Un cas épineux [Pv Jacob - Alastair]

09 Mai 2008

En cette douce matinée ensoleillée, une tension palpable pouvait se ressentir dans le bureau du Directeur du Département des Accidents et Catastrophes Magiques. En effet, alors que Jacob Dalhiatus était d'une humeur plutôt radieuse ces derniers temps, notamment depuis l'arrivée de sa dulcinée sur le sol anglais; cette quiétude éphémère fut rapidement remis en cause par l'arrivée d'un message expédié par hibou. Ternissant ses pensées, un rapport d'incident pouvant compromettre le Secret Magique venait de lui être rapporter dans les environs de la ville de Sheffield. L'intransigeant directeur n'était pas prêt à en sous estimer la gravité, et se devait d'intervenir aussi rapidement que possible. La mâchoire crispée, Jacob décortiquait chaque ligne du document, alors qu'un seul mot lui venait à l'esprit : Incompétence!

Le directeur de département n'aimait pas le travail bâclé, surtout si la faute finissait par retomber directement sur un secteur clef comme celui des Oubliators. Nul doute qu'une bavure s'était produite quelque part et il faudrait sans doute désigner sous peu les responsables à l'origine de ce fiasco. Brigade de Police magique, Aurors, DOM... Tous ce petit monde allait bien vite s'activer. Il suffisait d'être le plus prompt, et Jacob était prêt à tout pour que la responsabilité ne retombe par sur ses services. L'urgence était d'agir! La main de Jacob Dalhiatus tapota nerveusement la surface de son bureau alors que ses neurones de Serdaigle s'activaient pour trouver une solution immédiate à cet épineux problème. Une nouvelle fois, il examina en silence le rapport de la Brigade de Police concernant les faits reprochés à une certaine Holly Sturidge...

* Rapport d'incident : En cette nuit du 08 Mai 2008, aux alentours de 23h40, Holly Sturidge, née moldue de 32 ans, résidente de la Cité Nimbus et mère de cinq enfants; s'est présentée aux urgences du Northern General Hospital de la ville moldue de Sheffield, avec son dernier-né gravement malade dans les bras. Celui-ci, répondant au nom de Ducky Sturidge, 8 ans, souffrait de symptômes analogues à ceux de la consumeuse, et serait décédé peu de temps après son arrivée. En état de choc, Holly Sturridge aurait alors proféré des propos incriminant le monde magique, et plus particulièrement l'usine de balais Nimbus, les Pompadour, ainsi que l'hôpital de St-Mangouste. Suite à l'intervention d'un membre de la sécurité de l'hôpital pour la raisonner, Holly Sturidge aurait fait usage de la magie pour s'enfuir. Une équipe d'Auror, ainsi que des membres du DOM furent alors immédiatement dépêchés sur le lieux afin d'étouffer cet incident fâcheux. A ce jour, Holly Sturidge, mère au foyer, demeure toujours introuvable. Ses quatre enfants, tous mineurs, ont été placé en cellule de soin intensif à Saint-Mangouste en vue d'effectuer une batterie de test pour voir s'ils ont contractés la consumeuse. *

Jacob Dalhiatus resta un instant dubitatif, notamment sur le danger réel que représentait cette Holly Sturidge. En tout cas, rien n'excluait qu'elle récidive et compromette à nouveau le secret magique. Le MIM n'ayant pas besoin d'un nouveau scandale, il fallait la retrouver avant qu'elle ne cause davantage de tort. Bien entendu, ce n'était pas de son ressort de mener l'enquête, mais il devait se tenir prêt au cas où une intervention nécessiterait la présence d'oubliators. Le directeur leva alors les yeux vers la porte de son bureau qui venait enfin de s'entrouvrir sur le visage médusé du chef de service des Oubliators.

"Monsieur Dalhiatus, je tiens à vous informer que nous sommes parés à intervenir dès que la cible sera localisée... "

Jacob n'éprouvait aucune sympathie à l'égard du chef actuel des oubliators, et il ne le nommait que rarement par son nom. La manière méprisante avec laquelle il s'adressait à lui pouvait passer pour une forme de harcèlement, mais à vrai dire il s'agissait plus d'un jeu pour le sarcastique Directeur de Département. A peine fut-il entré, que Jacob lui lança un regard narquois, ponctué d'une petite formule assassine.

"On ne vous a pas apprit à frapper aux portes? Refaite une entrée plus convenable et peut être je daignerai vous adresser la parole... "

Le chef des Oubliators quelque peu déstabilisé, fixa ses pieds une seconde, puis se décida à ressortir en fermant la porte derrière lui. Deux secondes s'écoulèrent, et des coups résonnèrent sur la surface de la porte. Un sourire amusé éclaira le visage pale de Jacob Dalhiatus.

"Je vous en prie, prenez la peine d'entrer! Oh quelle belle surprise... Vous disiez? " 

Jacob se demandait parfois comment le petit chef des oubliators faisait pour supporter quotidiennement son mépris. Qui sait? Lui asséner perpétuellement sa médiocrité le pousserait peut être à la démission, ou mieux encore le rendrait aussi docile qu'un agneau. Un jour ou l'autre, Jacob devrait s'en débarrasser et nommer quelqu'un plus en adéquation avec les exigences du poste, mais pour l'heure le petit homme rondouillard l'amusait. Ce dernier tenta de s'exprimer à nouveau.

"Monsieur Dalhiatus, je tenais à vous dire que la cible était... "

Jacob laissa retomber violemment sa paume de main sur la surface de son bureau, ce qui fit sursauter le malheureux chef des oubliators.

"Depuis quand une ménagère de moins de cinquante ans est considérée comme une cible? A vous entendre, on croirait qu'il s'agit là d'Alcyd Mardol en personne ou même de la réincarnation de Voldemort! Un peu de sérieux! Cela nécessite une intervention, mais certainement pas tout votre infâme jargon militaire! Maintenant vous allez cesser vos verbiages inutiles et m'écouter... "

Le directeur se leva de son bureau pour se diriger vers le petit chef bedonnant des oubliators. Le dominant de toute sa taille, Jacob le fusilla de son regard sévère. Il s'exprima alors sur un ton ne souffrant d'aucune discussion.

"Vous allez entrer en relation avec le bureau des Aurors, de manière à établir une passerelle avec notre service au cas où notre dangereuse mère de famille se transformerait en psychopathe sanguinaire. Je veux un rapport détaillé sur cette Holly Sturidge, le plus rapidement possible! Et puis si nous avons besoin d'intervenir en zone sensible, j'ai besoin d'un oubliator digne de confiance pour éviter que la situation ne s'envenime. Allez me chercher votre meilleur homme, et faite le venir immédiatement! Qu'est-ce que vous attendez pour agir? Vite! "

Jacob secoua la tête avec dépit en voyant l'homme s'empresser de partir. L'année qui s'annonçait serait celle du changement, et le directeur du département des catastrophes magiques se demandait s'il ne devait pas dores et déjà opérer à un grand ménage de printemps. Pour débuter, un nouveau chef des oubliators serait peut être une idée judicieuse. Jacob s'enfonça dans son fauteuil et fixa la porte de son bureau, bien curieux de voir quel hurluberlu allait lui ramener son incompétent chef des oubliators.

Jacob caressa avec douceur la tête de son chat tigré qui venait de bondir sur son bureau. Il se demanda l'espace d'une seconde ce que pouvait faire Swann. Sans soute, qu'elle devait réorganiser sa boutique de Londres, en vue de l'agrandir. Cette jeune femme ne manquait ni d'ambition, ni de courage quand il s'agissait de mener à bien ses affaires. Jacob soupira à l'idée du temps qui la séparait encore de sa belle.

Un pas décidé se dirigeant vers son bureau le fit sortir de sa torpeur. Il s'agissait probablement de l'oubliator désigné. Plutôt que de s'interroger sur son identité, Jacob se demanda s'il aurait la délicatesse de frapper à sa porte avant de pénétrer dans son antre...

Alastair releva le regard de son parchemin lorsqu'il entendit la voix mécontente de son supérieur passer devant lui. Visiblement, le fuite de Holly Sturidge était devenu un cas de force majeure et Gradwell devait en référer à leur supérieur hiérarchique, Jacob Dalhiatus. L'entente cordiale n'avait jamais été de mise entre eux, ce n'était un secret pour personne, le chef des Oubliators avait une peur bleue de leur chef de service. Ce qui n'aidait sans doute pas les rapports cordiaux. Il fallait dire que parfois Gradwell pouvait être un incompétent fini doublé d'un imbécile. Il avait d'ailleurs été l'un des premiers à regarder Théo d'un autre oeil après le nouvel an. Pour lui, les affaires privés n'avaient pas à entrer dans le travail. Il ne jugeait le jeune Nott que sur ses compétences au travail. Ce qu'il faisait de sa vie en dehors ne le regardait pas. Et il avait dû le rappeler à plus d'un au sein du bureau. Il avait même pendant un instant qu'il faisait le supposé boulot d'un chef. Normalement, ce genre de rappel à l'ordre aurait dû être effectué par Gordon et non par lui. Enfin, il semblait que l'homme avait des choses beaucoup plus importantes à faire. Par exemple essayer de garder son poste puisque Dalhiatus semblait se faire un plaisir de tourmenter le pauvre homme.

Alastair n'était pas homme à prendre parti ouvertement ni à profiter du malheur des autres pour son propre intérêt. Il ne s'amusait pas de la disgrâce de son supérieur direct. Tout cela n'engendrait que des tensions au sein du bureau. Bien sûr, il savait que d'autre prenait un malin plaisir à se faire bien voir afin d'obtenir une promotion. Il ne fit aucun commentaire lorsque Gradwell passa devant lui en grommelant, il voyait à la pâleur anormale de son visage qu'il craignait un peu la visite qu'il s'apprêtait à faire. Lorsque l'homme eu disparu, il ne se mêla pas aux discussions de ses collègues qui commençaient à prendre les paris. Il trouvait cela puéril, rire du malheur des autres était une chose abjecte. Il poussa un soupir exaspéré et reporta son attention sur son parchemin. Il n'avait pas fait parti des personnes ayant intervenu la veille puisqu'il était de repos. Mais Yoric lui avait envoyé un hibou lui expliquant l'affaire pour le prévenir qu'il aurait sûrement du boulot aujourd'hui. Il poussa un nouveau soupir et se massa le front en reposant la lettre sur son bureau. Une histoire bien complexe avec beaucoup de retombées.

"Brennan, Dalhiatus veut te voir."

Al releva la tête un peu surpris. Il détailla son supérieur et remarqua la barre de contrariété qui lui barrait le front. Visiblement cet entretien ne s'était pas réellement bien passé. Il ne posa aucune question et se leva de son fauteuil. Il ne valait mieux pas demander d'explication à Gordon, le directeur de département le ferait sans doute bien mieux que lui. Il enfila rapidement sa cape, attrapa sa baguette qu'il rangeait toujours dans un tiroir de son bureau et se dirigea d'un pas sûr vers le bureau de Dalhiatus. Il n'avait vraiment de jugement sur cet homme, il lui semblait droit et intègre avec une volonté de fer. Il savait ce qu'il voulait et arrivait sans doute souvent à l'obtenir. Il maniait le cynisme avec beaucoup de panache et en quelque sorte, Alastair ne pouvait que le respecter. Il frappa quelques coups à la porte de son supérieur hiérarchique et entra dans le bureau. Il esquissa un sourire poli et fixa son regard professionnel dans celui de Jacob.

"Vous vouliez me voir, monsieur ?"

Il n'était pas du genre à lécher les bottes de ses supérieurs mais il savait toujours où était sa place et ce qu'il devait faire. C'était l'un de ses plus grands atouts. Ne jamais paniquer ni montrer ce qu'il pouvait bien penser ou ressentir quelque soit l'urgence ou la gravité de la situation.

Avec l'aplomb d'un Sphinx gardant l'entrée d'une pyramide, Jacob Dalhiatus ne lâcha pas des yeux le nouvel arrivant. Décortiquant le moindre de ses faits et gestes, le Directeur de Département demeura silencieux de longues secondes afin de se forger sa propre opinion sur l'homme que venait de lui amener l'incompétent chef des Oubliators. Une entrée en scène sobre et efficace, empreint d'une politesse et dun applomb exemplaire, nul doute que le nouvel entrant disposait d'une classe d'écart avec ce... Comment s'appelait-il déjà? Gras'd'Moelle? Gradewell? Non... C'était Gradwell. Dalhiatus avait cette fâcheuse tendance de ce souvenir que des personnes dignes d'intérêts, et Alastair Brennan en faisait partie. C'était l'un des Oubliators les plus doués de sa génération, dont on ne comptait d'ailleurs déjà plus ses hauts faits d'armes sur le terrain. Jacob appréciait tout particulièrement ce profil d'individu. En plus de son expérience, Brennan disposait d'une conscience professionnelle indiscutable, sachant allier sang froid et grande discrétion dans les situations les plus périlleuses. Deux qualités absolument indissociables du métier d'Oubliator. Doté d'un fort tempérament, ce n'était pas le genre d'homme qui se laissait marcher sur les pieds. Parfois cela lui avait été reproché, mais Jacob ne lui en tenait pas rigueur. Le directeur du Département des catastrophes magiques appréciait particulièrement les fortes personnalités; Celles qui osent révéler le fond de leurs pensées et ne pas s'asseoir sur leurs amour propre. Alors que le docile chef Gras'de'Moelle ne lui inspirait que du mépris, Jacob Dalhiatus se sentait disposé à parler d'égal à égal avec l'Oubliator qui venait de lui être présenter.

Alors que Titus ronronnait et plantait ses griffes de félins dans la surface du bureau, Jacob Dalhiatus finit par adresser un léger sourire au nouvel arrivant.

"Monsieur Brennan, j'osais espérer que cela soit vous que Gradwell m'envoie. Comme quoi même le dernier des incapables peut parfois accomplir des prouesses. "  Le directeur désigna alors d'un geste de la main un siège qui trônait devant son bureau. "Mais je vous en prie, prenez vos aises. Vous prendrez bien un peu de thé? "

Caressant toujours son chat Titus d'une main, Jacob fit virevolter avec maitrise sa baguette de l'autre. Des tasses en porcelaine, ainsi qu'une théière se mirent à léviter dans les airs, pour venir se reposer doucement sur le bureau. Jacob Dalhiatus désigna poliment le service à thé, puis prenant lui-même une tasse, il en bu une gorgée avant de la reposer. Il contempla alors longuement Alastair Brennan, avant de prendre la parole.

"Monsieur Brennan... Depuis combien de temps exercer vous la profession d'Oubliator? Plus de vingt ans, si je ne m'abuse... " Jacob avait l'art de faire les questions et les réponses, mais il patienta quelques secondes avant d'enchainer la discussion. "Vous voyez monsieur Brennan, j'ai la chance de disposer d'une excellente mémoire, et il se trouve que je me souviens parfaitement de vous durant la bataille qui décida du sort de ce monde. Malgré votre jeunesse, vous vous battiez comme un lion enragé contre les hordes de Mangemorts, avec une détermination que j'ai rarement vu chez d'autres hommes...  "

Dalhiatus se délecta d'une nouvelle gorgée de thé, puis reposant sa tasse, il plongea son regard froid dans celui de l'Oubliator.

"Mais après plus de vingt ans de bons et loyaux services au sein des Oubliators; Disposez-vous toujours de la même détermination pour traquer le mal? N'éprouvez-vous point de lassitude à exercer cette fonction? Je vous en prie, monsieur Brennan, vous pouvez me parler sans détours. Je déteste les secrets et j'avoue que j'aimerai connaitre les vôtres. Quelles sont vos motivations actuelles? "

Le chat tigré de Dalhiatus cessa soudainement de ronronner, et un silence impressionnant saisit le bureau du Directeur de Département des Catastrophes Magiques. Les yeux de Titus, tel deux agates couleur verte-émeraude se mirent alors à fixer Alastair Brennan, se conjuguant ainsi au regard appuyé que lançait son maître sur l'homme. L'heure de vérité venait de sonner. Jacob Dalhiatus allait enfin pouvoir se faire une idée de qui était réellement ce Alastair Brennan...

Jacob Dalhiatus était un homme qui imposait le respect, c'était un point indéniable pour Alastair. Il y avait cependant différente forme de respect. Le respect admiratif et le respect craintif. Pour l'Oubliator, son sentiment à l'égard de son supérieur était très certainement un savant mélange de ces deux formes. Il se permit un sourire sur la remarque sur Gordon même si en son fort intérieur, il trouvait cela peu charitable pour un directeur de département de parler ainsi de l'un de ses chefs de service devant un simple fonctionnaire. Il n'était rien de plus qu'un homme de terrain après tout, il était dans le bas de la hiérarchie pas plus qu'un autre Oubliator et entendre son supérieur direct se faire rabaisser de la sorte, il ne trouvait pas cela correct. Néanmoins, il ne se permit pas de commentaire, se contentant de s'asseoir sur la chaise qui faisait face à son directeur tout en le remerciant aimablement pour le thé.

Il l'observa en silence servir le breuvage d'un coup de baguette et se saisit de sa tasse lorsqu'il l'y invita. Il trempa furtivement ses lèvres dans sa tasse et but une petite gorgée de thé avant de la reposer sur sa soucoupe. Il ne put s'empêcher de remarquer la délicatesse des dessins sur le service. Il avait dû coûter une certaine somme. Mais Dalhiatus avait très certainement les moyens, bien plus que lui, c'était certain. Il s'interrogea un instant sur sa présence dans le bureau de l'homme et jeta un rapide coup d’œil au chat sur les genoux de son maître. Il redressa le regard lorsque le maître des lieux repris la parole.

"C'est cela monsieur. Cela vingt-trois ans, en septembre, que je travaille ici."

Il ne voyait pas très bien où tout cela le mènerait mais il resta silencieux, se contentant d'écouter de boire de temps à autre une gorgée de thé sans montrer le moindre sentiment ou le moindre étonnement. Il avait appris depuis longtemps à rester impassible en toute circonstance, à se forger un masque d'impassibilité. Masque qu'il lui arrivait même de conserver dans sa vie privée depuis la mort de Lucy. Il commençait lentement à le perdre depuis qu'il fréquentait Margot mais les blessures étaient parfois longues à cicatriser, surtout celles du cœur. Il baissa toutefois le regard pour marquer sa gêne face à l'éloge que lui réservait son supérieur. Il était peu habitué à de tels discours. Il se contentait de faire son travail mais jamais encore, on ne lui avait parlé de son rôle au cours de la seconde guerre. Du moins pas au sein du bureau. Il savait également que l'invitation à se confier de son directeur de département n'était qu'un leurre. Il ne pouvait décemment pas parler de Lucy et de la douleur que sa perte avait provoqué en lui. Tout comme il ne pouvait pas parler de ses enfants. Ce qui faisait sa force et son acharnement était au tout début la vengeance puis dans un second temps, l'envie de construire un monde meilleur et sûr pour ses enfants. Il ne pouvait décemment pas parler de cela. Ce n'était pas professionnel. Il prit donc le temps de réfléchir aux mots qu'il allait utiliser. A la façon qu'il allait présenter la chose.

"Ma détermination à chasser le mal n'a pas disparu monsieur. Je ne pense pas pouvoir l'expliquer. C'est quelque chose que je possède en moi j'imagine. L'injustice est une chose que je ne tolère pas. Ce qui m'a coûté quelques avertissements par le passé, j'en conviens."

Il se permit une petit pause pour remettre ses pensées en place. Ses motivations actuelles étaient les mêmes qu'il y avait vingt-ans. Il ne voyait pas ce qu'il pouvait ajouter de plus.

"Mes motivations actuelles sont les mêmes qu'il y a vingt-trois ans monsieur. Préserver le secret magique pour préserver la sécurité des sorciers vivants dans notre état. Tout en continuant à essayer de comprendre les mystères de la mémoire humaine et améliorer toujours plus nos méthodes pour causer le moins de dommage possible au cerveau."

Pour lui, la partie recherche était tout aussi importante que la partie terrain. Sinon pourquoi s'embêter à former des Oubliators, après tout, le premier sorcier venu était capable de lancer un sort d'oublie avec un peu d'entrainement. Cette folle d'Ana Sorden en était la preuve vivante puisqu'elle avait essayé d'effacer la mémoire de la petite Emma Blackbonnes l'année passée.

Jacob Dalhiatus entrecroisa ses doigts dans une attitudes de prière, alors que son employé lui exposait ses motivations. Vingt-trois longues années de bons et loyaux services au service des Oubliators et un était d'esprit resté intact; voila le tableau que lui dressait Alastair Brennan. A vrai dire, le Directeur de Département ne doutait pas une seule seconde de sa bonne foi. Ayant consulter récemment son dossier et ses états de service, l'Oubliator Brennan lui apparaissait déjà comme un élément irréprochable, et ce malgré quelques sautes d'humeur passagères et une propension à vouloir exprimer ses opinions de manière trop véhémentes. Mais cela n'était pas pour déplaire à Jacob, qui préférait nettement mieux un homme qui ose exprimer ses griefs, plutôt qu'un autre qui couverait dans l'ombre toute sa rancune. Alastair Brennan lui apparaissait comme un homme entier, éprit de justice, et digne de confiance. Mais était-ce bien le cas? Tout homme dissimule des secrets, et nul doute que même le plus parfait petit soldat, aussi droit dans ses bottes soit-il, se préserve de révéler toute la vérité...  

Jacob Dalhiatus approuva d'un hochement de tête les dires de l'Oubliator. Son chat Titus ronronnait de manière presque mécanique, alors que Jacob recouvrait son pelage de caresses toutes plus délicates les unes que les autres. A vrai dire, un détail le dérangeait dans l'argumentaire, et celui-ci concernait directement les éventuels états d'âmes que pourrait ressentir l'Oubliator Brennan. Parfois pour assurer la justice au sein du monde sorcier, il ne fallait pas hésiter à se salir les mains et accomplir des actes pouvant se heurter à la morale propre à tout individu. Alastair Brennan ferait-il cas de conscience si Dalhiatus lui soumettait un ordre au demeurant cruel? Serait-il capable de mettre en berne ses idéaux de justice utopiste si un sacrifice s'avérait nécessaire pour le bien de la communauté sorcière? Obéirait-il de manière aveugle aux ordres découlant de sa hiérarchie? Pour lever ces doutes, Jacob devait le tester d'une manière ou d'une autre. L'affaire Sturidge semblait alors tomber à point nommé pour se faire une idée concrète sur les capacités de cet Alastair Brennan. Jacob cessa de caresser son chat tigré, avant de s'avancer sur sa chaise de manière à s'adresser à l'Oubliator.

"Vous savez, Monsieur Brennan, je ne doute en aucune manière de vos facultés à savoir vous remotiver et exercer avec brio les tâche que l'on vous assigne. Il ne fait pas l'ombre d'un doute que vous êtes un Oubliator exemplaire. En vingt-trois ans de bons et loyaux services, je n'ai pas eu l'occasion de me plaindre de vous. Mais il n'empêche que quelque chose m'intrigue fortement... "

Jacob leva sa tasse, sans perdre des yeux l'oubliator. Il finit par s'exprimer sur un ton faussement détaché.

"J'avoue ne pas comprendre le manque d'ambition qui vous caractérise. Pourquoi un Oubliator aussi irréprochable que vous ne cherche point à évoluer et gravir les échelons de la hiérarchie? Vous avez les compétences nécessaire pour occuper de hautes fonctions au sein de mon département, et pourtant... Jamais, vous n'êtes venu me parler d'un éventuel plan de carrière ou de vos aspirations. Serait-ce un manque d'ambition? Ou simplement une volonté de votre part de n'avoir point à assumer trop de responsabilités, et donc de vous cantonner à votre petite routine gentillette. J'avoue que je m'interroge... "

Tel un dandy soucieux de son apparence, Jacob réajusta le col de sa chemise. Puis sans lui laisser le temps de répondre, il finit par lui révéler le fond de sa pensée.

"C'est dommage car j'avais réellement de grands projets pour vous. Mais après tout, cela ne correspond peut-être pas à vos attentes. A votre âge, je suppose que vous préférez peut-être sillonner sur les rives d'un lac paisible et familier, plutôt que de vous engager dans un torrent tumultueux et plein de désagréments. C'est compréhensible... " Jacob fit alors mine de ranger un dossier dans son tiroir, puis levant un bref regard sur Alastair, il tenta de mettre fin à cet entretien. "Vous pouvez disposer monsieur Brennan, je crains que vous n'aillez pas les épaules suffisamment larges pour satisfaire ma demande. Sur ce, bonne journée. "

L'heure d'éprouver les motivations et les ambitions de l'Oubliator Brennan était venue. Allait-il se révolter et s'imposer en leader ou rentrer dans la masse des oubliators anonymes? La balle était dans son camp...

Alastair ne lâchait pas son supérieur de regard, il essayait de voir où il voulait en venir. Une tentative de flatterie qu'il ne relève pas puis un long monologue sur son manque d'ambition. Et pour finir, il le congédie sans à aucun moment lui avoir donné la raison de sa présence. Il fronce les sourcils, évidemment, il pense avoir compris. Jacob Dalhiatus veut remplacer Gordon et il semble qu'il ait eu dans l'idée de le mettre lui à la place. Il n'arrive pas à décider si cela l'enchante ou l'agace. Il n'aime pas tellement la façon dont cet entretien est mené, néanmoins, il ne se démonte pas. Il reste assis bien droit sur sa chaise et plonge son regard dans celui de son directeur de département.

"Ce n'est pas un manque d'ambition monsieur. Je ne voyais juste pas de raison à me proposer à un poste pour lequel d'autres personnes semblaient plus compétentes et plus désireuses que moi à l'occuper."

Il termine sa tasse de thé, il est impoli de ne pas finir ce que l'on nous offre. C'est l'une des premières leçons qu'il a apprise à ses enfants. Il observe son supérieur une nouvelle fois. Ce qu'il lui propose est tentant, il ne sait pas si il doit accepter néanmoins. Pourtant, il sent qu'il est tant de passer à autre chose. L'envie d'évoluer se fait sentir, il ne veut pas passer le reste de sa carrière à stagner et à être pris pour un vieux bougon. Il a toujours voulu que les choses changent que les collègues soient un peu plus écouté et considéré. Peut-être est-ce le moyen d'y arriver.

"De plus, je trouve assez impoli de venir quémander. Je pense que la détermination, la fiabilité et la compétence amènent les choses à ceux qui savent attendre. Néanmoins, je reconnais qu'il faut parfois savoir saisir les opportunités. J'ai passé quinze années de ma vie à former de futurs oubliators. Je pense avoir prouvé plus d'une fois mes compétences et être capable de savoir gérer une équipe."

Il esquisse un léger sourire avant de poser son regard sur le chat ronronnant sur les genoux de Dalhiatus.

"Cependant, si vous jugez qu'une personne plus jeune, plus volontaire et plus compétente que moi peut occuper un tel poste, je vous en prie nommez le immédiatement."

Il espère l'avoir convaincu, il se permet un nouveau sourire pour conclure.

"Vous ne trouverez pas d'hommes plus attaché aux valeurs des Oubliators dans ce service que moi. Je connais chacun des hommes et femmes qui travaillent ici, je connais mon travail et je sais lorsqu'il faut agir, lorsqu'il faut étouffer ses remords pour le bien de la société. Vous ne trouverez pas d'homme plus dévoué que moi, ici. A moins que vous ne vous laissiez corrompre par les apparences."

Son travail a toujours eu une très grande place dans sa vie. Il a parfois même souvent fait passer son métier avant sa famille. Il aime Margot et ses enfants bien évidemment mais cette opportunité qui s'ouvre à lui est ce dont il a toujours rêvé, ce qu'un jour il espérait sans le savoir. L'aboutissement de sa carrière. Il se tait enfin, profitant du silence pour reprendre son souffle.

Jacob Dalhiatus apprécia le sursaut d'orgueil de l'Oubliator, nul doute qu'il l'avait égratigné quelque part dans sa conscience professionnelle. Mais malgré ses piques, Alastair demeura très digne et maître de ses nerfs, conservant le respect dû à son supérieur hiérarchique. En effet, il connaissait toutes les ficelles du métier, et il avait d'ailleurs formé une multitude de jeunes apprentis. De plus, aucune bavure ne venait entacher ses états de service, et Jacob n'avait jamais eu à se plaindre de lui. D'un point de vue comportemental son franc parler pouvait parfois déplaire, mais tant que ses ressentiments ne quittaient pas les murs du QG, il n'y avait trop rien à dire. Alastair savait dompter le fauve qui ronronnait en lui, et ne le laissait rugir que lorsque la situation le permettait. Rien à dire, cet homme avait toutes les qualités pour devenir un chef respecté par ses subalternes, et le choix de la promouvoir à la tête des Oubliators s'imposait de lui même. Et pourtant...

Jacob éprouvait un pressentiment étrange à son égard. Un soupçon paranoïaque lié à sa carrière et à cette image trop lisse que Alastair lui offrait. Certes on ne louait que ses qualités de formateur! Quinze ans d'expérience sans anicroche, de réelles compétences dans l'art de défausser les mémoires, cela imposait indubitablement le respect. Mais le Directeur du Département des Catastrophes Magiques ne savait que trop bien que même un lac au flot paisible pouvait cacher des pièges mortels pour le baigneur trop imprudent. Quelque chose semait le doute. Une intuition. Jacob Dalhiatus avait toujours fonctionner à l'instinct, et la nomination du futur chef des Oubliators ne dérogerait pas à cette règle. Il avait d'ores et déjà en tête un nom, pour remplacer cet incapable de Gradwell; Mais ce nom n'était pas celui d'Alastair Brennan...

Jacob caressa langoureusement le menton de son chat Titus. Il savait que l'Oubliator espérait être fixé sur son sort et l'évolution de sa carrière et il se devait de le mettre au parfum. Le directeur cessa alors le jeu des petites brimades déstabilisantes pour lui infliger celui des cinglantes vérités.

"Je ne doute aucunement de vos compétences. Vous êtes un Oubliator exemplaire, et si je ne me tenais qu'à votre CV, vous seriez déjà promu chef des Oubliators. Mais voilà... "

Tout en dévisageant son employé, Jacob recula dans son siège, laissant Titus ronronner comme un bébé tigre dans le coin de son bureau.

"On ressent une telle passion dans vos propos! Cela en serait presque touchant, si nous étions simplement en train de bavasser dans un vulgaire troquet du Londres magique. Mais voyez-vous, la passion et toutes formes d'émotivité sont à exclure pour prétendre à un rôle de décideur au sein de notre service. Vous m'en voyez le premier désolé, mais j'ai décidé de nommer quelqu'un qui correspond mieux au exigences relatives à ce poste... "

Jacob appuya un regard empreint d'assurance sur son fidèle Oubliator, avant de lâcher enfin le nom de l'heureuse élue.

" A partir de demain, Danielle Anna Coleman sera la nouvelle chef des Oubliators. Et rien ne me fera revenir sur cette décision murement réfléchie..."

Les griffes du chat tigré égratignaient la surface du bureau du Directeur du Département, alors qu'un silence pesant venait de s'abattre sur les lieux.

" Comme vous le dites si bien, vous connaissez chacun des hommes et des femmes qui travaillent ici, et vous êtes forcé de reconnaitre que Danielle Coleman est une Oubliator de tout premier ordre. Au même titre que vous, elle pouvait légitimement prétendre à ce poste. Je dois avouer que ce n'était pas un choix facile, tant j'ai longtemps hésité entre vous deux. Par respect pour votre engagement et vos années de service, je tenais à vous informer de cette décision, plutôt que vous ne l'appreniez indirectement. J'espère que cette nouvelle n'affectera point votre motivation et que vous ne nourrirez aucune forme de déception. Car je place beaucoup d'espoir en vous... "

Jacob jeta un bref coup d'œil au document qui traitait de l'affaire "Holly Sturidge", nul doute que cette histoire sordide brassait plus de vent que ne revêtait une quelconque importance pour la sauvegarde du secret magique. Le Directeur saisit le dossier et le tendit en l'air, bien à la vue de son Oubliator.

"A partir de maintenant, vous n'aurez plus à vous occuper de ce genre de fadaise. Jeter des oubliettes à des mères éplorées, ce n'est pas digne d'un sorcier tel que vous! Vous allez bientôt intervenir sur des missions prioritaires qui exigeront de vous la plus grande discrétion. Votre salaire d'Oubliator triplera, et vous obtiendrez également d'autres avantages conséquents. C'est une manière de vous prouver toute l'estime et la confiance que je place en vous... "

Jacob ne laissait pas à l'Oubliator le temps de discuter ses choix, et il regarda subrepticement sa montre avant d'indiquer que leur discussion arrivait à son terme.

"Dans les mois venir, vous serez sans doute amené à travailler en secret pour moi. Je vous assignerai un binôme. J'espère que vous n'avez pas de question, car je suis assez pressé! Vous pouvez disposer! "

Le ton expéditif de Jacob Dalhiatus avait pour but d'imposer son autorité, et faire comprendre à Alastair qu'il était le seul maitre à bord de ce navire. Ordre et Discipline, voila comment Jacob percevait l'avenir de son Département. Toutefois, avant que son Oubliator ne franchisse le seuil de son bureau, le Directeur l'alpagua une dernière dois pour lui soumettre une dernière révélation...

"Vous savez pourquoi j'ai choisis Danielle Coleman plus que vous? " Jacob laissa l'aiguille de sa pendule de bureau courir quelques secondes, avant de répondre lui même à cette question. "Parce que contrairement à vous, je pourrai lui dire de tuer sa propre mère, qu'elle le ferait sans l'ombre d'une hésitation, dans la seconde qui suit. Un regard ne trompe pas, monsieur Brennan. Songez-y à l'avenir... "

Puis d'un geste souverain de la main, il indiqua à son Oubliator de quitter les lieux...

Fin de Rp pour Jacob:

Alastair n'arrivait pas à comprendre le but de cet entretien. Dans un premier temps, il avait cru qu'il avait été convoqué pour l'affaire Sturidge. Mais à mesure que la discussion avançait dans le temps et plus il prenait conscience que les enjeux de cet échange allait bien au delà. Il s'était un instant pris à espérer que peut-être le post de chef de section serait pour lui. Il avait déjà caressé l'ambition de s'élever à ce poste avant de l'abandonner avec les années pour se concentrer sur sa famille. Du moins, c'était ce qu'il avait prétexté. Sans doute que son but ultime avait été de se faire désirer. Il avait voulu qu'on le convainc de prendre cette responsabilité. Il ne demandait que ça finalement, une reconnaissance de son travail et de son état de service. Chose que Jacob Dalhiatus faisait en le qualifiant d'Oubliator exemplaire. Mais il sentait que cette étalage de compliment cachait autre chose.

Il avait été contraint d'asseoir sa position et son ambition et voilà qu'il voyait tous ses efforts réduits à néant. Il n'avait rien demandé lui à la base. Mais voilà, son directeur de département lui avait fait miroiter une incroyable promotion et il n'avait pu s'empêcher d'y croire. Il avait cru que le poste était à lui. Que Dalhiatus ne jouerait pas avec lui de façon aussi odieuse. Et bien... il s'était bien trompé. Une certaine aigreur lui resta en travers de la gorge lorsqu'il apprit le nom de sa future supérieure directe. Il cacha sa déception derrière un sourire poli et hocha légèrement la tête lorsque son supérieur qualifia de Danielle d'Oubliator de premier ordre. Elle était parfaitement qualifiée pour ce poste. Quoique peut-être un peu trop dénuée de sentiments à son goût. Cette femme ne connaissait pas l'empathie et le service allait sans doute devoir très rapidement se mettre au pas avec elle à sa tête. Mais visiblement, c'était ce que recherchait Jacob Dalhiatus. Il ne voulait pas de sentiments ni d’apitoiement. Juste de l'efficacité. Il reléguait le côté humain de leur travail aux oubliettes.

Mais il savait pertinemment qu'il n'était pas en mesure de protester. Il savait se taire lorsque le moment l'exigeait et il avait compris que si il voulait garder son poste, il ferait mieux de se taire et de ne pas s'emporter dans un discours un peu trop frondeur comme il savait parfois les faire. Il resta muet en envoyant au diable cet homme qui lui avait fait croire qu'il aurait possiblement la place qu'il convoitait secrètement depuis des années et qui finalement lui annonçait la nomination d'une autre. En utilisant les termes "décision mûrement réfléchie". Pourquoi l'avoir forcé à rentrer dans ses retranchements si la décision était prise depuis aussi longtemps ? Alastair ne comprenait décidément pas la logique à tout cela. Mais encore une fois, il se contenta de hocher la tête.

"Danielle est un très bon choix, Monsieur."

Des paroles neutres qui convenait mais qu'il ne pensait pas le moins du monde. Il ne connaissait pas bien Danielle Coleman, il savait juste que son travail était irréprochable. Mais cela ne l'empêchait pas de croire qu'il aurait été meilleur qu'elle au poste de chef des Oubliators. Mais finalement, il comprenait de moins en moins le Ministre de son département. Peut-être que sa non nomination n'était pas une si mauvaise chose. Il n'aurait pas l'impression de marcher sur des œufs chaque fois qu'il devrait avoir à faire à son supérieur. Son attention revint pleinement à Dalhiatus alors qu'il ajoutait qu'il lui réservait une autre forme de promotion.

Il fronça légèrement les sourcils à l'entente de la proposition. Des affaires prioritaires ? Un salaire triplé ? Et quelles sortes d'avantages ? Sa curiosité était piquée à vif et surplomba sa prudence. Il allait se laisser tenter. De toute manière, il n'avait pas l'impression d'avoir le choix à la façon dont il se faisait congédier du bureau directorial. Il se contenta d'hocher la tête en montrant une satisfaction toute relative avant de se lever. Toutefois, il n'eut pas le temps de quitter la pièce que Dalhiatus s'exprimait à nouveau. Il resta un instant songeur à fixer son supérieur avant de poser la main sur la poignée de la porte.

"J'en prend note, Monsieur. Bonne journée."

Puis sans un mot de plus, il quitta le bureau. Son esprit fourmillait à mille à l'heure. Et un sentiment de malaise le prit. Il n'arrivait pas à s'expliquer pourquoi mais il avait comme l'impression que les choses seraient amenées à changer dans les semaines à venir et il n'était pas certain d'apprécier ces changements. La façon de dont la dernière phrase avait été dite avait fait couler un filet de sueur froide le long de sa colonne vertébrale. Son regard ne trompait peut-être pas mais il préférait rester ainsi plutôt que de paraître froid au point de donner l'impression qu'il pourrait tuer sa propre famille sans hésitation. Il n'était pas encore arriver à cette extrême même si son fils lui reprochait de donner trop d'importance à son travail. Il ne serait jamais ce genre d'homme. Et pourtant, il avait l'impression qu'il devrait faire fit de ses scrupules et de ses convictions si il voulait rester dans les bonnes grâces de son supérieur. Des temps étranges s'annonçaient et il était prêt à faire ce qu'il faudrait le moment venu.