Somewhere only we know [Jeremy et Juliet]

Par ce jour glorieux, le grand Jeremy Baker et la chanteuse charismatique Juliet Wilson foulaient le sol de Poudlard à nouveau. Tenant la main à sa petite-amie, Jeremy marchait d'un pas de conquérant, devant se retenir pour ne pas adopter sa forme animagus et sauter de partout. Ils étaient de retour à Poudlard ! Bordel de troll, ce que ce vieux château poussiéreux lui avait manqué ! Croiser Nick-Quasi-Sans-Tête avait fait naître un immense sourire sur ses lèvres qui ne pouvait plus partir, malgré sa nervosité intérieure. Jeremy mourrait d'envie de faire le tour du château, depuis le terrain de Quidditch jusqu'à son ancien dortoir, mais il savait qu'ils avaient un passe-droit limité. Il lui avait fallut combiner la puissance des yeux de chaton de Théo et de ses propres yeux de cocker pour que leur ancienne prof de potion accepte de laisser entrer les amoureux, à titre exceptionnel. Jeremy lui avait promis une reconnaissance éternelle tout en retenant un cri de victoire. Il savait bien qu'Adamson cachait un coeur tendre derrière cette façade intransigeante et potionneuse !

"On est bientôt arrivés", lâcha Jeremy à l'attention de Juliet, qui devait sérieusement se demander ce qu'ils fabriquaient là. Jeremy s'était contenté de marmonner qu'il avait une surprise pour elle, avant de lui faire prendre la poudre de cheminette en direction du bureau de la directrice. Peut-être avait-elle une petite idée de ce qui motivait cette visite dans leur ancienne école, il ne savait pas trop. Jeremy l'espérait presque, car cela signifierait qu'elle s'était préparé mentalement à l'idée. Dire que Jeremy était inquiet de sa réaction était un euphémisme, et pourtant il savait pertinemment qu'il n'avait pas vraiment de quoi. Juliet et lui s'aimaient et allaient avoir un enfant ensemble, après tout, alors au fond peu importait ce qui ressortait de cette journée, tant que Juliet restait auprès de lui. D'après Théo, il n'avait pas trop de soucis à se faire, mais Théo avait parfois des idées bizarres... Et puis Juliet aussi réagissait bizarrement parfois, depuis qu'elle était enceinte. Enfin ! Il verrait bien. Pour l'heure, il lui fallait retrouver l'endroit qu'il était venu préparer plus tôt dans la journée, après maintes recherches. Cet endroit n'était vraiment pas facile à trouver, et Adamson avait confirmé qu'elle n'en avait jamais entendu parler auparavant. Peut-être bien que Jeremy avait eu raison, un an et demi plus tôt, en envisageant la possibilité que le professeur Sanguini s'en servait comme d'une antre... Mais il fallait croire que la fameuse pièce secrète, qu'ils avaient trouvé par hasard il y a plus d'un an et demi, semblait décidée à les recevoir à nouveau...

Arrivés non loin de l'endroit, dans un petit couloir sombre au bout duquel se trouvaient deux embranchements, Jeremy s'immobilisa. Il observa la jeune femme un instant, déglutissant nerveusement à l'idée de ce qu'il s'apprêtait à faire. Etait-ce le bon moment ? Probablement pas, mais ils n'avaient jamais été doués pour faire les choses au bon moment, alors c'était plutôt cohérent avec l'histoire de leur relation. Etait-ce le bon endroit ? Là aussi, il avait beaucoup hésité, avant de finir par se décider par le lieu le moins accessible. Mais l'idée de revenir en pèlerinage à Poudlard l'avait séduit. Ils étaient encore des adolescents quand ils avaient quitté l'école, il y a de cela moins d'un an, mais tant de choses avaient changé... Jeremy posait un regard à la fois nostalgique et satisfait sur cette époque, satisfait de ce qu'il avait vécu et de ce qu'il était devenu. Oui, songea-t-il en retrouvant son sourire confiant, c'était le bon endroit, c'était le bon moment et, plus important encore, c'était la bonne personne. Glissant une bras dans le dos de Juliet, il l'embrassa doucement avant de s'écarter.

"Je te laisse trouver notre destination toute seule, si tu t'en souviens ?", proposa Jeremy avec un sourire machiavélique aux lèvres.

Après tout, chez les Baker, on était Gryffondor de père en fils et tout se devait d'être une aventure. Une demande en mariage ne ferait pas exception...

Juliet sentit un sourire s’étirer sur ses lèvres alors qu’elle se baladait pour la première fois depuis près d’un an dans les couloirs de Poudlard. Elle n’avait absolument aucune idée de la raison de sa venue au château, mais lorsque Jeremy lui avait demandé de l’accompagner là-bas, elle avait sauté sur l’occasion. Ce n’était pas si souvent qu’elle pouvait se rendre à Poudlard, et encore moins aussi librement ! Aussi, elle avait retrouvé avec plaisir les couloirs en pierre du château, les nombreux passages secrets qu’elle connaissait par cœur. Elle revoyait avec nostalgie les moments qu’elle avait passé avec Olivia, avec Irving, avec Jeremy, et avec toute leur petite bande d’amis. Leurs rapports, à présent, se faisaient de plus en plus rares. Depuis qu’ils n’étaient plus en huis-clos, enfermés à l’intérieur du château, les rencontres étaient moins nombreuses. C’était cependant toujours avec plaisir que Juliet se rendait chez Olivia pour passer une après-midi avec elle, à parler de tout et de rien, et à refaire le monde. Aussi, se promener main dans la main avec Jeremy, dans ces couloirs si connus de Poudlard, était pour elle comme une sorte de retour en arrière. Pourtant, tant de choses avaient changé, depuis le jour où elle avait quitté Poudlard ! Elle avait eu un début en tant que joueuse de Quidditch assez mouvementé, avait rompu avec Jeremy, son père avait eu un accident de voiture, Jeremy et elle s’étaient réconciliés, elle était tombée enceinte, avait dû quitter Flaquemare… Tous ces évènements lui semblaient s’être passés sur trois ans. Au moins.

Pourtant, elle était satisfaite de ce qu’elle était devenue, et n’aurait pas échangé son futur, pour rien au monde. Sa vie lui convenait parfaitement, elle allait devenir mère dans quelques mois, et son petit-ami la comblait un peu plus chaque jour. Et il n’avait pas fini de la surprendre, comme ce pèlerinage à Poudlard le montrait. Et à vrai dire, elle avait bien trouvé une raison à ce voyage imprévu. Une raison qui l’avait taraudé longtemps, avant qu’elle ne la mette dans un coin de son esprit, préférant se concentrer sur autre chose. Ce n’était sûrement que pour célébrer leur un an de couple, s’était-elle raisonnée. Avec un peu de retard, certes, puisqu’ils s’étaient mis ensemble fin mars, mais tout de même. De toute façon, elle en était ravie, quoiqu’il en soit ! Cela lui avait aussi donné l’occasion de quitter Aberystwyth, chose qu’elle faisait de moins en moins souvent. Le transplanage n’était pas recommandé aux femmes enceintes, et elle se retrouvait le plus souvent à tourner en rond dans son salon. Pour une jeune femme pleine d’énergie comme Juliet, l’arrêt complet d’une pratique sportive à haut niveau avait été légèrement difficile à accepter, dans le sens où elle ne pouvait plus dépenser son trop-plein d’énergie.

Enfin, songea-t-elle un balayant les alentours du regard, curieuse de savoir où son petit-ami l’entraînait, elle pourrait toujours reprendre le Quidditch – à un niveau plus bas – après l’accouchement. Mettant de côté ces pensées, Juliet fronça les sourcils lorsque Jeremy s’arrêta enfin, et l’interrogea du regard. Ce dernier ne répondit à aucune de ses interrogations muettes, et la jeune femme glissa une main dans sa nuque pour répondre à son baiser, avant de le considérer un long instant, après qu’il l’ait mise au défi de trouver leur destination seule. Elle redressa le menton avec fierté, avant d’observer les environs. Forcément, si Jeremy lui demandait si elle « s’en souvenait » c’était que le lieu était particulier pour eux. Elle fouilla donc dans sa mémoire, à la recherche des lieux emblématiques dans lesquels ils s’étaient rendus. Il y avait bien le petit hangar à balais, où ils s’étaient réellement parlé pour la première fois, ou encore le terrain de Quidditch, la forêt interdite… La Salle sur Demande, songea-t-elle en regardant autour d’elle. Non, ils n’étaient pas à cet étage lorsqu’ils l’avaient trouvé. Elle était située au septième étage, et ils étaient bien plus bas dans le château… Restant encore silencieuse quelques secondes, le visage de Juliet finit par s’éclairer.

« La pièce secrète. » souffla-t-elle avec un sourire en lui saisissant la main.

Sa venue dans cette pièce remontait à des mois. Au tout début de sa seconde septième année, en réalité. Comme cette époque lui semblait loin ! Si loin qu’elle avait bien dû mal à se souvenir comment elle avait fait pour se retrouver dans cette fameuse pièce… Elle était presque persuadée d’y être entrée sans le vouloir, avec Jeremy, alors qu’ils marchaient tranquillement dans les couloirs. Elle avança prudemment dans le couloir un peu sombre, les sourcils froncés, tâtant le mur à sa droite. Il devait bien y avoir une façon d’entrer dans cette pièce ! Ses doigts rencontrèrent alors une sorte de fissure dans le mur, et un sourire apparu sur son visage. Elle adressa un sourire victorieux à Jeremy, alors que le mur s’ouvrait dans un claquement.

« Tu pensais que j’avais oublié ? » demanda-t-elle d’un ton malicieux en lui volant un baiser, avant d’entrer dans la pièce.

La cloison derrière elle se referma dans un grincement, alors qu’elle observait avec curiosité le lieu. Il avait été aménagé par son petit-ami, réalisa-t-elle en lâchant la main de ce dernier pour observer les murs. Des photos de leurs années à Poudlard y avaient été accrochées. Les victoires de l’équipe de Gryffondor, leur promotion, des photos prises dans le parc lors des beaux jours, des photos d’eux. Touchée par cette attention, Juliet se retourna vers Jeremy, et lui adressa un sourire, avant d’aviser la table qui avait été disposée là pour l’occasion. Elle eut un éclat de rire à la vue des nombreuses sucreries qui étaient posées dessus, avant de reconnaître avec un sourire coupable son envie de friandises depuis qu’elle était enceinte. Sans un mot, elle s’approcha de Jeremy et passa ses bras autour de son cou pour l’embrasser.

« C’est adorable. » souffla-t-elle au creux de son oreille, alors qu’elle se serrait contre lui. Elle s’écarta ensuite, avant de l’observer. « Je me souviens du jour où on est venus ici. C’était notre heure de confidence du début de l’année. » rit-elle avec un sourire attendrit. « Il s’en est passées des choses, depuis. » lâcha-t-elle en souriant.

Evidemment, que Juliet se souvenait de cet endroit. Jeremy en avait été persuadé. Il se souvenait de tous les endroits qui avaient marqué leur amitié, et la liste était longue. Dans cette pièce était née l’ambiguïté, la petite étincelle qui avait progressivement fait évoluer leur amitié vers quelque chose de plus fort et de plus profond. Ici même, il avait eu l'intuition que Juliet était plus importante encore que ce dont il avait conscience. Bien sûr, il leur avait fallut plusieurs mois pour réaliser cela, mais au regard de Jeremy, c'était ici que tout avait commencé. Ici et sur le terrain de Quidditch, ici et dans leur dortoir, ici et sous le plafond fragile de Vaaltivara en Laponie. Ici et partout dans cette école, Jeremy avait des souvenirs de Juliet qu'il chérissait tous autant que les autres, si bien qu'une vague de nostalgie l'envahissait chaque fois qu'il y pensait. Pourtant, arpenter ces murs et observer ces photos qu'il avait accrochées  ne le rendait pas triste, bien au contraire. Après tout, Juliet ne représentait pas seulement son passé, elle était également son présent et son avenir.

Jeremy l'observa détailler les lieux avec un large sourire qui dissimulait sa nervosité intérieure. Il répondit à son baiser avant de poser sur elle un regard fébrile. La sensation de son ventre légèrement arrondi contre lui lui donna un peu du courage dont il manquait, et il fit mentalement appel à tous les Gryffondor qui avaient foulé le sol de l'école pour le reste. Il n'y avait pas à s'inquiéter, c'était de Juliet dont il s'agissait et elle ne s'était jamais donné la moindre raison d'avoir peur - à part peut-être en lui annonçant qu'elle était enceinte, mais cela ne risquait pas d'arriver aujourd'hui. Elle dirait oui, il en était persuadé, et si elle disait non... Hé bien, elle le ferait en douceur, en lui donnant une bonne explication.

"Oui, il s'en est passé des choses", rebondit-il aussitôt, ravi de l'opportunité de pouvoir amorcer sa demande de façon naturelle. Il n'était pas très bon pour les grands discours, Juliet et lui fonctionnaient plutôt aux grands gestes impulsifs. "J'ai été tellement heureux avec toi. J'aurais du le savoir à l'époque, dans cette pièce, quand je me disais que la vie serait meilleure et beaucoup plus agréable avec toi... Et c'est le cas, vraiment. Je ne le savais pas encore à l'époque, mais je le sais maintenant."

Un léger silence s'instaura tandis que Jeremy sentait l'adrénaline monter en lui. C'était le moment parfait, il le savait, mais allait-il oser ? Son regard nerveux croisa celui de Juliet et il lui adressa un petit sourire, comme pour s'excuser de son hésitation, conscient qu'il y avait toutes les chances pour que la jeune femme ait de gros soupçons sur ce qu'il s'apprêtait à faire. Inspirant un bon coup, Jeremy mit la main dans sa poche et en retira un écrin sombre, avant de mettre un genou à terre. Il se sentait un peu ridicule comme ça, cela lui rappelait la fois où il avait fait une grande déclaration à Swann Twilfit après avoir consommé un peu trop de mandragore. Mais Jeremy tenait à faire les choses bien, pour obtenir l'approbation de mamie Flint et parce qu'Olivia lui avait dit que cela plaisait aux filles, même si elles n'étaient pas très à cheval sur les traditions. C'était d'ailleurs Olivia qui l'avait aidé à choisir la bague, bague qu'il dévoila justement en ouvrant le petit coffret...

Maintenant que ses intentions étaient clairement affichés, Jeremy ne put retenir un petit rire d'auto-dérision, pas vraiment à l'aise dans sa belle tenue moldue avec cette bague somptueuse entre les mains. Cela eut le don de le pousser à parler, peu désireux de rester dans cette position bien longtemps. Il enveloppa Juliet du regard, qui était toujours la plus belle des femmes, et il sentit une sensation de chaleur l'envahir.

"Je t'aime, Juliet, tu es la personne la plus importante au monde pour moi. Enfin...avec notre enfant", rectifia-t-il avant d'ajouter : "Je voudrais t'épouser et passer le reste de ma vie à tes côtés..."

Son sourire se fit plus malicieux lorsqu'il murmura :

"Cap ?"

Juliet promenait son regard sur les murs qui l’entouraient, souriant à la vue des photos que Jeremy avait affichées. Une de leur équipe de Quidditch avant un match, une de eux deux, faisant de grands sourires à l’appareil. Et là-bas, une d’eux avec Irving, qui semblait bouder parce que Juliet venait de passer une main dans ses bouclettes. C’était adorable, songea-t-elle en observant son petit-ami, qui venait de prendre la parole. Oui, ils avaient été si heureux, et si comblés, ces derniers temps. Certes, leur couple avait traversé des épreuves plutôt difficiles, mais cela n’avait fait que le renforcer. Jeremy, était, aux yeux de Juliet, la personne la plus important de sa vie – avec l’enfant qu’elle attendait, bien évidemment. C’était à  la fois son meilleur ami, son petit-ami, le père de son futur enfant… Celui avec lequel elle allait passer le restant de sa vie, elle en était certaine. Et tant pis si elle était encore jeune – trop, peut-être, pour penser ça. Elle avait trouvé la personne avec qui elle se sentait bien, avec qui elle était heureuse, épanouie. Et c’était le principal. Elle s’apprêtait à lui répondre, avant de se raviser. Quelque chose lui disait qu’il valait mieux ne pas interrompre Jeremy pour l’instant.

Ce dernier lui lança un regard nerveux, et elle lui offrit en retour un sourire tranquille, presque consciente de ce qui allait se passer après. Pourtant, lorsqu’il sortit un écrin sombre avant de poser un genou à terre, Juliet ne pu s’empêcher de papillonner des yeux, surprise par la vision qui s’offrait à elle, bien que l’idée de la demande en mariage avait eu le temps de faire son chemin dans son esprit. Un sourire s’étira immédiatement sur les lèvres, alors qu’elle restait silencieuse. Elle mentirait si elle disait qu’elle ne s’en était pas doutée. Evidemment que lorsque Jeremy était venu la chercher, habillé sur son trente-et-un, pour l’amener à Poudlard, l’idée qu’il puisse la demander en mariage avait commencé à germer. Et c’était donc ça, songea-t-elle, alors que son regard glissait vers la bague avant de se vriller dans celui de Jeremy.

Elle lâcha un éclat de rire suite à ses paroles, à la fois incrédule, nerveux, mais surtout heureux. Cette situation lui semblait irréelle. C’était merveilleux. Inattendu, un peu. Il venait de lui demander de l’épouser. Son cœur battait à toute vitesse, et elle ressentait une joie immense se diffuser doucement en elle. Ils étaient ensemble depuis un an – et cela pouvait sembler peu, à l’échelle de toute une vie ! Certains objecteraient qu’ils étaient encore jeunes, qu’ils avaient le temps. Mais Juliet savait pertinemment qu’elle s’apprêtait à faire le bon choix. Parce que Jeremy était l’homme de sa vie, elle en était parfaitement consciente. Il était celui avec qui elle avait toujours envie de tout partager, celui en qui elle pouvait avoir complètement confiance. Elle se voyait à ses côtés dans deux ans, cinq ans, quarante ans. Elle voulait construire sa vie entière avec lui. Dès lors, la réponse était évidente – la réponse, en soit, avait toujours été évidente. Elle voulait l’épouser.

« Oui. » lâcha-t-elle alors, rayonnante.

Elle se laissa ensuite glisser à la hauteur de Jeremy et passa ses bras autour de son cou pour l’embrasser, murmurant à nouveau sa réponse. Elle finit par poser son front contre le sien, un sourire aux lèvres, le souffle court.

« Complètement cap. » souffla-t-elle malicieusement.

Elle resta longuement enlacée à lui, euphorique. Elle était heureuse, comblée. Elle avait la certitude d’être exactement à sa place. C’était Jeremy, c’était la bonne personne, le bon moment, le bon endroit. C’était parfait, tout simplement. Elle ferma les yeux, pour graver ce souvenir dans sa mémoire. Ils allaient se marier. Ils étaient fiancés. Elle eut un nouvel éclat de rire, dû au bonheur qu’elle ressentait. Juliet embrassa une nouvelle fois son fiancé avant de s’écarter légèrement. Elle avait les joues roses, les yeux brillants, un immense sourire aux lèvres, un peu incrédule.

« On va se marier. » lança-t-elle,  et ses propres paroles résonnèrent longuement à ses oreilles. Son regard tomba alors que l’écrin encore ouvert qui dévoilait une bague, qu’elle observa. « Elle est magnifique, Jerem ! » déclara-t-elle avec un sourire.

Elle avait envie de sourire pour n’importe quoi.

Un immense bonheur envahit Jeremy à l'entente de la réponse de Juliet, qui se traduit par un sourire tout aussi large. Heureusement pour les nerfs du jeune homme, Juliet ne l'avait pas fait mariner et sa réponse, avant même de franchir ses lèvres, s'était lue sur son visage rayonnant. Elle avait dit oui ! Jeremy l'accueillit dans ses bras quand elle se laissa tomber à sa hauteur et resserra son étreinte sur sa fiancée, répondant à son baiser avec exaltation. Il avait l'impression que son coeur allait éclater sous l'effet de tout l'amour qu'il éprouvait pour elle, et une sensation de chaleur avait envahi toute sa poitrine, témoignant de son allégresse. Un rire un peu niais s'échappa de ses lèvres suite à la réponse malicieuse de Juliet et il se contenta de garder le silence, savourant le câlin et l'état d'euphorie dans lequel il se trouvait.

Jamais il n'aurait cru qu'une simple réponse pouvait le plonger dans une telle béatitude. Après tout, il ne découvrait pas les sentiments de Juliet à son égard ni son engagement dans leur relation. Qu'était-ce qu'un mariage, comparé à une grossesse ? Une jolie cérémonie, une formalité, diraient certains, mais pour Jeremy cela signifiait étrangement plus que cela. Lui qui n'avait pourtant jamais été particulièrement attaché aux traditions se voyait plongé dans l'impatience à l'idée d'épouser Juliet, de former officiellement une famille, un foyer dans lequel pourraient s'épanouir leurs enfants. C'était l'avenir qui s'étalait sous ses yeux qui le rendait extatique, car il savait que Juliet serait avec lui jour après jour, et c'était son voeu le plus cher qui se réalisait.

Merlin, songea-t-il en s'écartant légèrement de la jeune femme, heureusement que ses copains de Gryffondor ne pouvaient pas lire ses pensées à cet instant. Horace se serait moqué de lui à n'en plus finir... Jeremy bomba légèrement le torse avec fierté quand Juliet le complimenta sur la bague.

"Je trouve aussi ! C'est Olivia qui m'a aidé à choisir ! Elle veut être invitée au mariage en contrepartie, je pense que ça ne posera pas trop de problèmes...", répondit Jeremy avec un sourire malicieux. Il sortit la bague de son écrin puis saisit avec délicatesse la main de Juliet dans la sienne, avant de lui passer la bague au doigt avec jubilation. Quelle chance il avait ! Parfois, il avait du mal à le croire. Non seulement il avait rencontré cette femme formidable mais en plus elle l'avait choisi lui, Jeremy...

"Elle te va si bien", commenta-t-il avec admiration, avant de demander, espiègle : "Mrs Baker... A moins que tu ne préfères garder ton nom ?"

Tout en l'interrogeant du regard, il glissa sa main dans la sienne et l'aida à se remettre sur ses deux pieds, pour rejoindre le vieux canapé de la pièce secrète. Jeremy s'y installa avant d'attirer sa jolie fiancée tout contre lui et de poser sa tête contre la sienne. Ils étaient si bien comme cela... Il pria pour que le temps s'arrête, pour que leur bonheur ne s'arrête jamais et que la vie se poursuive ainsi, douce et pleine de bonnes surprises. C'était une prière vaine, bien sûr, car l'avenir leur réservait de nombreuses épreuves... Mais ils sauraient les surmonter, tant qu'ils étaient ensemble.

Juliet avait dû mal à réaliser ce qu’il venait de se passer. Jeremy l’avait demandé en mariage, et elle avait dit oui. Ils allaient se marier, songea-t-elle, un peu incrédule. Elle laissa un rire lui échapper, avant d’enfouir son visage au creux du cou du jeune homme. Ce n’était pourtant pas si étonnant que ça, qu’ils finissent par se marier. Après tout, ils allaient devenir parents, et le mariage n’était donc qu’une étape logique dans la suite des évènements. Pourtant, Juliet savait qu’il s’agissait de plus que cela. C’était un engagement – un autre – qu’ils s’apprêtaient à prendre, l’un envers l’autre. C’était la promesse de s’aimer jusqu’à ce que la mort les sépare, quoiqu’il arrive. La jeune femme sentit un immense sourire s’étirer sur son visage, alors qu’elle prenait conscience de l’euphorie qui la gagnait. Elle n’avait jamais été aussi confiante en l’avenir qu’à ce moment même.

Elle n’avait pourtant aucune idée de ce que le futur pouvait lui réserver. Elle était enceinte, avait dû quitter son travail, et devait encore trouver une formation pour l’année prochaine, qu’elle ne pourrait intégrer qu’après son accouchement, en octobre. Il était clair que Jeremy et elle allaient devoir faire face à de nombreuses difficultés – financières, par exemple. Pourtant, elle était certaine qu’ils s’en sortiraient – parce qu’ils s’en sortaient toujours. Ils feraient face à tous les obstacles qui allaient barrer leur chemin, comme ils le faisaient depuis plus d’un an. Elle en était certaine. Et pour cause : ils seraient ensemble, ils seraient mariés. Ils allaient fonder une famille.

« Oui je pense qu’on peut inviter Ollie au mariage ! » affirma-t-elle en riant, alors que Jeremy lui passait la bague à l’annuaire de la main gauche.

Elle contempla la bague avec émerveillement, admirant le choix de son fiancé et de sa meilleure amie. Elle était parfaite. Ce jour était parfait, songea la jeune femme, alors que Jeremy la complimentait.

« C’est parce que tu l’as bien choisie ! » répliqua Juliet avec un sourire, avant de se pencher pour l’embrasser.

Elle saisit par la suite la main de son fiancé – son fiancé ! – pour s’aider à se relever, avant de prendre place dans le canapé de la pièce secrète, qui était toujours dans le même état que la dernière fois qu’ils étaient venus. Julia posa la tête sur l’épaule de Jeremy, glissant sa main dans la sienne, et observa leurs doigts enlacés, restant quelques instants silencieuse.

« Mrs Baker. » répondit-elle finalement. « Juliet Baker, ça sonne bien, non ? » demanda-t-elle avec un sourire en coin.

Mrs Juliet Baker, se répéta-t-elle intérieurement, encore peu habituée à la sonorité. Elle allait changer de nom, et l’idée lui plaisait – plus pour le symbole qu’autre chose, à vrai dire. La jeune femme soupira de contentement, et déposa un baiser sur la joue de Jeremy.

« Tu as une idée pour la date du mariage ? » lança-t-elle ensuite, avant de rajouter : « Bon, après la naissance du bébé, déjà, que je puisse rentrer dans une robe… » elle baissa les yeux vers son ventre arrondi, et fut secouée d’un léger rire.

Elle allait devoir trouver une robe… Elle qui d’ordinaire n’était pas très enthousiasme à l’idée de faire du shopping, était cette fois bien plus impatiente de se mettre à la recherche d’une robe de mariée… Et elle était persuadée qu’Olivia le serait également !

« Et dans une autre considération parfaitement existentielle… Mariage moldu ou sorcier ? »

Du désavantage de descendre à la fois d’une famille Sang-Pur et d’une famille parfaitement moldue.

« Ça sonne parfaitement bien », répondit Jeremy en répétant « Juliet Baker » dans sa tête, un sourire béat s’étirant sur ses lèvres. Il allait fonder sa propre famille, un an après l’implosion du mariage de ses parents, et c’était une pensée si merveilleuse qu’il en avait le vertige. C’était un peu comme si un rêve qu’il n’avait jamais eu conscience d’avoir venait de se réaliser et il se moquait bien, à cet instant, de l’avis que pourraient avoir leurs familles. Quoi qu’ils en disent, Jeremy était persuadé qu’ils avaient tort : ils n’avaient pas tout le temps du monde pour grandir et se construire. Il n’avait pas envie d’attendre pour commencer à construire sa vie, alors qu’elle était déjà là, à portée de main, prête à être vécue. Qui savait ce qui pouvait arriver, quelles épreuves pouvaient être mises sur leur chemin ? Qui savait s’ils ne le regretteraient pas, s’ils n’écoutaient pas leur instinct qui les poussait à s’unir et à vivre ensemble ? S’engager auprès de Juliet était sans nul doute le choix le plus sensé, le seul qui avait vraiment du sens, d’ailleurs. Quand on n’avait pas le moindre doute, il fallait foncer sans se poser de questions et profiter de cet état de grâce dans lequel vous mettait l’autre personne. Tant pis si l’on ne suivait pas la route toute tracée que la société voulait nous voir emprunter…

Jeremy joignit son rire à celui de Juliet lorsqu’elle mentionna sa grossesse et posa sa main sur le ventre de sa fiancée dans l’espoir de sentir un coup de pied.

« Tu serais une mariée formidable même avec un gros ventre, mais il vaut mieux attendre, oui ! »

Si la question de la date était épineuse, celle du type de mariage l’était beaucoup moins. Jeremy répondit joyeusement :

« Moldu ! Pour les membres de ta famille et pour mon frangin, ça sera mieux. Bon, ça fera râler Théo, mais il doit avoir l’habitude maintenant… Enfin, après, si tu préfères un mariage sorcier, ça m’irait aussi, bien sûr. C’est la mariée qui décide ! »

Et, d’une manière générale, c’était Juliet qui décidait. Non pas qu’elle ait un ascendant particulier sur Jeremy, qui trouvait leur relation tout à fait équilibrée, mais il avait un peu tendance à la laisser choisir en cas de désaccord, tant il voulait la voir heureuse. Il en serait de même pour leur mariage, pour lequel Jeremy n’avait pas vraiment d’attentes. Tout ce qu’il voulait était de s’amuser à la cérémonie avec tous ses amis, et de voir toute sa famille présente également, mais la date, le lieu ou encore la couleur des ronds de serviette lui importaient peu.

« On peut attendre le mois de juin 2009 », ajouta-t-il avec une moue peu convaincue. Cela lui paraissait être inatteignable et, à l’échelle de leur relation, cela l’était. C’était ainsi, le jeune couple avait tendance à s’attirer des ennuis et à vivre des aventures rocambolesques, qui cette année les avaient même conduits jusqu’aux magasines à scandale.  Jeremy et Juliet vivaient vite, c’était ainsi, et Jeremy avait appris à apprécier ce rythme effréné que suivait leur relation. Cela lui donnait l’impression de croquer la vie à pleines dents et d’apprécier tout ce qu’elle avait à lui offrir. Jeremy n’avait donc aucune envie d’attendre une longue année pour épouser la femme de sa vie, et le mariage de Samaël et Théo qui se profilait ne faisait qu’amplifier son impatience. Ils pourraient se faire des repas de couples mariés, ce qui prendrait agréablement le relai des éternelles soirées pizza-jeux vidéo avec les copains. Bon, techniquement, ils pouvaient déjà le faire, mais le mariage ajoutait une saveur particulière à l’expérience. Cela lui donnait une touche plus adulte, sans doute.

« Sinon… Puisque la naissance a lieu à l’automne, on peut toujours se marier à Noël. Ça serait un mariage original, non ? Bon, il faut qu’on voie si on s’en sort financièrement, bien sûr. Ce n’est pas donné, un mariage, surtout tout de suite après la naissance du bébé, ce n’est sûrement pas très raisonnable, mais… »

Il haussa les épaules, adoptant quasi-inconsciemment ses yeux de cocker.

« Je suis sûr qu’on peut s’en sortir, si on n’a pas la folie des grandeurs au niveau de la réception. Ce serait sympa, tu ne crois pas ? »

« Moldu, ce sera mieux en effet ! » qui se voyait mal ne pas inviter sa famille à son mariage. Elle était bien plus proche des Wilson que des Flint, et avait réellement d’avoir sa cousine Ariane à son mariage – en demoiselle d’honneur, très probablement. Tant pis pour ce que dirait ses amis sorciers ! Elle était persuadée que Théo ne râlerait pas (trop). « C’est surtout grand-mère qui va râler… » déclara-t-elle avant d’hausser les épaules et de capturer les lèvres de son petit-ami. « Tant pis, après tout, c’est nous qui décidons ! »

Et effectivement, réalisa Juliet, c’était eux qui allaient décider de l’intégralité de leur mariage. Par Merlin, comment organisait-on un mariage ? Juliet avait toujours admiré les mariées, qui planifiaient ce jour de A à Z, et qui trouvaient le courage de venir à leur propre mariage. Maintenant, c’était elle dans le rôle de la mariée et, évidemment, elle trouvait cela bien plus amusant, puisque ça la concernait directement. Sa mère l’aiderait sûrement, songea-t-elle, et sa grand-mère aussi. Peut-être qu’Isadora Flint tolèrerait même le côté « moldu » pour venir au mariage de sa petite fille ? Ce n’était pas sûr, mais tout restait possible.

« On peut attendre le mois de juin 2009, oui… » répéta Juliet avec la même moue peu convaincue que son petit-ami.

En soit, c’était la chose la plus raisonnable à faire, non ? Gabrielle serait née depuis plusieurs mois, ils auraient le temps de préparer le mariage, de faire quelque chose de convenable… Pourtant, Juliet n’y croyait pas, et il lui semblait que Jeremy était du même avis qu’elle. Son visage s’éclaira suite à sa proposition et elle hocha la tête. Un mariage à noël, voilà un principe qui lui plaisait bien ! Ce serait original, comme le disait Jeremy, et puis il y avait de quoi faire un beau mariage, à cette date là.

« Noël, ce serait parfait ! Ou peut-être quelque jour après Noël… Enfin, dans ces eaux là ! Ce serait génial. »  approuva-t-elle. « On non, pas besoin de faire de notre mariage l’évènement mondain de l’année, par Merlin ! » elle rit avant de grimacer, en songeant aux mariages mondains auxquels elle avait assisté. Quelle horreur, vraiment ! Elle préférait nettement faire un mariage en petit comité, avec sa famille et de bons amis avec lesquels elle s’amuserait bien !

« Donc un mariage moldu à Noël… » récapitula-t-elle en baissant les yeux vers sa bague de fiançailles.

Elle prit le temps de savourer cette phrase, un grand sourire sur le visage. Elle avait encore un peu de mal à en revenir, mais la sensation que lui procurait cet évènement était merveilleuse. Elle allait se marier avec Jeremy, qui était – sans le moindre doute – l’homme de sa vie. Elle eut un soupir heureux avant de basculer pour s’installer sur les genoux du jeune homme. Glissant ses mains autour de son cou, elle rapprocha son visage du sien.

« Ça me plait ! » souffla-t-elle avant de capturer ses lèvres en un long baiser.

Il y avait bien évidemment une tonne de choses à organiser. Le lieu à trouver, la robe à chercher, les fleurs à commander, les repas à tester, les invitations à envoyer… Mais pour l’instant, Juliet avait seulement envie de profiter du moment présent avec son fiancé…