Pas chère cousine du tout [Azénor]

Azénor était dans les couloirs lorsqu'elle l'avait appris, une bande de jeunes Gryffondor l'avait dépassé en racontant, en poussant de grands cris de dégoût, la mésaventure qui était arrivé à l'un d'entre eux lors du cours de botanique. Azénor se retint de lever les yeux au ciel… Franchement ces petits jeunes, incapables de se tenir correctement et de faire attention aux consignes, pas étonnant qu'il leur arrive des pépins… Et c'est là que le nom lui parvint à l'oreille : Noah. Noah ! NOAH ! Son Noah ? Son petit cousin ? Celui qui avait toujours sa mauvaise tête, qui passait son temps à ronchonner quand elle était dans le coin mais qu'elle trouvait plus qu'adorable avec son air d'ado bonbon ? Il fallait qu'elle en ait le coeur net ! Elle fit rapidement demi-tour et rattrapa le groupe d'élèves qui s'était éloigné.

"Hé ! Vous parlez de qui là ? De Noah Forester ?"

Les garçons la regardèrent un instant d'un air bêta et Azénor eut la brusque envie de les secouer violemment afin qu'ils répondant plus rapidement. Ce n'était quand même pas une question compliquée ! Elle sentait peu à peu la tension monter… Et si c'était grave ? Elle ne voulait pas qu'il arrive quelque chose à son petit cousin ! Son cousin de sang, celui avec qui elle partageait un peu de ses gênes ! Ce n'était pas rien quand même ! Surtout dans le monde dans lequel elle avait été élevé. La réponse tomba, c'était bien lui, il était à l'infirmerie. A l'infirmerie ! Il fallait absolument qu'elle le voit ! Et sans écouter ce que les garçons avaient commencé à lui expliquer, elle fit volte-face et se précipita dans les couloirs, son sac frappant violemment sa hanche à chaque enjambée qu'elle faisait.

Elle n'était pas discrète, ses pas frappant fortement le sol mais elle s'en fichait, elle fallait qu'elle aille s'enquérir de la santé de Noah. Elle poussa résolument la porte de l'infirmerie qui cogna violemment contre le mur, Mrs Silverster lui adressa un regard furibond qu'elle prit soin d'éviter. Elle fouilla la pièce du regard et elle le vit, dans un lit, allongé, lui tournant le dos. Ses pas la menèrent jusqu'à son chevet et elle entreprit de faire le tour du lit. Alors qu'elle arrivait face à lui, elle eut tout juste le temps d'apercevoir un clignement de paupières : il ne dormait pas ! Dans un sursaut de tact, elle comprit qu'elle devait lui parler calmement puisqu'il était en convalescence.

"Noah ? Est-ce que ça va ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'ai croisé un groupe de Gryffondor qui parlait d'un accident avec des Bubobulb."

Son regard parcouru le corps de Noah et elle aperçut le bandage sur sa main.

"Aïe ! C'est la main qui a pris apparemment ! Mais enfin, Noah, tu le sais pourtant qu'il faut porter des gants ! Comment est-ce que tu t'es débrouillé pour en arriver là ?"

Elle poussa un soupir et caressa tendrement la tête de son cousin, elle ne le connaissait pas tant que ça mais elle avait pour lui une certaine tendresse qu'elle ne s'expliquait pas, elle avait toujours trouvé qu'il avait une tête de choupi !

Ah ! Le petit griffon était de mauvaise humeur apparemment… Qu'à cela ne tienne, Azénor n'allait pas se vexer pour si peu, qu'il n'accepte pas ses gestes de tendresse n'était pas une nouveauté mais elle avait espérer que sa blessure l'attendrirait, manifestement ce n'était pas le cas. Toutefois, Azénor ne le lâcha pas pour autant et elle posa discrètement - du moins l'espérait-elle - sa main sur le bras de Noah qui était caché sous les draps, il n'y avait pas de contact direct, peut-être accepterait-il le geste ? Azénor était persuadée qu'un blessé avait besoin de tendresse, de réconfort alors elle s'efforçait d'apporter celui-ci à son petit cousin.

Azénor sourit tendrement en voyant Noah remettre de l'ordre dans ses cheveux, son sourire s'agrandit alors qu'elle constatait qu'une des mèches du garçon restait obstinément dressée sans que celui-ci ne s'en aperçoive. Elle faillit tendre la main pour la replacer mais retint son geste à temps, son cousin l'aurait sans doute mal pris qu'elle touche de nouveau à ses cheveux alors qu'il venait de le lui interdire. Elle hésita un instant à ne rien dire, trouvant vraiment qu'il avait une tête choupie et drôle avec son épis mais pensa qu'il valait mieux qu'elle le prévienne tout de même :

"Noah, il te reste une mèche qui rebique"

Elle n'avait pu empêcher un sourire légèrement moqueur d'orner ses lèvres mais après tout, c'était de bonne guerre. Alors qu'elle lui prodiguait des conseils pourtant sensés, le garçon continuait de ronchonner.

"Je ne te fais pas la leçon, voyons ! Je ne fais que te donner un conseil, de cousine à cousin, ça sert à ça la famille ! Je ne voudrais pas qu'il t'arrive du mal, déjà aujourd'hui tu as eu de la chance… Enfin, je suppose que ça te servira de leçon et puis, de toutes façons, on est des Gryffondors, c'est normal de passer par ce genre d'épreuve. Je me souviens, moi, en première année, en cours de vol, j'avais voulu faire des figures comme les joueurs de Quidditch mais je ne maîtrisais pas encore mon balai - et si tu veux mon avis, les balais de l'école sont tellement pourris que c'est un peu de leur faute - et je me suis retrouvée les quatre fers en l'air avec le poignet cassé. Il paraît que j'ai eu beaucoup de chance ce jour là… Enfin, c'est notre lot commun à nous autres aventuriers des temps modernes !"

Elle ponctua son monologue d'un petit éclat de rire, Azénor espérait avoir réussi à changer les idées de son cousin et - qui sait - à l'avoir un peu amusé. Il n'était pas très démonstratif son petit Noah mais elle était sûre qu'au fond, il l'aimait bien et qu'il était ravi qu'elle vienne prendre de ses nouvelles et ce n'était pas son visage inexpressif - cachant très certainement sa joie de la voir à son chevet - qui allait la faire changer d'avis, ni même ses tentatives maladroites pour la faire partir.

"Voyons, Noah ! C'est normal que je reste à tes côtés ! Je vais te tenir compagnie, de toutes façons, je n'ai pas cours et même si ç'avait été le cas, j'aurais bien pu louper une heure pour rester avec toi ! C'est une bonne occasion pour discuter tous les deux, un moment pour nous ! Et puis, même si ce n'est que quelques cloques, ça ne doit pas être très agréable alors il faut que je te change les idées ! Tu veux que je te raconte quelque chose ? Qu'est-ce que tu veux savoir ? Tu n'as qu'à demander, tu sais ?"

Voilà, elle espérait s'être fait comprendre assez clairement pour que Noah arrête de la pousser à quitter la pièce et profite de ces retrouvailles familiales. Il était maître de la conversation, à lui d'en choisir le thème, ça devrait lui faire plaisir, non ? Elle lui donnait une occasion en or d'en savoir plus sur elle ou sur son expérience en tant qu'élève ou en tant que Highlands...

Azénor était ravie de voir que son petit Noah acceptait qu’elle reste et même qu’il la remercie de sa présence. Elle lui sourit avec tendresse. Qu’elle lui raconte sa journée ? C’était assez banale comme idée, Azénor aurait plutôt pensé qu’il profiterait de cette occasion pour aborder un thème plus original, plus personnel mais bon, pourquoi pas ? Après tout, c’est à travers les petits moments quotidiens qu’on en apprenait le plus sur une personne. C’est comme ça qu’on devenait proche alors Azénor se lança dans l’exercice avec enthousiasme, un sourire au lèvre et de petits gestes tendres envers Noah ponctuant son discours – discrets les gestes, hein, elle n’était pas idiote au point de lui pincer les joues ou autre idiotie du genre, elle savait très bien qu’il ne les accepterait pas – :

« Hé bien, ce matin j’étais en avance du coup j’ai eu le temps de manger un super petit déjeuner qui aurait avadakedavrisé Nick Quasi-Sans-Tête ! Les elfes de maison sont quand même de super cuisinier, même Margaret, c’est la domestique qu’on a à la maison, je ne sais pas si tu te souviens d’elle, ne fait pas des repas aussi bons et pourtant, elle est douée !

Et puis, après j’ai eu cours de divination. C’est passionnant la divination ! Tu en fais, toi ? J’adore ça essayer de découvrir ce que l’avenir nous réserve ! Je pense qu’il y a des personnes qui ont de véritables dons ! Je ne suis pas naïve au point de croire que j’en fais partie mais ça ne m’empêche pas de faire quelques prédictions d’une justesse étonnante ! C’est surtout des rêves en fait ! Je ne suis pas très douée pour les cartes, lire dans le marc de café, j’aime bien, je trouve toujours des choses intéressantes. Mais les rêves, c’est tellement étrange… Des fois, il y a du sens.

Par exemple, l’autre jour, j’ai rêvé que j’étais perdue, la nuit, dans le château, ce qui est bizarre, tu l’admettras, puisque je le connais bien maintenant ce bon vieux château après tant de temps passé à m’y promener… Je cherchais désespérément à retrouver mon chemin, donc, et j’ouvrais toutes les portes mais rien : elles étaient toutes vides ! Et puis, finalement, j’en ai ouvert une, y’avait un objet posé au milieu, je me suis approchée et tu devineras jamais ce que c’était : un rouleau de papier toilette ! Je suis ressortie, ça ne me paraissait même pas bizarre dans mon rêve… J’ai ouvert la porte suivant et j’y ai découvert un balai à toilette, dans celle d’après, des lunettes et dans la dernière, j’ai finalement découvert de vraies toilettes. Je me suis relevée en sursaut et je me suis rendue compte que j’avais une envie pressante d’aller aux toilettes !

Bon, d’accord, ce n’est peut-être pas le meilleur exemple mais je t’assure que j’ai régulièrement des rêves prémonitoires ! Ah si, je me souviens, j’ai aussi prédit l’absence du professeur Neville l’autre jour et j’ai deviné le sujet de mes BUSE de potion ! »

Elle finit par s’interrompre, un peu essoufflée par ce long monologue sans queue ni tête, même elle s’en rendait compte.

« Je suis désolée, je ne voudrais pas t’embêter… Parlons de toi, plutôt ! Comment est-ce que ça se passe à Poudlard ? Tu t’es fait de bons amis ? Tu as une amoureuse ? »

Elle rit doucement à la dernière question, bien consciente que ce n’était pas une question à poser à un garçon de son âge mais il fallait bien qu’elle aussi le taquine de temps en temps puisque lui prenait un malin plaisir à la faire tourner en bourrique en ronchonnant dès qu’il la voyait.

Alors qu’elle déblatérait sur ses rêves prémonitoires, Azénor ne manqua pas le petit sourire de Noah, elle le fixa quelques secondes, ne sachant trop comment l’interpréter puis préféra abandonner et continua son « petit » discours. Elle nota au passage que son cousin ne faisait pas divination : grossier erreur ! Si elle avait su qu’il ferait un tel mauvais choix, elle l’aurait pris à partie plus tôt pour lui vanter les mérites de cette discipline, d’autant plus qu’ils avaient une excellente enseignante ! Enfin, c’était trop tard maintenant qu’il avait fait son choix…

Lorsqu’elle eut fini, elle mit quelques secondes à réaliser ce que Noah venait de lui répondre. Estomaquée par tant d’impertinence, elle le fixa un moment avec de grands yeux choqués : qu’il remette en doute le bien fondé de la divination déjà ça passait mal mais qu’il se moque d’elle… Oui, parce que là, ce n’était pas autre chose, Azénor n’était pas idiote et elle voyait bien qu’il ne la prenait pas au sérieux et pire encore qu’il la traitait de personne « comme les autres » ! Vexée et énervée, Azénor se retint de justesse de lui balancer ses quatre vérités, heureusement que c’était son petit cousin parce qu’avec un autre, ça ne serait pas passé… Mais… Oui… Justement, c’était Noah qu’elle avait face à elle ! Ce même Noah qui passait son temps à râler, à la chercher, à la bouder et à la provoquer… Peut-être que ce n’était pas si méchant que ça… Peut-être que ce n’était qu’une boutade comme une autre… Azénor décida de lui laisser le bénéfice du doute mais préféra se taire pour lui montrer son désaccord, elle ne prit même pas la peine de le rabrouer sur son vocabulaire non mais franchement « pisser »… La famille Highlands serait choquée de l’entendre… Néanmoins, la tentation de parler fut bientôt trop forte et elle relança le garçon, sur un sujet plus neutre… Les amoureuses… C’était le sujet parfait ! Et puis, au fond d’elle, Azénor espérait bien l’embêter un peu !

Et, en effet, la réaction ne se fit pas attendre, face à la réplique de Noah, Azénor ne put retenir un rire tendre, elle n’y pouvait rien, Noah était vraiment trop choupi sous ses airs de rebelle à deux noises.

« N’importe quoi, n’importe quoi… On en reparlera dans quelques années mon garçon ! C’est souvent ce qu’on pense à ton âge, mais dans quelques temps tu verras le monde autrement et là, tu auras sûrement besoin des conseils avisés de ta grande cousine Azénor ! N’hésites surtout pas à venir ce jour-là, je serais ravie de pouvoir t’aider ! Et puis, tu sais, je suis prête à tout entendre, tu peux tout me raconter ! J’aime me penser ouverte d’esprit malgré notre éducation alors même si tu m’annonces subitement que tu es amoureux d’Ahren Keller, je te soutiendrais et j’essuierai tes larmes face à ses rejets… »

Azénor laissa tomber le sujet le temps que Noah réponde à ses autres questions, réponses qu’elle écouta avec attention, une fois n’est pas coutume :

« Je suis contente pour toi, c’est important d’être bien entouré ! J’avais peur que tu sois un peu seul, tu m’as toujours paru assez solitaire mais c’est vrai que les Gryffondor sont les champions pour intégrer les petits nouveaux… Pas comme les Serpentard, je suis sûre que c’est toujours la compétition entre eux, toujours à ce juger les uns, les autres… Enfin, c’est une autre histoire ! »

La suite par contre la fit beaucoup moins rire, elle manqua même de s’étouffer. Lui parler des garçons ! A son âge ! Mais où avait-il donc la tête ? Bon, elle l’avait peut-être un peu cherché mais elle n’était pas prête de l’avouer… Le problème c’est que sans le vouloir – du moins elle l’espérait – Noah venait de mettre le doigt sur un point sensible pour Azénor. Et la façon dont il avait formulé sa question n’était pas pour la réconforter… Elle avait bien fini par comprendre avec le temps qu’elle en énervait certains avec sa façon d’être mais ce qui la peinait vraiment c’était qu’elle faisait manifestement fuir les garçons.

Elle ne savait visiblement pas comment s’y prendre… Quand un garçon l’intéressait, elle avait deux types de réactions, la première, qui l’énervait prodigieusement, était de devenir toute timide et de rougir comme une idiote dès qu’il apparaissait, elle détestait cette réaction qu’elle trouvait bien trop cliché et tellement peu Gryffondor ; la seconde consistait à foncer dans le tas, comme une vraie Gryffondor cette fois, et à aller l’aborder franchement et lui « taper la discut’ » comme elle savait si bien faire, malheureusement, ça semblait plutôt effrayer la gente masculine… Mais pourtant, elle était bien obligée de faire quelque chose puisqu’il ne faisait jamais le premier pas.

« Je ne sais pas trop ce que ton « qui arrivent à te supporter » est sensé vouloir dire alors je vais faire comme si je n’avais rien entendu… Et pour ta gouverne, sache que ce genre d’histoire ne te regarde pas ! Tu l’as dit toi-même, tu n’es pas intéressé par les « histoires d’amoureux » alors je vois pas pourquoi je te raconterais les miennes… »

Bon, elle devait avouer que sa réponse était un peu vile, mais bon, l’attaque était parfois la meilleure des défenses. Alors, pour se réconforter, elle commença à ébouriffer tendrement les cheveux de Noah mais il dégagea rapidement sa main, elle lui offrit un pauvre sourire triste, elle n’était pas très en forme finalement aujourd’hui, parler de tout cela lui avait mis le moral dans les chaussettes…

Azénor recommença à rire lorsqu’elle vit la réaction de Noah, bien entendu, il n’avait pas retenu l’essentiel de son discours… Elle se comportait comme la parfaite cousine, à l’écoute, ouverte d’esprit, quelqu’un sur qui il pourrait compter en cas de problème et lui ne retenait que son exemple. Bon, elle devait reconnaître qu’elle avait eu une drôle d’idée et pour être franche, elle ne savait pas trop comment elle aurait réagi si Noah lui avait appris une telle chose mais ce n’était apparemment pas le cas alors elle n’allait pas y réfléchir plus longtemps.

« Oh, tu sais, on est surpris parfois… »

La suite de la conversation lui échappa totalement, non pas qu’elle ait l’habitude de toujours tout maîtriser mais en général c’était elle qui parlait le plus donc elle qui dirigeait la conversation, sauf avec Diana quelque fois mais ce n’était pas pareil, Diana était son ami, Noah était son petit cousin et Azénor était franchement mal-à-l’aise. Déjà, c’était un sujet avec qu’elle n’appréciait pas plus que ça alors se retrouver face à « son petit Noah » en train de lui poser des questions fortes indiscrètes, c’était trop pour elle… En plus, il faisait le malin… C’était pas possible ça, elle venait gentiment le réconforter après un accident, elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour lui remonter le moral, elle supportait sa mauvaise humeur et voilà comment il la remerciait. Elle lui répondit donc d’un ton plutôt sec qui montrait clairement son agacement et qui, elle l’espérait, cacherait son malaise.

« T’es mignon mais je préférerais que tu ne joues pas sur les mots… Quand je t’ai parlé d’amoureuse, tu ne semblais pas avoir la moindre envie d’aborder le sujet ! Et puis, comme tu le fais si justement remarquer, je suis plus grande et si je peux sans doute t’aider dans tes histoires de cœur, je doute que ce soit réciproque, je ne voudrais pas t’offusquer avec mes amourettes… »

Amourettes… Elle venait vraiment de dire « amourettes »… Un terme fort ridicule mais qui qualifiait assez bien ses quelques histoires de cœur qui ne duraient que quelques jours. C’était toujours pareil : elle s’embrasait, se donnait à fond dans la relation pour finalement se rendre compte que ce n’était que du vent. On aurait pu croire qu’après ces quelques faux espoirs, elle se serait résigné mais non, elle y croyait toujours : un jour elle aurait une relation, une vraie, une de celles qui sont réciproques et qui durent plus de deux jours… Pendant qu’elle réfléchissait sur son sort, Noah continuait, insistant, vantant même ses mérites – on aura tout vu ! – et affirmant qu’elle devait avoir déjà eu un certain nombre d’histoires. Franchement agacée cette fois, Azénor finit tout de même par lui répondre :

« Je ne vois toujours pas en quoi ça peut t’intéresser, peut-être ton côté Gryffondor qui montre – enfin – le bout de son nez – c’était inutilement méchant mais Azénor était blessée et elle s’en rendit à peine compte – mais je vais te répondre puisque tu as l’air si intéressé et si sûr de toi. Oui, oui, j’ai eu des histoires mais elles ont plutôt mal tournées, content ? »

Non, non, sa voix n’avait pas tremblée à la fin, c’était juste une illusion ou alors elle avait tremblée de fureur car Azénor avait de plus en plus de mal à se contenir et la dernière phrase de Noah la fit sortir de ses gonds. Oh, bien sûr, elle avait fait pire mais c’était sûrement la première fois que Noah la verrait aussi énervée, elle qui était toujours gentille et conciliante avec lui, énervante et lourde également mais ça elle n’en avait pas conscience…

« Et je peux savoir où est-ce que tu as vu que les filles passaient leur temps à parler de garçons ? Je n’arrive pas à croire que tu puisses être aussi généraliste ! C’est pas possible ça ! Tu crois vraiment qu’on a rien d’autre à faire que penser à vous ? Mais bon sang, on vit très bien toutes seules, on n’a pas besoin de ça ! Si je t’en ai parlé c’était juste pour être gentille, gentille ! Mais apparemment tu ne sais pas ce que ça veut dire qu’être amical avec les gens de ta famille ! Ca fait des années que c’est comme ça Noah ! A chaque fois que je te vois c’est pareil, tu me fais la tête ! Alors je sais bien que tu es plus jeune que moi, que tu fais ta crise d’ado ou je ne sais quoi, je comprends tout ça mais ça ne t’autorise pas à être systématiquement désagréable avec moi ou pire, à te permettre des questions que tu ne voudrais pas que je te pose. Je t’aime bien Noah mais des fois tu es vraiment insupportable ! »

Et sur ces mots, Azénor tourna les talons et quitta la pièce, furieuse contre lui mais aussi un peu contre elle et sa réaction mais ça, elle n’était pas prête de l’admettre…