Adrian Melchior Calder

Adrian a toujours été petit, en troisième année on venait lui demander « comment se passait sa première année » et il regardait Roy avec inquiétude, se demandant s’il était condamné à être aussi petit que ça toute sa vie. Heureusement pour lui, son frère était l’anomalie génétique et, au grand dam de sa mère, il fallut bien vite lui trouver de nouveaux vêtements alors que son sourire s’agrandissait en même temps que ses t-shirt. Dès 16 ans il l’avait dépassé et son drame personnel était de s’être arrêté neuf centimètres plus haut que son ainé, lui qui avait rêvé de cette barre des dix centimètres en voyant ses jambes s’allonger avait été bien déçu.
Il suffit d’un seul regard pour comprendre que sa famille ne vient pas vraiment du pays de Galles. Ses cheveux sont bruns, du genre vraiment bruns, avant de lui trouver un cheveu « marron très foncé » il faudra se lever tôt, il pourrait peut-être en extraire de la teinture, la vendre à Virtanen, un truc du genre, ça pourrait marcher. Ses yeux sont sombres également et d’un banal qui frôle l’ennui.
Il arbore un général un sourire qui se veut angélique et a tendance à mettre ses mains dans ses poches plus que de raison. Malgré sa taille et son attrait pour l’attention, Adrian n’a jamais pratiqué de sport d’aucune sorte –mis à part peut-être le 1/2/3 soleil en cours de potions – et n’a donc pas particulièrement une silhouette athlétique. Heureusement pour lui, son manque d’activité physique se compense par une capacité inégalée à parler sans interruption ce qui l’a empêché de trop profiter des buffets de Poudlard, il est donc de corpulence assez moyenne, mais devrait se mettre au jogging pour compenser les repas en célibataire qui se profilent à l’horizon.

Dans une classe, Adrian est celui qui s’entend bien avec tout le monde, mais qui finit par se retrouver seul aux travaux de groupe parce qu’il n’a personne avec qui il s’entend très bien. Prenant soin de n’offenser personne, expérience familiale obligeant, on peut facilement lui reprocher de ne jamais prendre parti. C’est pourtant ce qui, d’après lui, fait sa plus grande force, il n’a presque pas d’ennemis, dans une société où tout le monde va à la même école, c’est la chose la plus importante qu’une personne peut accomplir en obtenant son diplôme, faire en sorte que personne ne veuille sa perte.
Charmeur, il s’offusque dès que l’on le catalogue parmi les dragueurs, cela n’a rien à voir avec l’amour, avec le sexe ou avec n’importe quel autre genre de relations, il cherche juste à se faire aimer. Dès son plus jeune âge déjà, il avait à faire avec les éternelles disputes qui rythmaient le quotidien familial. Tout jeune il avait déjà l’intelligence –certains diront l’instinct de survie- de ne jamais essayer de trancher le moindre conflit, ce qui, les années passant, pouvait ennuyer plus d’une personne qui aurait voulu son soutien dans une situation délicate.
Friand de jeux de mots, Adrian est capable d’exaspérer quelqu’un comme pas deux et se révèle parfois difficile à suivre dans une conversation tant il fera tout pour l’amener où il le souhaite pour casser un trait d’humour. Extrêmement sociable il n’hésitera pas à aborder les gens, principalement s’il sent qu’ils ne l’auraient pas abordés d’eux-mêmes « le futur ministre est dans ces murs, il s’agit simplement de le trouver ! » se plaisait-il à penser quand il était toujours à Poudlard.
Il reste cependant un Calder et un enfant du sud, malgré son accent définitivement plus gallois qu’espagnol, quand quelque chose le contrarie et qu’un sourire ne suffit pas à régler la situation, il a souvent tendance à s’emporter plus qu’il ne l’aurait voulu, pour quelques heures plus tard se rendre compte de son erreur et, trait peu Calderien, mettre de côté sa fierté pour aller s’excuse, sans pour autant, génétique oblige, en penser un traitre mot. Très rancunier, il n’oubliera pas ceux qui ont voulu se mettre en travers de son chemin et il fera tout pour se débarrasser d’eux… une fois qu’ils ne lui seront plus utiles.
Conformément aux dires de ses professeurs à Poudlard, Adrian est un élève paresseux, il se rappelle encore de la tête qu’avait fait son père quand il avait annoncé qu’il ne poursuivait que quatre matières pour ses A.S.P.I.C. – dont étude des moldus-, était-ce sa faute s’il pouvait très bien s’en sortir sans diplômes ? Poudlard posait les bases, c’était indéniable, mais la majorité de ce qu’apprenait c’était plus tard, quand on avait trouvé un endroit pour se former et cet endroit se fichait bien de savoir la note que le garçon avait pu avoir en soins aux créatures magiques – et heureusement- quand on savait à qui parler. Son emploi actuel par exemple, c’était grâce à Jason qu’il l’avait trouvé. Qui peut le plus peut le moins et qui peut se permettre le moins ne devrait pas se gêner.
Ambitieux, il ne compte pas rester vigile toute sa vie et pourtant il n’a aucune envie d’aller plus haut pour le moment. Profondément attaché à sa famille il ne sait que trop bien jusqu’où peut aller une simple rivalité fraternelle, surtout quand elle est basée sur le succès de l’un et la fierté des deux, tant que ses frères ne seront que simple vendeur à la sauvette et employé ministériel, il ferait en sorte de rester bien au chaud dans sa librairie.
Comme toutes les personnes qui combinent l’ambition et la capacité de se croire toujours plus intelligente qu’autrui, Adrian peut se montrer très hautain, particulièrement vis-à-vis de ceux qu’il considère comme des « losers, venant d’une famille de loser et qui restera probablement seul toute sa misérable vie ». Ce mépris sera plus ou moins bien camouflé par une bonne dose d’hypocrisie quand il s’agira de s’adresser à de parfaits abrutis, mais qui pourraient quand même se montrer utiles, Dave, si tu nous entends.
Déterminé, il ne reculera devant rien pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixé et plus particulièrement pour que sa famille atteigne la place qui lui est due, que ladite famille soit consentante ou même consciente, ou non. Cette espèce d’altruisme dont il peut faire preuve pour faire prospérer sa famille est probablement une des seules facettes de sa personnalité qui ne donne pas envie de le frapper.

Adrian est le dernier né des quatre enfants Calder, une fratrie assez dispersée, ce qui fait que son ainé était vieux avant même qu’il ne sache dire vieux. Les journées étaient calmes, malgré toute la ribambelle d’enfants, il n’avait aucun souvenir des années où tout le monde n’était pas encore à Poudlard, à part un an ou deux avec Irina, mais, Irina étant une fille, elle était calme. Adrian était donc le petit dernier qu’on venait voir pendant les vacances et ce statut lui allait bien, malgré le fait que vacances signifient qu’ils devaient tous se supporter, vacances voulait aussi dire pas cours et dans une famille aussi studieuse c’était un soulagement assez important pour mettre de côté ses soucis. Ces années furent probablement les meilleures qu’il ait vécu jusque-là, lui, ses parents et des conversations normales entrecoupées de silences réconfortants, bien loin des silences pesants auxquels il a dû, depuis ce temps s’habituer. Le départ d’Irina avait coïncidé avec le retour de Roy et c’est à ces années-là qu’il se réfère lorsqu’il affirme que son ainé est quelqu’un de gentil quand il est seul.
Dès l’école primaire, Adrian semblait plus intéressé par le fait de se faire ses amis que par celui d’apprendre à compter les pommes en cours de mathématique, les pommes il aimait juste qu’on les lui offre. Certains psychologues diraient qu’il essayait de combler le manque lié à l’absence de ses frères et sœurs, mais il a toujours été incapable d’écrire psychologue alors… La tendance se confirma à Poudlard et se cacher de Greengrass alors qu’il discutait avec des gens dans la bibliothèque était devenu un de ses passe-temps préférés. Il travaillait toujours assez pour ne pas être catalogué dans la catégorie des cancres et loin du minimum requis pour être un élève studieux, viser le E, toujours le E et ça marchait, même s’il n’était certainement pas l’auteur de tous ses devoirs de métamorphose.
Même s'il n'est pas fan de Quidditch, il n’était pas le dernier quand il s’agissait d’encourager les joueurs de son équipe, ou d’autres équipes quand la sienne ne jouait pas, l’hypo… le fair-play était un de ses atouts dans les gradins. Toujours prêt à aider son prochain, il se retrouvait souvent à servir de guide aux premières années qu’il sentait perdu et prenant très au sérieux leurs « merci, je te revaudrai ça ! », ils avaient intérêt.

Il avait quinze ans lorsqu’il découvrit l’un des secrets les mieux gardés des Calder. Les vacances d’été venaient de commencer et il profitait tranquillement du soleil gallois assis sur une chaise dans son jardin quand un crac attira son attention, caché derrière la haie, Roy lui faisait signe de s’approcher. Retenant un soupir il s’était exécuté.
« Jason est là ?
- Heu oui, pourq…. »
Son frère l’avait attrapé pour l’attirer de l’autre côté de la haie, à l’abri de la fenêtre de la cuisine, endroit où, de toute façon, Adrian doutait que Jason soit.
« Quand t’ai-je déjà laissé tomber p’tit frère ?
- Hein ?
- Très juste ! Va me chercher un truc dans ma chambre, une boîte, bleue, sous mon lit.
- Heu…
- Tu sais où est mon lit ? »

Adrian leva les yeux au ciel et parti s’exécuter, il n’était pas sûr de vouloir comprendre de toute façon, il avait déjà préparé une excuse au cas où Jason l’interrogerait sur le fait qu’il rentre alors qu’il ne pleuvait pas encore, mais la question ne vint pas, il était trop occupé à regarder la télévision affalé sur le canapé –Jason, pas la télé-. La chambre était mal rangée, évidemment, il n’aurait fallu qu’un coup de baguette à Roy pour la rendre impeccable, mais il s’y refusait et leur paternel interdisait à qui que ce soit d’autre de le faire, espérant sans doute faire craquer son fils qui de toute façon s’en fichait comme de sa première bavboule. D’un geste du pied il balaya un t-shirt qui trainait là et attrapa la boîte, mais son regard fut attirer par autre chose, jusque-là caché par le t-shirt, la carte d’identité de Roy… Gaspard Calder. Il eut du mal à retenir un fou rire et se contenta de descendre, sans oublier la caisse.

« Hé Jason, c’est quoi ton deuxième prénom ?
- Balthazar, pourquoi ?
- Pour rien, rappelle moi, ils sont dans quel ordre d’âge les Teletubbies ? »
Il ne prit pas le temps d’attendre la réponse, qui ne devait de toute façon pas en être une et alla rapidement livrer ce que cette boîte contenait, refusant formellement d’expliquer la raison de son fou rire à son propriétaire.

Dans une famille avec des problèmes il n’est pas rare de trouver de l’alcool, c’est même un des signes qui ne trompe pas, quand on a des poster de Quidditch on aime le sport, quand on a un minibar bien rempli on aime les disputes. A l’occasion d’une absence de ses parents, Adrian avait pu assister à une fête organisée par Irina où l’alcool avait été au moins aussi consommé que les chips et il avait à ce moment-là constaté qu’alcool et maîtrise de soi n’allaient que très rarement de pair… et que sobriété et acceptation en soirée étaient encore plus en froid. Encore une fois il avait, en toute humilité, béni son intelligence et ouvert ses livres de sortilèges, il lui fallait trouver un moyen de régler ce problème, heureusement pour lui les sortilèges informulés, il en avait mangé. C’était ce qui l’avait poussé à choisir les enchantements malgré la charge de travail – quelqu’un qui choisissait étude des moldus et divination n’était fondamentalement pas bûcheur- ça et les sortilèges autour du secret et de la loyauté qu’ils voyaient en septième année. Dès qu’il eut l’âge requis pour faire de la magie hors de l’école –il n’était pas sûr de bien pouvoir expliquer à Silvester pourquoi il aurait essayé de ramener de l’alcool à Poudlard- il s’exerça à retirer tout alcool dans son verre et ce en toute discrétion et il doit admettre qu’il n’est pas mauvais à ce petit jeu. A lui les longues soirées où il pourra prétendre être saoul et se mêler à la masse des gens qui regretteraient leurs actes le lendemain dans le cas, fort improbable, où ils s’en souviendraient.


« ATTENTION, HIBOUX ! »
Adrian senti quelque chose lui heurter la tête puis tomber au sol, d’un coup d’œil par terre il reconnut la forme caractéristique d’une lettre qu’il attrapa en reconnaissant le cachet de Fleury & Bott. Il était rentré chez lui depuis trois jours et n’avait guère quitté sa chambre, profitant des vacances pour réviser ses A.S.P.I.C. sans passer pour un travailleur à Poudlard.
« Qu’essayes-tu de cacher de ton frère préféré ?
-Je ne cache rien tu… »
Il arrêta là sa phrase, c’était inutile de discuter, même si Roy venait de lui envoyer une lettre en pleine figure, il devait être vraiment persuadé qu’il essayait maintenant de la cacher, bien vite il la lui tendit, espérant que satisfaire sa curiosité suffirait à le faire se tenir tranquille. Après quelques secondes de lecture cependant, son ainé releva la tête.
« Vigile c’est pas ce que tu fais quand t’es trop mauvais pour être auror ? »
C’était sa faute, il aurait du prévoir cette réaction.
« Tu es dans une enquête sur deux au B.D.A., j’aurais été au chômage technique. »
C’était peut-être même vrai.
« Mais regarde toi, qui va avoir peur d'un gringalet comme toi ? »
Lentement Adrian se releva pour se rapprocher de son frère qui oubliait bien trop souvent qui était le plus grand dans cette pièce.
« Au moins je n’ai pas une barbe ridicule.
- Sois pas jaloux, ça poussera un jour, toi aussi. »
Adrian étouffa un rire, pour une fois il lui laisserait la victoire, il avait un emploi pour quand il sortira de Poudlard, sa journée était déjà assez réussie comme ça. Enfin s’il réussissait ses A.S.P.I.C., travailler était vraiment d’un ennui…