Un traité pour deux... [ Pv Lee HJ ]

Les Dieux si ils existent, n'en n'ont certainement rien à faire de nous, pauvres mortels. Leur prêter des intentions à notre égard est encore plus blasphématoire que de nier leur existence, car après tout, nous ne sommes que des hommes et nous ne pouvons avoir la prétention de comprendre le divin. Nous ne pouvons réellement comprendre ce que nous ne sommes pas.

" Mais se maintenir au niveau du divin, cela est possible mon cher Épicure  Après tout, c'est ce que je fais au quotidien, sans vouloir vous paraître prétentieux, bien sûr. " pensa le coréen.

Dans sa lecture de la lettre à Ménécée d’Épicure  il avait bien rit. Cela lui semblait absurde, bien qu'il y ait de bonnes idées par-ci par-là. Enfin, rit était quelques peu exagéré  disons qu'un semblant de demi-sourire était étiré l'espace d'un instant la commissure de ses lèvres. Après tout, si on voulais déformer les propos du "sage" moldu, il ne fallait pas dire que les Dieux faisaient les choses parce qu'ils étaient en colère, ou quoi que ce soit d'autre envers les hommes, car si ils étaient si divins, et bien, ils avaient d'autres chats à fouetter, et ce serait avilissant pour eux de se mêler des histoires des mortels car ils valaient tellement plus que nous, etc...

" Mon petit Épicure  en disant cela ne leur prêtez vous pas vous-même des intentions ? Bien que cela soit involontaire ? " 

Il ne voyait pas en quoi la philosophie était utile aux moldus. Son ami lui en avait parlé et conseillé d'en lire car c'était "enrichissant" intellectuellement d'après lui. Et bien, il se verrait dans l'obligation de lui dire, que c'était un ramassis d'idioties. Pourquoi penser selon les autres ? En plus, il fallait toujours se référer à eux, à des pensées ! Seul les faits importaient ! Il pouvait très bien penser par lui-même enfin ! Il arrêta immédiatement sa lecture sans l'avoir toutefois terminée. Qu'est-ce que ça lui apporterait de finir ça ? Il avait fait un effort pour ne pas avoir l'air d'un abruti l'été prochain quand il verrait son ami, mais il trouvait cette matière tellement dépourvu d'intérêt que si il avait pu, il se serait moqué de son ami en lui disant qu'ici à Poudlard il faisait des choses tellement mieux. 
Il aurait tant aimé pouvoir lui parler de Poudlard. Si seulement il n'y avait pas ce stupide secret magique qui l'empêchait de lui en parler. Il avait été obligé de se renfermer encore plus sur lui-même après ça. Il n'avait plus les moyens de tout partager avec son meilleur ami, vu qu'il devait placer la plus grande partie de sa vie sous silence. 

" Je suis vraiment désolé Miura..."

Et le voilà qui commençait à déprimer. Non, non et non ! Il ne pouvait pas se le permettre, il devait rester fort, pour lui-même, car il ne pouvait compter que sur lui-même. Les gens auxquels il tenait auparavant l'avait tous avec l'exception de Miura laissé tomber. Sa mère pour qui il avait tant compté, à cause de sa nature de sorcier, et son père, qui moralement l'avait lui aussi laissé tomber, à cause de l'abandon de sa mère qui lui avait brisé le coeur. Sans le vouloir il faisait du mal au gens, alors autant qu'il reste seul. Il devrait peut-être songé à laisser Miura avec que lui-même ne le fasse, non ? 
Bizarrement, il ne le voulait pas, il voulait croire que leur amitié était toujours possible.

Il se leva d'un bond. Il devait se changer les idées et poser ce maudit libre qui le faisait avoir de si sombres pensées. Alors il prit le tout petit livre qui contenait les si peu nombreuses lettres d’Épicure à ses amis... Et commença sa route vers le rayon où il l'avait trouvé. Littérature Moldue. Un si petit rayon qui ne rendait pas justice à la multitude d'oeuvres qui existaient et qui n'avait rien à voir les unes avec les autres . Car placer la littérature fantastique avec de la philosophie, c'était un crime, pour sûr.

Que faire pour se changer les idées ? 

Il ne le savait pas, il n'avait plus grand chose à faire aujourd'hui, et puis il s'était beaucoup avancé, devrait-il faire une pause et seulement se rendre dans son dortoir pour se reposer ? 
Il avait bien le droit de blaguer de temps en temps non ? Après tout sa vie serait bien morose si il ne s'autorisait pas à faire de l'humour. Il se rendit dans la section Potion, Herbologie après une brève réflexion. Pourquoi ne pas travailler un peu cette matière tiens, aujourd'hui il n'avait étudié que Sortilèges. Ce serait un peu plus léger, voilà. Il avait bien envie de lire un traité, bien qu'il ne sache pas exactement lequel il voulait lire, et surtout il s'en fichait un peu pour une fois.

Il se décida enfin, et tendit le bras vers le livre qui l'intéressait, quand il vit qu'une autre personne tendait le bras vers le même que lui, il s'éclaircit la gorge pour signifier sa présence à l'autre Serdaigle. Il n'avait pas envie de lire un autre traité que celui-là, déjà qu'il avait mis longtemps à choisir, il n'en voulait pas un autre.

- Tu es sûr que tu veux lire celui-là ? fit-il à son camarade d'un an son cadet, avec une voix posée, et pour une fois pas menaçante.

Il ne lui avait rien fait, alors pourquoi l'agresser ? Il n'avait pas la tête à ça en plus.

La sensation de cuir granuleux quitta bien vite les doigts d'Adam quand il fut surpris par l'interpellation de l'élève. Lâchant le livre malgré lui, l'enfant regarda l'ouvrage tomber sur le sol dans un bruit mat. Une odeur de papier vieillit embauma alors l'air, laissant flotter un parfum très apprécié du jeune Serdaigle. Confus, il se baissa. Posant sa main sur le plan de travail pour prévenir une éventuelle collision, il ramassa le livre, le ferma, puis se releva avant de se tourner vers l'inconnu qui brillait par son silence contrit.

- OOOooOOOoh !

Les yeux vifs du garçons détaillèrent rapidement le nouveau venu. Austère, il était un peu plus grand qu'Adam. Droit, roide même, il fixait le quatrième année sans ciller. Sa peau pale encadrée par des cheveux sombres ajoutait une touche glaciale au personnage qui ne semblait pas s'impatienter du délai de réponse de son camarade. Des yeux profonds, des lunettes strictes, une tenue au carré, il était l'archétype même de l'étudiant de Serdaigle. Ce point était d'ailleurs souligné par le blason de la maison de Rowenna cousu sur sa robe de sorcier. Pour briser le silence, pourtant apprécié dans un milieu comme la bibliothèque, Adam annonça :

- Tu es de Serdaigle ?! La fierté dans la voix, il poursuivit, heureux de rencontrer un camarade. Moi aussi ! Pour illustrer ses propos, il bomba le torse, témoignant du même blason.

Détaillant alors le livre qu'il tenait, qui semblait être convoité par le mystérieux inconnu, Adam lu à haute voix le titre du volume :

- « Traité de Sorcellerie sur les décoctions à base de Scarabée » par L.R. Bouillon...

Levant la tête vers son vis à vis, il le détailla une fois encore. Il était svelte et la forme de son corps se découpait sur une fenêtre qui donnait sur le Parc du château. Une lumière céruléenne bleutait les contours de l'asiatique, alors qu'un fond de nuages défilait au gré du vent. Pointant du doigts l'un des cumulus, Adam annonça dans un chuchotement insistant :

- Pantoufle !

Sans transition, le britannique revint au sujet du livre en le tendant vers l'inconnu. L'ouvrage était léger et le Traité semblait sommaire, quoi que capital pour le devoir du Serdaigle. Il précisa alors :

- Si tu en as vraiment ( il insista lourdement sur le mot ) besoin, je te le cède mais... un bon devoir manque toujours d'approfondissements pertinents...


Pris d'une soudaine inspiration, il lança alors, se passant une main sur un menton imberbe :


- Je m'appelle Adam ! Puis, sans attendre de réponse, il poursuivit : Tu connais les scarabées ? Leurs fonctions ?! Dis moi, dis moi !

Décidément, il avait le mauvais goût de tomber en permanence sur des gens quelque peu étrange. Niveau étrangeté d'ailleurs, cet Adam atteignait des sommets. Il passait du coq à l'âne en permanence, tant et si bien que même lui avait du mal à le suivre. Il le détailla tandis que son cadet le détaillait également. Il était plus grand que lui, ce qui lui arracha un petit rictus moqueur. Comme quoi être asiatique ne signifiait pas forcément être petit de taille. Ce petit semblait fier d'être un Serdaigle, en même temps cette maison était destiné aux gens de nature curieuse, pour les érudits, comme lui. Il savait bien évidemment être le meilleur de Poudlard, mais bon, il devait bien reconnaître que les autres élèves de sa maison lui arrivaient presque à la cheville, il était de bonne humeur aujourd'hui finalement, alors il pouvait bien se risquer à leur faire un petit compliment.

- Hum, je m'appelle Hee Jun, commença-t'il de façon neutre, et oui je connais les scarabées et leurs fonctions, sinon cela signifierait que je ne mérite pas d'être en cinquième année et que je suis débile de surcroît.

Peut-être avait-il était trop agressif sur ce coup-là, mais en même temps à question idiote, réponse donné intelligemment et avec mépris. Ce n'était pas ça le dicton ? Et bien il s'en fichait éperdument  il avait bien le droit de les déformer, il était trop bien pour se plier à un simple dicton, rien ne pourrait le résumer, car il était un être humain, et il semblerait bien prétentieux de vouloir résumer un être humain, soit un ensemble complexe de souvenirs et de sentiments à une simple petit phrase des plus ridicules. Il n'était pas un esclave pour qu'on l'avilisse de la sorte, et n'importe qui de censé penserait de même, sauf que personne ne pensait comme lui, personne ne pouvait le comprendre parce qu'ils n'étaient tout simplement pas à sa hauteur. Certes lui ne comprenait pas le Serdaigle en face de lui, mais cela n'avait rien à voir avec sa propre situation, l'autre semblait être un original, perdu dans son monde, cela paraissait facile à comprendre même si le personnage lui, semblait être difficile à cerner. 

- Écoutes  j'ai besoin de me changer les idées, et justement j'avais dans l'idée de lire ce livre, fit-il en pointant du doigt le dit traité. Cependant, je suis d'humeur partageuse aujourd'hui, je n'ai rien à faire et tu sembles avoir besoin d'aide, pour un devoir de Potion si je ne m'abuse ? Et bien soit, je veux bien t'aider, après tout c'est mon devoir en tant que Préfet, et je n'ai rien d'autre à faire à vrai dire, acheva-t'il avec un micro sourire pour ne pas effrayer son camarade.

Il ne savait pas trop ce qui le prenait, mais aujourd'hui il n'avait juste pas envie d'être tout seul, peut-être ce marginal arriverait-il à le divertir suffisamment pour qu'il stoppe momentanément de se poser autant de questions ? 
Il continua son chemin vers la table où il se trouvait auparavant, espérant que l'autre comprenne par là qu'il attendait de lui qu'il le suive... Une fois arrivé et assis, il remonta ses lunettes, et sortit un bout de parchemin et une plume, et si il écrivait une lettre à Miura ? Il ne l'enverrait évidemment pas, mais ça l'aiderait peut-être à exorciser ses démons.