[flashback] First of the year [Poudlard] [Val et Mimi]

Avertissement : Ce topic  contient des relations prof/élève. C'est pas bien. C'est une oeuvre de fiction, et n'est en aucun cas un exemple à suivre ! Si cela venait à se savoir, Myrdhin et Val auraient quelques ennuis  A ne pas reproduire à la maison, donc, les enfants

Edit modération: trop de posts de plus de 250 mots, déplacé en jeu normal.

03 septembre 2001

Valery a 18 ans. Il est un an en retard, forcément, ayant fuit l'année de la terreur dans la danse et les façons des moldus. C'est le début de sa dernière année. Beaucoup d'élèves sont dans la même situation que lui, avec un an de plus, étudiants tardifs. Certains étaient là en troisième année, et, depuis, leur siège est vide. Valery-de-dix-huit-ans est une créature d'un raffinement plus brutal que sa version adulte, moins bien dégrossie, encore plein de potentiel non exploité. Il est un monstre de sous entendus et de regards lascifs et sa découverte de lui-même et des autres est déjà bien entamée. Sa résolution de cette année est de finir sa scolarité en beauté, tant au niveau du travail et des cours que de ses buts personnels - ceux-là gravitants généralement autour d'un même noyau de séduction et de "je suis trop fort.". Il n'eut pas longtemps à décider de qui allait être sa première cible de l'année. Une nouvelle personne. Quelqu'un de bien plus difficile à atteindre, opposant un challenge beaucoup plus important que les filles de 5eme année et les garçons de 7eme année (lorsque lui-même était en 5eme année.) qui sont les cibles habituelles du jeune homme. Non...

C'est que le premier septembre, le soir du banquet, la directrice a annoncé la retraite bien méritée du Professeur Binn... Et l'arrivée d'une nouvelle recrue. Et Val en avait lâché sa cuillère de salade de fruits, tellement le crush fut intense. Un jeune homme, manifestement timide, ou bien angoissé, aux longs cheveux blonds, à peine plus vieux que certains élèves plus plus grands (ou les moins doués.) Un ovni dans le paysage vieillissant du corps enseignant de l'école. Val était tout fou.

Et ainsi, le mardi matin à 9h, il attendait avec une impatience immense l'arrivée dans la salle de cours du professeur Schaffer. Il s'est même coiffé, ce matin, à défaut de pouvoir mettre sa plus belle chemise moldue -bon sang d'uniforme ridicule.- Et il accueille son arrivée avec un sourire positivement solaire.

Myrdhin était plutôt fier de lui, jusqu'à présent. Il avait réussi à ne pas paniquer face à ses troisième année aujourd'hui. Ce que l'on pourrait presque qualifier d'exploit au vu des bouffées d'angoisse que lui avaient procurés les cours de la veille. Un élève maladroit n'avait pas cessé de faire tomber sa règle métallique sur le sol pendant les deux heures qu'avaient duré la leçon. Myrdhin a bondi et cru mourir à chaque fois, faisant volte face brusquement, d'une manière que les élèves de première année auraient pu trouver effrayante, mais qui avait juste fait rire leurs aînés. Aujourd'hui, il s'en était plutôt mieux sorti; pour l'instant du moins. C'est ce qu'il se disait en entrant dans la salle où l'attendaient ses rares élèves de septième année.

"Bonjour. Je suis euh votre nouveau professeur d'Histoire." Il n'était pas sûr que les élèves l'aient vu entrer, aussi essaya-t-il de hausser légèrement le ton pour attirer l'attention des quelques bavards.

Il s'empressa ensuite de noter le titre de la partie du programme et de commencer à parler de la création du Conseil des Sorciers. Tout de suite, une bonne partie de l'angoisse s'envola, passionné par ce qu'il racontait. Cependant, il était loin d'être à l'aise. Et c'était en partie dû au jeune homme du premier rang qui ne semblait pas le quitter des yeux une seule seconde, ce qui angoissait franchement le professeur. Il ne pouvait pas arrêter, oui ?

Le programme ne l'intéresse absolument pas. Mais alors regarder le jeune professeur se retourner et écrire au tableau, et agiter ses grandes mains osseuses lorsqu'il explique avec passion les enjeux d'il n'a cure quelle révolution économique passée, c'est autre chose. Valery passe l'heure à boire des yeux Myrdhin, le bout d'une plume coincée au coin de ses lèvres, l'air moyennement intelligent, quand même.
Il se rend enfin compte de ce que l'on veut dire lorsqu'on parle de crush sur ses profs. Jusqu'à présent, vu la brochette de radasses et d'affreuses vieilles choses (sans compter LES FANTOMES) dont le chateau était pourvu niveau professeurs, il lui était difficile d'appréhender la portée de la situation. Mais à présent.... Il voit tout à fait ce que cela implique. C'est... Nouveau. C'est une envie de braver les interdits. De passer de l'autre côté du voile, d'une certaine manière. De jouer dans la cours des grands. D'essayer de séduire une figure d'autorité. Quelqu'un qui se doit d'être déontologiquement parfait. C'est essayer de pousser quelqu'un à la faute. Oh mon dieu. Il en a TELLEMENT envie. La pensée dominante de son esprit est à quel point il veut que le jeune prof le plaque sur son bureau et lui morde le cou (schéma réccurent chez Valery, les plus assidus auront pu le remarquer.)
Cette dernière pensée lui fait briser la pointe de sa plume entre ses dents, et il extrait les bouts de sa bouche avec un peu de honte.

*

A la fin de l'heure, Val s'attarde. Traine. Fait tomber des parchemins qu'il doit aller récupérer sous son bureau, pendant que le professeur Schaffer efface son tableau. Puis lorsqu'ils sont tout seuls Val s'approche innocent.

- Professeur Schaffer ? Je peux vous embêter une minute ?

Il le regarde sous une longue frange de cils, attitude ingénue/prédatrice déployée comme un filet de séduction.

- Je crois que je n'ai pas très bien compris ce que vous avez dit à tel moment...

Le jeune homme n'a pas arrêté de le fixer de toute l'heure. Myrdhin a décidé de l'ignorer, mais il ne peut s'empêcher de lui jeter un coup d’œil nerveux de temps à autres. Pourquoi est-ce qu'il ne le quitte pas des yeux comme ça ? Peut-être qu'il regarde juste dans le vide. Oui, ça être doit ça. Il continue son cours tant bien que mal, attendant avec impatience la fin de l'heure, pour qu'il s'en aille, détourne de lui ce regard que le professeur trouve angoissant et qu'il sent posé sur sa nuque quand il a le dos tourné. Il déteste ça. Il a l'impression d'être un proie.
Mais son élève traîne une fois la fin du cours arrivée. Alors que les autres se pressent vers la sortie, gentiment salués par Myrdhin qui se voit plutôt soulagé de leur départ, Valery s'attarde, et Myrdhin angoisse au fur et à mesure que la classe se vide. Il n'aime pas l'idée d'être seul avec quelqu'un. Il essaye de garder contenance et de se donner un air moins tendu, même si rester figé, debout, près de son bureau ne doit pas être la méthode la plus efficace pour faire illusion.
Son élève se décide enfin à lui dire la raison qui le pousse à s'attarder ainsi et à lui mettre les nerfs en pelote depuis une heure. Il n'a pas compris quelque chose. C'était donc simplement ça ?

"Euh, oui. Je...bien sûr. Je vais vous expliquer." s'empresse-t-il de répondre.

Il lui explique rapidement, du mieux qu'il peut, en espérant que cela suffira, et qu'il partira vite. Myrdhin relève les yeux vers lui à la fin de son explication, avant de se dépêcher de regarder ailleurs, mis mal à l'aise par la façon dont le jeune homme l'observe.

"Et...voilà. Ça ira ? C'est...euh...c'est tout ce que je peux faire pour vous ?"

Pitié, qu'il réponde "oui", et qu'il s'en aille. Myrdhin a besoin d'un peu de calme et de solitude.

Valery comprend très bien le jeu. Bien mieux que Myrdhin ne peut probablement commencer à l'imaginer - s'il ose imaginer quoi que ce soit en premier lieu-. Les apparences doivent etre conservées, mais mises en équilibre, déstabilisées, pour permettre à l'autre d'entrevoir des morceaux du vrai visage, qu'il le veuille ou non. Mais pas trop, pas si vite... Ainsi leur entrevue s'achève étonnament vite, l'apprenti danseur se contentant de sourire, et mordre un peu sa lèvre avec une gêne de vous avoir dérangée adorable, bien que tout sauf innocente.

- Non... Je vous remercie... J'ai compris, je crois. Vous expliquez très bien.

Flatterie soufflée alors qu'il effleure du bout des doigts les phalanges du professeur Schaffer, en passant, juste comme ça, alors qu'il le dépasse et l'abandonne dans sa classe avec un guilleret "bonne journée Professeur !" qui... Promet.

Ce manège se poursuit un moment. Pendant quelques semaines, Valery ne revient pas le voir spécialement, mais semble toujours transfiguré par les cours que propose Myrdhin, et lorsqu'il le croise dans les couloirs, met un entrain parfaitement sincère à être ravi de le rencontrer hors des cours, et le salue avec joie. Pauvre Myrdhin, qui apprécierait probablement qu'on ne le remarque pas... Mais Valery semble à chaque fois le repérer dans la foule et puis le saluer comme il se doit - le petit regard tout à fait déconcertant en plus. Puis lorsque le climat se rafraichit, il décide que le pauvre professeur est suffisament sur les nerfs et recommence à traîner à la fin d'un de ses cours, ayant renversé malencontreusement sa bouteille d'encre. Bientôt la salle est vide.

- Professeur ?

Myrdhin souri, à la fois timidement et plein de modestie, à l'entente du compliment, sourire qui s'évanouit lorsque son élève effleure sa main alors qu'il s'en va. Il la retire immédiatement, mais trop tard au vu de la brièveté de l'instant. Il lui souhaite une bonne journée à lui aussi, fronçant les sourcils. Cette attitude l'intrigue autant qu'elle l'inquiéte, et ces sentiments confus ne le quittent pas durant les semaines qui suivent, l'inquiétude grandissant même lorsqu'il en est réduit à ne plus sortir de ses appartements que pour faire cours, mangeant parfois dans sa chambre, cloitré, pour éviter de croiser le jeune homme dans les couloirs, chose qui finit par lui sembler quasi-impossible puisqu'il l'y rencontre régulièrement malgré ses efforts. Valery le salue toujours chaleureusement, et Myrdhin en est d'autant plus mal à l'aise. Il juge cette cordialité déplacée, même s'il ne saurait pas trop dire pourquoi, exactement.
Le jeune professeur est sur les nerfs, passant chaque heure de cours avec les septième années à surveiller Valery du coin de l'oeil, angoissé d'être ainsi fixé sans cesse, et priant intérieurement pour que la fin du cours arrive vite. Mais cette fois, celle-ci a beau avoir retentit depuis quelques instants déjà, le jeune homme est toujours là. Il a renversé une bouteille d'encre. Myrdhin s'était retenu de crier, surpris par le bruit, mais la frayeur que cela lui avait causé faisant encore trembler ses mains.
Il essaye de cacher ces tremblements comme il peut, appuyant ses grandes mains sur son bureau pour les empêcher de se mouvoir à leur guise, lorsque Valery l'aborde à nouveau.

"Oui, monsieur Aster ? Que puis-je faire pour vous ?" demande-t-il d'un ton qui se veut entre la neutralité et la cordialité, mais dont il ne peut dissimuler complètement l'hésitation et la sécheresse.

Valery a longuement planifié ce moment. Il a même délaissé un peu sa danse, sa grande passion, pour céder à sa monomanie, son infatuation sur son professeur d'Histoire. Il se dit que des mimiques mignonnes et outrageuses ne seront jamais suffisantes pour approcher Myrdhin, et cela est rapidement confirmé par la difficulté croissante que le jeune homme a pour reprérer son professeur, qui doit probablement le fuir. Loin de le blesser, cela lui donne un challenge, un feu renouvelé, qui le pousse à...

- Professeur, je suis un peu triste que vous ayez omis de parler de l'incident de Budapest de 1879. Je me dis que l'unification cette cité a eu une incidence majeure sur les intrigues politiques magiques de l'époque... J'aurais bien aimé vous voir en parler plus longuement.

S'accouder au bureau de Myrdhin. Il a potassé. Des bouquins d'histoire. Etudé en long en large et en travers la période qu'ils abordent, et s'y connait maintenant honorablement bien, suffisament, il espère en tout cas, pour soutenir une conversation éclairée avec son professeur, séparés uniquement par une grande étendue de bois. Il n'a pas quitté son attitude indolente mais engage, pour l'heure, une vraie conversation. Il rajoute à sa petite phrase une pique à l'égard d'une grande figure de l'époque, histoire de faire s'offusquer un peu Myrdhin, que Val veut voir défendre ce mage historique. Il s'est permis, avant que son prof ne les retire, d'effleurer une nouvelle fois ses mains, dont il a du mal à se défaire, en toute bonne foi.

Myrdhin dit distraitement au revoir aux derniers élèves à quitter la classe, une lueur de désespoir dans les yeux. Pourquoi le laissent-ils seul avec...lui ? Le jeune professeur balaye nerveusement la pièce du regard, à la recherche d'un prétexte pour fuir, au cas où, écoutant vaguement son élève. Distraction qui s'envole dès qu'il comprend de quoi Valery parle. Il lui sourit brièvement, mais sincèrement, en se grondant intérieurement. Et dire qu'il s'est mis à craindre cet élève. Alors que c'est un simple passionné d'histoire. Comme lui. Tout simplement. N'est-ce pas formidable ? Oui, sûrement. Mais Myrdhin se sent un peu attaqué dans sa fierté, quand on lui reproche le contenu de ses cours. Oui, il a oublié de mentionner Budapest, et pourtant, c'est écrit dans ses notes. Cela doit être sous l'effet du stress, il a oublié, voilà tout, cela lui arrivait parfois. Mais Mimy ne veut pas qu'on dise de lui que c'est un mauvais prof. Il vient juste de commencer, il ne veut pas décevoir, et surtout pas risquer sa place ici, à Poudlard, bien en sécurité dans l'endroit plus sûr du monde.

"Vous avez tout à fait raison, c'est un évènement important, mais j'ai justement prévu d'y consacrer un cours un peu plus détaillé, une fois que nous aurons terminé ce passage. Ne vous inquiétez pas."

Etrangement, Myrdhin prend le temps de discuter avec Valery, sans trop protester ni chercher à s'en débarrasser, et sans trop paniquer. Juste un peu. Un tout petit peu. Euh, oui, non, beaucoup, en fait, à l'instant où le jeune homme effleure ses mains à nouveau. Myrdhin les retire précipitamment et plante un regard indigné dans les yeux du blondinet. Cela devient une habitude, ou quoi ?!

Il s'efforce d'être un partenaire de conversation plaisant - cela est rendu plus simple par le fait que la période abordée l'intéresse sincèrement et que potasser des bouquins d'histoire en vue d'éventuellement trouver son chemin dans le pantalon de son prof a réveillé son appréciation pour le sujet. Il débat avec animation un moment, se fend d'un sourire d'excuse lorsqu'il capte que la remarque sur Budapest a vexé Myrdhin.

- Non, non.. Je veux dire, j'aime vraiemnt beaucoup votre cours, je suis j'imagine un peu trop entousiaste et la réunification de la ville était un point que j'ai attendu toute l'heure... Je ne voulais en aucun cas heu vous critiquer.

Et c'et donc à ce moment-là qu'il lui effleure la main. Regard par en dessous, léger rougissement.

- Je suis désolé... Vous avez des mains magnifiques. Un regard vers l'horloge que j'imagine ne fait aucun tic-tac. Et oh je vais être en retard. On pourra rediscuter de (point obscur du cour qui les entousiasment tous les deux) plus tard ? J'aimerais vraiment savoir votre version de ce qu'a fait la Baronnesse pour déclencher la guerre. A la semaine prochaine, professeur !

Et Valery laisse le pauvre Mimi seul dans sa classe à réfléchir sur la vie et les étudiants, après l'avoir salué d'un sourire toujours aussi ennyeusement tentant.

Encore perturbé par l'issue du dernier cours qu'il a donné à ses septième année, Myrdhin a décidé de ne plus se laisser surprendre. C'est bien trop...surprenant à son goût, trop angoissant, trop déstabilisant. Non, vraiment, terminées, les initiatives de Valery Aster.

Aussi, à la fin de ce cours-ci, il lui demande de venir le voir, alors que les élèves commencent à peine à quitter la salle. Hors de question de le laisser agir à sa guise. C'est lui qui décide à qui il parle, non mais. Et puis cette manie d'attendre que tout le monde soit parti, à chaque fois...non, sincèrement, qu'allaient s'imaginer les gens ? C'est absolument épouvantable pour Myrdhin que de penser cela. Comme si...oh, non, quelle horreur. Il ne veut même pas y penser. Il faudrait être fou pour penser cela de lui. ...n'est-ce pas ?

Le jeune professeur passe derrière son bureau. Même s'il n'y est pas très à l'aise, il préfère mettre de la distance entre lui et son élève. 

Autant mettre les choses au clair. Le regard du jeune homme sur lui, toute l'heure durant, le perturbe plus qu'il ne veut bien se l'avouer. Et c'est déjà intolérable à ses yeux.

Et il garde les mains dans le dos. Hors d'atteinte. Non mais oh !

Lorsqu'il se fait appeler à la fin du cours - lui qui comptait ne rien faire du tout aujourd'hui - il n'arrive pas à retenir le sourire de fleurir. HAHAHA. Pauvre petit professeur qui a dû bugguer pendant trois jours en attendant leur prochain cours et doit être dans un terrible état de détresse. C'est confirmé lorsqu'il constate la distance que Myrdhin prend avec Valery et ses mains qu'il garde soigneusement à ses côtés. Il a une tendresse amusée et tout sauf innocente envers lui, et se tient sagement à sa place pendant le discours du jeune prof. Qui bafouille un peu et n'est pas très clair, mais qui prononce le mot magique : "déconcentré". Ah donc comme ça il le déconcentre. Et l'arrogance de Valery lui fait dire que le professeur Schaffer n'est peut-être pas tout à fait imperméable à ses avances. Oh, bien, soit.

- Oh, Professeur, je suis navré.

Il arbore effectivement un air affecté, un quart de seconde, avant d'employer ses dix ans de danse à sauter le bureau comme un cheval d'arçon, aussi facilement que s'il avait fait cela toute sa vie. Se retrouvant ainsi assis sur le bord du meuble face à Myrdhin, excessivement proche.

- Je suis navré, je ne souhaitais pas vous perturber en vous signifiant mon attirance pour vous. Elle est parfaitement sincère.

Il apprendra à tenir sa langue... Un autre jour.

Myrdhin fronce les sourcils en voyant Valery s'avancer avec un sourire, et s'efforce de ne pas changer d'avis et l'envoyer loin, très loin. Il a bien le droit de sourire, après tout. Plein de gens ont le sourire, dans la vie, et ce ne sont pas tous des psychopathes obsédés par leurs professeurs comme il soupçonne parfois Valery de l'être quand, la semaine passée par exemple, il le croise à chaque fois qu'il met un pied dehors. Le professeur garde de la distance pour se rassurer, et montrer clairement les limites - à ce qu'il parait, c'est important, avec les enfants - et exprime le plus clairement possible sa demande. En d'autres termes : qu'il lui fiche la paix, là, avec ses yeux trop bleus et...chut. Myrdhin est coupé dans ses pensées - et heureusement, estime-t-il. Son élève vient de s'excuser. Plus ou moins. Myrdhin est soulagé. Bon, il allait le laisser tranquille, maintenant, alors ?
Mais alors qu'il allait exprimer sa reconnaissance face à sa compréhension et ajouter que s'il pouvait ne plus le voir partout où il allait, ce ne serait pas mal non plus, Valery a sauté par dessus le bureau pour s'y installer. Et lui dit... Il lui fait face. Beaucoup trop près au goût de Myrdhin, qui a un brusque mouvement de recul lorsqu'il croise son regard. Si brusque et spontané qu'il en oublié la présence de la chaise derrière lui, s'y prend les pieds, essaie de s'y rattraper, et chute misérablement à terre. Il s'est cogné la tête contre le mur. La chaise tangue un instant, et s'écroule avec fracas. Et Myrdhin se sent juste ridicule. Et offensé. Tout de même.

Le danseur avait pas... Pas exactement prévu ça. Il se mord la lèvre avec beaucoup d'ennui, un peu honteux, et descend du bureau pour s'agenouiller près de son professeur, le regarde dans les yeux pour essayer de voir s'il ne s'est pas fait trop mal. Et puis l'aide à se relever, lui tirant la main pour le redresser à la verticale. Et ne fait pas un mouvement spécialement pour s'écarter de lui, constatant leur légère différence de taille - Valery n'atteindra sa taille adulte qu'un peu plus tard - mais s'inquiétant surtout de ne pas lui avoir fracturé le crâne à coup de déclarations éhontées. Bon cela lui fait un prétexte pour lui toucher l'arrière du crâne, constater qu'il ne saigne pas, et qu'il a les cheveux doux.

- Professeur, je suis désolé, je voulais pas... Vous vous êtes pas fait trop mal ?

La logique voudrait qu'il le laisse tranquille, après ça. Val n'est pas très doué avec la logique et il reste donc planté là à observer Myrdhin s'en remettre, et probablement l'envoyer sur les roses. La main qu'il lui a pris pour le redresser a été parfaitement conservée dans la sienne, tant qu'il le peut, en tout cas - probablement pas longtemps. Il espère s'en sortir avec un air innocent et inquiet avec honneteté. Il détourne les yeux avec un peu de théâtralité.

- Je... Je pensais que vous.. n'étiez pas insensible à mes regards.

Espérons qu'il est assez confus avec sa bosse sur le crâne pour ne pas le renvoyer tout de suite.

Myrdhin se sent parfaitement ridicule, et s'il accepte, bon gré, mal gré, l'aide de Valery pour se relever, il n'ose pas un instant croiser son regard. C'est probablement le jour le plus humiliant de sa vie. Il se fait harceler par un élève, et au lieu de réagir fermement et raisonnablement, il tombe à la renverse. Littéralement. Pff. Ridicule.

Il veut le repousser, lui crier de s'en aller, et de ne plus jamais, jamais, jamais l'approcher encore. Jamais. Le jeune homme est son élève, enfin. Il ne devrait pas être autorisé à cela. Il ne l'est pas, d'ailleurs. Et si Myrdhin frissonne légèrement alors que la main de Valery effleure son crâne, il préfère se persuader que c'est dû à la douleur. Et il recule, lentement cette fois.

Val est jeune, et un peu idiot, et pense qu'il et tout puissant lorsqu'il s'agit de séduction. Mais il n'est pas plus vil ou méchant que son contemporain. Ainsi, l'air misérable et humilié de son professeur le fait très rapidement culpabiliser, et se reculer avec une certaine gene. Ce n'est pas comme cela qu'il obtiendra quoi que ce soit de lui. Il ne sait d'ailleurs plus tout à fait ce qu'il veut de Myrdhin. Pas... Pas ces réactions là, parce qu'il le trouve choupi et qu'il n'a pas envie de devenir le grand méchant. Vu que cela semble manifestement possible. Est-ce qu'ils entrainent les professeurs de Poudlard à la pédagogie ? Lorsqu'il se remémore certains de ses anciens profs, probablement pas suffisamment. Du coup Valery recule, sourit comme si il avait compris le message.

- Bien sûr, professeur.

Et il disparait de la classe, laissant Myrdhin seul à son humiliation.

Après cet incident, l'attitude de Val change... Un peu. Les premiers cours, il fait un effort pour moins le regarder, même s'il lui adresse le même grand sourire un peu piquant qu'il lui a toujours destiné, si d'aventure le professeur Schaffer croise son regard. Puis il retombe peu à peu dans ses vieilles habitudes et le dévisage un peu plus à chaque cours. Valery a la mémoire courte et l'idée bien ancrée. Et c'est finalement, le dernier jour des cours avant les vacances de Noel qu'il traine un peu encore une fois, puis avance vers le bureau de Myrdhin, pour lui demander, très tranquillement, et sans aucun préambule :

- Et si je n'avais pas été votre élève, Professeur ?

Encore une fois, les jours suivant, Myrdhin a le vain espoir qu'on le laisse tranquille. Valery semble avoir plus ou moins compris l'inconvenance de sa conduite et combien il le met mal à l'aise...mais chassez le naturel et il revient au galop. Et le jeune professeur retrouve vite le regard malicieux de son élève posé sur lui. Il croise les doigts, prie pour qu'il sache garder ses distances, à présent. Mais cela ne dure pas, et la paix relative que lui fichait Valery prend fin la veille des vacances. La veille des vacances. N'y a-t-il pas meilleur moment pour perturber quelqu'un ? Sachant que Myrdhin tournera et retournera dans sa tête le moindre détail de la scène, et ce pendant toutes les vacances. Et ces quelques jours de tranquillité si appréciables se transformeront en longues journées de migraine, de peur et de culpabilisation. Merci Valery, vraiment. C'est le moment parfait.
Myrdhin est perturbé par la question. Il est son élève. C'est un fait. Point. Pas de "et si" qui tiennent. Leur situation lui donne une excuse parfaite pour ne pas y réfléchir. Et il aimerait bien s'y tenir.

- ...Collaporta.

Bout de baguette pointé, simple murmure. Le déclic de la porte qui se scelle et les enferme, les protège. Valery observe le manège de Myrdhin avec une excitation anxieuse - il sait ce qu'il va faire, mais il est majeur depuis encore trop peu de temps pour se penser comme un adulte : il a l'impression de défier l'autorité, le mettre les pieds en territoire méconnu d'égalité avec les adultes. C'est euphorisant. Et stressant. Lorsqu'il s'approche du professeur d'histoire, sous ses abords décontractés et son visage sérieux, il n'en mène pas si large que ça. A tout instant Myrdhin pourrait l'ensorceler, le trainer dans le bureau de la directrice, le faire renvoyer. Le regard qu'il porte sur son ainé suffirait amplement comme motif de renvoi. Mais Myrdhin... A savamment éludé la question, et c'est tout ce qu'il faut à Valery pour lui saisir délicatement l'épaule, et l'enjoindre à lui faire face. Cueillir son regard du bout des yeux, le remonter comme une ligne, alors que, d'un pas, il envahit son espace personnel. Le jeune danseur entend son cœur battre dans ses propres oreilles, gorgé d'adrénaline, suffisamment pour que le rose lui monte aux joues. Il n'aurait pas imaginé que courtiser son professeur d'histoire allait lui faire un tel effet. Mais c'est tellement plus risqué, l'issue est tellement moins certaine qu'avec les jeunes filles qui lui sourient en rougissant à la bibliothèque...
Bien qu'il se tienne tout proche de lui, il ne le touche pas, outre la main qu'il a laissé sur son épaule et qui froisse un peu son vêtement, espérant l'épingler dans l'instant. Ne fait qu'approcher son visage, lentement. L'observant au travers de ses cils. Valery trouve l'occasion trop inestimable pour la gâcher en se pressant. Il ne dit rien. Parce qu'il n'est pas dupe, ou parce qu'il espère arriver à ses fins grâce à son culot. S'immobilise à un cheveu de la bouche de Myrdhin, visage ostensiblement de côté, et abaisse les paupières, le souffle un peu court de devoir tant se maitriser.
Et il ne fait rien. Il laisse son professeur se damner tout seul. Céder de lui-même. Lui donner raison. C'est plus fort que lui, c'est trop tentant.

Myrdhin panique lorsque Valery ferme la porte. C'est louche. Et effrayant. Qu'est-ce que... Myrdhin panique lorsqu'il s'approche. Plus près. Trop près. Il sursaute au contact de sa main. Myrdhin entend les battements de son coeur résonner dans ses tempes, tandis que le jeune homme se rapproche encore. Et encore. Il devrait l'arrêter. Il devrait s'arrêter...il s'arrête. A un millimètre près de la bouche de Myrdhin, qui s'arrête presque de respirer. Arrive le moment où il sait que quoiqu'il fasse, il le regrettera. Il réfléchit un instant au problème de conscience que cela lui pose, aux ennuis qu'il va sûrement avoir, au chantage que pourrait lui faire son élève, à la peur, à la honte...à l'envie. Et il cède, cet idiot. Il franchit le dernier millimètre qui le sépare de Valery, presque sans hésitation. Sans honte, et sans remord, malgré la petite boule de culpabilité qui nait dans son estomac, et qu'il ignore éhontément. Le professeur l'embrasse avec franchise, presque. Myrdhin approfondit le baiser, qu'il apprécie plus qu'il ne l'imaginait. Puis, soudainement, il semble revenir à la réalité, et éprouve le besoin de se reculer légèrement, rompant le plus doucement possible le baiser.

Lorsque son professeur cède, un grand vent de jubilation se lève dans la poitrine de Valery. Il démolit toute cette retenue qu'il a du construire pour ne pas se jeter au cou de Myrdhin, chose qu'il a envie de faire depuis le début de l'année. A présent il peut laisser libre cours à son envie, saisir délicatement la nuque de Myrdhin lorsqu'il sent sa langue contre la sienne et soupirer sans s'en empêcher. Il n'imaginait... pas ça. Il ne pensait pas que le professeur Schaffer allait se laisser convaincre si facilement. Cela l’électrise. Quand Myrdhin se recule, il se braque instinctivement, imaginant que ça y est, il va être trainé chez la directrice. Mais non. C'est un petit refus un peu misérable que son professeur lui fournit, et puis contre toute attente, un dernier baiser qui le laisse silencieux. Puis le naturel revient et il se fend d'un sourire long et doux et rose du baiser qu'ils ont échangé.

- Bonnes vacances, professeur.

Et Valery lui offre son petit départ habituel, le laissant seul à réfléchir dans sa salle de classe vide, et Myrdhin peut se rendre compte qu'il a une petite morsure gentille à la lèvre.

Les vacances passent. Valery laisse Myrdhin tranquille, à la rentrée. Il ne le regarde même pas. Cela dure pendant quelques semaines. Février arrive et il ne lui a toujours pas accordé plus qu'un sourire léger lorsque le professeur a le malheur de croiser son regard. Aurait-il effectivement obtenu ce qu'il voulait ?

Bonnes vacances. Myrdhin en doute, lorsque son élève quitte enfin la salle, après ce baiser, qui déstabilise encore le jeune homme, surpris de s'être ainsi laissé aller. Et un peu honteux, aussi. Il devrait être pleinement soulagé du départ de Valery, mais une part de lui-même ne peu s'empêcher de le vivre un peu comme un abandon, même s'il lui a demandé de son plein gré de partir.

Une fois l'élève sorti, Myrdhin se laisse choir sur le rebord de son bureau, où il aime à s'asseoir, quand il est seul. C'est bien plus pratique qu'une chaise, il est ainsi prêt à bondir en cas de besoin, sans avoir à contourner le lourd bureau de bois sur lequel il avait diablement envie de plaquer Valery quelques secondes auparavant. Le professeur se plait à se perdre dans ses pensées, rougissant légèrement, il ne sait si c'est de honte ou de plaisir. Il repense à la sensation du jeune homme contre lui, à ses lèvres contre les siennes... C'était étonnement agréable. Plus qu'agréable. Myrdhin amène à lui une cruche et une verre d'eau. Il a la tête qui lui tourne.
Tout cela lui laisse un arrière goût de trop peu.

Ces vacances sont éprouvantes pour le professeur d'Histoire, tiraillé entre culpabilité et frustration, entre envie et honte, entre instinct et raison. Il attend le retour des élèves ave une certaine hâte, teintée d'appréhension. Et si cela venait à se savoir ? Et si Valery le faisait chanter ? Et si on dénonçait ce baiser coupable, que Myrdhin n'avait même pas la décence de regretter sincèrement ? Tout ce qu'il regrettait, c'était que le garçon soit son élève. Mais ça, jamais il ne se l'avoue. Se cacher derrière l'interdit l'empêche de trop réfléchir. C'est bien plus facile ainsi.

Mais Valery l'ignore. Et Myrdhin, rassuré pour sa sécurité, enrage presque, malgré tout. Pouquoi diable ne lui accorde-t-il même pas un regard ? Myrdhin pense que c'était probablement juste un défi, pour son élève, et il en est un peu vexé, quelque part, au fond, dans un coin de son cerveau. Et plus le temps passe, plus il cherche désespérément accrocher son regard. A croire que les rôles s'inversent. Myrdhin s'agace lui-même. Pourquoi se mette volontairement en danger ? Depuis quand a-t-il l'amour du risque ? Valery ferait bien de répondre à ses muets appels, car la témérité du professeur a ses limites, qu'il se reproche déjà d'approcher.

Janvier est très long pour Valery. Dès qu'il prend conscience du fait que Myrdhin se comporte de façon anormale, faire semblant d'ignorer son professeur devient encore plus éprouvant que ça ne l'était déjà. Il n'a qu'une envie, c'est de s'attarder une nouvelle fois à la fin de l'heure et dûment sauter sur son professeur. Il ne le fait pas. Il teste les limites, tire sur la corde, un peu. A peur que s'il se manifeste trop tôt il fasse éclater toute la progression qu'il a réussi à effectuer avec Myrdhin. Il se doute, même si un peu confusément, parce qu'il est jeune et pas tout à fait expert en séduction, que l'attente, la frustration et la tension peuvent jouer une grande part dans l'humeur de Myrdhin et ce qu'il est prêt à risquer, jusqu'où il est prêt à aller.
Mais découvrir que le professeur cherche son regard jette une certaine confusion sur Valery. Il oublie parfois, dans sa démarche presque scientifique de dévergondage du professeur Schaffer, qu'il fait partie de l'expérience et qu'il a des émotions, et des frustrations lui aussi. Difficile de maintenir le suspense très longtemps lorsque tout ce qu'il a envie de faire est de céder sous ses lèvres de nouveau et le laisser faire ce qu'il veut de lui et de son insolence inadmissible. Alors il résiste moins longtemps qu'il ne le souhaitait. Et un lundi, juste avant la fin de l'heure, lorsqu'il sent les yeux de Myrdhin se poser sur lui, il verrouille son regard au sien, subitement. Beaucoup de détermination, dans son expression. De "j'ai assez joué." De désir. Il se mord les lèvres. Et il ne se lève pas en même temps que les autres elèves lorsque la sonnerie retentit. Pas encore.

Myrdhin ne se lasse pas. C’est plus fort que lui, et il a beau s’en vouloir, et il ne peut s’empêcher de toujours chercher à capter de nouveau le regard de Valery. Il ne sait pas s’il doit se sentir vexé de cette toute nouvelle indifférence. Il l’est peut-être un peu. Plus qu’il ne veut bien se l’avouer. Cela, et de la frustration. Et ça l’agace. Il devrait être content, non ? Lui qui aime tant qu’on le laisse tranquille. Mais non. Pour une fois, Myrdhin veut de l’attention. De l’attention de la part de Valery. Les jours filent, plus lentement qu’auparavant, lui semble-t-il, dans l’espoir qu’il se passe quelque chose. Quoi, il n’en sait strictement rien, hein. Mais quelque chose. Ce serait bien. Juste pour lui donner un indice de ce qu’il est censé faire maintenant. Il a eu beau chercher à la bibliothèque, il n’y pas de manuel « La conduite parfaite à adopter après avoir embrassé un élève, manuel à l’usage des professeurs ». Ca devrait, pourtant, Mydhin est certain que ce serait un best-seller. Enfin, il aurait bien aimé l’avoir, tout du moins. Parce qu’il ne sait pas du tout quoi faire présentement, ni ce qui se trame dans la cervelle du jeune homme, ni à quoi s’attendre dans le futur proche ou lointain. Bref, Myrdhin est perdu, et ça l’angoisse un peu. Beaucoup. Et il sent que tout ça ne sera pas sans conséquences. Il a un peu peur. Et bien sûr, il a bien envie de recommencer quand même. C’est tout à fait logique. Si si. Vous pouvez pas comprendre.
Aussi, il a instantanément un petit sourire lorsque son élève soutient son regard, pour une fois. C’est plus fort que lui. Cela lui avait manqué. Et il a un soudain espoir en voyant Valery s’attarder un peu, ce jour-là. Myrdhin reste un moment à l’observer, à distance, en repensant à ce regard échangé, tout à l’heure. Et à ceux échangés quelques semaines auparavant. Quelque chose lui dit que Valery n’a plus envie de l’ignorer. Et il est là, devant lui. Alors Myrdhin s’en rapproche, il laisse sa main s’égarer à caresser délicatement la joue de Valery, lui demandant implicitement une autorisation, et à effleurer son cou, s’y attardant un instant, puis il estime qu’il a l’autorisation qu’il attendait et saisit son col pour mieux le plaquer contre le mur le proche, sans trop de délicatesse. Et il l’embrasse doucement, tendrement, presque dans un effleurement.
« Vous désiriez, monsieur Aster ? »

Lorsque son professeur ne rougit pas, ne panique pas, mais soutient simplement son regard en souriant, Valery est presque assommé par l'anticipation qui le saisit. Il n'a jamais ressenti autant de choses disparates que par la conquête et les jeux interdits d'avec son professeur. Les enjeux sont plus grands pour Myrdhin que pour lui, il le sait. Il est presque sorti de l'école, après tout, le temps qu'une telle chose se sache et il aurait déjà fini sa scolarité. Lui, par contre, débute en tant que professeur et joue toute sa carrière... C'est d'autant plus excitant de le voir se rapprocher silencieusement alors que la classe est vidée et que la porte se referme derrière le dos du dernier élève. Il observe la progression vers lui de Myrdhin, hypnotisé, tend la joue qu'il sent cuire sous la caresse, et n'arrive pas à retenir une légère exclamation de surprise lorsqu'il heurte le mur de son dos. Mais au lieu de la fougue et de la violence que présageait ce geste, c'est un baiser qui le laisse bouche ouverte, en demande, et rougissant violemment sous l'émoi. Ce qu'il désirait ? La sourdine dans sa voix le fait presque sursauter.

- Plus.

Jusqu'à présent, aussi étonnant que cela puisse être, il n'a jamais été l'instigateur du baiser. C'est chose réparée à présent, et il y met tout le feu qui l'anime à braver un tel interdit. Refuse qu'il n'y ai que leurs lèvres qui se touchent et attire par la nuque le professeur Schaffer à lui, laissant ses doigts glisser dans ses cheveux longs, goutant leur texture et résistant à l'envie de les saisir à pleine main pour l'empêcher de partir trop vite. Lorsqu'il prend conscience du fait qu'il lui a mordu la lèvre inférieure dans sa passion, il se radoucit, alarmé, lisse ses cheveux et l'embrasse comme au début, doucement, paresseusement. Cela pourrait durer des heures, s'il n'essayait pas de déboutonner le col de la robe de Myrdhin de sa main libre, à présent. C'est lui signifier sans détour qu'il souhaite bien plus que des baisers. L'anxiété revient. Il va se faire rejeter, il va se faire rejeter. Il tente quand même. L'audace insolente de la fin d'adolescence.