dévier la conversation sur un tout autre sujet.

La Nouvelle-Orléans... Son sourire tranquille se raffermit tandis que son regard acéré se posait sur son interlocutrice comme celui d'un vautour sur sa proie. Ainsi, il avait vu juste, c'était un coup de chance et il sentait son intérêt pour la conversation augmenter d'un cran. Quelle étrange sorcière avait-il face à lui ? Etait-elle une simple expatriée, séduite par l'Angleterre ou, tout simplement, éloignée de ses terres d'origines par les courants de la vie ? Ou bien gardait-elle un lien plus étroit avec sa ville natale et ses pratiques qui n'avaient rien de conventionnelles ? Leopold dévisagea ouvertement son interlocutrice, de toute évidence très intéressé par cette révélation et désireux de creuser le sujet. Le ministre ne comptait pas tourner autour du pot, il était quelqu'un de direct et Isobel allait en faire l'expérience. Pas de possibilités, ainsi, de se dérober ou de faire dévier le sujet d'un habile tour de passe-passe... Si leur "étroite" collaboration devait effectivement être amenée à se poursuivre dans le temps, alors Leopold devait savoir avec qui, au juste, il collaborait. Bien sûr, ordonner une enquête poussée sur la jeune femme était toujours possible mais moins discret et bien moins amusant...

"Aux Etats-Unis en général, pas particulièrement", avoua-t-il avec un léger haussement d'épaules, "en revanche, je me suis toujours beaucoup intéressé aux légendes et coutumes locales, aux différentes pratiques magiques que l'on peut trouver à travers le monde... Un bon sorcier se doit d'être un peu curieux envers ces choses là et de savoir qu'il n'existe pas une seule façon d'utiliser la magie, celle de notre Europe occidentale, mais bien d'autres."

Leopold s'interrompit le temps de boire une gorgée de vin et, surtout, de ménager son effet, puis reprit :

"Un ami originaire de la Nouvelle-Orléans m'a conté de nombreux récits à ce sujet dans ma jeunesse. Le vaudou..."

Le mot était lâché, et Leopold guetta la réaction de son interlutrice. Elle pouvait lui rire au nez et le traiter d'illuminé, il n'en avait cure, c'était lui le ministre des deux. D'un autre côté, elle pouvait aussi faire partie de ces sorcières vaudous et confirmer ses dires, auquel cas il aurait fait une découverte des plus remarquables. Une sorcière vaudou au sein de son propre ministère ? Une chose était sure, il n'était pas prêt de la laisser filer...

"Qu'est-ce que vous pouvez me dire à ce sujet ?", interrogea-t-il avec un fin sourire, façon détournée de lui demander sans trop se mouiller si elle le pratiquait elle-même.
Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
Messages : 1166
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeSam 11 Avr 2015 - 20:03
Isobel n'en montrait rien mais son pouls avait accéléré à la mention de la Nouvelle-Orléans, ses doigts s'étaient crispés sur son verre de vin et elle avait imperceptiblement redressé le dos, tendue. Rares étaient les gens qui la confrontaient si directement et ceux qui osaient le faire n'étaient certainement pas le Ministre de la Magie qui tenait entre ses mains son avenir professionnel et également judiciaire si on venait à découvrir ce qui se passait réellement dans le silence de son petit appartement. Après tout, l'allusion du Ministre était claire en lui parlant des magies alternatives à la magie occidentale, érigée en grande école du monde magique. Il avait été un temps où chaque région possédait ses propres coutumes magiques, dans une diversité immense. Mais les différents empires qui avaient régné sur l'Europe avaient unifié les magies et beaucoup avaient disparu : les druides au Royaume-Uni n'étaient plus qu'une minorité, les sorciers grecs pratiquaient la même magie que les allemands ou les français, on apprenait les mêmes techniques à Dumstrang et Poudlard, magie noire en moins. Pourtant certains foyers résistaient : les magies du Maghreb étaient encore marquées des coutumes antiques, celles du cœur de l'Afrique aussi, quelques régions asiatiques, des peuplades aborigènes en Australie ou en Nouvelle-Zélande, les sorciers incas qui se cachaient encore, les amérindiens, les sorciers vaudous... Tant de magies qui n'étaient même pas étudiées au cœur de l'Europe, à la fois parce qu'elles conservaient jalousement leurs secrets mais aussi parce qu'elles étaient méprisées par la magie occidentale.

Leopold Marchebank, lui, semblait bien plus renseigné que cela. Un ami originaire de la Nouvelle-Orléans... Soit un homme exclu des covens soit une créature magique, qui étaient souvent proches des sorcières. Il était exclu que cela soit une sorcière, tout simplement parce qu'elles ne partageaient pas leur savoir, c'était ainsi. Oh, quelques exceptions, apprendre un ou deux sorts mineurs à un frère ou à un meilleur ami, nombreuses étaient celles qui l'avaient fait... Mais cela s'arrêtait là. Peu importe les ressentiments que l'on pouvait avoir à l'égard de la Louisiane, aucune sorcière n'aurait jamais révélé leurs secrets, c'était leur valeur commune à toutes. La loyauté. Pas forcément la fidélité - elle en était la principale incarnation, elle qui avait tourné le dos aux Lavespère - mais la loyauté à toute épreuve. Impassible lorsqu'il lui demanda ce qu'elle savait du vaudou, elle se contenta de reprendre une lente gorgée de vin sans quitter le Ministre des yeux. Elle n'allait tout de même pas lui avouer qu'elle pratiquait la magie vaudou en plein Oxford mais pour autant, elle savait que mentir était un risque presque aussi important : elle était certaine que Marchebank avait les moyens de savoir beaucoup de choses sur elle. Choisissant de s'engager prudemment dans ce chemin, Isobel abaissa doucement son verre sur ses genoux, faisant tourner le liquide sombre sous la lumière.

- Je peux sûrement vous en dire bien plus que votre ami, débuta-t-elle laconiquement. Elle eut un sourire en coin. Mais je ne suis pas certaine que ce soit des informations très correctes à prononcer devant le plus haut représentant de l’État, souffla-t-elle en vrillant ses yeux noirs dans ceux du Ministre.


« I never knew you were the someone waiting for me »
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeMer 29 Avr 2015 - 19:25
Leopold soutint tranquillement le regard d'Isobel, détaillant chacun de ses gestes. La façon dont elle savoura une longue gorgée de vin pour se donner le temps de la réflexion ne lui échappa pas et sentit son sourire s'agrandir irrésistiblement. Leopold avait mis le doigt sur quelque chose d'intéressant, assurément, et il se sentait comme le chat prêt à traquer la souris aussi longtemps qu'il le faudrait pour pouvoir la croquer...

Le ministre croisa les mains sur ses genoux et s'efforça de ne pas trop laisser paraître son excitation quand Isobel lui répondit. Si la dernière partie de sa réponse lui attira un petit rire amusé, la première, en revanche, provoqua en lui ce sentiment de jubilation familier qui le saisissait lorsqu'il découvrait un secret. Or, à en juger par la façon prudente dont Isobel lui répondait sans nier ni trop se dévoiler, c'était bien le cas... Soit elle pratiquait le vaudou, soit elle avait fréquenté de près les sorcières qui le faisaient. Dans les deux cas, cela l'intéressait, par curiosité personnelle mais aussi et surtout parce que le ministre avait une liste d'ennemis longue comme le bras et qu'il était toujours bon d'avoir de tels moyens en sa possession pour échauder ses plans machiavéliques...

"Allons bon...", répondit Leopold de son ton faussement affable, considérant son interlocutrice d'un regard perçant. "Si nous sommes amenés à nous fréquenter à l'avenir, comme je l'espère d'ailleurs..."

Son air se fit plus charmeur, car il ne pouvait s'en empêcher, mais il retrouva vite son sérieux. La conversation l'intéressait plus que le badinage, ce qui était tout à l'honneur d'Isobel d'ailleurs.

"... Vous découvrirez vite que correct n'est pas exactement le meilleur adjectif pour me décrire. Je ne me suis jamais attaché à me conformer aux règles ou à la normale lorsque ce n'était pas nécessaire, et s'il y a bien un domaine dans lequel les règles anglaises mériteraient d'être revues, c'est bien celui des limites placées à la pratique de la magie... Comme je vous le disais, je suis très curieux à cet égard, comme je pense que n'importe quel sorcier accompli se doit de l'être. Bien naïf serait celui qui s'imagine qu'un "grand" sorcier a pu émerger de la pratique des sortilèges lisses et calibrés enseignés dans des écoles bien-pensantes telles que Poudlard... Dumbledore, Potter, Grindelwald, pour ne citer qu'eux, ont tous franchis les barrières rassurantes de la magie blanche à un moment où à un autre..."

Se penchant légèrement en avant, comme pour murmurer une confidence, Leopold encouragea Isobel à s'exprimer, lui assurant avec sincérité :

"Vous pouvez parler ouvertement ici, Isobel, rien ne sortira de ce bureau."
Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
Messages : 1166
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeMar 16 Juin 2015 - 23:44
L'aura de Leopold Marchebank était trouble et difficilement saisissable, Isobel l'avait su au moment au moment où ils s'étaient rencontrés mais elle n'y avait fait attention plus que ça. Elle fréquentait des hommes politiques depuis suffisamment d'années pour ne plus s'étonner de ces aura perturbées et changeantes qu'ils dégageaient, c'était après tout en cohésion avec toutes les sphères de pouvoir. Mais à cet instant précis, derrière le regard inquisiteur du Ministre de la Magie, Isobel commençait à comprendre qu'il y avait bien plus qu'une fidélité aléatoire derrière l'aura de Leopold Marchebank. C'était plus sombre, plus profond que ça et elle se sentait idiote de ne pas l'avoir remarqué auparavant, tandis qu'elle concentrait toute son énergie dessus pour en saisir les nuances. Elle cru sentir le début de quelque chose mais fut coupée dans sa concentration par la voix du Ministre qui reprenait et dû prendre sur elle pour ne rien montrer de son trouble, un peu frustrée de devoir arrêter son exploration ici. Heureusement que les sorciers occidentaux étaient peu au fait de ce genre de choses, ils n'appréciaient certainement pas qu'elle fouille ainsi dans leurs aura - Roy lui en avait déjà fait le reproche, d'ailleurs. Mais c'était plus fort qu'elle, elle les percevait et certaines attiraient son attention, elle n'allait tout de même pas ignorer ce qu'elle avait appris à faire à la Nouvelle-Orléans.

Elle n'eut néanmoins pas besoin de poursuivre son analyse d'aura puisque les mots de Leopold vinrent confirmer tout cela. Isy laissa un sourire naître sur ses lèvres au fil du discours, songeant que le Ministre et elle avaient quelques points communs sur le fait de contourner les règles lorsque cela s'avérait nécessaire, c'est ce qu'elle avait toujours fait après tout, n'étant pas très attachée - officieusement - à la légalité. Il faut dire qu'être au Royaume-Uni ne l'aidait pas sur ce point : cette société était tellement ancrée dans le modèle magie blanche versus magie noire, comme si tout ce qui touchait aux sciences plus occultes de la magie était forcément mauvais. En Louisiane, la doctrine voulait que la magie ne soit qu'un outil et que c'était à celui qui pratiquait de tirer les conséquences de ses actes, pas de bien ou de mal, juste des possibilités. Mais les sorciers européens étaient élevés ainsi, leurs écoles, notamment au Royaume-Uni, se targuait de se défendre contre les Forces du Mal, ce qui la faisait doucement rire. Comme si le "mal" pouvait se repousser d'un simple Expelliarmus... C'était mille fois plus insidieux, pervers, les actes mauvais étaient réalisés à toutes les échelles, par les gens aux apparences les plus innocentes. Isobel savait d'expérience qu'une sorcière contrariée pouvait causer mille fois plus de dégâts qu'un simple sort de magie noire, il s'agissait d'agir sur le long terme, à petites touches, dans l'ombre... N'était-ce pas là tout l'art des malédictions, qui étaient tant affectionnées par sa famille ? Après tout, Bill Griggs était anglais, il avait sûrement reçu ces fameux cours de Défense... Et il lui avait suffit de quelques esprits mal intentionnés pour provoquer sa chute dans les escaliers.

Elle parlait peu de tout cela, même à Roy qui était pourtant au courant. Elle le gardait pour elle, secrets de famille jalousement conservés au fil des siècles, derrière les murs épais des covens. C'était une magie héréditaire, dans leurs croyances, c'était une question de sang, de générations. C'était le genre de choses qu'elle tairait, même si elle choisissait de donner une réponse au Ministre qui la fixait avec attention. S'il enquêtait, il trouverait de toute manière des choses sur elle et elle aurait l'air coupable, tout simplement parce qu'elle l'était. Au contraire, si elle restait maître de l'information, elle pouvait en tirer des avantages tout en assurant ses arrières en choisissant exactement ce qu'il saurait d'elle. De plus, entrer dans les petits papiers du Ministre ne pourrait que consolider sa position au sein du Ministère, ce qui serait assurément favorable pour sa carrière... Évidemment, c'était un risque qu'elle prenait mais Isy avait toujours eu le goût du risque, la vie était fade quand elle se déroulait bien sagement. On n'obtenait rien sans rien et l'opportunité était trop belle, le jeu devait bien en valoir la chandelle et sinon... Elle aviserait. Comme toujours. Sa décision prise, elle vrilla ses yeux sombres dans ceux du Ministre, un léger sourire insolent sur les lèvres.

- Il vaudrait mieux en effet que tout cela reste au sein de ce bureau, le public n'apprécierait sûrement pas de savoir que le Ministre s'intéresse à quelque chose d'aussi occulte que le vaudou, le service communication aurait du mal à le justifier, commença-t-elle d'un ton badin.

Prenant une gorgée de vin, elle hésita quelques secondes sur la manière de commencer.

- Je ne vais pas vous faire un cours d'histoire américaine, vous connaissez les origines de la Louisiane, de la Nouvelle-Orléans et de Bâton Rouge, plus précisément. Carrefour du commerce, carrefour culturel, carrefour du monde... C'était possédé par la France mais ils n'ont jamais réussi à imposer leur magie, les coutumes des esclaves étaient bien trop présentes. Les choses se sont mélangées et cela a donné un vaudou américain distinct de celui des Caraïbes. Moins chrétien, influencé par les traditions druidiques de Bretagne et gaéliques, avec l'influence des anglais dans les États voisins... Une magie bouillonnante, foisonnante de traditions diverses, à l'image de la ville d'ailleurs, ajouta-t-elle avec un sourire et une pensée pour son foyer d'enfance. Si le reste des États-Unis est devenu ce qu'il est au fil des siècles, la Louisiane est restée indomptable et indomptée même si Salem aurait préféré qu'elle se taise... Les covens font tâche, voyez-vous, c'est une magie trop ancienne, trop incontrôlable pour le congrès magique qui a longtemps essayé de légiférer dessus... Mais les États-Unis sont ce qu'ils sont et certains lobbys savent défendre les vieilles coutumes.

Si les sorcières devenaient prêtresses, les garçons trouvaient eux parfois la voie de la politique pour défendre les intérêts de leur ville et de leurs familles.

- Cela fait à peu près soixante ans qu'il y a une sorte de statut quo : des accords ont été passés entre la Louisiane et le reste des États-Unis magiques. L'influence de Salem est faible au sein de l’État et en contrepartie, les covens se tiennent à carreau. En apparence, ajouta-t-elle avec un sourire. Comme vous l'avez dit vous-même, il est aisé de contourner la loi parfois...

La Nouvelle-Orléans était soumise à ses propres règles et avait ses propres leaders, la plupart des sorciers vaudous crachaient sur Salem, symbole de l'influence occidentale. Les covens n'aimaient pas qu'on se mêle de leurs affaires et se coupaient volontairement du reste de la société magique.

- C'est un microcosme, on naît, on grandit, on meurt à la Nouvelle-Orléans. Plusieurs covens vivent au sein de la ville, des plus petits à Bâton Rouge. Les Lavespère et les Laveau sont les deux plus puissants et influents, on retrouve également les Lalaurie et les Tunde. Chaque coven possède ses propres secrets, ses propres coutumes, sa propre magie qui est transmise de mère en fille. C'est une société matriarcale, sept prêtresses dirigent le coven, que ce soit pour la magie ou pour la vie en communauté. Les filles y sont élevées et éduquées en vase clos, les garçons sont exclus vers l'âge de sept ans. Certains font des études, la plupart restent au service de leurs familles.

Sans savoir pourquoi son esprit la ramenait à Abel à cet instant précis, Isy se força à ne pas y penser.

- Le culte des ancêtres dirige la Nouvelle-Orléans, les cérémonies rythment l'année et guident les choix des covens. La croyance veut que c'est la satisfaction des ancêtres qui permet aux jeunes sorcières de continuer à pratiquer la magie, ce qui a donné une bien mauvaise réputation au vaudou d'ailleurs. Les sacrifices, notamment, grand fantasme dès qu'on pense à la Louisiane, ajouta-t-elle avec un sourire, sans préciser la véracité effective du fantasme. La plupart des sorciers pensent que le vaudou n'est que folklore et poudre aux yeux, que c'est une vieille magie hors d'usage qui ne fait plus rien, si ce n'est quelques grigris qu'on vend aux touristes. On visite la Nouvelle-Orléans et on parcoure ses rues comme un musée, les sorciers occidentaux ayant la prétention de penser qu'ils sont les seuls à posséder les vraies clés de la magie.

C'était d'ailleurs cela qui était reproché à Salem et au reste du monde par les covens.

- C'est un tort, ajouta-t-elle laconiquement sans se départir de son sourire en coin.

De tout son récit, elle n'avait pas parlé d'elle et c'était volontaire. Il était mille fois plus aisé et moins compromettant de parler des autres.


« I never knew you were the someone waiting for me »
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 19:34
Un sourire teinté d'insolence, identique à celui d'Isobel, naquit sur les lèvres du ministre quand elle affirma que le public n'apprécierait guère de le savoir si intéressé par le vaudou.

"Heureusement que le service communication est avec moi, dans ce cas", répliqua-t-il, charmeur. Soutenant son regard, il l'observa avec une certaine jubilation, devinant à son attitude qu'il avait réussi à la faire s'ouvrir quelque peu à lui. Après tout, leur entretien professionnel était terminé depuis un moment maintenant, elle avait accepté son verre par politesse mais aurait tout aussi bien pu trouver une excuse pour partir et le planter avec ses questions, il ne l'aurait pas retenue. Néanmoins, en agissant ainsi, elle prenait le risque que Leopold décide de fouiner tout de même et, s'il y avait quelque chose à découvrir, il le trouverait sans doute... Leopold ne se sentait pas coupable d'abuser ainsi de son pouvoir, car il lui semblait qu'Isobel était une femme qui savait se défendre - ou, du moins, qui donnait bien le change, et puis à quoi servait le pouvoir sinon ?

Il l'imita et savoura une nouvelle gorgée de vin, lui laissant le temps de rassembler ses pensées. Puis il l'écouta parler avec attention. Elle savait bien parler, Isobel, et avait le don de vous faire rêver de voyages et d'exotisme par son art de manier les mots. C'était ce talent qui faisait d'elle une bonne employée de communication, et qui rendait le discours qu'il allait prononcer ce soir si poignant, d'ailleurs. Son récit était également instructif, et il découvrait avec un intérêt certain l'histoire et l'organisation des covens, ainsi que leurs noms. Ainsi donc, Isobel était l'une des membres de l'un des covens les plus puissants et influents, pourquoi dans ce cas avait-elle quitté ce microcosme dont elle parlait ? Si l'on vivait et mourrait à la Nouvelle Orléans, que faisait-elle en Angleterre, à exercer cette magie occidentale qu'elle semblait mépriser, elle qui devait avoir la trentaine d'années ? Son discours, plutôt que d'apaiser la curiosité du ministre, n'avait fait que l'attiser d'avantage...

"Cela semble être un endroit fascinant", répondit-il avec sincérité. "Une société matriarchale, des pratiques magiques fort différentes de ce que nous connaissons ici, en Angleterre... En quoi consistent-elles, au juste ? Le cliché de la poupée vaudou est-il vérifié ou bien est-ce là encore une attraction pour touristes ?"

Un petit rire ponctua ses propos, destiné à alléger l'atmosphère, puis il reprit plus sérieusement :

"Sur quoi exactement se fonde cette magie, quelle est son origine, comment s'expime-t-elle ? Je vous demande cela avec la curiosité, un peu égocentrique sans doute, d'un homme qui n'a jamais tout-à-fait pu maîtriser la magie telle que nous, occidentaux, la concevons. Je me suis toujours demandé si je ne réagirais pas mieux face à d'autres formes de magie", avoua-t-il pour expliquer son intérêt, qui n'avait pas grand chose avec la volonté de la piéger ni de lui faire avouer ses crimes - aux yeux de la police magique anglaise du moins - mais bien d'en apprendre d'avantage sur sa culture.

Il était également curieux quant à ses choix, car la façon dont elle orientait ses propos laissait soupçonner un profond attachement de la jeune femme envers son foyer d'origine. Elle paraissait adhérer à la critique des covens envers les tenants de la magie occidentale, et c'était à se demander ce qu'elle faisait à écrire er les discours politiques d'un ministre étranger...

"Je comprends mieux pourquoi vous parliez de carcan familial étouffant, d'ailleurs. Mais... pardonnez mon indiscrétion, mais vous semblez beaucoup aimer la Nouvelle Orléans. Cela ne vous manque pas ? L'Angleterre semble avoir une culture radicalement différente..."

Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
Messages : 1166
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeSam 29 Aoû 2015 - 20:04
La curiosité du Ministre de la Magie tira un sourire à Isobel qui baissa les yeux pour le dissimuler en partie, quelques mèches brunes venant caresser son visage. Elle pouvait comprendre ce sentiment, elle faisait également partie de ces gens qui avaient toujours trouvé beaucoup d'intérêt dans les traditions des autres. Elle avait grandi au sein d'un carrefour multiculturel et cela lui avait enseigné que l'on pouvait toujours apprendre des autres. Le vaudou attirait particulièrement les questions des gens qui se penchaient dessus car ses secrets étaient jalousement gardés par les pratiquants, elle voyait par exemple la curiosité luire dans les yeux de Roy à chaque fois qu'ils effleuraient le sujet. Les plus consciencieux faisaient des recherches sur le sujet, il y avait des sources, des livres et des documents mais les informations présentes dans ces derniers n'étaient qu'historiques ou superficielles : pour connaître le vaudou, il fallait en entendre parler de la bouche de ceux qui en faisaient partie et rares étaient ceux qui parlaient. Ils naissaient et grandissaient dans le culte du secret et même les quelques informations révélées à Leopold par Isobel n'étaient pas la moitié du tiers de ce qu'elle pouvait savoir.

Il semblait s'en douter au vu de la série de questions qui suivit la fin de sa prise de parole. Elles portaient principalement sur la magie et c'était bien le domaine sur lequel elle ne pouvait pas répondre, tout simplement parce qu'à l'image du reste de sa famille, Isy conservait les secrets. Son départ de la Nouvelle-Orléans n'avait en rien altéré cette politique, elle était restée loyale à l'éducation magique qu'elle avait reçu : au contraire de certains autres sorciers qui avaient quitté leur coven, elle n'avait jamais vendu son héritage magique comme ceux qui tenaient boutiques et pratiquaient le vaudou en facturant leurs actes. Même à Roy, qui savait pourtant d'où elle venait – et c'était l'un des seuls, avec Leopold désormais – elle n'avait jamais révélé en détail en quoi consistait sa magie. Elle s'en était servie pour lui, mais pour aider un ami, ce qui était toléré par les coven bien que ces derniers maintiennent que la magie devait se réaliser à titre personnel ou en famille, pour protéger leurs secrets.

- Ça l'est, répondit-elle lorsque le Ministre affirma que cela devait être un endroit fascinant. Un endroit plein de mystères et de secrets qui perdure malgré la poussée du monde occidental grâce à ses secrets, justement, ajouta-t-elle avec un léger sourire.

Elle ne pourrait jamais apporter toutes les réponses aux questions que pouvaient se poser Leopold, quand bien même elle le voudrait à titre personnel : elle aurait peur des retombées, on murmurait dans les rues du Carré Français que c'était l'une des choses que les ancêtres détestaient le plus au monde, voir leur culture être éparpillée au vent. L'explication du Ministre attira néanmoins la curiosité d'Isobel, lorsqu'il affirma se montrer aussi curieux car il n'avait jamais vraiment su maîtriser la magie occidentale et qu'il se demandait s'il ne réagirait pas mieux à des formes différentes de magie. Cela pouvait se tenir : la magie européenne venait beaucoup des pratiques latines et grecques avant elles. Elle était principalement – si ce n'est uniquement – canalisée par des baguettes magiques et était une magie d'action en constante progression : de nouveaux sortilèges étaient inventés tous les ans. Mais ce n'était pas la seule manière de pratiquer la magie dans le monde : il y avait le vaudou, évidemment, et toutes ses variantes à travers le monde, on ne pratiquait pas du tout le même vaudou à la Nouvelle-Orléans que dans les Caraïbes, mais également la magie des Indiens d'Amérique, bien que celle-ci soit en voie de disparition, les magies asiatiques qu'elle ne connaissait que peu, les magies que l'on pouvait retrouver dans les cercles australes... Même si la magie européenne était la magie dominante au travers du monde, certaines cultures persistaient et sauvaient leurs traditions.

- Je ne peux pas vous en dire beaucoup à ce sujet, expliqua-t-elle, mais je peux toujours vous donner quelques éléments, tempéra-t-elle pour ne pas contrarier le Ministre de la Magie. Disons que le cliché de la poupée vaudou n'en n'est pas vraiment un, c'est un outil qui est utilisé mais ce n'est pas l'outil le plus puissant des pratiques. Il est utilisé pour des petites guérisons ou des petites nuisances.

Certains des effets des poupées vaudou pouvaient néanmoins être impressionnants visuellement – les convulsions par exemple – et cela avait sûrement participé à la faire basculer dans la culture populaire, même si dans les faits, elle n'était pas utilisé tant que cela par les sorcières vaudous qui préféraient des enchantements de plus grande ampleur.

- Les pratiquants de la magie vaudou – et depuis le début de son discours, elle ne s'était jamais incluse dedans – pensent que leurs pouvoirs proviennent de leurs ancêtres. C'est une magie familiale, qui se transmet de mère en filles et qui puise dans l'énergie magique des sorcières qui les ont précédées. C'est pour cela qu'elles sont regroupées en coven : c'est les pouvoirs de toute une communauté qui s'allie pour pratiquer.

Les coven étaient d'ailleurs dirigés en collégialité par sept prêtresses qui prenaient les décisions et orientaient les enchantements.

- Les origines sont assez floues, les premières traces du vaudou se retrouvent en Afrique et dans les Caraïbes, ce sont des pratiques qui ont voyagé avec le commerce triangulaire et la colonisation européenne. Les mères ont transmis à leurs filles et les connaissances sont arrivées jusqu'à notre époque. Il arrive parfois que certaines sorcières soient considérées comme plus puissantes que d'autres, bénies des ancêtres et elles sont appelées les Reines du Vaudou. La dernière remonte au dix-huitième siècle, avec Marie Laveau, révéla-t-elle car ce nom retentissait parfois aux oreilles des sorciers les plus cultivés.

Soit sept générations au dessus d'elle, le chiffre magique, mais elle tut cette information et sa parenté en ligne directe avec Marie Laveau, comme beaucoup de gens de son coven d'ailleurs : ils étaient presque tous cousins.

- Contrairement au reste de la société magique, le vaudou ne reconnaît pas les « nés-moldus ». Pour être un sorcier vaudou, il faut avoir dans son arbre généalogique des sorciers vaudou. Ils se différencient des autres sorciers, qui sont des profanes. Et pour un être un sorcier vaudou... Il faut être une femme, ajouta-t-elle avec un sourire. Les hommes ne sont pas reconnus, la magie est une affaire qui ne les concerne pas, du moins dans la plupart des covens, il y a quelques exceptions, plutôt dans les Caraïbes ou dans les covens encore très marqués par cette influence-là.

Voilà pourquoi elle doutait que le Ministre réagisse mieux à la magie vaudou : on lui avait toujours enseigné que les autres sorciers ne pourraient pas la pratiquer. La suite des questions de Leopold la fit légèrement resserrer les doigts sur son verre de vin, buvant une gorgée pour gagner un peu de temps pour y répondre. Son départ de la Nouvelle-Orléans était un sujet toujours sensible, qu'elle n'abordait que peu. C'était un passé auquel elle n'aimait pas forcément repenser, qu'elle avait mis derrière elle pour faire sa vie même si elle pouvait comprendre qu'on se pose des questions à ce sujet. Qu'est-ce qu'une gamine d'un coven de Louisiane avait fait pour tracer son chemin jusqu'au Ministère de la Magie anglais ? Et surtout... Pourquoi ?

- Tout est différent ici, c'est vrai, admit-elle avec un sourire. Mais disons que j'aspirais à cette différence, j'avais envie de voir le monde, de découvrir d'autres choses, en dehors de ce que j'avais toujours connu.

C'était une réponse qui était vraie mais qui couvrait à peine la réalité de ce qui avait poussé Isobel à quitter la Louisiane.

- J'ai parfois le mal du pays, il est vrai, comme tous les expatriés. Mais le monde a tellement à offrir que cela me suffit pour ne pas regretter l'Amérique. Il suffit de voir tous les défis qui sont présents au Royaume-Uni, même actuellement, précisa-t-elle en désignant le discours du Ministre d'un regard, qu'il aurait été dommage de passer à côté, conclut-elle avec un sourire. J'ai toujours préféré sortir des sentiers battus et des vies planifiées à l'avance.


« I never knew you were the someone waiting for me »
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitimeDim 20 Sep 2015 - 17:29
Une société menée par les femmes, il n'y avait pas à dire, voilà qui changeait de l'Angleterre magique. Cela avait dû être dur pour Isobel de se faire à un monde si différent du sien, dans lequel les femmes étaient si loin d'avoir la première place... Il n'aurait pas été étonné d'apprendre qu'elle avait dû faire face à des remarques misogynes au ministère, que ce soit du fait de son choix de spécialisation - la communication - ou de ses choix de tenues, élégantes et féminines.

Leopold écouta Isobel avec un intérêt non feint, engrangeant toutes les informations qu'elle lui transmettait tout en tirant ses propres conclusions. Il était désormais à peu prêt persuadé d'avoir face à lui une sorcière vaudou, restait à savoir si elle pratiquait encore aujourd'hui ou bien si elle avait arrêté après avoir quitté le coven. Isobel avait beau avoir pris son baluchon assez jeune pour s'enfuir vers d'autres horizons, elle semblait être restée attachée à son foyer, étant donné la façon dont elle lui en parlait. Leopold avait bien d'autres questions qui lui brûlaient la langue. Les circonstances de son départ, surtout l'intriguaient, et le fait de savoir si Isobel était toujours en contact ou non avec son coven et si elle retournait régulièrement auprès de lui. Quelles étaient les étendues de ses pouvoirs, que savait-elle réellement de la magie vaudou, la pratiquait-elle parfois à des fins personnelles ici, en Angleterre ?

Mais ce n'étaient pas des questions qu'il était aisé de poser dans sa situation, et il se doutait bien qu'il était d'autant plus difficile pour Isobel d'y répondre. Peu importe, il était déjà très satisfait de cet entretien inattendu, au cours duquel il avait découvert une femme à mille lieues de ce qu'il imaginait. Comme quoi il n'y avait pas besoin de chercher très loin pour trouver les personnes dignes d'intérêt avec lesquelles il souhaitait s'associer pour réussir son mandat... Bien sûr, il restait à vérifier qu'Isobel était digne de confiance, et qu'elle était sincèrement d'accord avec la démarche du FREE. Mais il comptait bien surveiller avec attention cette jeune pousse prometteuse...

"Vous avez bien raison", répondit-il d'un ton énigmatique. "On ne sait jamais ce que la vie nous réserve..."

Leopold laissa planer un petit silence, semblant promettre un futur plein de surprises, puis décida de mettre fin à la séance de confidences. Il reprit son air de ministre affable et occupé, réinstaurant aussitôt une certaine distance polie entre eux, et se leva pour l'accompagner vers la porte.

"Bien, aussi plaisant et intéressant cet échange fut-il, je dois retourner à mon travail. Merci encore pour votre aide, Isobel, j'espère que nous aurons l'occasion de reprendre cette discussion prochainement."

Et l'occasion, ils l'auraient, car ce que Leopold ne savait pas encore, c'était qu'il venait de rencontrer l'une des nouvelles membres de son cercle d'alliés intimes...
RP terminé
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Leopold tout puissant [Isobel] Icon_minitime