Les entêtés [Aby]

14 Février 2008

- Arthur Morel est peut-être un bon attrapeur, certes, O'Connor aussi, mais les Pies ne remporteront pas la Coupe cette année, faut être naïf comme un Poufsouffle pour croire le contraire !

Gowan prit une mine offusquée devant les propos de son meilleur ami et fronça les sourcils.

- Parce que tu crois que Flaquemare va gagner ? Mais faut arrêter le Quidditch, Dubois, les Cognards commencent vraiment à te détraquer !
- Attends, te voile pas la face ! Les Pies, c'est que des individualistes, ils jouent solo et puis c'est tout ! Tout ce qu'ils veulent, c'est faire carrière ! Chez Flaquemare, ils savent ce qu'est l'esprit d'équipe et ils jouent collectif ! C'est ça la clé du succès !
- Bah en attends, Flaquemare l'a perdue la clé du succès ! Et tout le trousseau, je dirais !

Andrew et Gowan étaient les meilleurs amis du monde, c'était un fait. Amis depuis l'année dernière, ils passaient tout leur temps ensemble, inséparables et intenables gamins. Rien ne pouvait les séparer, ils passaient leur temps à discuter à bâtons rompus et étaient d'accord sur presque tout. Car il y avait un sujet qui avait le talent pour mettre le feu aux poudres à chaque fois : les équipes qu'ils soutenaient. Andrew était héréditairement un fan de Flaquemare - et il soutenait évidemment son père - tandis que Gowan était devenu fan des Pies l'année dernière avec Henry Hallchurch, un de leurs amis communs. Et il avait évidemment fallu que les Pies et Flaquemare soient des équipes qui se détestaient depuis des centaines d'années. Heureusement, les choses finissaient souvent par s'apaiser aussi vite qu'elles avaient démarrées et Gowan et Andrew reprenaient leurs bonnes vieilles habitudes à chaque fois. Il faut dire qu'il en fallait plus pour les séparer ces deux-là : même les humeurs d'Andrew le mois dernier n'avait pas suffit à faire fuir Gowan qui s'était contenté de le recadrer à chaque fois, avant qu'il n'aille trop loin.

Il faut dire qu'Andrew n'avait pas eut un mois de janvier très facile et il avait eut tendance à s'énerver un peu pour rien durant cette période. Mais ça lui été passé : après tout, il s'en fichait, non ? C'était sa nouvelle résolution et les choses s'étaient beaucoup améliorées. Il avait fait comme si ce n'était pas important - et après tout, ça ne l'était pas - et s'était concentré sur tous ses autres amis. Tant pis pour Aby, il n'avait pas besoin d'elle et elle n'avait visiblement pas besoin de lui étant donné qu'ils ne s'étaient pas parlé depuis un mois, depuis le fameux jour dans les cachots. Évidemment, ils se croisaient en cours mais Andrew s'asseyait avec Sasha, avec Gowan, Henry, les garçons de son dortoir, ou bien Kathrina ou bien même encore Cindy et il s'appliquait toujours à parler avec l'un dans d'entre eux et à être toujours occupé. Mais c'était évidemment toujours parce qu'il s'en fichait : il n'avait pas envie de parler à Aby et elle ne lui manquait absolument pas et c'était le message qu'il envoyait au monde.

En attendant, Gowan et Andrew avaient prévu de faire leur long devoir de potions ensemble. La Salle Commune était bondée et la bibliothèque n'était pas en reste aussi étaient-ils partis, sur l'idée de Gowan, à la recherche d'une salle de classe vide. Et évidemment, la conversation avait dérivée sur le Quidditch, comme toujours. Ils marchaient dans le couloir des sortilèges en débattant haut et fort et sans prévenir, Gowan stoppa.

- Enfin, pour la Coupe, on verra bien. Cette salle te va ?

Un peu surpris par le brusque arrêt de leur conversation, Andrew se contenta d'hausser les épaules.

- Euh, si tu veux.

Après tout, une salle ou une autre... Gowan entra et Andrew le suivit machinalement, son sac sur l'épaule. Alors oui, Gowan et Andrew étaient les meilleurs amis du monde. Mais il y avait quand même des fois où Andrew le détestait. Aby se tenait dans la salle, visiblement aussi surprise que lui de se croiser ainsi. Le seul qui ne semblait pas vraiment innocent était Gowan qui semblait un peu trop fier de lui pour être honnête. Fusillant son ami du regard, Andrew s'apprêtait à tourner les talons sans un mot, il était trop furieux et trahi pour ça, mais Gowan le retint fermement.

- Je ne ferais même pas semblant que ceci est un hasard, lança-t-il fermement. Et tu ne bouges pas, toi, grogna-t-il à l'adresse d'Andrew. Vous ne vous parlez pas depuis un mois et c'est bien dommage. Et comme je suis un Poufsouffle dans l'âme, je m'occupe de ce genre de cas désespérés.
- J'ai entrainement de Quidditch, répliqua Andrew d'un ton qui ne souffrait aucune réplique.

Malheureusment, le problème des meilleurs amis était aussi qu'ils savaient beaucoup trop s'opposer à vous quand ils l'estimaient nécessaire, aussi Gowan se planta-t-il en face d'Andrew. Ils faisaient la même taille et aucun n'était prêt à lâcher quoi que ce soit.

- Tu n'as pas entrainement de Quidditch.
- T'es certain ? Parce que j'ai l'impression que je vais taper dans quelque chose dans pas longtemps, là.
- Ton égo, peut-être ?

Mais Andrew n'eut pas le temps de répondre puisque Gowan s'était tourné vers Aby.

- Je pense que notre devoir de métamorphoses attendra. Sur ce....

Et avant que personne ne puisse faire un geste, il avait reculé et claqué la porte et Andrew distingua clairement un bruit de verrou. Oh le fils de Botruc, songea Andrew en se retenant de donner un coup de pied dans la porte. Gowan devait être resté dans le coin mais Andrew savait qu'il ne répondrait pas à ses malédictions et qu'il était bien trop entêté pour les laisser sortir. Furieux, il laissa tomber son sac sur le sol et s'appuya contre une table, bien décidé à ne pas donner satisfaction à Gowan. Il ne voulait pas parler à Aby, il n'en n'avait pas envie : il n'avait plus rien à lui dire, elle avait été suffisamment explicite lors de leur dernière rencontre.

"Vous ne pouvez pas regarder où vous mettez les pieds ?!", s'exclama Aby avant de se pencher pour ramasser son manuel de métamorphose, échoué au sol. Elle se redressa en lâchant une flopée de remarques acides à l'encontre de ses deux camarades, se servant allègrement des rumeurs qu'elle avait amassé à leur sujet pour venger l'affront qui lui avait été fait. 

Peu impressionné par le gabarit du Serdaigle de cinquième année sur lequel elle venait de passer ses nerfs, Aby adressa son plus beau regard condescendant au petit couple qui venait de lui rentrer dedans à force de marcher en se dévorant des yeux, comme une sorte de monstre à deux têtes. Aujourd'hui était la Saint Valentin, cette fête bien connue qui dégoulinait de bons sentiments, et qu'on se le dise, Abigail était de mauvaise humeur. Les filles de son année semblaient avoir malheureusement atteint l'âge où les hormones accompagnant l'adolescence interférait totalement avec le fonctionnement normal de leur cerveau, ce qui les conduisait à adopter un comportement des plus pathétiques. Il y avait celles qui avaient envoyé des cartes ridicules et autres boîtes de chocolats à l'élu de leur coeur, généralement sans oser signer leur offrande, il y avait celles, minoritaires, qui roucoulaient au bras de leur Valentin, et il y avait une ou deux indifférentes tout de même. C'était par des journées comme celle-ci qu'elle appréciait la compagnie de Linnet, car sa technique de survie face à la niaiserie ambiante avait consisté à ne pas lâcher sa camarade d'une semelle. Linnet avait le don d'effrayer toutes les demoiselles qui cherchaient à vivre par procuration en obtenant tous les détails croustillants de la romance d'Aby avec Ahren. Comme si les deux Serdaigle n'avaient rien de mieux à faire aujourd'hui que de se regarder dans le blanc des yeux en s'échangeant des déclarations d'amour !

Faisant honneur à sa maison, Aby avait donc décidé de mettre à profit son temps libre pour s'avancer sur son devoir de métamorphose, qu'elle devait réaliser avec Gowan. C'était infortuné, étant donné la propension du Gryffondor à la mettre sur les nerfs ces derniers temps. En réalité, Gowan et Henri avaient nettement baissé dans l'estime de la Serdaigle depuis que sa relation avec Ahren avait été révélée à Andrew. Bien sûr, elle ne s'était pas attendue à voir les trois Gryffondor applaudir son goût mais elle ne s'était pas attendue à ce que cela jette un tel froid entre eux. Comme si la dernière année et demi ne s'était pas produite... C'était triste et blessant, de voir ces bons souvenirs balayés pour une simple question d'ego. Enfin, elle n'avait pas eu le choix de son binôme et il lui faudrait composer avec le meilleur ami d'Andrew. Oh, joie...

Aby avait donc quitté la présence protectrice de Linnet - comme quoi, tout était possible - pour affronter bravement les couloirs englués dans la guimauve, afin de rejoindre Gowan dans une salle de classe. Un peu en avance à leur point de rendez-vous, elle balança son sac et son livre sur une table sans grande délicatesse et s'appuya contre ladite table en broyant du noir. Elle ne savait pas exactement ce qui n'allait pas, mais quelque chose la mettait de mauvaise humeur, et aucun de ses efforts pour changer cet état des choses n'avait réussi à rétablir la situation.
 
Des bruits de voix bien connues attirèrent son attention et elle tourna un regard surpris vers l'entrée de la salle. Andrew ? Pourquoi Gowan avait-il emmené Andrew pour travailler sur le devoir de métamorphose ? Il n'était pas dans leur groupe, et ils n'avaient pas besoin de lui ! Aby est bien assez bonne élève ! La jeune fille d'ordinaire si perspicace mit quelques instants à comprendre ce qui se passait réellement. Elle fronça les sourcils en tentant d'analyser les paroles de Gowan, et plongea la main dans la poche de son uniforme pour en tirer sa baguette magique. Hélas, le temps qu'elle réagisse, Gowan s'était déjà éclipsé et le sortilège de chauve-furie d'Aby s'écrasa contre le montant en bois. 

"Alohomora ! GOWAN ! LAISSE NOUS SORTIR TOUT DE SUITE !", cria-t-elle, exaspérée par la manoeuvre déloyale du Gryffondor, par l'échec de son sort, par la présence d'Andrew, par cette journée toute entière. Après s'être acharnée sur la porte un instant et avoir balancé quelques jurons moldus à Gowan, Aby se résigna et rangea sa baguette. Elle revint s'appuyer contre sa table, à une distance raisonnable d'Andrew, et vociféra intérieurement une bonne minute avant de se résoudre à rompre le silence.

"Qu'est-ce qui lui prend, à ton copain ?", lâcha-t-elle en jetant un regard peu amène à Andrew. C'était entièrement de sa faute, de toute façon.

Et après on osait critiquer les Gryffondor, songea Andrew en regardant Aby s'échiner contre la porte. Il n'aurait pas protesté si le sort avait atteint Gowan - cela lui apprendrait ! - mais il était quand même évident qu'il avait bien préparé son coup et que la porte était bel et bien fermé. Son ami ne devait pas être loin dans le couloir et devait bien s'amuser d'entendre Aby s'époumoner ainsi contre lui. Andrew le connaissait suffisamment pour savoir qu'il n'ouvrirait pas de si tôt et il était hors de question qu'il s'abaisse à donner satisfaction à Gowan en allant parler à Aby. McGregor finirait par venir s'enquérir de la situation et ils en profiteraient pour sortir, voilà tout. Et Andrew en profiterait pour lui dire ce qu'il pensait de cette manœuvre perfide et inutile.

Il ne releva pas les yeux lorsqu'Aby abandonna la porte pour aller s'assoir plus loin et continua de fixer le bout de ses chaussures, bouillant intérieurement. Il avait tout raconté à Gowan, tout, la moindre de ses pensées concernant cette affaire et voilà qu'il le forçait à faire quelque chose qu'il ne voulait pas. Il s'était acharné à éviter Aby depuis un mois, ce n'était pas pour se retrouver face à elle maintenant. De toute manière, il n'avait plus rien à lui dire et le contraire était vrai visiblement, puisqu'elle ne prononçait pas un mot non plus. Ils allaient rester là à s'ignorer et Gowan se sentirait bien bête d'avoir pensé pouvoir y faire quelque chose. Ce qui s'était passé était trop grave aux yeux d'Andrew pour qu'il accepte de passer l'éponge. Il était profondément en colère et déçu et refusait de céder le moindre pouce de terrain, peu importe les bonnes intentions de Gowan.

Mais ses bonnes résolutions silencieuses furent perturbées par la voix d'Aby qui s'éleva dans la pièce et pas pour dire quelques amabilités. Andrew fit l'erreur de croiser les yeux peu amènes d'Aby ce qui ranima toute sa colère et sa rancœur en une seconde. Il posa sur sa camarade un regard furibond, empli d'une fureur contenue, toute sa rancœur ayant pris le pas sur sa tristesse et l'incompréhensible déception qui avait pu l'animer les premières semaines de janvier. Il avait passé des journées et des nuits entières à ruminer, à intérioriser et à retourner chaque conversation qu'il avait pu avoir avec Aby depuis un an et demi et tout cela n'avait mené qu'à un grand ressentiment, mélange de trahison et de colère.

- Je ne sais pas, articula-t-il lentement, les poings serrés. Il semble que les bons amis soient une rareté de nos jours.

Il n'avait même pas cherché à enrober sa pique d'une quelconque amabilité ou même courtoisie. Il était clairement hostile et tout dans son attitude le laissait percevoir, de son regard dur à son ton agressif. Il n'avait pas envie de faire le moindre effort ou même d'essayer de dissimuler ce qu'il pensait. D'habitude, il essayait de se raisonner en se disant qu'il le regretterait après mais cette fois-ci, il n'avait même pas ce garde-fou. Il en voulait à Aby, vraiment. Il lui en voulait comme il n'en n'avait jamais autant voulu à personne et même si c'était incompréhensible ou démesuré, c'était le cas et il prenait sur lui depuis trop longtemps déjà.     

La réponse d'Andrew, proférée avec une hostilité non dissimulée, porta un coup à Aby qui en resta silencieuse, partagée entre stupéfaction et tristesse. Elle avait compris qu'Andrew désapprouvait sa relation avec Ahren, mais qu'il lui en veuille à ce point, comment aurait-elle pu le soupçonner ? C'était tellement disproportionné ! La petite Serdaigle ne comprenait pas et s'il y avait bien quelque chose qu'Aby ne supportait pas, c'était l'incompréhension. Aby refusait purement et simplement de se quitter en si mauvais termes avec Andrew sans savoir pourquoi il lui en voulait à ce point. C'était beaucoup trop triste et frustrant, elle se sentait beaucoup trop mal et elle lui en voulait beaucoup trop d'avoir creusé ce fossé entre eux. Car oui, Aby considérait qu'Andrew était celui qui s'était éloigné d'elle et pas l'inverse. Elle se sentait rejetée et détestée sans raison, et cette injustice lui donnait envie de crier, de crier jusqu'à ce qu'Andrew revienne à la raison.

Alors elle cria. Se décollant de sa chaise, elle vint se poster face à Andrew et planta son regard blessé dans celui du Gryffondor, avant de s'exclamer d'une voix perçante :

"Je suis toujours ton amie, bordel de troll, Andrew ! Je peux savoir ce que je t'ai fait, à la fin ?! Parce que je ne comprends pas ! Je ne comprends pas en quoi sortir avec Ahren est plus pardonnable que d'être amie avec lui ! Et surtout, je ne comprends pas en quoi ça nous empêche d'être amis ! Alors maintenant tu as intérêt de me donner une bonne raison pour être tellement en colère contre moi, sinon je vais en déduire que la seule chose qui compte pour toi est de gagner des points par rapport à Ahren et que je n'ai jamais vraiment compté pour toi."

C'était la théorie qui, selon Aby, expliquait le mieux le comportement d'Andrew et celle qui la blessait le plus. L'idée selon laquelle elle n'était plus intéressante aux yeux d'Andrew à partir du moment où Ahren avait "gagné" sa fidélité, l'idée que le Gryffondor ne l'estimait pas suffisamment pour fermer les yeux sur sa relation et accepter de continuer à la fréquenter s'était progressivement ancrée en Aby, portant un coup à sa confiance en elle et à son affection pour Andrew.

"Mais c'est peut-être ça après tout", reprit-elle d'une voix plus calme, bien que peu assurée. "Tu l'as dis, les vrais amis sont une rareté."

Aby avait toujours pensé qu'Andrew appartenait à la catégorie des vrais amis, mais force lui était de constater qu'elle avait fait fausse route, accordant trop de crédit à un Gryffondor borné et égoïste... C'était une erreur qu'elle ne ferait pas deux fois.

Il n'était pas difficile de dire si Andrew était d'un naturel belliqueux : après tout, il était un Gryffondor et les Gryffondor n'étaient pas foncièrement et forcément pacifistes. C'était quelqu'un de plutôt sympathique dans les faits mais son impulsivité et sa forte capacité à s'emporter ainsi que sa mauvaise foi et son coté rancunier, sans oublier une certaine fierté, faisait qu'en effet, il pouvait être colérique et borné. Là où une personne sensée n'aurait pas réagi avec violence pour éviter l'escalade, la réaction d'Aby ne fit que renforcer la colère d'Andrew et il se leva également tandis qu'elle venait lui faire face. Il était plus grand qu'elle et il trouva dans cet état de faits une satisfaction puérile.

Contrairement à ce que maintenait Aby, Andrew n'avait pas vraiment l'impression qu'ils étaient encore amis. D'abord, elle n'avait pas daigné venir lui annoncer qu'elle sortait avec Keller en personne, laissant cet abruti le faire de manière plutôt imagée et bien qu'elle ait vu que ça le blessait - il n'était pas fier de lui sur ce coup mais il réalisait clairement qu'il avait été transparent comme de l'eau de roche - elle n'avait pas essayé de faire un pas vers lui. Certes, il l'avait évitée. Mais Aby était très douée pour trouver ce qu'elle cherchait lorsqu'elle le désirait vraiment et ce n'était pas vraiment le cas ici. Ces éléments permettaient d'affirmer à Andrew - car oui, il avait pas mal ruminé toute cette histoire et une fois encore c'était un euphémisme - qu'Aby ne l'avait vraiment jamais considéré comme un ami : après tout, elle serait venue lui parler, sinon. C'était elle qui l'avait blessé.

Il ne savait pas par où commencer pour répondre, tant Aby l'avait abreuvé de paroles - qu'est-ce que ça parlait les filles - et malgré sa colère, il avait l'impression que c'était le moment ou jamais de dire ce qu'il avait sur le cœur, de mettre les choses à plat. C'était peut-être même sa dernière chance, leur dernière chance. Ils ne s'étaient pas parlé durant des semaines et Andrew savait qu'ils pourraient continuer comme cela encore longtemps. Mais malgré cela, il n'avait pas l'impression qu'ils arriveraient à mettre les choses comme elles l'étaient auparavant : Aby semblait blessée aussi - alors que c'est elle qui l'avait laissé tomber - et Andrew était bien trop en colère pour faire des concessions.

- Ah ouais ? Toujours mon amie ? Et tu estimes que laisser Keller m'annoncer comme ça votre charmante petite amourette, c'est l'attitude d'une amie, peut-être ? Tu ne penses pas que j'aurais aimé l'apprendre de toi, non ? Tu t'en fous complètement ?

Bien décidé à éviter les questions auxquelles il ne voulait pas répondre et surtout auxquelles il ne voulait pas penser - comme savoir pourquoi le fait qu'Aby et Keller sortent ensemble le touchait autant - Andrew fit le choix d'attaquer : après tout, c'était la meilleure des défense.

- Arrête de dire n'importe quoi ! répondit-il avec force lorsque Aby l'accusa de ne la considérer que comme une victoire face à Keller. On était amis avant que Monsieur ne daigne être sympa avec toi !

Il ne détourna pas son regard furieux d'Aby tandis que ses pensées tournaient à toute vitesse dans sa tête alors qu'il tâchait de les ignorer.

- Je suis en colère contre toi parce que t'as juste complètement oublié qu'on était amis ! Avant.

Aby ne se laissa pas démonter par l'attitude hostile d'Andrew, se contentant de redresser le menton pour qu'il ne manque pas une miette de son air outragé. Andrew valait mieux que ce comportement puéril et irraisonné, elle en était persuadée au fond d'elle, et c'était sans doute ce qui la poussait à ne pas tourner les talons en attendant que Gowan se lasse et leur rende leur liberté. A cela s'ajoutait l'affection très forte qu'elle avait pour lui depuis l'an passé. Elle se devait de comprendre les rouages qui s'étaient enclenchés dans l'esprit du Gryffondor et qui l'avaient conduit à la traiter comme si elle avait commis le pire des outrages. Elle devait comprendre afin de démonter son raisonnement point par point et lui faire entrer dans la tête une idée bien simple : il avait tort, et elle avait raison. Comme si un garçon de Gryffondor pouvait triompher sur une fille de Serdaigle de toute façon.

Comme de juste, l'argumentation d'Andrew présentait des faiblesses qui témoignaient de sa mauvaise foi. Aby secoua la tête, l'air désabusé, avant de laisser échapper un profond soupir. Il lui fallait poser le débat et calmer le jeu si elle voulait l'emporter. La logique était son terrain, pas la colère, face à l'adolescent impulsif. De plus, elle n'était énervée contre lui qu'en réaction à l'énervement d'Andrew, dont elle ne comprenait pas le fondement. Il lui était donc relativement facile de prendre sur elle pour éviter de lui lancer un sort et adopter un ton raisonnable.

"Je n'ai rien oublié du tout, Andrew", lâcha-t-elle finalement. "Mais j'avais peut-être autre chose en tête au moment où j'ai commencé à sortir avec Ahren que de penser aux réactions des autres. Tu sais bien ce qui est arrivé à son frère, difficile de l'ignorer, c'était partout dans les journaux et dans les bouches de tout le monde ! Alors oui, Ahren aurait pu faire preuve de plus de tact et me demander mon avis avant de m'embrasser devant toi, je lui ai fait la remarque d'ailleurs, mais je pense que la façon dont tu réagis à notre "charmante petite amourette" est le dernier de ses soucis en ce moment et qui pourrait l'en blâmer ?"

Aby s'interrompit et détourna le regard un instant, ne sachant comment continuer. Elle détournait le problème en évoquant les états d'âme d'Ahren, même s'il était vrai que de son côté, elle avait passé plus de temps à s'inquiéter au sujet d'Ahren que de passer du temps avec ses autres amis, ces temps-ci. Mais elle ne voyait pas en quoi c'était à ce point impardonnable...

"J'aurais dû t'en parler avant, peut-être, oui. Je n'y ai pas spécialement pensé, parce que je ne voyais pas en quoi ce serait un problème."

Ou parce qu'elle savait pertinemment qu'il réagirait comme cela, chuchota une petite voix au fond de sa tête. Elle ignora la petite voix, trouvant cette idée désagréable sans vraiment savoir pourquoi.

"Que tu l'apprennes, comme ça ou autrement, quelle différence au final, si ça ne te dérange pas ? Si le problème n'est pas que je sorte avec Ahren mais juste que je ne t'en ai pas parlé ? Parce que franchement, Andrew, tu n'es pas mon seul ami, et figure-toi que mes autres amis s'en fichent. Certains trouvent que j'ai de drôles de goûts mais personne ne m'a fait la tête pour ça et je n'ai fait de grande annonce à personne. Ahren et moi s'est arrivé, c'est tout, je ne m'y attendais pas, je ne sais pas à quoi ressemblera l'avenir, et je me fiche du passé et du fait qu'il n'ait pas toujours été très sympa avec moi. Ça ne veut pas dire que tu ne comptes pas pour moi ou que je ne suis pas ton amie ! Tu ne me racontes pas tout ce qui se passe dans ta vie à la minute non plus, que je sache !"

Elle se mordit l'intérieur de la joue, réalisant que l'énervement recommençait à monter en elle.

"Je ne comprends pas, Andrew", finit-elle par lâcher d'un ton las qui dissimulait mal sa peine. Non, elle ne comprenait pas. Leurs visions de l'amitié étaient-elles si radicalement différentes qu'ils ne pourraient désormais plus se côtoyer ? Elle trouvait cela beaucoup trop triste et absurde pour être acceptable. Tout cela pour une simple question de forme ? Non, il y avait autre chose, Andrew lui servait des excuses. Mais des excuses pour quoi ? Elle n'obtiendrait sans doute jamais la réponse...

Andrew ne savait pas vraiment dans quoi il s'engageait. Il faut dire qu'il était assez confus lui-même par rapport à ça et les quelques conversations qu'il avait eu à ce sujet, notamment avec Gillian, ne l'avait pas vraiment aidé. Il avait repoussé tout cela dans un coin de son esprit pour ne plus y penser et cela avait plutôt bien fonctionné. Il s'était plongé dans le Quidditch, avait passé tout son temps avec ses camarades de dortoir et avait occulté tout le reste. Ce n'était peut-être pas une idée si brillante quand on y repensait après-coup. Face à Aby qui semblait si sûre d'elle et si assurée, il avait l'impression d'être un crétin embrouillé et c'était une sensation plus que désagréable.

Mais de toute manière, quoi qu'il arrivait, Andrew ne pourrait pas donner à Aby l'explication qu'elle attendait parce que lui-même ne la connaissait pas. C'était comme cela, c'est tout, c'était une impression diffuse, un sentiment confus qu'il n'aurait pas pu expliquer et qu'il ne voulait pas expliquer et, sans savoir pourquoi, il en craignait les conséquences. Il ne voulait pas parler, il ne voulait pas affronter Aby, il voulait juste laisser cette histoire de coté et vivre sa vie et il haïssait Gowan de lui avoir fait ce coup dans le dos. Il était à la fois furieux et perturbé et tout cela prenait vraiment trop de proportions. Il aurait bien voulu se murer dans le silence pour ne pas envenimer les choses mais Aby avait repris la parole, d'un ton plus calme, et il se força à la regarder, sans pour autant avoir l'air plus aimable.

- Bien sûr que je sais ce qui est arrivé à son frère, j'ai parlé à Kathrina figure toi ! riposta-t-il sans comprendre pourquoi Aby lui exposait les états d'âme de Keller. Il s'en fichait, ce n'était pas son ami et il n'avait jamais pu le voir en peinture. Il n'y a bien que de Kathrina dont il se souciait. Ce n'est pas de Keller dont je veux parler, c'est de toi !

Et au vu de la manière dont Abigail détourna momentanément le regard, elle s'en doutait très bien. Et quand elle lança qu'elle ne voyait pas pourquoi cela serait un problème pour lui, il eut un rire sans joie.

- Même toi tu n'y crois pas, fais pas semblant.

Et quand Aby reprend la parole, Andrew distingue très bien le fossé d'incompréhension qui les sépare et ça le rend véritablement triste. Parce qu'il sait qu'ils n'arriveront pas à le combler tant qu'ils seront aussi éloignés l'un de l'autre. Il est trop en colère contre quelque chose qu'il n'arrive même pas à identifier et elle ne lui pardonnera pas tant qu'elle ne comprendra pas, il la connait trop bien. Ils ne se comprennent pas, elle ne comprend pas pourquoi il réagit comme cela, lui-même ne le sait pas, il ne comprend pas pourquoi elle sort avec ce type et ça le rend furieux sans arriver à poser les mots justes sur toute cette situation.

- Le problème n'est pas que tu ne m'en ai pas parlé !

Il se contredit lui-même.

- Enfin, si, ça en fait partie, tu aurais dû m'en parler et tu sais très bien pourquoi ! Pas courir à la minute vers moi, ce n'est pas la peine d'être aussi condescendante, mais cela faisait deux semaines ! Deux semaines où tu m'as évité, ne le nie pas ! Tu penses que ça, c'est l'attitude d'une amie ?

Oui, bon, il l'a évitée aussi. Mais il était fâché contre elle, elle ne l'était pas contre lui à ce qu'il sache !

- Le problème, c'est que tu sortes avec lui !

Et bien comme ça c'est dit. Il ne s'attendait même pas à l'avouer mais il faut croire qu'il se surprend lui-même. Contrarié, Andrew détourna le regard et dégaina sa baguette magique pour la pointer vers la porte. Son sortilège de fonte fit dégouliner un peu la poignée, le métal rendu souple par le sort, mais la serrure ne bougea pas à son plus grand désespoir. En s'efforçant de ne pas regarder Aby, il se dirigea vers la porte pour essayer de l'ouvrir de force mais en vain. Il ne voulait pas rester dans cette pièce une minute de plus.

Aby croisa les bras sur sa poitrine et fronça les sourcils, cherchant péniblement à démêler les propos d'Andrew pour en tirer son raisonnement. Il se contredisait lui-même, et c'était tellement exaspérant et décevant de le voir persister dans son attitude agressive qu'Aby faillit lui hurler que lui non plus ne se comportait pas en ami, loin de là. Pourtant, elle ne dit rien, préférant le laisser terminer jusqu'au bout en espérant que cette conversation entre deux sourds finirait par les mener au fond du problème. Elle fit bien, car tout se résumait à une petite phrase, finalement, peu importaient les formes, c'était le fond qui pêchait : Aby et Ahren sortaient ensemble, et Andrew ne l'acceptait pas.

Mais que pouvait-elle dire ? Que pouvait-elle faire ? Si Andrew lui demandait de choisir, elle choisirait Ahren, c'était évident, malgré toute l'affection qu'elle éprouvait pour le Gryffondor. Ce qu'elle avait avec Ahren était très agréable et elle s'était sentie guillerette et détendue depuis que c'était arrivé, si l'on exceptait les moments où elle ronchonnait après Andrew. Cela n'aurait pas été juste pour Ahren de remettre en cause ce qu'elle éprouvait pour lui à cause de son rival qui se montrait bêtement possessif, simplement parce qu'il n'aimait pas perdre de l'influence dans sa guéguerre avec le Serdaigle. S'il n'acceptait pas leur relation, c'était regrettable, mais c'était son problème. Aby n'y était pour rien et elle ne pourrait pas y faire grand chose, à part espérer que leur amitié soit plus forte que cela... Mais elle en doutait franchement, à voir l'énergie avec laquelle Andrew lança un sortilège sur la porte. En vain, de nouveau. 

Tout ceci devenait ridicule, il fallait que Gowan les laisse sortir avant qu'ils ne se disent des choses blessantes. Aby poussa un profond soupir et rejoignit Andrew pour poser une main sur son épaule, cherchant à obtenir son attention.

"C'est parce que tu le détestes et que tu ne comprends pas je puisse vous apprécier tous les deux ? Tu ne supportes pas de...partager quelque chose, ou quelqu'un, avec lui ? Ou c'est autre chose ?", s'enquit-elle d'une voix dénuée d'agressivité, son éternelle lueur de curiosité au fond du regard. Aby n'aimait pas du tout l'idée de perdre un ami de la sorte, alors que les choses n'étaient pas clairement dites entre eux. Elle voulait comprendre et comptait tout faire pour qu'Andrew ait au moins le courage d'assumer la raison pour laquelle il se détournait d'elle. C'était lui le Gryffondor, à la fin !

Andrew n'aimait pas vraiment être mis face à propres contradictions mais qui appréciait ? Malheureusement, c'était la spécialité d'Aby, d'insister jusqu'à comprendre, de creuser jusqu'à avoir la réponse qu'elle attendait. Il l'avait toujours admirée pour cela, il la charriait à ce sujet et sur le fait qu'elle soit même plus têtue que lui, ce qui n'était pas rien quand même. D'habitude, il ne lui cachait rien, tout simplement parce qu'il savait très bien que c'était inutile et qu'elle l'aurait à l'usure, même s'il lui tenait tête. Et aujourd'hui ne ferait pas exception.

Alors que pouvait-il faire ? Il avait l'impression que tout le monde l'avait su avant lui, en fait. Et que tout le monde s'était échiné à le lui faire comprendre et il s'était obstiné dans son propre raisonnement parce que c'était tellement plus simple que de reconnaître la vérité. Il n'avait pas envie de s'engager dans cette pente-là car il ne savait pas où ça mènerait et pour une fois, ne voulait pas essayer juste pour le plaisir de l'expérience. C'était trop compliqué, trop incertain, trop... Trop. Et il n'en n'avait pas envie et ne comprenait pas comment cela avait pu arriver et pourquoi il se retrouvait dans cette situation débile. Les choses auraient pu rester simples et tout aurait été bien plus facile que de se retrouver coincé dans cette problématique.

Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il était censé faire désormais et honnêtement, il n'était pas sûr qu'il doive faire quelque chose. Cela ne mènerait à rien et ne ferait qu'apporter encore plus de questionnements, de colère et d'incompréhension. C'était une cause perdue désormais et Andrew ne se jetterait pas dedans en espérant en retirer quoi que ce soit, le mal était fait de toute manière. Il préférait digérer la nouvelle et passer à autre chose sans un regard en arrière. Voilà, c'est ce qu'il y avait de mieux à faire. Et puisqu'Aby ne le laisserait en paix qu'une fois sa curiosité satisfaite... Il avait bien sentit la main sur son épaule, entendu son questionnement. Il aurait pu essayer de détourner les choses, arguer qu'il était bien ami avec Gillian et Kathrina et qu'elle se trompait donc mais c'était inutile. Après tout... Abigail Scavo ne laissait jamais tomber, n'est-ce pas ? Alors Andrew se retourna, se dégageant ainsi de la poigne d'Aby et s'exprima sur un ton dénué de colère, sûrement pour la première fois depuis des semaines.

- Parce que j'aurais préféré que tu sortes avec moi, voilà pourquoi.

Et comme si Merlin le récompensait pour sa prise de conscience et pour avoir avoué tout ce qu'il avait nié pendant des semaines et des semaines avec l'aplomb de celui qui ignore des choses sur lui-même, ce fut ce moment que choisit Gowan pour ouvrir la porte. Andrew ne se fit pas prier et sortit en bousculant son ami d'un coup d'épaule avant de s'éloigner à grands pas, sourd aux appels de ce dernier.

Il avait besoin de voler.

FIN POUR ANDREW

S'il y avait bien une réponse à laquelle Aby ne s'était pas attendue, c'était celle-là. Pourtant, à la réflexion, c'était celle qui paraissait la plus logique. Andrew n'était pas mesquin au point de refuser que ses amis fréquentent l'un de ses ennemis, il n'aurait jamais fait la tête à Aby s'il n'y avait pas quelque chose de plus profond derrière. Aby l'avait senti, sans doute avait-elle touché la réponse du doigt mais elle n'avait fait que la rejeter, persuadée qu'elle n'était pour rien dans la colère d'Andrew, que celle-ci était injustifiée. Et injustifiée, elle l'était, au fond, car Aby n'était pas responsable des sentiments du garçon et n'y pouvait rien si sa relation avec Ahren avait évolué. Ce n'était même pas comme si elle avait fait un choix entre les deux, puisqu'elle n'avait même pas conscience du fait de plaire à Andrew.

"Oh", murmura-t-elle en guise de réponse, ses sourcils se haussant sur son front tandis qu'elle prenait la mesure de ce que le Gryffondor venait de dire. Il aurait voulu sortir avec elle. Sous l'effet de la surprise, Aby resta silencieuse suffisamment longtemps pour que la porte s'ouvre et qu'Andrew prenne ses jambes à son cou, la laissant seule et désemparée. Depuis quand plaisait-elle à Andrew ? Pourquoi n'avait-il rien dit plus tôt, pourquoi attendre qu'Ahren et elle commencent à sortir ensemble ? Pourquoi lui dire ça maintenant, par Merlin !

Est-ce que cela aurait changé quelque chose, s'il s'était déclaré plus tôt ? Elle n'en était pas sure. Ses sentiments pour Ahren s'étaient développés lentement mais sûrement au cours de l'année, sur la base de cet intérêt proche de la fascination qu'elle avait toujours éprouvé pour lui. Avec Andrew, c'était différent, moins chaotique, plus sûr. Elle se sentait à l'aise avec lui, il la faisait rire, elle recherchait sa présence comme celle d'un meilleur ami avec qui la vie est plus agréable à traverser. Elle sentait un immense chagrin l'envahir après cette altercation, à la pensée qu'ils ne seraient plus jamais amis, mais ce n'était pas de l'amour. C'était simplement qu'elle perdait quelqu'un qui enrichissait sa vie et la rendait plus simple, plus légère, meilleure. Elle perdait un ami, c'était très triste, c'était injuste, elle se sentait aussi misérable pour Andrew, qu'elle avait fait souffrir, que pour elle... Mais c'était comme ça, elle ne quitterait pas Ahren pour autant.

Aby la fière, Aby la têtue devait accepter une situation injuste. Pour la première fois de sa vie elle devait elle accepter qu'on lui refuse quelque chose qu'elle voulait terriblement, et cela l'emplissait de frustration et de chagrin. Bouleversée, Aby traversa la pièce à la hâte pour prendre son sac de cours, qu'elle jeta sur son épaule avant de quitter la salle. Gowan était toujours là et elle s'arrêta net face à lui, hésitant un instant à lui hurler dessus, puis elle rendit les larmes et se jeta autour de son cou avant de laisser libre cours aux larmes qui lui picotaient les yeux depuis le départ d'Ahren. Gowan lui devait bien un câlin de réconfort après avoir provoqué cette situation, et devrait s'estimer heureux qu'aucun des deux ne l'ait transformé en limace. Pourtant, Aby ne lui en voulait pas, finalement. Grâce à lui, elle avait enfin eu le fin mot de l'histoire, et elle était enfin en mesure de comprendre, et donc d'accepter, la froideur d'Andrew. Peut-être, sans doute, était-ce la fin de leur amitié. Cela dépendrait de qui était vraiment le plus têtu des deux, car Aby ne s'avouait pas vaincue...

RP terminé