Quand le piégeur devient le piégé [Ben-Sasha]

Sasha avait toujours bien aimée Halloween, elle adorait se déguiser, depuis toute petite. Enfiler un costume, porter un masque, jouer un rôle, elle adorait ça. C'était en partie pour pouvoir s'amuser à être quelqu'un d'autre qu'elle avait fait du théâtre. Mais aujourd'hui son seul masque était son sourire. Le même sourire polie qu'elle s'était forcée à afficher toute la journée alors que tout ce que la date lui avait rappelé ce matin était que cela faisait deux mois que le procès de son père avait eu lieu. Ses yeux s'était posé sur le "31" en haut de la une de la gazette ce matin et le nœud qui s'était formé dans son estomac à ce moment ne l'avait pas quitté de la journée.

Heureusement, les cours étaient terminés, elle allait pouvoir rentrer au chaud et passer sa soirée à lire dans un fauteuil de la salle commune. La fillette sortait tout juste de son cour de botanique, suivie de près par Cindy qui se plaignait que les serres ne soient pas chauffées, et posa un regard dégoutée sur ses mains pleine de terre. Chouchou rose avait farouchement refusé de plonger la main dans le pot de terre pour aller chercher une racine de Belladone et Sasha avait du se dévouer.

"Je te rejoins après, je passe aux toilettes pour me laver les mains."

Cindy grimaça face aux ongles couverts de terre de son amie et continua sa route vers la salle commune avec que Sasha bifurquait vers les toilettes des filles. Elle se lava soigneusement les mains, veillant à ne pas laisser la moindre trace de terre, repositionna correctement son serre-tête et lissa le devant de sa jupe avant de se diriger vers la sortie. Elle poussa la porte mais, à peine avait-elle posé un pied à l'extérieur, un hurlement terrifiant lui fit faire un bon en arrière et lui arracha un cri aigu. Le cœur battant la chamade, elle posa un regard noir sur un imbécile de Gryffondor qui se tordait de rire sous ses yeux, affabulé d'un costume de vampire ridicule. Elle retint de justice un "même pas peur" qui n'aurait pas été très crédible étant donné le cri d'effroi qu'elle venait de pousser.

Ben Shalou, évidement. Le troisième année était connu pour son tandem infernal avec Donald McWilde. Leurs farces infantiles ne faisaient pas rire grand monde, mais ils persévéraient. Quoiqu'il en soit, elle n'avait que des problèmes quand elle s'approchait de Ben. Ils s'étaient rencontrés sur le chemin de Traverse avant qu'elle n'entre à Poudlard, et il avait renversé sa glace sur sa robe, et maintenant il lui causait presque une crise cardiaque.

"Très drôle !" cingla-t-elle avec une moue méprisante.

Et on parlait de lui comme d'un grand farceur...Eh bien ! Le niveau de Poudlard était bien bas ! Même Peeves faisait mieux ! C'était des blagues tellement immatures ! ce n'était ni drôle ni vraiment effrayant, c'était juste agaçant...Le genre de truc qui vous mettait de mauvaise humeur pour toute une journée. C'était hautement désagréable, surtout quand on était la victime, quand cela arrivait à quelqu'un d'autre c'était tout de suite beaucoup plus divertissant. Il y avait une personne en particulier que Sasha aurait adoré voir bondir de peur à chaque coin de couloir, tomber dans les escaliers, et se faire asperger par des seaux d'eau glacé à chaque porte passé. Une idée germa dans l'esprit de la fillette et son visage s'adoucit un peu.

"Tu ne serais pas Ben Shalou ? demanda-t-elle, alors qu'elle connaissait parfaitement l'identité du garçon. Les autres disent que tu es un grand farceur, je ne vois pas pourquoi, si c'est tout ce que tu sais faire comme blague....Ma petite sœur de deux ans peut en faire autant."

Elle espérait que sa fierté toute Gryffondoresque serait touchée et qu'il s'empresserait de lui jurer qu'il pouvait faire bien mieux, parce qu'elle avait du travail pour lui.

"Moi c'est Sasha, au fait. On s'est croisés sur le chemin de Traverse il y a un moment." se présenta-elle avec un sourire.

Elle n'aurait peut-être pas dû être si méprisante avec lui, elle allait avoir du mal à avoir l'air sympathique maintenant. Mais elle finirait bien par l'embobiner avec quelques sourires et mots gentils. Ce n'était jamais qu'un Gryffondor après tout...

"Désolée pour tout à l'heure, reprit-elle, faussement penaude. C'est juste que j'ai eu peur, sur le coup."

Le regard vers le bas, un sourire timide et les épaules un peu voutées, elle était plutôt convaincante.