Où est Charly? (Steven Harisson)

Lundi 7 janvier

Il avait toujours été relativement difficile pour Nemo Ayling de comprendre et d'appréhender cette tendance humaine qu'est l'amour maladif, voir l'adulation déitique pour les animaux de compagnie. 
Bien vite, lorsqu'il était arrivé à Poudlard, il s'était frustré de voir tout ses camarades sans exception batifoler joyeusement avec des chats, crapaud et autres chouettes et hiboux dans les dortoirs ou dans le parc du château. Évidemment, comme tout jeune de son âge qui se sent à l'écart, il avait tenté de s'immiscer dans le troupeau en se rendant à l'animalerie magique du chemin de traverse pour tenter d'y acheter un outil de sociabilisation plus qu'un réel animal de compagnie. Et de toute évidence, il avait réalisé qu'il avait déjà bien trop à faire avec l'être humain pour s'encombrer d'un rat, d'une chouette ou d'un chat, magique ou non.

Les autres avaient sûrement leurs raisons et Nemo s'efforçait de les tolérer et de les comprendre. Mais lorsque Steven Harisson avait vu son chat filer dans la forêt interdite cet après-midi de Janvier, sa réaction laissa Nemo stupéfait. 

C'était un cours de soin aux créatures magiques qui n'avait de différent des autres que le fait qu'il soit le premier de la nouvelle année. Et Nemo s'était surpris à avoir hâte qu'il débute. Les 5emes années avaient donc étudiées ce jour là à la lisière de la forêt. C'était toujours un mélange d'excitation et de peur qui se formait en Nemo dans ces moments. La forêt et toutes ces légendes qu'on raconte à son propos était juste là, à quelques mètres: la limite entre la sécurité du château et le danger du monde magique n'était jamais aussi faible que pendant les cours de soin aux créatures magiques. Et c'est pourquoi Nemo se perdait souvent à tenter de regarder par dessus l'épaule du professeur Ollivander pour tenter de voir filer entre deux arbres l'ombre d'un centaure, d'une araignée ou d'un Scrout à pétard.
 Nemo amait bien le Professeur Ollivander: outre le fait qu'elle ait été une élève de la maison de la bonne Helga, il lui trouvait une certaine fraîcheur juvénile. À la manière d'une institutrice d'école primaire: vous savez, ce genre de dame qui tiens ses petites élèves par la main parce que celles ci lui supplient de l'accompagner aux toilettes? Elle était aux yeux de Nemo le parfait mélange entre maladresse et intelligence.
Aujourd'hui, le cours n'était pas un cours pratique, mais restait en extérieur. Vie et Habitat des Gobelins: ou comment des êtres qui ne dépassent pas le mètre 10 ont réussi à s'octroyer une importance sociale, économique et politique. Une belle leçon de bravoure, bien joué les gars! Il était drôle de voir que les Gobelins restaient les seules créatures dont on étudiait à la fois l'histoire politique et leurs caractéristiques en tant que créatures.  
À la fin du cours, le soleil filtrait à travers les feuilles des arbres et ses rayons révélaient une poussière jusqu'alors invisible. Le professeur sonna la fin de l'heure et les 5emes années rentrèrent joyeusement de leur journée de cours. 

Et c'est là qu'Harisson était intervenu. 
Nemo avait noué certains liens avec lui. Il en était premièrement obligé, parceque Steven était son partenaire de Quidditch mais également son préfet. Mais également, Steven était quelqu'un de vrai et de sympathique: son naturel timide inspirait au Poufsouffle plus de confiance que n'importe quel abruti extraverti, et c'est sans doute pour cela qu'il arrivait beaucoup mieux à développer de la sympathie pour lui. 

Néanmoins, c'était de sa faute s'il se retrouvait maintenant en pleine forêt interdite au crépuscule à la recherche d'un maudit chat beaucoup trop curieux à son goût. 

Ils sortaient donc du cours du professeur Ollivander et Nemo avait alpagué son préfet pour quelques conseils stratégique de Poursuiveur à Poursuiveur. Ce n'était que maintenant qu'il réalisait son erreur monumentale. Car alors qu'il parlait, cette petite boule de poils ayant sûrement suivie son maître jusqu'en cours s'était faufilée à vive allure devant eux pour disparaître deux seconde plus tard à travers les troncs effrayants des arbres sinueux de la forêt.
Mauvais endroit. Mauvais moment. Nemo était la personne la plus proche d'un Steven paniqué, et c'est donc évidemment à lui que le préfet demanda de l'aide. 
S'il avait écouté son cœur et sa lâcheté - ce qu'il aurait sans doute fait - Nemo aurait laissé Harisson se démerder seul avec les centaures et les araignées dans ce dédale d'arbres et de racines pour tenter de retrouver son chat. Mais il cumulait les avantages hiérarchiques: préfet, partenaire de Quidditch, socialement apprécié. Ajoutons à sa ce maigre visage de détresse que Steven lui avait lancé en lui demandant de l'aider, et Nemo n'avait pu refuser de l'accompagner dans la forêt: il se décida à l'aider lorsqu'il lui parut évident que ce dernier n'hésiterai pas une seconde.
Il était mort de peur. Réellement mort de peur. Alors qu'ils marchaient entre les arbres à recherche du petit Charly chaque pas de Nemo rendait sa jambe plus tremblotante et chaque bruit de la forêt lui coupait la respiration un bref instant. Il ne faisait pas encore nuit, mais la densité des feuilles réduisait la luminosité de façon notable, si bien que seuls les Lumos des deux garçons leur permettait de mettre un pied devant l'autre. 

Steven criai le nom du chat un peu trop fort au goût de Nemo. Et c'est après quelques minutes que Nemo se décida à entamer sa première phrase depuis l'entrée dans la forêt. 

- Tu...T.. Qu'est ce qu'on fait si on le retrouve pas, Steven? Je dit pas qu'on va pas le retrouver, hein. Mais tu vas quand même pas passer la nuit ici ?

C'est vrai. Lorsque Steven Harisson avait vu son chat filer dans la forêt interdite cet après-midi de janvier, sa réaction laissa Nemo stupéfait. Pouvait on aimer une boule de poils à ce point, pour risquer sa vie sans même savoir si on allait le retrouver. Ce Charly était quelqu'un de très chanceux.

- "Les gobelins ont toujours vécu assez proche des sorciers, je crois..."

C'est sur cette réponse hésitante en cette fin d'après-midi de Janvier que Steven participait au cours de Soins aux créatures magiques avec ses camarades de maison et les cinquième années de Serdaigle. Comme à l'accoutumé, le cours se passait en lisière de la forêt interdite et Steven n'avait pas eu la main molle pour s'habiller puisqu'il était vêtu d'un gros pull, de sa cape d'hiver qu'il avait remonté jusqu'au cou et de ses gants en peau de dragon. Il était satisfait de s'être habillé si chaudement puisque la température sous l'ombre des arbres n'était pas des plus accueillantes ainsi que l'ambiance lugubre qui régnait à en donner des frissons. On lui tapota les côtes et David lui glissa un bout de parchemin entre les mains où était griffonné un dessin grossier. David pointa discrètement du doigt une fille de Serdaigle qui levait la main et qui, comme l'avait supposé Steven, avait des yeux globuleux, des sourcils broussailleux, un visage renfrogné et carré, un tout petit nez et des cheveux bouclés -ou emmêlés- qui lui retombaient sur les épaules. Son camarade de dortoir se pencha vers lui et lui glissa à l'oreille: "Sa tête, on dirait une boîte en carton... ou un coffre.". Gregory, qui visiblement avait déjà vu le dessin, essayait de rire discrètement à la gauche de David. Steven donna un coup de coude discret dans les côtes de David en coulant un regard méfiant à Ollivander qui continuait son cours, avant de baisser les yeux vers son parchemin et de sourire. David était très moqueur et avait le coup d’œil pour repérer ses victimes qui lui permettraient peut-être d'amuser la galerie. Il avait le don de trouver un défaut qui susciterait des moqueries à tout le monde. Steven lui répétait souvent qu'il ne devrait pas se moquer ainsi, que cela pourrait lui apporter des ennuis et qu'il était loin d'être lui-même parfait, c'était son rôle en tant qu'ami et préfet de remettre dans le bon chemin son ami. Mais ce-dernier semblait se moquer de ces moralités aussi bien qu'il se moquait des autres. Gregory essayait aussi de lui dire mais on sentait dans sa voix une légère fausseté: il était bien trop amusé par les moqueries de David pour lui en faire la morale. Steven était quelque peu moqueur mais il essayait de se retenir pour éviter de s'attirer des ennuis comme sa mère le lui avait souvent dit. David, lui, était persuadé que ses pitreries resteraient dans le dortoir des cinquième année de Poufsouffle et il avait, à comparé de Steven, l'avantage d'être assez intimidant si quelqu'un lui reprochait ses âneries puisqu'il était solidement baraqué pour son âge. Enfin, dans le quatuor qui n'était que rarement séparé, venait Nemo Ayling qui semblait n'attacher que rare intérêt pour David et ses moqueries.

C'est d'ailleurs Nemo que Steven rejoignit quand le professeur Ollivander annonça la fin du cours. Le Poufsouffle lança un "Au revoir, madame !" en direction du professeur et s'éloigna au côté de Nemo, les mains sous sa cape. Du coin de l’œil, il avisa David et Gregory qui pouffaient de rire derrière la fille de Serdaigle à la tête si ingrate. David marchait en gonflant ses joues  et en serrant les mâchoires, les yeux ouverts le plus possible pour essayer de ressembler à la bleue et bronze. Steven secoua la tête, un sourire en coin. On ne pouvait pas refaire les gens !
Nemo et Steven marchaient tranquillement en direction du château en discutant des stratégies de Quidditch de Nemo. Steven l'écoutait attentivement, lui souriant. Nemo était un très bon ami et un très bon coéquipier de Quidditch. Gillian, Steven et lui avaient réussi à créer un certain lien entre eux pendant le jeu et Steven se plaisait à l'écouter proposer ses tactiques, il aimait apprendre à le connaître. Nemo s'était révélé être très agréable comme garçon. Sa présence donnait un certain goût de vivre à Steven, il se sentait moins stressé avec lui, plus détendu et plus ouvert sur ce qui l'entourait. Tandis qu'ils commençaient à approcher du château, Steven n'eut le temps de voir qu'une forme grise passait rapidement devant ses pieds et se diriger vers la forêt interdite. Ayant reconnu son chat, Steven cria son nom mais le matou gris fit la sourde oreille. Charly s'arrêta alors à la lisère de la forêt, se retourna pour regarder son maître et se remit à courir de plus belle pour s'engouffrer entre les arbres. Steven appela à nouveau son chat, paniqué de l'avoir vu plonger dans l'obscurité des bois. Qu'est ce qu'allait faire son chat dans cet endroit dangereux ? Qu'allait-il lui arriver ? Il fallait que Steven aille le chercher. Ce n'était sûrement pas la première fois que Charly s'engouffrait dans la forêt interdite mais c'était la première fois qu'il le faisait devant Steven, et notre ami Poufsouffle ne voulait pas imaginer que son chat puisse ressortir de cette forêt vivant, qu'il puisse se débrouiller seul. Il fallait qu'il le retrouve. Jetant un regard implorant vers Nemo en lui demandant s'il voulait bien l'aider, il sentit que la panique montait en lui en crescendo comme la pression d'une cocotte minute. Finalement, Nemo accepta de l'aider à chercher Charly et le remerciant d'un petit sourire, il fit demi-tour et l'entraîna vers la forêt.

Steven s'arrêta un instant devant les arbres menaçants, aux troncs épais. Il sortit sa baguette, lança un Lumos, vérifia prudemment autour de lui que personne d'autres que les deux jeunes hommes n'était dans le coin, et, déglutissant avec peine, il s'engouffra dans les bois. La forêt interdite était horrible. Menaçantes, on avait l'impression que les ténèbres allaient engloutir les deux Poufsouffles. Se raidissant au moindre bruit, Steven se retournait souvent pour vérifier si Nemo était toujours derrière lui. La lumière du crépuscule avait du mal à percer au travers du feuillage des arbres et bientôt, on ne distinguerait plus le ciel. Rien qu'un tunnel noir, sans fond et sans plafond. Une fois s'être assuré qu'ils étaient assez loin du parc, Steven se remit à crier le nom de son chat, espérant entendre un miaulement ou sentir quelque chose se frotter sur ses jambes. Au bout de plusieurs appels, il soupira et frissonna de froid, de peur et de contrariété. Il sursauta quand Nemo prit la parole. Ne pas le retrouver ? Bien sûr que si ils allaient le retrouver ! Steven ne voulait pas se faire à l'idée qu'ils ne retrouveraient pas Charly.

- "On va le retrouver, Nemo ! Je ne veux pas ressortir de cette forêt sans mon chat !" Il soupira, conscient qu'il essayait aussi bien de se rassurer que de rassurer Nemo. Il frotta son bras droit de sa main libre et reprit: "Tu sais, Charly, c'est comme une personne pour moi, je l'aime énormément. Le perdre, ce serai comme perdre quelqu'un de ma famille à qui je porte un grand amour. Comment tu aurais réagi si quelqu'un de ta famille était entré dans cette forêt hein ? Je sais que je me fais sûrement des films dans ma tête, qu'il ne risque peut-être rien mais on ne sait jamais. Il pourrait se faire attaquer pas une araignée géante ou manger par un centaure ! On ne sait pas exactement ce qu'ils mangent !" Il secoua la tête, la panique lui faisait dire n'importe quoi. "T'inquiètes pas, on est tous les deux, on devrait le retrouver. Dis toi que c'est... comme un jeu. Comme au Quidditch ! Avancer dans cette forêt c'est comme voler sur un balai à la recherche du Souaffle, et le Souaffle, c'est mon chat. Je dis sûrement n'importe quoi je sais, mais je m'inquiètes vrai... AAAAAH !"

Il fut coupé dans sa phrase lorsqu'il sentit le terrain se dérober sous ses pieds. Il se retrouva sur les fesses à glisser sur la terre et il s'arrêta environ deux mètres plus bas. Il tremblait de la tête au pied et en ramassant sa baguette qu'il avait lâché et qui avait roulé jusqu'à lui, il se rendit compte qu'il avait simplement chuter d'une butte de terre et d'épines. En parlant en même temps qu'il parlait, il n'avait plus regardé où il avançait. Il leva le faisceau de son lumos vers le haut de la butte pour éclairer Nemo.

- "Ça va, ça va. J'ai glissé. Je suis juste plein de terre humide et de feuilles maintenant."

Il balaya du regard les environs. Un terrain plat s'offrait devant lui, la faible lueur du soleil encore présente éclairait une petite clairière. Peut-être que son chat se trouvait par-là. Il invita Nemo à le rejoindre.

- "Je savais pas qu'il y avait des endroits plutôt accueillants dans la forêt interdite. Cette clairière n'est pas si terrifiante."

Il se raidit d'un coup quand un bruit se fit entendre, un bruit de mouvement entre les arbres, de l'autre côté de la clairière, en face des garçons. Instinctivement, Steven resserra ses doigts autour de sa baguette et la pointa en direction du bruit et recula de quelques pas. Il jeta un coup d’œil à Nemo.

- "Tu vois quelque chose ? souffla-t-il. "

Il était terrifié, sa main tremblait et ses yeux balayait rapidement la clairière...

Tirage:

Le membre 'Steven Harrisson' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Dé à 6 faces' : 3

Le Poufsouffle remercia intérieurement Steven de la force mentale qu'il démontrait pour retrouver Charly. Bien qu'il sursauta quand Nemo pris la parole, il semblait que son amour pour son chat tuai dans l'œuf toute idée de retour en arrière. Ce courage décida Nemo à le suivre jusqu'au bout et se faire violence pour passer la nuit entière dans cette forêt s'il le fallait, malgrès la très nette sensation que sa vessie n'allait pas tarder à prendre quelques secondes de congés. Il avançait derrière Steven, tenté de lui attraper la robe pour avoir au moins un soutien mental entre ces arbres noirs et lugubres comme plantés ici par une force malveillante. Après quelques interminables secondes de marche, Steven soupira:

"Tu sais, Charly, c'est comme une personne pour moi, je l'aime énormément. Le perdre, ce serai comme perdre quelqu'un de ma famille à qui je porte un grand amour. Comment tu aurais réagi si quelqu'un de ta famille était entré dans cette forêt hein ?"

Nemo comprit l'idée, mais il ne pût s'empêcher de ricaner. Ce n'était pas un très bon exemple dans son cas: Quelqu'un de sa famille? Qui, au juste? Son père qui les avaient complètement abandonné à son sort lui et sa mère et dont les seules introspections dans sa vie étaient sous forme de chèque de pension alimentaire? Son frère qui avait épaulé ce dernier dans son déni du monde sorcier pendant les 5 dernières années et qui ne sentait aucune gène à salir d'insultes sa propre mère? Peut-être cette dernière, passant ses journées devant des émissions de télévision où les candidats se mettaient dans des situations dégradantes pour un peu d'argent, vidant son propre compte en banque pour se payer des croisières et des vodkas olive en attendant le prince charmant dans le bourbis le plus moisi de Bristol? 
Nemo aimait sa famille, c'était vrai. Mais les imaginer disparaître quelques jours dans une forêt lugubre constituai pour lui une vengeance assez alléchante pour tout ce qu'ils lui avaient fait subir pendant 5 ans. 
Steven extirpa Nemo de ses rêves de vengeance en citant les mots centaures et araignées. 

"...on ne sait pas ce qu'ils mangent"

Nemo resta silencieux. Si des centaures étaient capables de manger un chat ils étaient parfaitement capable de manger un être humain, ils auraient même de quoi nourrir leur entière famille avec Nemo et Steven. Il frissonna un fois de plus, comme lorsque quelqu'un fait crisser une fourchette sur une assiète, ou une craie sur un tableau.

"Dis toi que c'est... comme un jeu. Comme au Quidditch ! Avancer dans cette forêt c'est comme voler sur un balai à la recherche du Souaffle, et le Souaffle, c'est mon chat."

Enfin un moyen de se rassurer, voilà qui allait parfaitement au Poufsouffle. Il ferma les yeux, s'efforçant à transformer les arbres en gradins aux parures de Poufsouffle, cherchant dans le bruit des feuilles sous le vent glacé la même rumeur ambiante que les applaudissements des supporters et donnant aux centaures et aux araignées la forme ronde d'un cognards qu'il fallait éviter. Il se revit sauter sur ses cohéquipiers lorsqu'ils avaient battues Gryffondor quelques jours auparavant.

"Bon... D'accord" soupira Nemo.

Trouver le Souaffle. Steven était à ses côtés pour l'épauler: ils avaient gagnés deux fois ensemble, pourquoi pas une troisième? 

Mais lorsqu'il rouvrît les yeux, Steven n'était plus là, il eut un haut le cœur lorsqu'il vit son amis perdre pied sur le sol terreux de la forêt: il tendit son bras libre pour l'attraper mais sa main se referma sur le vide, et le maître de Charly avait déjà disparu dans la pénombre.

"Steven!"Lança Nemo en reculant d'un pas pour éviter de subir le même sort.

La voix de Nemo se fissura un peu trop à son goût. Ils s'étaient déjà bien trop enfoncés dans la forêt pour qu'il retrouve son chemin. Il était donc seul entre les centaures et les araignées. Le froid qu'il s'était efforcer d'ignorer jusque là lui glaça chaque partie de son corps d'un coup. 
Une lumière l'aveugla quelques instants. Cela ressemblait à un phare de voiture. Nemo avait assez entendu parler de cette légende à propos de voiture sauvage qui hantait également la forêt pour s'imaginer emprisonné dans un coffre, forcé de s'enfoncer de plus en plus profondément dans la forêt.

"Ça va, ça va. J'ai glissé. Je suis juste plein de terre humide et de feuilles maintenant" entendit soudain Nemo.

Il souffla tout l'air de ses poumons lorsqu'il réalisa que Steven était toujours là, l'eclairant avec avec sa baguette. Il descendit le rejoindre en prenant soin de ne pas perdre pieds. Il était simplement deux mètres plus bas et se relevait péniblement de sa chute, Nemo décollait une feuille de la robe de son compatriote lorsque celui ci reprit la parole.

"Je savais pas qu'il y avait des endroits plutôt accueillants dans la forêt interdite. Cette clairière n'est pas si terrifiante."


Il leva la tête vers le nouveau décor qui s'offrait à eux. C'était vrai: ce petit cercle d'herbe verte semblait être un havre de paix posé là par hasard. Illuminé par le soleil couchant qui perçait â travers les feuilles des arbres alentours, il dévoilait une vérité que Nemo n'avait pas vraiment appréhendée jusque là: la forêt interdite n'était en soi qu'une forêt. Ôtez lui ses légendes et toutes ses sois disant créatures, tu elle ne reste qu'un simple gros buisson très dense: il suffisait simplement de déplacer quelques feuilles pour voir percer une lumière. Il oublia Charly quelques secondes devant la beauté de la scène.
Mais cette nouvelle petite lueur d'espoir et de courage fut tarie par le bruit qui se fit entendre quelques secondes plus tard. Nemo s'accrocha à la robe de Steven pour de bon cette fois. Ils fixèrent tout deux le buisson en face d'eux, remuant dangereusement.

"Tu vois quelque chose?" Dit le préfet.

Nemo se mordit la lèvre. Il préféra laisser le cours des événements donner une réponse à Steven. En énumérant dans sa tête chacune des bêtes dont il avait entendu parler, il se mît à trembler des pieds à la tête. On aurait presque pu entendre les montées crescendo de sections de violons propres aux situations désastreuses. 
Et puis quand la respiration de Nemo se bloqua pour ce qu'il pensait être l'éternité, la bête dévoila enfin ses deux yeux noirs brillants sous la lumières des baguettes. 

"C'est un mulot." Soupira Nemo. 

Il vida tout l'air de ses poumons et lâcha la robe d'harisson, s'asseyant sur le sol en prenant de grandes bouffées d'air. La bête leurs fila sous le nez et disparut dans un autre buisson. 
Le soleil baissait dans la clairière, il fallait que Nemo reprenne ses esprit. Il crut même sentir les larmes lui monter aux yeux, sa gorge se noua alors qu'il respirait de plus en plus bruyamment.
Il resta ainsi quelques seconde, sous le regard de Steven, le temps de ralentir les battements de son cœur. C'était la première fois de sa vie qu'il perdait pied devant quelqu'un: ce sentiment le terrorisait. Honteux, il essuya d'un rapide revers de manche son visage crispé, se releva et lança d'une voix qu'il s'efforça difficilement de rester linéaire.

"Viens, on va le trouver ton chat."

Il savait très bien lui même qu'il tentait de justifier et de rattraper son coup de panique passager.
Il invita son compagnon à continuer la battue en mettant avec difficulté un pied hors de la clairière pour s'engouffrer dans un autre amas sombre d'arbres, ou le soleil n'était plus du tout accueilli. 
Il appela encore le nom de chat avec véhémence, pendant quelques minutes. Puis il s'arrêta.

"Steven, il faut vraiment qu'on trouve une solution!"

Il réfléchissait à un sortilège pour leur faciliter la progression dans cette forêt quand un nouveau bruit se fit entendre dans les buissons alentours, et une nouvelle fois, Nemo se crispa sous la surprise. 

"Tu as entendu?"

Quelque chose fila d'un buisson à un autre, et Nemo eut tout juste le temps de reconnaître la boule de poil d'Harisson. Le Poufsouffle, dans un élan d'adrénaline sauta à sa poursuite espérant que Steven le suivrait. Il dégageai les feuilles et les ronces alentours pour ne pas perdre la trace de la boule de poil. 

"Il est là!" Cria-t-il sans le vouloir. 

Puis, tel un Poursuiveur tentant de récupérer une passe trop longue, Nemo plongea les deux mains en avant pour emprisonner Charly.

Citation :

1: Nemo attrape Charly
2/3/4: Nemo n'attrape pas Charly et s'écrase dans un buisson, perdant la trace du chat.
5/6: Nemo n'attrape pas Charly, le boucan produit réveille un Scrout à Pétard qui dormais à la lisière de la clairière.

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'Dé à 6 faces' : 3

HRP:

Steven retenait sa respiration. Jamais le temps lui avait semblé si long. Les secondes s'étiraient et étaient interminables. Nemo s'était raidi à ses côtés et tenait fermement un pan de sa robe. Finalement, au bout de quelques secondes qui furent les plus longues de sa vie, Steven vit enfin le coupable du bruit angoissant. Un mulot apparut sous le buisson, ses petits yeux sautant d'un coin de la clairière à un autre. Steven et Nemo soupirèrent un grand coup à l'unisson. Un simple petit rongeur pouvait-il générer autant de frayeur d'un coup, rien qu'en fouinant le sol de la forêt avec ses petites pattes ? A côté de lui, Nemo s'assit, secoué et respira bruyamment. Steven sourit malgré la situation. Un sourire compatissant, loin d'être moqueur. Il ne remercierait jamais assez Nemo pour l'avoir accompagné dans cette forêt lugubre, malgré ses frayeurs. Il posa simplement une main sur l'épaule de son camarade pour le réconforter. Il le remercierait plus tard, pour l'instant, c'était Charly le plus important. Avec un visible effort de courage, Nemo se releva et Steven lui sourit. Lui aussi il avait peur, vraiment très peur, plus pour son chat que pour lui-même mais il avait peur, et il comprenait Nemo et le soutenait dans cette épreuve. Il n'avait jamais vu Nemo depuis cinq ans, s'emporter ainsi, il avait toujours garder la tête haute, en presque toutes les circonstances. Et plus que jamais, s'il se laissait gagner ainsi par le stress, Steven devait se montrer à la hauteur de son camarade, il ne devait pas défaillir. Sinon ils sombrerait tous les deux dans les ombres de la forêt... Secouant la tête pour chasser ces pensées négatives, Steven serra ses doigts autour de sa baguette et suivit Nemo qui prenait son courage à deux mains pour retrouver Charly.

Tandis que les deux Poufsouffles pénétraient à nouveau dans les profondeurs des bois, le jeune homme réfléchissait à toute vitesse. Qu'est ce qu'ils pouvaient faire pour retrouver son chat ? Qu'arriverait-il si on s’apercevait de leur absence au dîner ? Et s'ils ne retrouvaient pas Charly ? Ou s'ils se perdaient ? Il resserra sa cape autour de son cou, anxieux. Il priait pour que toutes ces choses horribles ne se produisent pas. L'intervention de Nemo qui brisa le silence pesant le fit sursauter. Steven ne put lui répondre car au moment où il ouvrit la bouche, un nouveau bruit inquiétant se fit entendre, comme tout droit sortit des entrailles de la forêt. Le Poufsouffle balaya nerveusement les environs avec le faisceau de son lumos et distingua en même temps que Nemo, Charly qui filait entre les buissons. Sans hésiter une seconde, son camarade se lança à la poursuite du chat gris. Steven n'eut pas le temps de l'arrêter, il savait d'avance que Nemo n'arriverait pas à attraper Charly de la sorte.

" -Nemo, attends !" cria-t-il, peine perdue.

Il se lança à sa suite et quelques mètres plus loin, il failli s'entraver dans le corps du Poufsouffle. Il était affalé dans un buisson, bredouille. Steven se précipita pour l'aider à se relever et ne put s'empêcher d'émettre un petit rire.

" -Bien essayé ! Mais je ne pense pas qu'on arrivera à l'attraper comme ça... Il faut y aller doucement. En plus, il te connaît, donc tu devrais arriver à l'approcher sans qu'il s'enfuit. Oui, Nemo devrait arriver à approcher Charly. Puisque ce premier fréquentait le même dortoir que son chat. Oui, Nemo fréquente le même dortoir que Charly, et non l'inverse. Les chats ont cette fâcheuse tendance à s'approprier tout ce qui les entoure. Par exemple, Charly ne dormait pas dans le lit de son maître, c'était Steven qui dormait dans son lit ! Il jeta un regard aux alentours et réfléchit un instant. Depuis qu'on est entré dans la forêt, je me souviens par où on est passé. Mais ça commence à devenir vraiment épais là-dedans. Il brandit alors sa baguette, vérifia qu'il n'y avait pas trop de végétaux  à proximité et se concentra. Flambios ! dit-il. Grâce au sortilège, il put dessiner dans le vide une grande flèche de feu indiquant par où ils étaient arrivés. Il allait jouer au Petit Poucet. Voilà, annonça-t-il en se tournant vers Nemo. On peut continuer."

Ils reprirent leur route et environ au bout de chaque série de 10 pas, Steven traçait dans les airs une grande flèche de feu, tout en continuant d'appeler Charly. Au bout d'un moment, il se plaça à la hauteur de Nemo.

" -J'ai l'impression d'être dans un film... Je me rappelle de... d'un film... un film moldu que j'ai vu une fois... Il me semble qu'il y a "Indiana" dans le titre... Tout ce que je me rappelle, c'est que c'est un gars qui vit tout un tas d'aventures, et à chaque fois il s'en sort indemne ! Donc je ne voie pas pourquoi nous, on s'en sortirai pas !" lança-t-il sur le goût de la rigolade. Avec ça, il essayait aussi bien de rassurer Nemo que de se rassurer.

Il débouchèrent sur un endroit plus espacé, où la végétation était moins dense. Mais la nuit était tombé et cet endroit n'était tout de même pas comme la clairière qu'ils avaient vu tout à l'heure, ce n'était donc pas plus accueillant qu'ailleurs. Steven traça à nouveau une flèche de feu et il avança de quelques pas dans l'espace plus dégagé. Soudain des mouvements et des jacassements aigus se firent entendre autour des deux Poufsouffles. Soudain apeuré, Steven tourna sur lui-même en essayant de repérer l'auteur de ces horribles ricanements à l'aide de son lumos. Réalisant qu'il ne verrait rien avec le faisceau de sa baguette et paniquant, il leva sa baguette au dessus de sa tête et cria: "Lumos Maxima !" Aussitôt, une intense lumière se répandit au dessus d'eux, comme s'ils étaient en plein jour. Et tout à coup, comme si cela avait été un signal, des dizaines de petites bêtes bleu électrique surgirent en volant d'entre les arbres en poussant des jacassements horribles et se jetèrent sur les deux garçons.

" -Des lutins ! cria Steven en se baissant pour esquiver trois des êtres malicieux. Comment se faisait-il qu'il y ait des lutins ici ?

Il ne comprit pas tout de suite ce qui lui arrivait. Un amas de feuilles et de terre s'abattit sur lui, probablement une des très bonnes blagues des lutins. Il chercha des yeux Nemo mais ne le vit pas, aveuglé par les feuilles et la terre qui lui recouvraient le visage et assourdis par les jacassements continus des lutins. Puis, sans qu'il s'en aperçoive, il s'éleva dans les airs, une horrible douleur aux oreilles. Des lutins étaient en train de le porter par les oreilles, une de leur pitreries classiques. En gigotant, il parvint à pointer sa baguette au dessus de lui et lança un Lashlabask, parfaitement au hasard. Son sort ne toucha certainement aucun lutins puisqu'il se trouva suspendu dans le vide par le col de sa robe à une branche. Battant inutilement des pieds, il sentait sa robe qui l'étranglait de plus en plus. Si ça continuait, il allait finir par mourir pendu ici ! Péniblement, il parvint à articuler "Destructum", sa baguette dans son dos. Il entendit un craquement assourdissant et sentit la branche cédait. Il dégringola d'au moins trois mètres et atterrit lourdement sur l'humus de la forêt. Se dégageant de sa cape et se massant le cou, il jeta un regard à Nemo pour voir comment il se débrouillait, hésitant à se relever, de peur d'être à nouveau assailli par les lutins...