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If I profane with my unworthiest hand... [PV Nemo]

Diana A. Lena Swan
Diana A. Lena SwanSeptième année
Messages : 80
Profil Académie Waverly
If I profane with my unworthiest hand... [PV Nemo] Icon_minitimeDim 5 Jan 2014 - 8:24
Dimanche 5 janvier 2008


La fin des fêtes. Noël et le Nouvel An étaient passés, et avec eux les cadeaux, les réveillons et la bonne humeur. Ne restait plus que le froid – le froid et le travail. Avec, qui plus est, la perspective peu réjouissante de la rentrée qui se profilait dangereusement. Diana avait fait le décompte. Encore cinq jours. Puis quatre. Et trois. Plus que deux jours. Et, à présent, elle était la veille. Et n'avait toujours pas avancé dans ses devoirs. Oh, cela dépendait de ce que l'on entendait par avancer, bien sûr. Elle avait entrepris quelques recherches à la bibliothèque qu'elle avait rapidement abandonnées, survolé ses manuels, commencé à griffonner sur un bout de parchemin les notions dont elle se souvenait et celles qu'il lui restait à approfondir – mais c'était plus pour la forme qu'autre chose. Le reste du temps, elle avait dormi, mangé, bu, dormi, volé au-dessus du terrain de Quidditch désert, marché dans le parc, exploré les rares endroits du château qu'elle ne connaissait pas ou peu et dormi encore. Avec une ou deux sorties à la clé, aussi. Rien de bien marquant cependant. Elle avait également reçu ses nombreux cadeaux, dont un nouveau médaillon pour Vénus qu'elle avait offert à une de ses camarades de dortoir qui était l'heureuse propriétaire d'un matou aussi gras qu'affectueux – tout le contraire de la sienne, en somme – sachant pertinemment que la chatte refuserait catégoriquement de le porter. Elle lui avait acheté son premier collier dès qu'elle était devenue sa maîtresse mais Vénus, alors chaton, n'avait mis qu'une demi-journée pour s'en débarrasser. On ne l'avait jamais retrouvé. Depuis, Diana avait compris la leçon et s'était abstenue de réitérer l'expérience. Encore une chose que ses parents semblaient ignorer.


Évidemment, elle était heureuse que l'école se remplisse de nouveau et de retrouver ses amis qu'elle écouterait, envieuse malgré elle, narrer leurs formidables vacances en France, en Norvège, en Suisse ou au Canada et les soirées encore plus formidables auxquelles ils avaient participées. Mais elle, que pourrait-elle bien leur raconter ? Je me suis beaucoup amusée avec mon Éclair de Feu, les elfes de maison se sont surpassés pour le réveillon, la décoration était top et il a neigé pendant une semaine entière non-stop. Fin de l'histoire. Et puis, par dessus tout, elle devait travailler. Ce mot en lui-même la dégoûtait profondément mais, quand elle pensait à tout ce qu'il engendrait et signifiait, elle en avait pratiquement la nausée. Sans doute la boîte entière de chocogrenouilles qu'elle avait engloutie pour le dessert ne devait-elle pas aider non plus. Mais, en attendant, elle se retrouvait dimanche après-midi, le dernier jour des vacances, avec deux options pour occuper sa fin de journée : bosser ou bosser. Ce qui l'excédait passablement. Elle choisit donc la troisième qui s'offrait à elle, à savoir : ne pas travailler. Au diable les devoirs et les professeurs – et cette seule pensée lui rendit tout son entrain. À quoi bon se pourrir la vie ? N'avait-elle pas le droit, et même le devoir, de s'amuser ?

Seulement voilà. Elle était tout à fait d'accord pour s'abstenir de travailler mais, dans ce cas, que pouvait-elle bien faire d'autre ? Car Diana commençait à en avoir plus qu'assez de tourner en rond dans la salle commune ou de rêvasser sur son lit et, si son vœu le plus cher aurait été d'aller aussitôt dépenser tout l'argent qu'elle avait reçu dans les nombreuses boutiques de la capitale, elle le savait malheureusement irréalisable. La jeune fille, jusqu'alors couchée sur le dos, se retourna sur le ventre et son regard tomba alors sur un livre abandonné sur sa table de nuit. Roméo et Juliette, de Shakespeare. Même les sorciers connaissaient cette célèbre pièce de théâtre. Elle se demanda un instant à quoi ses parents pensaient lorsqu'ils la lui avaient offerte pour Noël. Pour commencer, elle avait été très étonnée qu'ils prennent la résolution de lui acheter un livre moldu. Et puis, un livre ! Avaient-ils réellement cru qu'elle en feuilletterait n'en seraient-ce que les dix premières pages ? Mais, toute à sa réflexion, une idée germa soudain dans son esprit. Après tout, elle aimait et pratiquait le théâtre. Or, Roméo et Juliette était une pièce de théâtre, n'est-ce pas ? Se redressant sur les coudes, elle s'empara de l'ouvrage. Peu importait qu'elle ne l'ait pas lu, elle savait fort bien comment l'histoire se terminait : mal. Roméo et Juliette mourraient, point à la ligne. Mais à jouer... La jeune femme se leva complètement, enfila ses chaussures et sortit de son dortoir en chantonnant.

La salle des arts était vide quand elle y pénétra, ce qui ne la surprit guère. Après avoir balayé les lieux des yeux, elle décida de rester debout et ouvrit le livre au hasard. La rencontre de Juliette et Roméo. La Gryffondor prit une profonde inspiration et entreprit de déclamer :

« Bon pèlerin, vous faites injustice à votre main car elle a montré dévotion et courtoisie ; les saintes ont des mains qui touchent les pèlerins, paume sur paume, c'est le pieux baiser des pèlerins. »

Certes, elle manquait d'un Roméo, mais elle s'efforçait de l'imaginer, debout devant elle en train de lui déclamer des vers venus d'un autre temps. Certainement pas la déclaration d'amour qu'un garçon ferait à une fille de leurs jours, songea-t-elle en souriant.

« Oui des lèvres, pèlerin, dont elles usent pour la prière. »

Et ce qui arrivait souvent lorsqu'elle faisait du théâtre se produisit encore une fois. Elle n'était plus Diana mais Juliette, dans une gigantesque salle de balle, avec des robes héritées d'un autre âge, des couleurs passées et de la musique démodée qui s'agitaient autour d'elle. Et face à elle, un homme invisible, peut-être appuyé sur une rampe d'escalier ou encore dissimulé dans l'ombre, de crainte de se faire repérer.

« Les saintes sont immobiles même en exauçant les prières. »


Décidément, Juliette parlait bien peu. Peut-être aurait-elle mieux fait d'interpréter Roméo. Entre une sainte et un pèlerin, que choisir ?

« Et mes lèvres ont ainsi reçu le péché, conclut-elle d'une voix douce. »

La septième année s'amusait follement et, toute à son occupation, ne remarqua pas que la porte de la pièce venait de s'entrouvrir sans un bruit.


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What da heck ?
Nemo Ayling
Nemo AylingCinquième année
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If I profane with my unworthiest hand... [PV Nemo] Icon_minitimeLun 6 Jan 2014 - 2:03
Mary Ayling avait décidé de prendre des vacances. En décrétant que c'était la vie Bristolienne qui l'avait détruite et qui continuai à lui poser les barrières qui l'empêchaient de mener une vie de rêve, elle avait claqué toute la pension alimentaire de décembre versée par Curtis dans une croisière vers l'archipel Hawaïen. Joyeux Noël.   
Bien entendu, Nemo ne s'attendait donc pas à recevoir d'autres cadeau que celui d'éviter de passer les fêtes avec l'ombre de ce qu'avait pu être sa mère. Et bien entendu, il était très heureux comme ça. Pour ainsi dire, la seule chose que la chouette lui avait apporté pour les fêtes était ce DVD du film "pour une poignée de dollars" envoyée bien généreusement par Andrew, son frère. 

Évidemment, il aurai pu écrire en dessous du basique "Je te souhaite un joyeux Noël" une phrase un peu plus réaliste comme "Je te déteste encore d'avoir tenté de me frapper en Octobre dernier, mais tu reste mon frère et j'ai un sens moral, pas comme toi. Petite merde." Mais cette condescendance arrangeait Nemo dans la mesure ou il lui serai plus facile de jeter le DVD dans la première poubelle sans aucun remords. De toute façon, Andrew lui envoyait à chaque fois des objets qui ne fonctionnaient pas à Poudlard. En quatrième année c'était un appareil photo, en troisième année, un téléphone portable. Tous devaient joyeusement flotter dans le réseau de canalisation de l'école à l'heure qu'il était. De toute évidence, Andrew s'obstinait à nier en bloc que son frère se trouvait EFFECTIVEMENT dans une école de magie où aucune technologie moldue ne fonctionnait.

Quoi qu'il en soit, Nemo avait passé les meilleurs vacances de sa vie: l'école vidée de ses sources de tension - à savoir les gens - il l'a trouvait beaucoup plus attrayante et s'évertuait à parcourir le château avec beaucoup plus d'entrain qu'en période scolaire.  Pour la première fois depuis le début de sa scolarité, il avait fait ses devoirs dans la grande salle: chaleureuse, calme, parcourue d'une neige magique qui n'atteignait jamais le sol et ne mouillai jamais les habits. 
Il avait passé également pas mal de temps dans la bibliothèque. Notamment pour se documenter sur le Quidditch: les formations des Poursuiveurs, les tactiques de jeu et les fautes des plus importantes aux plus subtiles. 

Il devait admettre que sa vie s'était tout de même pas mal améliorée ses derniers temps, et peut être était-ce l'esprit de Noël, mais il était plus facilement apte à sourire et à rigoler ces temps-ci. Il n'avait même pas grinché lorsque le dernier jour des vacances était arrivé et s'était surpris à attendre avec impatience l'arrivée des élèves, de retour de leurs petits cocon familial. 
En tout cas l'école était encore vide à cette heure ci de la journée. Jusque là Nemo avait simplement mangé et fumé une cigarette dans la partie aérée de la tour d'astronomie. L'odeur partirai avant la rentrée de toutes façons. Il décida de refaire un tour à la bibliothèque pour rendre ce bouquin fort intéressant nommé "Étude sur l'ascendance et déchéance du rôle des Poursuiveurs au cours du 20ème siècle".

Il prit donc le chemin de la pièce aux livres, et ce joyeusement. 

Quelques minutes de marche à travers le dédale Poudlardien suffirent au Jaune et Noir pour perdre sa route et il se retrouva vite dans quelque couloir inconnu et inquiétant. 
Il semblait qu'un silence s'était abattu sur le château entier lorsque quelque chose se fit entendre de derrière une des portes du couloir. Nemo tendis l'oreille. 

« Oui des lèvres, pèlerin, dont elles usent pour la prière. » 

La voix était de toute évidence féminine, bien qu'étouffée par l'épaisseur du mur de pierre doublé d'une tenture. Nemo pensa instinctivement à quelque tableau de jeune fille déblatérant des idioties sans queue ni tête pour attirer l'attention des fantômes ou des autres tableaux. Il allait repartir en souriant lorsque la voix reprit.

« Les saintes sont immobiles même en exauçant les prières. »

Il fallait dire que c'était lancé avec un certain charme tout de même. Quelque chose de doux qui paraissait familier au garçon, quelque chose de chaleureux qui poussa le garçon à chercher la porte qui cachait le tableau. 
C'était l'exemple typique de ce qui a été dit plus haut: Nemo n'aurait jamais prit le chemin de cette voix quelques mois auparavant. Était-ce parce qu'il était persuadé d'être seul ou avait-il vraiment changé? L'avenir le dirait.

« Et mes lèvres ont ainsi reçu le péché. »

Cette dernière phrase donna un point final à sa quête: il ouvrit la porte doucement. 
La pièce était à sa grande surprise vide de tableau, si ce n'était cet essai objectivement répugnant qui mourrait sur un chevalet au fond de la salle, et il serait étonnant que ces traits de peinture hasardeux se mettent à chanter. 
Non, à la place se trouvait au centre de la pièce une jeune femme à peine plus petite que lui. Tenant à la main un livre sur lequel trônait le nom de William Shakespeare, elle paraissait en pleine répétition théâtrale. Le nom de Shakespeare expliquait pourquoi ces tirades lui paraissaient familières. Il n'y avait pas une école britannique moldue qui passait outre les œuvres du William national.
Son premier réflexe fut de faire un pas en arrière, et s'il s'était écouté jusqu'au bout il aurait claqué la porte et aurai fuit au hasard des couloir. Chassez le naturel et il reviens au galop: Nemo avait en effet encore du travail à faire de ce côté là. 
Néanmoins, il se ravisa. Car apparemment la jeune fille avait l'air d'être amatrice des arts de scène, ce qui constituai pour Nemo un trait de caractère fort attrayant. 

" Bonjour." Dit il d'un ton qu'il voulait amical.

Il la reconnu enfin : il avait déjà remarqué ces cheveux blonds presque dorés flotter entre les élèves dans les couloirs de l'école et avait été surpris par le charisme dégagé par ce visage. Il ne connaissait d'elle que sa maison mais malgré ça , le jaune et or - comme avec tout les gens qu'il estimait plus cool que lui - avait jugé cette fille beaucoup trop superficielle et hautaine à son goût. Il l'avait donc rayé de sa liste de personnes dignes d'intérêt comme à chaque fois qu'il cherchait à se rassurer sur la raison pour laquelle il n'allait jamais parler aux gens. Il se surpris tout de même à sourire à cette crinière blonde et à ces yeux bleus.

" J'ai entendu une voix depuis le couloir. Si j'avais su qu'une fille comme toi s'intéressait à l'art..."

Et merde, il réalisa cette tirade sonnait beaucoup mieux dans sa tête que quelques secondes après qu'elle n'ait passé sa bouche. 
Il observa la porte, il était encore temps de foutre le camp avant qu'elle ne mémorise durablement son visage.


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Diana A. Lena Swan
Diana A. Lena SwanSeptième année
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If I profane with my unworthiest hand... [PV Nemo] Icon_minitimeMer 8 Jan 2014 - 18:21
Le bonjour qui résonna dans la pièce, censée être parfaitement vide, fut tellement incongru aux oreilles de Diana que cette dernière sursauta violemment, manquant en lâcher son livre. Pourtant, le mot avait été lancé sur un ton plutôt amical, et dit avec le sourire, qui plus est. La Gryffondor ne s'était simplement pas préparée à ce que quelqu'un vienne troubler sa répétition improvisée, et de surcroît un garçon qu'elle ne connaissait ni d’Ève ni d'Adam. Pas que la jeune femme eût la prétention de prétendre fréquenter le moindre sorcier de Poudlard – de toute manière, elle avait n'avait aucune mémoire des noms et, en tant que fille assez populaire, il lui arrivait même parfois d'être abordée dans un couloir par un élève qu'elle n'avait jamais vu de sa vie qui l'appelait par son prénom – mais elle avait supposé, un bref instant, que l'intrus était un membre du club théâtre venu jouer lui aussi dans la salle des arts. Sauf qu'elle était certaine que le Poufsouffle n'en faisait pas partie – ou alors, c'était un nouveau très très nouveau. Évidemment, ce dernier pouvait être également musicien, peintre ou quoique ce fût d'autre, mais cette pensée ne l'effleura pas sur le moment.

Sa deuxième idée fut qu'il pouvait faire un partenaire fort convenable. Certes, celui-ci n'avait pas le profil type du Roméo idéal : il ne la dépassait que de quelques centimètres et, s'il était plutôt large d'épaules et pourvu d'yeux d'un bleu qui possédait un certain charme, elle jugeait sa posture un peu trop nonchalante et décontractée à son goût – dans le mauvais sens du terme. Mais cela serait toujours mieux qu'un jeune homme invisible, même si le jeune homme en question avait le corps d'un dieu, le visage d'une statue et toutes les qualités du monde.

Elle s'apprêtait donc à répondre à sa salutation – bien qu'encore légèrement vexée de la réaction qu'il avait provoquée en surgissant dans la pièce à l'improviste – quand le Poufsouffle reprit la parole. Toujours dans l'embrasure de la porte, sans être dans le couloir mais pas tout à fait dans la salle des arts non plus, il semblait un peu intimidé, comme s'il hésitait encore sur la meilleure attitude à adopter face à elle. Il commença par lui expliquer le pourquoi du comment de son arrivée impromptue dans la salle et termina par une phrase qui fit tiquer la jeune fille. Pour deux raisons. Tout d'abord parce que, aussi étrange que cela puisse paraître, elle n'avait jamais assimilé le théâtre à un art. Un passe-temps, un loisir, une activité, une passion – oui. Mais elle ne s'était jamais considérée elle-même comme une artiste. Et puis, qu'est-ce que c'était, au juste, un artiste ? Un type un peu bizarre qui écrivait des poèmes au clair de lune ? Un peintre ravagé qui, pour s'épancher, barbouillait des toiles de pigments de toutes les couleurs ? Un compositeur incompris qui allait de part le vaste monde, des partitions à la main et une plume dans l'autre ? Un intellectuel ? Un marginal ? Un génie ? Un fou ? Les quatre à la fois ? Bref, cette notion avait toujours été extrêmement abstraite pour elle et elle préférait de loin ne pas y être mêlée parce que, de son point de vue, une vie d'artiste, en plus de ne pas être très agréable tous les jours, avait de fortes chances de trouver une fin rapide et, la plupart du temps, douloureuse. Meurtre, suicide, accident... Diana en avait des frissons dans le dos rien qu'en y songeant.

Mais cela, elle ne le dit pas au garçon. Parce que c'était surtout le « une fille comme toi » qui chiffonnait la jeune femme. Comme elle ? C'est-à-dire ? La Gryffondor n'était pas spécialement susceptible mais elle sentait bien que cette tournure n'était pas à franchement parler méliorative. Voire pas du tout. Voilà pourquoi elle se planta face au Poufsouffle, les poings sur les hanches, délaissant provisoirement son exemplaire de Roméo et Juliette. Le regard qu'elle lui envoya aurait pu glacer un Détraqueur sur place.

« Excuse-moi, mais aurais-tu l'obligeance d'approfondir ta pensée ? Une fille comme moi ? Qu'est-ce que cela signifie, exactement ? Elle plissa les yeux, croisant les bras sur sa poitrine. Une fille cool ? Populaire ? Riche ? Magnifique ? Trop bien pour toi, en tout cas ? Si elle n'avait pas haussé la voix, on sentait distinctement toute la menace qui pesait dans ces phrases. Je te signale que ce n'est pas parce qu'on s'habille bien qu'on a de la semoule en guise de cellules grises ou qu'on passe la journée devant un miroir avec sa trousse de maquillage et son verni à ongles. Quoique. »

Diana était une personne assez contradictoire. Spontanée, impulsive, elle avait tendance à se faire une opinion des gens qu'elle rencontrait dès le moment où elle apercevait leur visage. Néanmoins, cette opinion était loin d'être irréversible, au contraire. Ainsi, vous pouviez être dans la même journée son meilleur ami comme son pire ennemi et, le lendemain, occuper encore une nouvelle place dans son cœur et son esprit. De même, elle aimait beaucoup se moquer des autres élèves, mais jamais par méchanceté. D'ordinaire, cela était pour leur prouver son affection, ou bien se divertir sans penser à mal. Même s'il existait une autre possibilité, bien que plus rare. Les tester. Et c'était un peu ce qui se passait avec le jeune homme. Même si rien ne l'indiquait dans son attitude, celle-ci n'était en effet pas véritablement en colère – elle avait simplement suivi son instinct des premiers instants qui l'avait poussée à l'indignation. Et, si l'embarras manifeste de son interlocuteur l'amusait au fond d'elle, ce dernier était parfaitement en mesure de lui tenir tête, s'il en était capable. Contrarier Diana n'était certes pas le meilleur moyen d'obtenir sa sympathie, mais ce geste aurait au moins le mérite de lui faire gagner son estime. Bien que, évidemment, dans le cas échéant, elle se serait arrangée pour obtenir le dernier mot et prouver par là la justesse de son raisonnement.

« D'ailleurs, je ne crois pas avoir l'honneur de te – elle appuya sur ce terme avec une ironie à peine dissimulée – connaître, continua-t-elle en esquissant un sourire aussi froid que moqueur. Nous serions-nous déjà rencontrés quelque part ? »


Il fallait dire que Diana jouait à merveille le rôle de la sorcière froide et hautaine. Trop, peut-être ? À partir de là, c'était à son camarade de réagir. Ou il s'enfuyait en courant et elle le classait à jamais dans la catégorie CCDS, autrement dit couards et cons de service. Ou il demeurait tétanisé sur place et elle tournait les talons en l'écrasant de tout son mépris, intimement convaincue de sa supériorité. Ou bien il faisait... autre chose. Mais quoi ? C'était à présent à quitte ou double. Pile ou face. Du genre ça passe ou ça casse.


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Nemo Ayling
Nemo AylingCinquième année
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If I profane with my unworthiest hand... [PV Nemo] Icon_minitimeSam 11 Jan 2014 - 2:38
Il fallait admettre que cette fille possédait un certain charme. Et même avec toute l'antipathie que Nemo nourrissait quant à ses gens dont le caractère hautain n'as d'égal que leur égocentrisme, il ne pouvait s'empêcher de s'arrêter sur cet iris bleu cerclé de boucles dorées. 
On peut le dire sans gène, quand quelqu'un n'est pas beau, on a plus de facilités à lui parler. C'est scientifique (même si le terme est un peu déplacé dans un monde où l'on ne jure que par des baguettes magiques). Ou peut être était-ce seulement Nemo. Elle lui insufflait ce sentiment qu'il connaissait bien et qui se résume à se sentir comme dans une immense pièce où l'on ne connaît personne et qu'on ne parle pas la langue: il perdait ses moyens, il perdait son amour propre, il perdait sa capacité à parler. Au fil des années, Nemo dût se rendre à l'évidence: il avait tellement envie de plaire qu'il pesait chacun de ses propos, cherchant laquelle de ses phrases complairait le mieux son interlocuteur. Et si sa première tirade était lancée sans réfléchir, c'était une exception. Il la mettrait plus tard sur le compte de la confiance qu'il avait pensé gagner ces trois derniers mois.
Elle sursauta, ce qui aurai pu faire rire Nemo si elle n'avait pas été cette fille qui faisait flotter ses boucles blondes dans tout les endroits du château où il y avait du monde: ce n'était sûrement pas le genre de fille à rire après avoir perdu sa grâce pendant l'espace d'une seconde.

Jusque là, elle était un cas d'école de fille populaire, un cliché de fille coquette et extravertie qui serait sûrement la reine du bal. Mais la voir réciter des vers de Shakespeare plongeait Nemo dans une grande perplexité et donnait à cette fille une profondeur beaucoup plus intéressante. Nemo resta dans l'entrebâillement de la porte encore un instant, et lorsqu'elle s'apprêta à répondre il prit cela comme un feu vert à la conversation et mis en pied devant l'autre pour pouvoir la fermer. 
 
« Excuse-moi, mais aurais-tu l'obligeance d'approfondir ta pensée ? Une fille comme moi ? Qu'est-ce que cela signifie, exactement ? Elle plissa les yeux, croisant les bras sur sa poitrine. Une fille cool ? Populaire ? Riche ? Magnifique ? Trop bien pour toi, en tout cas ? Je te signale que ce n'est pas parce qu'on s'habille bien qu'on a de la semoule en guise de cellules grises ou qu'on passe la journée devant un miroir avec sa trousse de maquillage et son verni à ongles. »


Aie. Il avait réveillé la bête. Jusque là il n'aurait jamais pensé qu'on pouvait donner des coups de couteau rien qu'avec la voix. Pourtant, c'était l'effet que la tirade de la jeune fille lui fit: incisifs, ces mots étaient lancés avec un regards orageux qui ne quittait pas Nemo. Pourtant, si elle avait pu lire ses pensées, il était persuadé qu'elle aurait plus comprit la teneur positive de sa phrase. Mais le fait est qu'il avait mis l'étincelle dans la poudrière et qu'elle avait sauté sur l'occasion pour remettre à leur place leurs place sociale respective. Voilà qui posait des bases pour le moins claire. 
Il allait se justifier, d'autant plus que maintenant il n'avait plus trop le choix: la porte était fermée et il ne pouvait décemment plus fuir et faire croire qu'il s'était trompé de pièce, de personne. Il allait se justifier et puis un des mots de la jeune fille résonna plus fort à ses oreilles que les autres.  

"Trop bien pour toi". 

Elle avait croisé les bras. Pour quelqu'un avec la fierté exacerbée de Nemo, les mots trop bien pour toi n'étaient pas seulement vexants, ils étaient cruels, assassin. Il passait ses journée à se demander s'il pouvait plaire, être quelqu'un de bonne compagnie, et voilà que cette fille lui disait clairement qu'il était une merde de classe moyenne, côtoyant des gens moyens, d'une beauté moyenne.
En tout cas. Si la modestie n'était pas son point fort, il fallait admettre qu'elle avait les yeux en face des trous: elle était honnête avec elle même. Il n'avait pas de mal à se l'avouer: elle était cool, populaire, magnifique, sûrement riche au vu de ses habits. Mais trop bien pour lui? Merde.
Alors il bouillonna, et au point où il en était il se dit qu'une phrase déplacée de plus ou de moins ne ferait plus vraiment la différence. Jusque là, il y avait eu un silence pesant. Et Nemo le brisa en avançant vers elle.

"Oh, excuse moi madame la Capulet. C'est vrai que pour un pauvre Montaigu comme moi, tu reste au balcon social pendant que je suis dans le jardin. Il avait dit ça avec un ton relativement théâtral, et reprit avec aigreur. Mais tu sais quoi? C'est vrai, les filles comme toi ne font du théâtre que lorsqu'elles font semblant d'hésiter quand le plus beau garçon de l'école les invitent au bal. T'as l'air plutôt perspicace quant à ton caractère, donc joue pas la fille surprise."

Il posa les mains sur les hanches. Il s'était tout de même lancé dans une belle merde. Pour le coup il se demanda si elle n'allait pas réellement lui mettre un coup de couteau, ou lui lancer un petit Stupefix l'air de rien. 

« D'ailleurs, je ne crois pas avoir l'honneur de te connaître, Nous serions-nous déjà rencontrés quelque part ? »

Elle avait beaucoup trop appuyé sur le mot "honneur" pour que sa phrase ait un autre but que de mettre Nemo face à son égocentrisme. C'était vrai qu'il était un peu de mauvaise foi tout de même: il n'aimait pas les gens élitistes qui se mettent sur un piédestal, et pourtant il venait de faire la même chose en se définissant comme quelqu'un  ayant le monopole de la profondeur d'esprit, de la sensibilité artistique. Bon, ils étaient maintenant à 1-1. C'était le moment d'essayer de calmer le jeu. Et puis il devait un peu admettre que cette Gryffondor l'effrayait un peu, les conséquences de sa rébellion pouvaient êtres mortelles. Il parla avec un ton plus posé.

"Oh, mais moi je te connais. Mais ça tu devait déjà le savoir, presque le monde te connaît. La plupart des mecs veulent être avec toi, la plupart des filles veulent être comme toi. Non, on ne se connaît pas. Parce que de toute façon, si on s'est croisés quelques fois tu as déjà du m'oublier."

Quel lyrisme. C'était peut-être un peu trop langoureux pour le coup. Il regretta aussitôt cette sincérité. Il se définissait comme quelqu'un avec une épaisse carapace, et pourtant il ne pouvait s'empêcher de se dévoiler comme un livre ouvert à la moindre personne. Peut être était-ce sa manière de nouer des liens. Maintenant, tout ne dépendait plus que d'elle. Et Nemo dût s'avouer qu'il n'avait aucune idée de la suite de la scène une de l'Acte 1.


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Diana A. Lena Swan
Diana A. Lena SwanSeptième année
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Profil Académie Waverly
If I profane with my unworthiest hand... [PV Nemo] Icon_minitimeDim 19 Jan 2014 - 13:37
Et le Poufsouffle réagit. Un bon point pour lui. Il commença par s'avancer vers elle – la porte était totalement fermée, à présent, et le garçon ne semblait pas encore décidé de s'enfuir en courant – et, si elle pensa un instant qu'il allait tenter une justification déplorable qu'elle balayerait d'un coup d'œil méprisant, ce fut pour riposter qu'il ouvrit la bouche. Si son ton fut au début assez théâtral, sa voix se chargea bientôt d'aigreur, même s'il ne perdit rien de sa hargne, bien au contraire. Ah. Elle avait touché juste, apparemment. Qu'est-ce qui, dans son discours, avait bien pu faire mouche ? Le thème général ou un groupe de mots précis ? Le « trop bien pour toi », peut-être ? En tout cas, une fois lancé, le jeune homme ne paraissait guère pressé de s'arrêter. Sa fierté avait dû être piquée à vif et si, quelques minutes plus tôt, il avait l'air de se demander à quelle sauce il allait être mangé s'il l'abordait trop ouvertement, tout indiquait à présent qu'il était résolu à ne plus se laisser marcher sur les pieds. Diana aurait certainement esquissé un sourire plutôt appréciateur si l'élève ne s'était mis à l'attaquer à son tour, ce qui lui arracha un léger froncement de sourcils. Pour le coup, il allait un peu loin. Pinçant les lèvres et le fusillant d'un regard flamboyant soudain beaucoup plus convaincu, elle allait répliquer mais l'autre ne lui en laissa pas le temps.

« Oh, mais moi je te connais, ajouta-t-il, plus calmement. Mais ça tu devait déjà le savoir, presque le monde te connaît. La plupart des mecs veulent être avec toi, la plupart des filles veulent être comme toi. Non, on ne se connaît pas. Parce que de toute façon, si on s'est croisés quelques fois tu as déjà dû m'oublier. »

La Gryffondor laissa s'écouler un silence. Si une part d'elle s'était sentie flattée par ces propos, une autre demeurait, comment dire... sceptique. Elle ne savait comment cerner ce garçon qui, après l'avoir pratiquement insultée, se mettait à jouer dans le pathétique avec un certain succès, il fallait bien l'avouer. Finalement, elle décida de laisser planer le doute quant à ses véritables sentiments et décocha à son interlocuteur un regard insondable, de nouveau hautaine et glacée.

« Je vois. »

Une pause. La jeune femme n'était pas sadique à proprement parler, mais il fallait reconnaître qu'elle éprouvait un certain amusement à observer l'anxiété visible du sorcier et à ne rien faire pour l'arranger, tout au contraire.

« Et qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ? Que j'éclate en sanglots devant cette touchante confession ? Que j'applaudisse à tes belles paroles ? »

Elle faillit rajouter « Que je te donne des leçons de relooking ? » mais se retint juste à temps. Il ne fallait pas pousser la barre trop loin, tout de même, son objectif n'était pas de se faire détester du jeune homme. Cependant, elle ne put résister à la tentation d'enfoncer encore un peu davantage le clou et conclut, un éclat de malice pratiquement indécelable scintillant au fond de ses yeux :

« Monsieur le Montaigu doit se sentir décidément bien inférieur au commun des mortels pour proférer de telles pensées. Il est vrai qu'il est beaucoup plus confortable de se réfugier dans le théâtre lorsque l'on est incapable de vivre par soi-même. »

Petite vengeance, pour la forme, parce qu'elle n'avait toujours pas digéré sa première tirade et tout ce qu'elle sous-entendait. Il la jugeait superficielle, dédaigneuse, hypocrite et demeurée par dessus le marché ? Soit. S'il s'agissait sans doute de ce que croyaient de nombreux élèves, il avait toutefois été le seul assez courageux pour le lui annoncer de vive voix jusqu'à ce jour. Courageux ou fou. Ce qui lui donna une idée. La jeune fille s'empara de nouveau du livre et reprit la parole, sérieuse et ironique à la fois :

« Je suppose que tu dois déjà le savoir, puisque tu me connais si bien, mais je m'appelle Diana. Je préfère te l'apprendre, juste au cas où. »

Si elle avait lâché cela de façon tout à fait désinvolte, il ne fallait pas s'y tromper. En lui déclinant ainsi son prénom, c'était une sorte de trêve qu'elle lui présentait, voire un arrêt total des hostilités – si hostilités il y avait jamais eu. Un peu comme quelqu'un d'autre aurait pu offrir une poignée de main, une tape dans le dos, une bise ou un sourire.

« Mais, continua-t-elle en brandissant son exemplaire de Roméo et Juliette, pour le moment, je suis Tybalt, Prince des Chats, de la maison des Capulet, cousin de la belle Juliette. Pour vous servir, cher Montaigu. Elle agrémenta sa présentation d'une profonde révérence moqueuse et, en se redressant, décocha au Poufsouffle un petit sourire narquois. Quant à toi, tu n'as que l'embarras du choix. Roméo, Benvolio, Mercutio ? Et, pour preuve de mon incommensurable mansuétude... Elle lui jeta le livre. je te laisse également choisir l'acte et la scène. »


Un nouveau sourire étira ses lèvres. Ils allaient enfin commencer à s'amuser.


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What da heck ?
Nemo Ayling
Nemo AylingCinquième année
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If I profane with my unworthiest hand... [PV Nemo] Icon_minitimeLun 20 Jan 2014 - 13:24
Évidement, à pratiquer l'aigreur et le mépris toute sa vie, la Gryffondor en connaissait les rudiments les plus subtiles. Chacune de ses phrases possédait la tonalité neutre et glacée des gens qui feignent de maitriser la situation. Mais Nemo savait qu'il l'avait ébranlée. Il savait qu'il l'avait ébranlée comme elle savait qu'elle l'avait vexé. Il bouillonnait maintenant de rage contre cette espèce de garce faite en glace pure, et s'il avait été satisfait de la réponse brève de son adversaire - un simple "je vois" suivit d'un silence qui trahissait une certaine surprise - il était entré en ébullition à l'écoute de sa tirade suivante.

« Et qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ? Que j'éclate en sanglots devant cette touchante confession ? Que j'applaudisse à tes belles paroles ? »

(Nemo bouillone sur place)

Il aurait bien aimé qu'elle éclate en sanglots. Elle usait avec brio de chacunes de ses propres phrases pour le descendre encore plus bas que terre. Il avait été plutôt fier de sa tirade, mais ce n'était apparemment pas suffisant pour clouer le bec au gryffon.
D'habitude, Nemo s'extirpait plutôt bien des situations conflictuelles en lâchant une réplique bien sentie qui laissait son interlocuteur sans réponse, ce qui lui permettait de partir en vainqueur sans trop de casse. Mais là, elle s'accrochait beaucoup trop et le Poufsouffle en perdait ses repères et ses répliques.
Il devait se l'avouer: il n'arrivait pas à contrôler ses émotion avec le même brio qu'elle, et tout son talent d'actrice était là: plus que lorsqu'elle récitait ces alexandrins écrits 500 ans auparavant.

« Monsieur le Montaigu doit se sentir décidément bien inférieur au commun des mortels pour proférer de telles pensées. Il est vrai qu'il est beaucoup plus confortable de se réfugier dans le théâtre lorsque l'on est incapable de vivre par soi-même. »

(Nemo donne l'impression qu'il va exploser)

C'était une bonne joueuse. La reine dans son domaine: elle lui renvoyait la balle avec beaucoup plus de hargne et de répondant qu'il ne l'avait fait. Nemo était maintenant son challenger,  celui qui la détrônerai du Podium Des Rois Du Bon Mot et Des Répliques Assassines. Même si maintenant il était plus bas que terre.

« Je suppose que tu dois déjà le savoir, puisque tu me connais si bien, mais je m'appelle Diana. Je préfère te l'apprendre, juste au cas où. »

Son ton s'était réchauffé.
Enfin, ne vous y trompez pas: il était jusqu'ici tellement glacé que lorsqu'elle descendait de quelques degrés il devenait simplement désinvolte, indifférent. Mais en aucun points amical ou chaleureux. Il semblait tout de même étrange à Nemo qu'elle calme le jeu si soudainement, même si son " je préfère te l'apprendre, juste au cas où" restait piquant. Voulait-elle une trêve? Après tout, elle s'était présentée. Ce qui, dans les relations humaines primaires signifiât quand même une certaine ouverture au débat et à la possibilité d'une amitié.
Évidemment, Nemo connaissait déjà ce nom. Triste à dire, mais il l'avait entendu tant de fois circuler dans les couloirs comme une rumeur, un courant d'air qu'on ne peux pas attraper, qui s'évapore lorsqu'on referme la main dessus. Diana Swan par ici, Diana Swan par là. Après cinq ans à Poudlard, il ne comptait plus les lèvres qui formaient ce nom dans les dortoirs ou entre deux cours. Et même si ce n'était pas exactement pour se balancer des fleurs, les amis de Nemo considéreraient sûrement déjà le fait qu'il ait réussi à adresser la parole à la Gryffondor comme un exploit.
Il se calma un peu. En lui offrant son nom, elle lui offrait une porte de sortie.

(Nemo dessère les dents)

«Et bien... Dans ce cas, je suis Nemo Ayling. 5eme ann...»

Peut être avait-il parlé trop doucement. Car il fut coupé en pleine phrase par l'exemplaire de Roméo et Juliette brandit par Diana. Geste qu'elle ponctua d'une phrase qui donna une tout autre direction à la discussion.

« Mais, pour le moment, je suis Tybalt, Prince des Chats, de la maison des Capulet, cousin de la belle Juliette. Pour vous servir, cher Montaigu.»

Si Nemo n'avait pas été stupéfait cette tirade, il aurait ris à la révérence qu'avait executée la Gryffondor. Et c'est lorsqu'elle lança ce regard narquois en se relevant que le Poufsouffle comprit où elle voulait en venir. Cela expliquait son soudain ton plus doucereux: elle n'avait eu l'air plus amicale que pour tirer les dernières ficelles de son piège de sorcière et être sûre que Nemo s'y prendrait les pieds. Il ne s'attendait absolument pas à ça.

«Quant à toi, tu n'as que l'embarras du choix. Roméo, Benvolio, Mercutio ? Et, pour preuve de mon incommensurable mansuétude... Je te laisse également choisir l'acte et la scène.»

Elle lui jeta le livre. Nemo fût surpris de réussir à l'attraper au vol malgrès sa grande incrédulité.

Elle voulait donc jouer. Elle voulait donc jouer à qui était le plus fou des deux. La voilà qui le mettait à l'épreuve, c'était le moment où jamais de lui prouver qu'elle n'était pas la reine de ce château. Nemo repensa à son lui du passé: celui qui se serait défilé et qui aurait posé le livre en disant "non désolé" avant de claquer la porte et d'agir comme si rien ne c'était passé.

*Aller... Fais-le, mon pote! Si tu dois clouer le bec à cette garce c'est maintenant!* se dit-il à lui même alors qu'il regardait le livre avec stupéfaction.

Il fallait qu'il prenne une décision, il ne pouvait décemment plus fuir: l'occasion était trop belle. Elle lui donnait la chance de jouer dans la cour des grands.
Alors son visage s'étira à son tour en un sourire narquois lorsqu'il feuilleta les pages du livre.
Acte 1, scène 5.
Tybalt, le fauteur de trouble sans aucune morale, le faquin allait tellement bien à la Gryffondor. Mais aujourd'hui elle serait Juliette.

(Nemo relève la tête en souriant)

«La scène du bal. Acte 1, scène 5.»  dit-il. Et je jouerais Roméo»

Il tremblait, mais comme un Montaigu qui passe le pas de la porte d'un bal des Capulet, il se devait de s'armer de courage. Il brandit le livre et lu la première tirade de Roméo.

NEMO, prenant la main de Diane  - «Si j'ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée, je suis prêt à une douce pénitence : permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants, d'effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser.»

Rien que le dos de la main de la Gryffondor trahissait de sa coqueterie: elle était douce. Trop douce pour que ce soit naturel en plein hiver écossais. Ses propres mains étaient râpeuses et irritées par le froid.
Son ton était du plus théâtral possible, comme s'il s'adressait à une foule pendue à ses lèvres.

Il n'avait jamais vraiment joué de théâtre. Quelques rôles dans ses petits films amateurs à Bristol, mais il ne jugeai pas son jeu mauvais. Peut être était ce qu'avoir engloutit tout ces films l'avait imprégné d'un certain savoir faire. Ou peut être son jeu était-il effectivement mauvais, seule Juliette pourrait juger, au final.

« Les saintes n'ont-elles pas des lèvres, et les pèlerins aussi ?»

Le sol de bois craquait à chacun de ses pas. La salle des arts semblait se rétrécir et se ratatiner à mesure que Nemo avançait vers sa partenaire de théâtre. Il ne lui laissait plus d'autre choix que d'être Juliette, désormais.

«Oh ! alors, chère sainte, que les lèvres fassent ce que font les mains. Elles te prient ; exauce-les, de peur que leur foi ne se change en désespoir.»

Il tenait de sa main libre le livre. Ayant de plus en plus de mal à coordonner ses mouvements.

«Restez donc immobile, tandis que je recueillerai l'effet de ma prière.»

C'est alors qu'il lût la didascalie "(il l'embrasse)."

Et merde.
Elle était de toute évidence bien trop populaire pour le laisser faire. Mais elle se montrait bien trop fière et bien trop sûre d'elle pour ne pas aller jusqu'au bout de ce piège qu'elle avait elle même tendu. Il savait qu'elle savait quel serait le dénouement de cette situation: c'était cette même scène qu'elle jouait à son entrée dans la pièce.
Bien que jubilant de la tester à son propre jeu il ne pût empêcher cette sueur froide de lui parcourir la colonne vertébrale: une fille comme elle, à quelques centimètres d'un type comme lui. Il n'arrivait pas à savoir comment il avait réussi un tel exploit.

Il s'approcha de son visage machinalement, relâchant sans le vouloir le bras tenant le livre de Shakespeare.


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Diana A. Lena Swan
Diana A. Lena SwanSeptième année
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If I profane with my unworthiest hand... [PV Nemo] Icon_minitimeVen 24 Jan 2014 - 20:28
Elle n'aurait su dire, de la stupeur ou de l'appréhension, lequel de ces deux sentiments dominait le visage du garçon – Nemo, si elle avait bien entendu – qui lui faisait face. À moins que ce ne fût un troisième – l'incrédulité – qui triomphât. Cependant, les doutes finirent par déserter l'expression du Poufsouffle, remplacés par un sourire qui ne pouvait que trahir sa pensée : il était heureux de tenir ici une occasion de revanche. Tant mieux pour lui – qu'il garde au moins ses illusions durant les premières minutes de leur échange. Et, tandis qu'il feuilletait le livre, Diana se demanda quel personnage il choisirait. Roméo, pendant son combat contre Tybalt ? Guère original, mais probable. Mercutio, durant sa provocation du cousin de Juliette ? Possible, mais aurait-il seulement le cran nécessaire ? Ou encore Benvolio, alors que ce dernier s'efforce de pacifier les relations entre les deux familles ? Un bon moyen pour rétablir un semblant d'unité entre eux. Enfin, Nemo releva la tête, et un sourire encore plus large s'afficha sur ses lèvres. Visiblement, il avait trouvé son bonheur. Et puis, il ouvrit la bouche. Sa voix tremblait légèrement, mais son ton demeurait assuré malgré tout. La scène du bal. Acte premier, scène cinq. Diana fronça les sourcils. Il y avait quelque chose qui clochait. Tybalt n'était censé croiser aucun des trois Montaigu à ce moment. Aucun, si ce n'était... Ce ne fut que lorsqu'il déclina le nom du personnage qu'il interpréterait – Roméo – qu'elle comprit où il avait voulu en venir. La scène du bal – la première rencontre entre Roméo et Juliette. Celle qu'elle déclamait à l'arrivée du Poufsouffle dans la salle des arts. Sauf qu'elle avait bien spécifié vouloir jouer Tybalt, et non Juliette. La jeune fille allait protester, mais son partenaire ne lui en laissa pas le temps. Brandissant le livre, il entama sa première réplique :

« Si j'ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée, je suis prêt à une douce pénitence : permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants, d'effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser. »

Et il lui prit la main. La Gryffondor faillit retirer ses doigts, par réflexe, avant de se souvenir qu'elle était censée représenter Juliette, et que c'était Roméo et non Nemo qui se tenait devant elle. Bien qu'étonnée de ce premier contact et par le toucher légèrement râpeux de la paume du jeune homme, elle se laissa donc faire, se remémorant les paroles qu'elle avait prononcées quelques minutes auparavant et lui répondant instinctivement :

« Bon pèlerin, vous faites injustice à votre main car elle a montré dévotion et courtoisie ; les saintes ont des mains qui touchent les pèlerins, paume sur paume, c'est le pieux baiser des pèlerins. »

Sa voix s'était faite douce, soudain, presque câline, et un sourire était apparu dans l'éclat des yeux qu'elle posait sur Nemo, dans l'attente de sa prochaine réplique.

« Les saintes n'ont-elles pas des lèvres, et les pèlerins aussi ? »

Il jouait bien, c'était un fait. Si son ton n'avait pas tout d'abord été très assuré, il prenait peu à peu confiance en lui et cela s'entendait – cela se voyait.

« Oui des lèvres, pèlerin, dont elles usent pour la prière. »

Là encore, elle s'était souvenue de la phrase, tout comme elle s'était souvenue du Roméo invisible dont elle avait imaginé le regard qui l'enveloppait, tel une chape de lumière. Celui de Nemo était bleu et presque aussi lumineux.

« Oh ! alors, chère sainte, que les lèvres fassent ce que font les mains. Elles te prient ; exauce-les, de peur que leur foi ne se change en désespoir. »

Le Poufsouffle s'approcha, et les lattes de bois du parquet craquèrent sous ses pas. Immobile, Diana l'observa s'avancer vers elle, les doigts toujours emprisonnés dans l'étau de sa main.

« Les saintes sont immobiles même en exauçant les prières. »

Elle devina l'hésitation de Nemo tandis qu'il se rapprochait encore – plus, toujours plus.

« Restez donc immobile, tandis que je recueillerai l'effet de ma prière. »

Et c'est alors que la dernière réplique lui revint – « Et mes lèvres ont ainsi reçu le péché. » Et mince. Elle se retrouvait piégée à son propre jeu. Comment en étaient-ils arrivés là, déjà ? Était-ce sciemment que le jeune homme avait choisi cette scène, ou bien était-il tout aussi surpris et indécis quant à son issue qu'elle-même en ce moment ? Car elle ne pouvait décemment pas songer à embrasser Nemo, même si son rôle le demandait. Pourtant, elle se voyait encore moins interrompre la pièce. Alors, que faire ? Que décider ?

Ce faisant, le garçon s'était encore avancé, et son visage se trouvait à présent à seulement quelques centimètres du sien. C'était trop proche – bien trop proche. Se concentrer. Surtout, ne pas céder à la panique. Et s'amuser. C'était cela, le plus important. Une idée germa alors dans son esprit. Elle était incapable d'arrêter de jouer cette scène, mais ne pouvait la continuer non plus. Il ne lui restait donc qu'une unique solution. Un sourire illumina son visage et, les yeux fixés dans ceux de Nemo, elle s'approcha encore davantage, jusqu'à se retrouver pratiquement collée contre lui. Elle vit ce dernier relâcher légèrement le bras qui tenait le livre tandis que le trouble envahissait son regard – un peu comme une vague de nuages qui passait dans un ciel d'été. Sa main gauche toujours enserrée dans celle du Poufsouffle, elle tendit le bras droit afin d'en poser les doigts sur la nuque du jeune homme. Elle sentit son corps se tendre contre le sien alors qu'elle se pressait contre lui – c'était à la fois chaud et rigide, étrange et agréable. Le visage du garçon se baissa lentement tandis qu'elle-même redressait le sien...

Et, à l'instant, où leurs souffles allaient se joindre, leurs lèvres s'effleurer, la jeune femme se déroba, reprenant du même coup et sa main et son corps. Un nouveau sourire s'était formé sur ses lèvres – ces mêmes lèvres qui avaient failli frôler celles de son partenaire – un sourire à la fois lumineux et coloré, froid et brûlant, candide et piquant.

« Hélas, pèlerin, les saintes sont de glace, et leurs lèvres de pierre. »

Provocatrice, elle le défiait d'un regard brillant, bien éloigné du dépit fataliste qu'elle était censée éprouver. Improviser – elle était parvenue à cette conclusion. Improviser – il s'agissait de la seule solution.

« Ne savez-vous donc pas que Notre Seigneur est fort jaloux de ses conquêtes, et qu'il serait bien dangereux pour vous d'encourir un tel courroux ? »

Sa voix s'était chargée d'une crainte respectueuse et elle affectait toute la pitié et toute la désolation du monde, mais ses yeux riaient. S'éloignant encore davantage du Poufsouffle, la jeune fille conclut doucement :

« Je vous en conjure, sage prieur, écoutez mes paroles, éteignez votre ardeur. Mon âme est à Dieu et il serait regrettable que, par votre témérité, nos cœurs au Diable aillent tous deux. »

Nemo serait-il capable de relever le défi qu'elle venait de lui lancer ?


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