Live and learn from fools and from sages [Victor]

Mercredi 28 novembre 2007

Art étouffa un bâillement au moment où l’horloge signifiait la fin de l’heure de cours des quatrièmes années. La nuit précédente il avait eu les premières années et avait été retenu par les palabres sans fin d’un Serdaigle sur… il n’était pas bien sûr d’avoir compris à quel propos à vrai dire, toujours était-il que sa nuit avait été courte, c’était le problème quand on enseignait une telle matière, pas étonnant que les élèves préfèrent les matières plus cool comme le vol par exemple. Le professeur était pourtant sûr que l’astronomie pouvait autant aider que le vol pour trouver une petite copine, les étoiles étaient plus romantiques que les balais, c’était son avis et il n’en démordrait pas, il fallait simplement s’adresser aux bonnes filles, pas aux idiotes et ça les garçons ne s’en rendaient pas toujours compte. Il eut un léger sourire en voyant l’enthousiasme qu’avaient les élèves à le quitter, au moins étaient-ils intéressés par une partie de son cours, même si ce n’était pas vraiment celle qu’il aurait escompté. Son regard fut attiré par le petit Lloyd qui prenait son temps à ranger ses affaires. Là où ses camarades jetaient leurs livres dans leurs sacs sans plus de cérémonie, le Gryffondor prenait soin à ne pas déformer le sien, la classe, en toutes circonstances. Parfois il se demandait comment il avait réussi à survivre jusqu’à maintenant, être aussi attentif à son apparence à cet âge et ce devant tous ces camarades de classe… les mentalités avaient certes changées depuis qu’il était sorti de Poudlard, mais ça restait des adolescents vivant ensemble, avec tout le côté pression de groupe et rejet des différences, la grande joie. Enfin, maintenant qu’il était commentateur de Quidditch il ne devait plus de poser ce genre de problèmes, les gens aimaient le Quidditch et les gens aimaient le commentateur de Quidditch, dans un endroit aussi mature que Poudlard il suffisait de peu pour être aimé.

« Je n’ai pas eu l’occasion de vous féliciter pour vos commentaires pendant le dernier match M. Lloyd »

A défaut de le féliciter pour son dernier devoir… Il y avait des élèves comme ça qui n’avaient décidément pas leur place dans une école, il était évident qu’il ne trouvait aucun intérêt dans les cours qu’il suivait. Pourtant il se devait de les suivre pendant quelques années encore et au fond de lui il espérait que le garçon se réveillerait, bien sûr il ne nourrissait pas grand espoir à ce sujet, mais il s’était toujours désespéré de ses camarades de ce genre quand il était lui-même à Poudlard, qu’ils devaient s’ennuyer ceux-là qui ne voient dans leur emploi du temps que retenues et obligations qui les empêchent de vivre. S’intéresser à ce que l’on a à faire a toujours été la seule façon de ne pas finir à deux doigts de la crise de nerfs et ceci, Art déplorait que les petites têtes blondes ne s’en rendent pas suffisamment compte.

« J’espère que cela ne vous prend pas trop de temps. »

Victor étouffa un bâillement, il n'aimait pas trop l'Astronomie, c'était le cours qui les obligeait à rester debout tard et lui qui se levait assez tôt pour pouvoir avoir la salle de bain autant de temps qu'il voulait, voulait se coucher tôt pour éviter d'avoir d'horribles rides sous les yeux. Malheureusement les étoiles ça s'observait la nuit comme si ça servait à quelque chose de savoir que Vénus était plus brillante que Jupiter ou un truc du genre, il avait encore du mal à placer sa grande ourse et sa faisait cinq ans qu'il suivait le cours, il avait bien compris que malgré son nom, on cherchait pas un ours dans le ciel mais une casserole mais il voyait pas de casserole lui, il voyait juste des points brillants les uns à côté des autres appelés étoiles.

Bref comme la plupart de ses autres matières, il était un peu beaucoup paumé mais bon ça aurait été un peu la honte de poser toujours pleins de questions, il voulait pas avoir les prof sur le dos et tout alors il se débrouillait et rendait des devoirs qu'il jugeait corrects mais qui au vu des notes étaient en fait pas si correct que ça. Il commençait sérieusement à désespérer son père lui avait dit d'avoir des bonnes notes sous peine de plus avoir d'argent de poche mais il n'arrivait pas à avoir de bonnes notes, il n'était pas fait pour ça et c'était tout. La fin du cours fut enfin annoncé et Victor prit bien soin de ranger ses affaires, il ne fallait pas que sa bouteille d'encre s'ouvre et se vide sur ses affaires, il ne devait pas froisser ses parchemins et ses livres. Son sac ne devait pas paraître en bazar, il se devait d'être impeccable en toute situation. Alors, oui, il prenait un peu plus de temps que ses camarades pour ranger ses affaires mais c'était lui que ça regardait après tout et le professeur n'avait visiblement pas l'intention de le mettre à la porte, il semblait patient ,pas comme d'autres qui des fois, le poussait limite dehors pour qu'il parte plus vite.

Victor redressa la tête et afficha un léger sourire sur ses lèvres alors que le professeur Art prenait la parole. Son sourire s'agrandit et ses joues rougirent sous le compliment, c'était vrai qu'il s'améliorait à chaque match, il avait eu quelques compliments, les gens se moquaient un peu moins de lui dans son dortoir, il avait l'impression d'être un peu moins pris pour un imbécile depuis qu'il sortait avec Clara, il était heureux d'être en couple avec la Serpentard même si secrètement, il était encore amoureux de Kessy mais il ne voulait pas faire de peine à sa petite-amie alors il se taisait, profitant du temps qu'il passait avec elle et c'était toujours super cool. Il avait écrit une lettre à Taylor pour lui annoncer la bonne nouvelle et il lui avait avoué être amoureux d'une Poufsouffle en troisième année, Juliette Diggory, c'était super chouette et il était content pour son demi-frère. Il l'aimait vraiment beaucoup Taylor, c'était comme un petit-frère qu'il avait jamais eu et Julia aussi était gentille, il était pressé de rentrer pour les vacances de Noël et d'aller dévaliser les boutiques avec elle, c'était comme avoir une maman. Il découvrait les joies de la famille, ce qu'il n'avait jamais eu auparavant et qu'il n'aurait jamais cru regretter d'ailleurs.

"Oh, merci Monsieur. C'est gentil."

Il termina de couler sa trousse dans son sac, un sourire aux lèvres, il ne voulait pas paraître impoli, ça lui donnait peut-être un air idiot aussi mais il s'en fichait, nan il n'était pas idiot, jamais, il était Victor Lloyd et il avait la classe tout le temps et en toute circonstance comme les mannequins comme les idoles de son enfance et il les rejoindrait très bientôt, cet été si tout se passait bien il était en stage mannequinat en Italie pendant deux mois et puis il était invité à la Fashion Week, il avait des places d'exception comme l'année précédente.

"Han nan, j'ai encore beaucoup de temps pour faire mes devoirs, ne vous inquiétez pas. Genre, ça ne m'empêchera pas de travailler, c'est juste que parfois, je ne comprends pas tout dans les cours, je suis un peu perdu alors c'est plus difficile pour rendre un travail qui vous plaise mais ça va hein, je m'en sors des fois et puis en fait je crois que le truc c'est que la magie, l'école tout ça, c'est pas trop pour moi. Je préférerais trop qu'on m'oblige pas à apprendre à utiliser une baguette parce que de toute façon, ça me sert un peu à rien. Mais c'est pas pour vous hein, z'êtes un chouette prof et tout."

Il n'aurait pas voulu froisser son enseignant, il le félicitait et lui, il allait dire qu'il aimait pas les cours et qu'il n'avait rien à faire ici, ça pouvait être un peu vexant quand même. Et puis, le professeur en lui même était sympa, il aimait bien le nouveau prof, les nouveaux en général d'ailleurs. Même le prof de vol et pourtant, le balai volant c'était trop pas son truc.

Art esquissa un sourire amusé en entendant le gryffon se justifier, un élève avait beau avoir toutes les difficultés du monde et les assumer jour après jour, il lui suffisait de se trouver pendant quelques secondes seul avec un professeur pour qu’il sorte toutes les excuses auxquelles il pouvait penser… Il n’avait pourtant eu aucune envie de discuter des problèmes du garçon quand il lui avait adressé la parole, s’il devait parler avec tous les élèves qui avaient des difficultés en astronomie il n’était pas près de partir en vacances…
Il se retint de hausser un sourire étonné quand Victor lui parla de lui faire plaisir en  lui rendant des devoirs, il lui semblait pouvoir affirmer sans même chercher à blesser le garçon qu’il en était loin, très loin. A vrai dire il était inimaginable aux yeux d’Art qu’un élève à Poudlard puisse vraiment lui faire plaisir en lui rendant quoi que ce soit, il n’était pas de ces profs complètement fous qui plaçaient leur matière en véritable style de vie, une carte du ciel aussi belle soit-elle ne le rendrait jamais fou de joie. Au mieux serait-il agréablement surpris qu’un élève ait pris le temps de travailler entre deux repas et trois matchs de quidditch, mais d’ici à illuminer sa journée il y avait un pas qui lui semblait bien infranchissable.
Il tiqua quand l’autre lui apprit qu’il n’avait apparemment aucune envie de faire de la magie sa vie une fois sorti de Poudlard. A cet âge-là il était resté sur l’idée que tous les gosses, surtout ceux de Gryffondor, rêvaient de devenir auror ou médicomage, de lancer des sorts toute la journée parce que « c’est vraiment trop la classe ! », l’idée de ne pas devenir un super sorcier qui sauverait le  monde était-elle donc si répandue ? Avec des jeunes comme ceux-ci il n’était pas étonnant que le MIM se soit tant développé ces derniers temps.

« Que comptez-vous faire après Poudlard ? »

C’était son petit côté conseiller d’orientation qui ressortait, il aimait bien savoir ce que feront ses élèves quand il… restera coincé à Poudlard à refaire année après année les mêmes cours aux mêmes enfants n’en ayant rien à faire. Un médicomage aurait parlé de vivre ses rêves au travers des enfants, mais Art avait déjà eu une vie bien plus que remplie et si parmi toutes ces personnes certaines auraient peut-être des vies phénoménales il était sûr que pour la plupart elles ne seraient pas aussi pleines de rebondissement que la sienne.

Victor attendais patiemment une réaction de son enseignant mais ce dernier se contentait de sourire et de le regardait avec un air bienveillant, c'était assez bizarre. On aurait dit qu'il était devenu sénile avant l'heure pauvre professeur. A moins qu'il soit vraiment vieux et qu'il ne fasse pas son âge. C'était la question que le Gryffondor se posait, une question tout à fait futile mais qui lui taraudait maintenant l'esprit. Quel âge pouvait bien avoir son enseignant ? Il était sans doute vieux, comme tous les profs, c'était ça l'arnaque avec les enseignants, on croyait qu'ils étaient jeunes et cool mais en fait, ils se révélaient souvent vieux et ronchon. Sans aucun sens de l'humour en plus de ça.

"Je voudrais être mannequin."

Il bomba légèrement le torse pas peu fier de lui, il était même certain d'y arriver maintenant. Il avait des relations, un pied dans le milieu, il lui manquait juste ses Buses et ses Aspics. Il ne voyait pas l'intérêt de continuer ses études mais son père semblait y tenir mais si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait fait comme Dany Sneals, il serait parti après ses Buses. Réussies ou non, il s'en fichai, de toute manière, lui, il ne voulait pas être un sorcier doué et tout, il voulait juste qu'on lui fiche la paix, qu'on le laisse monter sur les podium devant un public l'acclament et le trouvant juste trop beau et trop classe. Malheureusement, personne ne semblait partager son avis.

"C'est pour ça la magie au fond... j'm'en fiche un peu. De toute façon, je suis sûre que je serais mannequin, j'ai déjà des relations et tout."

Il sourit légèrement au professeur Haddock avant de reporter son attention sur son sac et de la fermer pour être sûr de ne rien perdre.

"Et vous ? Pourquoi vous êtes devenu prof ?"

Mannequin… on aurait pu lui donner cent propositions qu’Art n’aurait pas deviné cette profession, non pas que cela jurait particulièrement avec le physique et l’attitude du Gryffondor, c’était juste que… que non, quand on était sorcier on le restait, c’était peut-être triste, mais c’était comme ça. Bien sûr, personne ne l’empêcherait d’aller défiler sur des podiums moldus, mais ça ne se faisait pas. Il se souvenait encore de la tête qu’avaient fait ses professeurs quand il avait demandé à ce qu’on lui donne les papiers qu’il fallait pour s’inscrire à l’université moldue heureusement les mentalités avaient changé, peut-être pas dans toutes les familles, mais Victor n’était pas un sang pur aux dernières nouvelles. Si en plus il était déjà sûr de lui… au final malgré son rêve atypique il était peut-être un des rares élèves qui savaient vraiment ce qu’ils allaient faire de leur vie, c’était là l’avantage des gens passionnés par quelque chose.

La question suivante était évidente, les élèves se demandaient toujours ce genre de choses, heureusement, Victor se demandait pourquoi il avait voulu être professeur et non pas comment il avait réussi à le devenir, la différence de formulation était minime, mais cela avait le bon sens de préserver un peu son égo. Il était rarement de bon ton d’hésiter avant de répondre à cette question, il n’avait pas vraiment envie de mentir au jeune homme, mais n’avait pas non plus dans l’idée de lui dire toute la vérité. Comme souvent lorsqu’un étudiant le lui demandait il détourna la question, rapide, simple, efficace ? Pas vraiment, mais généralement assez pour que l’on ne l’y reprenne plus.

« Pour avoir le plaisir de dégouter moi-même les élèves de l’astronomie plutôt que de laisser ce travail à un inconnu. »

Dire que c’était l’emploi qu’il avait trouvé le plus adapté à ses multiples fuites durant les guerres ne l’aurait certainement pas fait monter dans l’estime de Victor et, s’il pouvait dormir sur ses deux oreilles sans que ses élèves l’admirent, il aimait autant qu’on le respecte un minimum, ce qui impliquait de ne pas révéler à des gamins qu’il n’était pas resté « combattre les méchants », il estimait les jeunes de cet âge incapable de comprendre ce qu’avait été la guerre, eux pour qui une inondation dans les toilettes était la fin du monde, avait-il tort ? Il l’espérait. Rapidement il rangea deux parchemins qui trainaient dans son bureau et commença à se diriger vers la porte de la salle, Llyoyd devait avoir fini à l’heure qu’il était.

« Vous avez tout ? »

Spoiler:

Victor trouvait son enseignant un peu bizarre quand même. Il était gentil et tout mais il comprenait pas trop sa façon de penser. Genre d'habitude les profs, ils étaient prof parce que genre c'était l'amour du métier et tout. Bon peut-être pas Harris mais après les autres. Mais Haddock lui, c'était pas ça du tout. Et c'était assez bizarre comme façon de dire.

"En tout cas, moi c'est pas vous qui faites que j'aime pas l'astronomie. C'est juste que les étoiles j'y comprends rien et pis franchement la nuit quoi. Genre c'est l'heure de dormir et tout. En même temps regarder des étoiles de jour c'est pas le bon plan. Mais c'est cette planète qui gère pas aussi. Genre tous les trucs presque intéressant c'est la nuit quoi. Genre les étoiles, on les voit trop pas, on dort. Et pis c'est comme les trafics chelou et tout, c'est la nuit. Et pis même les défilés genre super archi privé ben c'est la nuit."

Tout un tas de questions qu'il se pose mais dont il n'a pas tellement envie de trouver la réponse parce qu'il n'a pas envie de se prendre la tête avec ça. Juste que en attendant les profs c'est bizarre des fois. Il est alors tiré de ses pensées par la voix de son enseignant.

"Euh... ouai j'crois j'ai tout. Ah nan, ma trousse. Là voilà. Bon ben c'est bon je crois."

Il rangea sa trousse dans son sac et releva la tête. Haddock près de la porte semblait attendre, pressé de partir. Victor se dirigea vers lui avec un petit sourire. Il n'allait pas empêcher son professeur de partir plus longtemps. Il passa devant lui et se retourna une dernière fois avant de partir.

"Bonne nuit Monsieur."

Puis sans attendre de réponse, il commença à descendre les escaliers de la tour d'Astronomie pressé de retrouver son lit qui devait l'attendre bien sagement.