Le poids du (pré)nom [Eliott]

Eliott sourit tendrement en écoutant Charlotte défendre leur mariage et leur bonheur avec conviction. Il aimait la voir si investie dans les préparatifs de la cérémonie, dans l'organisation de tous les détails, mais savait que tout ce dont lui avait besoin pour que ce mariage soit parfait, c'était qu'elle soit là. Et qu'elle dise oui, quand même. Au fond peu importait qui serait là et qui n'y serait pas, ce mariage le rendrait heureux.

Mais il devait reconnaitre que l'idée de sa fiancée, bien que saugrenue, n'était pas si mauvaise. Il pouvait organiser le grand mariage dont rêvait Charlotte façon moldue, et inviter toutes les personnes qu'elle voulait à ses cotés et organiser quelque chose plus intimiste -hors de question de ramener tout le gratin de la société magique- avec sa famille à lui.

- Ça peut être une bonne façon de contenter tout le monde...répondit-il, songeur. Mais n'en profites pas pour changer d'avis la deuxième fois, ajouta-t-il en riant. Le premier oui est définitif !

Il sourit quand Charlie souligna que d'avoir deux mariages semblaient logiques quand on avait eu deux premiers rendez-vous et il déposa un baiser sur sa tempe.

- Tu dis ça pour avoir deux robes, avoue, souffla-t-il avec un sourire moqueur.

Il ne jugeait pas, lui-même étant assez d'accord avec l'idée d'avoir deux nuits de noces.

- Si j'avais dû dire non, je l'aurais fais à la deuxième demande en mariage, répliqua-t-elle en riant. Il faut vraiment qu'on arrête de faire les choses en double, Eliott, sinon on risque d'avoir des surprises, plaisanta Charlotte en posant une main sur son ventre.

Non, elle n'attendait pas de jumeaux mais puisqu'ils aimaient faire les choses en deux fois... Elle prit une mine offusquée quand il la charria en affirmant qu'elle voulait deux cérémonies pour avoir deux robes. Bon, d'accord, elle y avait pensé. Mais ce n'était pas une raison !

- Comment oses-tu penser ça de moi, Eliott Warlock, moi qui propose ces deux cérémonies dans un pure acte de générosité pour éviter un massacre à notre mariage ? Je ne suis quand même pas si superficielle, conclut-elle en levant les yeux au ciel.

Peut-être un peu. Un tantinet. Si peu. Malicieuse, elle abandonna son air outré pour venir effleurer les lèvres de son fiancé.

- Ose me dire en me regardant dans les yeux que tu ne veux pas deux nuits de noces. Deux corsages à défaire.

- Me voilà rassuré ! soupira-t-il quand Charlotte assura que si elle avait dû lui dire non ce serait déjà fait. Son soulagement disparu bien vite quand elle glissa qu'à force de tout faire en double, ils allaient finir par avoir des surprise et il baissa les yeux sur le ventre de la jeune femme. Je veux bien garder la surprise pour le sexe, mais on nous le dirait si c'était des jumeaux, pas vrai ? Non, il ne paniquait pas. Mais un enfant, c'était déjà bien.

Il rit quand Charlotte fit mine d'être vexée par sa réflexion sur les robes. Il était persuadé qu'il y avait du vrai là-dedans.

- Mais non tu n'es pas superficielle ! assura-t-il en la serrant contre lui. Les douze paires de chaussures dans l'entrée sont là seulement pour la décoration, le couloir serait triste sinon, ajouta-t-il avec un sourire moqueur.

Ce fut à son tour de prendre une mine offusquée quand la jeune femme osa suggérer qu'il était surtout intéressé par les deux nuits de noces qui accompagneraient forcément ces deux mariages -cela faisait partie des très rares traditions qu'il tenait à respecter.

- Ce serait très mal me connaitre ! se défendit-il de la façon la moins crédible qui soit. Attends, tu n'envisages pas de corsages à lacets quand même ? demanda-t-il soudainement, le plus sérieusement du monde.

Il n'aurait jamais la patience de défaire ce truc. Il était certain qu'on faisait de très jolis corsages avec des fermetures éclairs.

- Bien sûr qu'on nous le dirait, tempéra Charlotte d'un apaisant. Enfin je crois.

Elle n'avait pas très envie d'avoir cette surprise-là, à vrai dire. Devenir mère d'un seul enfant lui suffisait pour le moment et elle préférait attendre de voir comment cela se passait avant de se lancer dans l'aventure d'un deuxième, si Eliott et elle le faisaient un jour. Lorsque Eliott mentionna ses chaussures dans l'entrée - c'est parce qu'elle manquait de place dans les placards, d'abord - Charlotte ne put s'empêcher d'arborer de nouveau une mine outrée, croisant ses bras sur sa poitrine.

- Si tu crois qu'il n'y en a que douze... répliqua-t-elle doucereusement.

Charlotte était certaine qu'elle aurait pu ranger un bébé dragon dans le fond du placard de leur chambre qu'Eliott n'aurait rien remarqué. Alors à défaut de placard, elle cachait peut-être cette paire de chaussures absolument adorables qu'elle avait déjà mais dans une autre couleur et puis des chaussures de qualité, fallait pas passer à coté, puis Harvey Nichols faisait des soldes.

- Si, répondit Charlie malicieusement lorsque Eliott lui demanda si elle envisageait vraiment un corsage lacé. Sur toute le dos. Absolument tout le dos. Un truc comme ça, précisa-t-elle en saisissant un magasine de mariage qui traînait sur la table et qui avait pour illustration un joli laçage travaillé et compliqué. Mais puisque tu as eu la patience de compter mes chaussures... Je sais que ça ne sera pas un problème ! ajouta-t-elle dans un sourire innocent qui ne trompait personne.

C'était un peu Serpentard. Mais elle avait le droit maintenant, elle allait devenir une Warlock.