Le malheur sonne toujours deux fois... [PV Leo]

Dans la nuit du 21 Septembre au 22 Septembre 2008, Ministère de la Magie

Le ministère entier semblait en effervescence, alors qu'une catastrophe d'une ampleur effroyable se produisait du coté de Bristol! Des bruits de couloirs parlaient de violentes émeutes, plongeant chaque service d'intervention dans un contexte de crise. Pour prévenir le moindre risque de débordement hors des frontières magiques, Jacob Dalhiatus avait envoyé une escouade d'Oubliators sur les lieux. Aucune information concrète ne filtrait; si bien qu'il se réfugia dans son bureau, afin de tirer les choses au clair.

Derrière son masque impassible, Jacob était hanté par un affreux pressentiment; Celui de savoir sa fiancée en danger. Il n'avait encore aucune nouvelle, et tenta de lui envoyer un Patronus. Etrangement, son message ne voulait point partir : Son sanglier lumineux secouant ses défenses comme s'il ne trouvait aucun destinataire. Jacob jeta sa baguette de rage et c'est alors que son bureau s'embrasa d'une lueur magique. Enfin un Patronus lui parvenait, mais à son plus grand regret celui-ci ne provenait pas de Swannie, mais de Mildred. La pie ne tarda pas à délivrer son terrifiant message.

* Bristol est à feu et à sang! J'ai tenté de convaincre Swann de rester auprès de moi! Mais cette maudite Eden Rosebury s'est obstinée de lui suggérer le contraire. Je viens malheureusement de la retrouver alors que je partais à son secours. Mon pauvre Jacob... Je suis infiniment désolée... Mais Swann est morte. Je n'ai rien pu faire... *


Les ombres de son passé venaient de resurgir, enveloppant ses pensées d'un voile obscure. Jacob demeura figé, incapable de réaliser...

Pour la seconde fois de sa vie, Jacob se sentit totalement dépassé par l'ampleur des évènements. Le regard dans le vide, il ne prêta aucunement attention à Leopold qui venait de faire irruption dans son bureau. Eludant totalement la question de son supérieur, il ne cessait de se marteler intérieurement les dernières paroles du Patronus messager de Mildred. Le politicien maudit ne pouvait croire en une aussi terrible coïncidence! Clin d'œil mortel du passé, cette nouvelle le replongeait des décennies en arrière du temps où sa bien aimée et future épouse s'appelait Gersende...

Touché dans son cœur d'homme, le directeur éprouvait les pires difficultés à assumer sa fonction ministérielle. Un sentiment violent bouillonnait et se matérialisait lentement dans son âme. Était-ce de la souffrance? De la Haine?  Jacob finit par décrocher de ses pensées funestes, le regard empreint de larmes, il brisa alors le mur de silence d'une voix empreinte d'émotion.


"Elle est morte, Léo... Swann s'est envolée... "

En ces quelques mots, Jacob signifiait toute l'étendue de sa détresse à son ami et allié politique. Jacob venait d'apprendre la nouvelle, et vraie ou fausse, celle-ci l'empêchait de pouvoir réagir en directeur de département. Pourtant, très vite, Jacob retrouvait ses esprits, tandis que doucement mais surement un sentiment de vengeance venait obscurcir ses pensées. Ses mains se crispèrent, tandis qu'il secouait la tête avec mépris. Un murmure jaillit de sa mâchoire serrée.

"Je les tuerai jusqu'au dernier... Je te le promets, Swannie! "

Sa raison le quittait, laissant place à une haine dévastatrice!

Jacob Dalhiatus leva un regard incrédule sur son ami, ne comprenant pas réellement le sens de sa question. La boutique de Swann était bien à l'abri dans le Chemin de Traverse, et c'est justement là que Swann aurait dû se trouver, et non à Bristol! Une colère indicible tambourinait en lui, alors qu'il réalisait au combien ce monde était pavé d'injustice. Gersende, Swann... Autant de femme innocentes assassinées par d'infâmes crapules qui ne cherchaient qu'à briser son bonheur. Pourquoi n'y avait-il pas droit? Pourquoi cette racaille ne s'en prenait pas directement à lui? Trop lâche sans doute. Le poing de Jacob retomba lourdement sur son bureau. Le regard du directeur des Catastrophes Magiques s'embrasa, alors qu'il s'adressait à son supérieur.

"Qu'est-ce qui ne fonctionne pas, Leopold? Par Merlin! Nous devions rétablir l'ordre public... Ramener le calme dans ce pays... Alors pourquoi ce désastre...? Pourquoi Swann est morte...? Pourquoi Bristol se retrouve à feu et à SANG!!!! "

La voix de Jacob se brisa alors qu'il ponctuait sa phrase sur un hurlement.

"Nous avons semé la haine dans ce pays... Nous sommes responsables de tout ce chaos... Et c'est à nous de nettoyer ce pays des pourritures qui osent fouler son sol... On ne combat pas une meute de loups, en tentant de les amadouer... Comme tu te complais à le faire avec tout le monde... Comment veux-tu te faire respecter Leopold, si tu n'inspires pas la crainte!? Le sang réclame le sang! "

Dans ce drame, Jacob n'arrivait plus à maitriser ses nerfs...

Jacob jeta un regard quelque peu incrédule au verre que venait de lui tendre amicalement Leopold. Réussissant à se maitriser quelque peu, le directeur des Catastrophes Magiques n'accepta pourtant point cette offrande et déposa le Whisky Pur-Feu sur son bureau. Non, il ne voulait point noyer son chagrin dans l'alcool. Au contraire, il voulait garder sa souffrance intacte, en espérant que celle-ci lui insuffle la force de se venger. Jacob dévisagea son ami le Ministre de la Magie, alors que celui-ci tentait par ses propos de le décharger quelque peu du poids de la tragédie. Mais là aussi, il se fourvoyait...

"Mon deuil...? "

Une ironie malsaine embrasa le regard gris de Jacob.

"Tu penses vraiment que je suis en mesure de faire un quelconque deuil, alors que je sais que l'assassin de Swann respire encore? Désolé mais c'est impossible... "

Jacob planta alors son regard dans celui du ministre de la magie. Il se demanda l'espace d'une seconde, si son ami réagirait de la même manière si cela avait été Rose à la place de sa Swannie...

"Je veux ma vengeance, je l'exige! Je veux que ces infâmes raclures soient éradiquées! J'en ai marre de prendre des gants avec des assassins, pour ne pas avoir à se justifier! Tu dois rétablir l'ordre public! Il faut se servir de Bristol, pour montrer l'exemple, et montrer à quel point nous serons intransigeants avec nos ennemis! Je veux les voir crever en place publique, et ce jusqu'au dernier! "

A nouveau, sa haine venait de l'emporter...

Lorsque Jacob releva les yeux le leader du FREE, il comprit immédiatement que celui-ci ne lui faisait pas le genre de promesse éphémère et sans aucune véritable valeur. Il y a des regards qui ne trompent pas, et celui de Leopold Marchebank en disait long sur ses intentions et sur sa détermination. Nul doute que le ministre allait s'atteler à purger Bristol du mal qui le gangrénait. Le regard de Jacob vacilla d'émotion devant cette belle promesse, alors qu'il réalisait qu'il n'était point seul dans la tourmente. Si rien ne le soulagerait pleinement de cette fatalité qui s'obstinait à l'écarter de tout bonheur conjugal; il savait qu'il pouvait compter sur un soutien de taille en la personne de Leopold Marchebank. Jacob voulait se raccrocher à cette déclaration d'amitié qui lui éviterait de plonger dans une dépression aussi inutile que destructrice. C'est d'une voix redevenu calme qu'il s'adressa à nouveau à cet ami qui l'épaulait dans son malheur.

"Je te fais confiance, Leopold... Tu sais que je te suivrai jusqu'aux portes de l'Enfer s'il le fallait. Aucune seconde, je ne doute de ta parole... Mais... "

Jacob sembla hésiter une seconde avant d'apporter une explication sincère à ses doutes.

" Mais la véritable difficulté réside dans le fait que malgré toute ta volonté, tu ne pourras jamais mettre à exécution cette belle promesse. Comment peux-tu sincèrement parler de boucler Bristol? Toutes les lois de ce pays, et le peuple vont condamner cet acte comme étant liberticide... "

L'illusion du pouvoir avait-elle eu raison de Leopold?

Les pleins pouvoirs! La formule était lâchée, et provoqua une véritable onde de choc dans l'esprit de Jacob. Ce dernier jeta un regard médusé sur son ami et ministre. Obtenir les pleins pouvoirs, c'était du même acabit que de vouloir gober la lune comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire œuf de dindonneau. C'était tout simplement inimaginable! La sacro-sainte règle de la séparation entre pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire ne pouvait être remise en cause. Sans elle, le pays sombrerait dans le despotisme. Mais ne valait-il pas mieux cela, que d'avoir à subir les affres du laxisme démocratique? La mort de Swann donnerait presque raison à un régime Dictatorial, qui lui au moins serait capable d'assurer l'ordre public.  

"Les pleins pouvoirs? Mais tu n'y compte pas. Le Magenmagot ne t'accordera jamais ce droit. Cela va à l'encontre de tous préceptes démocratiques! Et admettons qu'il le fasse, ce ne serait que pour une durée trop courte pour concevoir quoi que ce soit d'efficace! Il faudrait être en état de guerre pour que cette demande soit prise un minimum au sérieux... "

Jacob cherchait à décrypter les pensées de son ami Leopold. Quel était cette lueur étrange qui brillait dans son regard? Était-ce en lien avec sa consommation l'alcool? Ou un éclat de pure folie? A moins que cette lumière ne soit que le fruit d'une pensée lumineuse...

"Tu peux le faire... Car après tout, nous sommes en guerre, contre un ennemi qui nous frappe de l'intérieur. "

Rien ne pouvait plus arrêter Leopold...

Un dilemme incroyable venait bousculer les préceptes moraux du Directeur des Catastrophes Magiques. Depuis son plus jeune âge, Jacob s'était toujours appuyé sur les règles et un modèle de droiture, de manière à pouvoir suivre un chemin balisé où il n'éprouverait aucun cas de conscience qui puissent semer le doute dans ses convictions personnelles. Mais depuis le "Bloody Sunday", et la prise de pouvoir du FREE, l'homme "droit dans ses bottes" avait l'impression d'avoir posé les pieds dans un marécage inextricable, dans lequel il ne pouvait plus reculer. Mais le devait-il? Comme le disait à juste titre Leopold, le FREE s'était engagé dans une mission salvatrice qui devait réparer les erreurs de leurs prédécesseurs et rétablir l'équilibre et la justice dans le monde Magique! Abandonner maintenant, était un crime encore plus odieux que de contourner quelque peu les textes de lois pour s'octroyer les pleins pouvoirs. Jacob se retrouvait dans la position d'un assistant Médicomage en train d'opérer d'urgence un patient, et qui hésitait bêtement à passer le scalpel à son supérieur. Le regard de Jacob se fit plus déterminé.

" Sans le pouvoir les idéaux ne peuvent être réalisés... Aussi horrible que cela puisse paraître, cette tragédie est la raison que j'attendais pour briser les chaînes qui entravaient depuis bien trop longtemps ma conscience. Trop de règles nous empêchent d'agir, et cette prise de pouvoir est parfaitement justifiée! Je suis avec toi! Car l'heure est à l'action et non aux lamentations! Qu'attends-tu de moi? Que veux-tu que je fasse? "

Instrumentaliser la mort de Swann pour obtenir l'assentiment du peuple! Jacob hésita un long moment entre une profonde indignation, et le désir insatiable de pouvoir asseoir sa vengeance sur les immondes racailles qui polluaient Bristol. Jacob avait toujours préféré vivre dans l'ombre, plutôt que dans l'éclat des projecteurs. Cela l'avait sans doute privé des plus hautes marches du pouvoir, mais il préférait vivre en suivant l'adage qui disait que pour vivre heureux, il valait mieux vivre caché. Face au dilemme qui s'imposait à lui, Jacob ne savait que faire. Etait-ce rendre hommage à Swann que d'agir ainsi? Le peuple ne comprendrait-il pas de lui-même que la répression s'imposait? Douce utopie. Quand il s'agissait d'appliquer la justice par la force, il fallait toujours se justifier davantage que les criminels. Leopold avait raison.

"Non, je ne veux point d'intimité. Je veux hurler ma rage et ma souffrance à la face du Monde magique. Je veux montrer au peuple, les horreurs dont sont capables ceux qui se terrent dans la voix des Miracles, tels de vulgaires rats! "

L'esprit vengeur de Jacob retrouvait ses facultés alors qu'il s'adressait à son ami.

"Tu connais sans doute, ma demi-sœur, Mildred Magpie de Multiplettes. Je peux facilement la convaincre de bâtir un article qui justifiera notre devoir de répression. Elle appréciait particulièrement Swann, et même sans cela... Elle a beau être de ma famille... Tu peux me croire, contre des Galions, elle pourrait se permettre de faire l'éloge funéraire de Voldemort en personne! Je n'ai jamais rencontré de femmes aussi vénales... "

Swann était sur le point de devenir une Martyr, cette Marianne de la liberté que le bas peuple suivrait aveuglément, quoiqu'il en coûte! Jacob lui même se laissait emporter par ce torrent émotionnel, et ce désir d'appliquer une justice aussi aveugle que implacable. Jacob n'était peut-être pas un politicien aussi doué que Leopold Marchebank, justement parce qu'il n'arrivait pas à prendre le recul nécessaire sur ses émotions. Souvent méprisant et sarcastique quand il s'agissait d'exprimer son point de vue; Jacob ne savait pas arrondir les angles, et séduire les foules comme le Ministre de la Magie pouvait le faire. Cette fois-ci, Jacob en était convaincu : Le Ministre Marchebank marquerait à jamais l'Histoire...

"Je vais m'en charger pour cette fois-ci. Et je peux t'assurer qu'il s'agit du meilleur investissement que tu puisses faire pour réguler l'information. Mildred Magpie n'aspire qu'à deux choses : La reconnaissance et les Galions. Donne-lui l'un et l'autre, et elle te suivra jusqu'en Enfer s'il le faut... "

Au fond de lui-même, Jacob était un homme de conviction qui se battait pour des idées et laisser une empreinte dans le temps. Les personnes comme sa demi-sœur l'effrayaient réellement, tant elles étaient dénuées de valeur et de morale. Mildred aspirait à devenir célèbre que pour satisfaire une seule chose, son égo! Jacob, lui, voulait marquer les livres d'Histoire et aider autant que possible le Ministre Marchebank a prendre son envol salutaire pour le Monde Magique. Il finit par lever une main tremblante, avant d'ajouter :

"Merci pour ton aide, mon ami... Mais si tu le permets j'aimerai rester seul à présent, juste quelques instants... "