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L'élève et le concierge, le retour [William]

Donald McWilde
Donald McWildeCinquième année
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L'élève et le concierge, le retour [William] Icon_minitimeMer 16 Oct 2013 - 20:37
16 octobre 2007


Donald, le cerveau amorphe, bercé par le son monotone et régulier de la voix du prof, se complaisait dans sa  bulle de quiétude et de tiédeur. C'était un de ces matins paisibles où l'on ne cherchait pas à sortir de leur léthargie les cancres et les rêveurs. Savourant cette tranquillité inaccoutumée, le garçon suivait avec grande attention le cours – ah non, pardon, ça ce n'est pas possible – suivait avec grande attention les pérégrinations d'une grosse mouche à travers la classe. Et que je volette au ras du sol, et que je me poste sur la tête d'Amy Finnigan, et que je m'approche de la fenêtre ouverte... Happé par un courant d'air, l'insecte bourdonnant s'en fut vers la liberté. La chanceuse ! Donald aurait bien aimé pouvoir s'enfuir par la fenêtre, lui aussi. Ou transplaner, si encore c'était possible dans l'enceinte de Poudlard et s'il savait le faire. N'importe quoi qui le soustrairait à la leçon soporifique du professeur. Donald se tortilla sur son siège – sa place de prédilection étant au fond de la classe, à côté de la fenêtre. Il tendit le cou vers celle-ci.

Dehors, c'était le monde entier qui l'appelait ! Tout y mettait du sien : le ciel si bleu qu'on s'y noierait presque en le regardant. Les nages aux formes insolites – tiens, n'était-ce pas ce bon vieux Dérébusor qui se dessinait là-bas, à hauteur de ses chères étoiles ? Le picotement des pâles rayons de soleil sur sa peau. Le bruissement léger des feuillages, comme si les arbres eux-même incitaient le grimpeur à venir affronter sa cime. La brise fraîche pour laquelle il aspirait tant à quitter l'atmosphère confinée de cette salle. Il mourrait d'envie de se lever et de passer sa tête par la fenêtre. Ainsi, il sentirait le vent lui caresser le visage, il inhalerait l'air pur des premiers jours d'automne, la fragrance boisée de la sève et...

BOUM !

Donald se releva en grommelant. Son coude, sur lequel était appuyé son menton et tout le poids de son corps deux secondes plus tôt, avait glissé de la table, l'entraînant dans sa chute. Il offrit un sourire de guignol à la classe et se mit à rire avec elle, bien qu'elle se rît de lui. Il faisait toujours le pitre quand on se moquait, estimant que faire preuve d'auto-dérision était la meilleure solution, même si c'était parfois difficile à appliquer. Le cours reprit, plus assommant que jamais. Donald gribouilla dans la marge de son parchemin un vague portrait de Sorden derrière les barreaux d'Azkaban – quel talents de dessinateur, n'est-ce pas ? –  puis recommença à se morfondre. Et il n'y avait rien qu'il craignait plus au monde que l'ennui. Il avait au contraire besoin d'excitation, de nouveauté, d'extraordinaire ! S'il n'était pas diverti à tout instant, alors sa vie lui paraissait soudain bien fade, mais ces périodes n'étaient pas longues car il repartait aussitôt à la recherche de nouvelles quêtes. En cours, une simple tâche d'encre était source de distraction.

Sonnerie libératrice ! Donald secoua ses membres engourdis, fourra son parchemin et sa plume dans sa besace à la vitesse de l'éclair et se rua à l'extérieur de la salle tel un ouragan noir et rouge. Tout cela en une fraction de seconde. Sûr qu'il était déjà dehors avant que la cloche n'ait fini de sonner. Comme lors des matchs de rugby de l'année précédente, il se jeta dans la flopée d'élèves qui sortaient dans le couloir, bousculant au passage Forester, un gars de sa classe. Il se fraya un passage dans la cohue à grands renforts de coups de coudes (et même de coups de boule) pour atteindre enfin l'autre bout du couloir. Ce fut à se niveau là qu'il croisa, en compagnie de la petite Wilson, Tom Fields, sa victime favorite. Lequel fit un écart.

« Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Donald à son cadet d'un an seulement. Je suis contagieux ?
- On ne sait jamais... »

Donald ouvrit des yeux ronds. Tom Fields avait repris du poil de la bête pendant les vacances. C'était la première fois qu'il lui répondait ouvertement ! Ça n'allait pas du tout ! Bientôt, il allait se plaindre aux professeurs qu'il était le souffre-douleur de Donald McWilde. N'importe quoi. Juste une petite farce de temps en temps, rien de bien méchant. Quelques bombabouses, une paire de chaussures lancée sur une poutre, pas de quoi en faire toute une histoire. Il aimait bien le taquiner, c'était tout. Si d'un côté il détestait être la cause d'une sentence illégitime ou abusive, Donald avait une notion très personnelle de la justice.

« Tu as raison, je suis gravement atteint. Mais je te rassure, ce n'est pas transmissible de l'homme à l'animal. »

Profitant de l'immobilité du troisième année, Donald attrapa brusquement la baguette qui dépassait de sa poche, arrachant un petit cri de protestation à son propriétaire.

« Quelle jolie baguette tu as ! »

Donald était plutôt trapu, mais heureusement pour lui, Tom ne le dépassait pas encore en taille. Ce dernier ne parvenait donc pas à récupérer son bien au bout du bras levé de celui qui le tourmentait.

« Il me semble que c'est du bois de cerisier, comme la mienne. Charmante coïncidence, n'est-ce pas ? » continua Donald en marchant vers l'escalier.

« Rends-la moi, rends-la moi !
- Oh, elle doit bien faire... trente centimètres je dirais, approximativement, continua-il en examinant la baguette d'un air faussement sérieux.
- Rends-la moi... geint le petit Gryffondor, les larmes aux yeux. *Quelle chochotte*, pensa Donald.
- Par contre, je me demande bien ce qu'il y a à l'intérieur... un crin de licorne ? un nerf de dragon ? »

Soudain, un sourire sardonique apparut sur son visage, indiquant cependant que la comédie était terminée.

« Il y a bien un moyen de le savoir... » termina-t-il tout en faisant passer son bras par dessus la rambarde de l'escalier.

En voyant sa baguette dans la main de Donald suspendue en haut du vide, les protestations de Tom Fields se muèrent en petits cris d'effarement.

« Non, pas ma baguette ! Ne la lâche pas, elle va se casser ! Ne la lâche pas, je ferai tout ce que tu veux, s'il te plait ! »

« S'il te plait ! » Oui, s'il lui plaisait, il pouvait lâcher la baguette, s'il lui plaisait, il pouvait la lui rendre... Il pouvait. Donald était presque surpris du plaisir qu'il prenait à posséder le pouvoir au bout de ses doigts. C'était une agréable sensation, que de se sentir puissant. Entre son grand frère commandeur, ses parents et ses professeurs, il avait eu bien peu d'occasions de l'exploiter. Il en découvrait les joies aujourd'hui, et toutes les fois où il embêtait Tom Fields. Un garçon plus jeune, un peu craintif, sans défenses : comment rêver d'un meilleur bouc émissaire ? Oh, le mot était un peu fort. Quelques Gryffondor plus âgés le martyrisaient gentiment, pas de quoi en faire un plat. Donald était loin de se douter que c'était ainsi que Tom le vivait, loin de se douter que peut-être il mourrait de trouille à l'idée de les croiser dans les couloirs et qu'il était si peureux à cause de d'eux. À cause de lui. Mais non, de son côté Donald s'amusait bien, car Merlin savait combien il craignait l'ennui ! Et il était là, sans aucune intention de briser la baguette mais s'abreuvant juste de la peur de Tom pour vaincre sa peur à lui.

Tout ça pour abattre sa morosité, qu'elle ne prenne pas trop de place dans sa vie, pour satisfaire son envie de se défouler après deux heures insupportables d'immobilité. Donald ne voulait pas devenir comme ces adultes aigris et blasés qui ne s'émerveillaient de rien. Il voulait rester éternellement enfant, parce que c'était bien plus chouette...

*bien qu'il y ait aussi quelques inconvénients*, songea-t-il alors qu'une main s'abattait sur son épaule.
William Silverster
William SilversterAncien personnage
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L'élève et le concierge, le retour [William] Icon_minitimeMar 22 Oct 2013 - 18:54
William faisait sa ronde habituelle, les intercours étaient toujours agités et les petits facilement bousculés, les bagarres rapidement démarrés, bref le concierge avait décidé qu'à partir de cette année, les intercours et la fin des cours seraient sa bête noire, le moment idéal pour traquer les petits plaisantins qui s'amusaient à effrayer les plus jeunes qu'eux. Grand bien lui en avait pris en à peine un mois, il avait empêché plus d'une bagarre et avait déjà eu l'occasion d'accueillir plusieurs élèves en salle de retenue. Il profitait de chacun de ses moments de temps libre pour passer voir Rachelle à l'infirmerie, sa nouvelle vie conjugale le comblait plus qu'il ne pouvait le dire. Il était parfaitement heureux, marié à la femme qu'il aimait, faisant un travail qui lui plaisait, il ne voulait rien changer, sa vie était parfaite.

Les couloirs qu'il traversa ne furent pas troublés par une quelconque dispute, il passa donc son chemin jusqu'à arriver au niveau des escaliers escamotables et là ce qu'il vit ou plutôt entendit le figea de stupeur un instant. Donald McWilde se permettait de traumatiser un garçon plus jeune que lui, ô comme il devait se sentir puissant en cet instant, ça c'était certain. La colère envahit Will au moment où le quatrième année menaçait de faire tomber la baguette du plus jeune, Tom Fields, il lui semblait, le petit Gryffondor semblait terrorisé. Le concierge s'approcha donc dans le dos de Donald et posa violemment sa main son épaule avant de lui arracher des mains la baguette qu'il tenait pour la rendre au petit Fields. L'air sévère, il tourna McWilde vers lui.

"Et bien Monsieur McWilde, on s'amuse à terroriser ses camarades les plus jeunes. Comme vous devez vous sentir puissant, comme vous devez vous sentir intelligent. Je suis désolé de vous apprendre que ça vous coûtera une semaine complète de retenu et 20 points en moins à votre maison."

Il n'avait pas voulu enlever trop de points aux Gryffondors en sachant que Tom en faisait également parti et qu'il n'était qu'une simple victime. Sans lâcher l'épaule de Donald, il se tourna vers le petit Gryffondor et adoucit les traits de son visage.

"Monsieur Fields, vous allez bien ? Passez donc à l'infirmerie et demandez à Mrs Silverster de vous donner un peu de chocolat de ma part et parlez lui de vos soucis, peut-être que vous ne voulez pas en parler à un professeur ou à moi même mais vous pouvez en parler à l'infirmière, elle est très gentille vous savez et elle ne mord pas."

Il esquissa un léger sourire à l'intention du jeune garçon en sachant pertinemment qu'il venait de donner un peu plus de travail à sa femme mais le bien être des élèves passait avant tout, depuis quand des gamins comme Donald devenaient méchants à ce point ? Depuis quand se permettait-il de terroriser et de violenter des gamins plus jeune que lui.

"Quant à vous, votre punition commence tout de suite."

Il traîna Donald jusqu'à son bureau et l'installa d'office sur une chaise face à son bureau, il sortit un parchemin et une plume pour référencer la punition du gamin. Il s'installa alors confortablement dans son fauteuil et plongea son regard dans celui de Donald.

"Je vous croyais intelligent Donald, vous me décevez beaucoup. Votre geste, votre acte, vos paroles envers Tom montrent que je me suis trompé. Je croyais que vous comprendriez que la persécution est une chose abjecte. Qu'est-ce qu'il a fait ce gosse pour que vous vous en preniez ainsi à lui ? Il vous a ri au nez ? Et alors ? Qu'est-ce que ça peut faire ? Hein ? Vous êtes encore sur vos deux jambes, votre ego y a survécu. Vous rendez vous compte de l'impact que peut avoir ce genre de geste sur un enfant ? vous êtes le plus âgé Donald, c'est à vous de faire attention aux plus jeunes, vous n'êtes pas censé les persécuter. Pour prouver quoi ? Que vous êtes meilleur que lui ? Mais en agissant ainsi vous montrez que vous lui êtes inférieur et en bien des points, c'est un comportement intolérable Donald."

Les frasques du jeune McWilde l'avaient souvent amusé, il devait bien le reconnaître, il s'était même reconnu en lui au même âge mais jamais, il n'aurait agi de la sorte avec un plus jeune que lui, jamais il n'aurait pu rabaisser ainsi les plus jeunes. Il fallait qu'il sauve Donald avant qu'il ne devienne un Valentyne bis, il était hors de question qu'il laisse le jeune Gryffondor s'embourbé et si pour cela il devait le mettre en retenue tout l'année, il le ferait.

"Qu'avez vous à dire ? Vous ne cherchez pas d'excuses à votre comportement ? Vous ne cherchez pas à m'amadouer avec des mots ? Mais c'est très bien, ne cherchez pas cela n'en vaut pas la peine. Ce soir au dîner vous irez vous excuser auprès de Mr Fields et je m'assurerais personnellement que vous l'avez fait. Est-ce clair ?"

Il plongea alors son regard menaçant dans celui de Donald, ce n'était clairement pas le moment pour faire le malin et si le gamin avait un minimum de bon sens, il ne chercherait pas à discuter.


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Donald McWilde
Donald McWildeCinquième année
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L'élève et le concierge, le retour [William] Icon_minitimeJeu 24 Oct 2013 - 13:38
Le cœur encore battant de s'être fait surprendre, Donald s'adossa contre la balustrade. Il profita du court instant de répit que lui accordait Silverster en rendant sa baguette à Tom pour s'abandonner entièrement à cette sensation, essayer de la retenir un peu avant qu'elle ne s'envole à nouveau. La peur. Pas la peur de l'animal traqué, mais celle de la surprise, celle qui court-circuite les battements cardiaques une fraction de seconde avant que le système ne se remette en marche à toute allure. La frayeur fugace et violente qui annihile tous les sens. Trop tard. Elle était déjà partie. Le cœur de l'adolescent se remit à battre normalement, de ces pulsations régulières et monotones. Silverster reportait déjà son attention sur lui – Donald ne nota ni son air sévère, ni son ton furibond. Il était ailleurs, dans un état second, encore en train d'essayer de rattraper une sensation perdue.

« Comment avez-vous deviné ? » plaisanta-t-il au moment où Silverster soulignait qu'il devait se sentir puissant en terrorisant des camarades plus jeunes.

Sans se formaliser de son intervention, le concierge se tourna vers la victime et lui conseilla d'aller parler à l'infirmière. Derrière son dos, Donald singea l'adulte puis tira la langue à Tom Fields, envieux que le chocolat fut pour lui et qu'il put bénéficier des soins de la douce infirmière – pour qui le quatrième année avait toujours eu un petit faible. Entendre les élèves l'appeler Mrs Silverster à la rentrée l'avait rendu quelque peu jaloux des jeunes mariés. Il l'avait presque pris comme un affront : ça faisait trois années qu'il se piquait lui-même avec sa plume afin de passer quelques instants en compagnie de la belle infirmière, alors que Silverster, lui, débarquait à Poudlard et un an plus tard, il épousait Miss Bloomwood.

« D'ailleurs, félicitations pour votre mariage ! Alors dites-moi, vous vous faites à la vie conjugale ? Ce n'est pas trop dur ? Où avez-vous passé votre lune de miel ? C'était bien ? »

Comme on pouvait s'y attendre, le jeune homme ignora les élucubrations indiscrètes du garçon puisqu'il lui annonça que sa punition commençait tout de suite. Donald fut tiré dans les couloirs par la poigne de fer de son bourreau. De leur point de départ jusqu'au bureau du concierge, l'adolescent s'appliqua à traîner des pieds pour gêner leur progression. Après avoir dépensé toute son énergie dans cette tâche, il commença à fredonner une chanson de Voldy au hasard, mais s'arrêta tout aussi vite dès qu'il se rendit compte qu'il s'agissait de « Kidnap My Heart » ; sont but premier étant d'agacer Silverster, il en vint à prier que celui-ci n'ait pas reconnu l'air. Ils croisèrent quelques élèves retardataires – Donald répondit aux yeux compatissants par un regard gonflé d'orgueil. Il adressa un signe de main à Mary Coldwater, avec qui il aimait bien se moquer des Serdaigle, laquelle lui répondit par une grimace l'enjoignant à venir lui conter ses frasques plus tard. Un fois de le bureau, Silverster l'assit de force sur une chaise, prit son fauteuil et vrilla son regard dans le sien.

"Je vous croyais intelligent Donald, vous me décevez beaucoup."

Cette phrase eut l'effet d'une claque sur Donald. Jusqu'ici, il n'avait pas pris la situation au sérieux ; toute son énergie avait été mobilisée dans l'objectif de se donner une attitude de rebelle. Mais le ton dur de Silverster le ramenait brusquement à la réalité, comme si les longues minutes qu'il venait de vivre n'avaient été qu'un rêve. Un rêve dans lequel il lui fallait absolument chasser l'ennui. Maintenant qu'on le mettait en face des conséquences de ses actes, les causes ne lui semblaient plus si primordiales. Il n'y avait que cette phrase. Deux mots côte à côte qui n'allaient pas du tout ensemble : « intelligent » et « Donald ». Donald ne savait pas que Silverster le croyait intelligent. Donald ne savait même pas s'il l'était, intelligent. Son père le considérait comme le dernier des incapables. Sa mère le consolait d'être si minable. Son frère ne manquait pas une occasion de lui rappeler son infériorité intellectuelle. Ses professeurs n'avaient cesse de dénoncer sa médiocrité. Donald avait peut-être fini par les croire.

À force de sortir des idioties à longueur de journée, plus personne n'écoutait ses divagations et donc les quelques réflexions pas si bête que ça qu'il formulait parfois étaient noyées dans la masse. S'il voulait qu'on l'entende et qu'on l'écoute, il fallait qu'il cesse de tout tourner à la dérision, qu'il montre qu'il pouvait être mature. S'il voulait qu'on ne voie pas qu'un imbécile fini en lui, il fallait déjà qu'il arrête de se comporter comme un gamin. Malheureusement, Donald ne pouvait pas s'empêcher de dire des trucs stupides. On le verrait donc toujours comme un gamin stupide. Sauf ! Sauf que Silverster, lui, venait de lui apprendre qu'il le croyait intelligent ! Un adulte venait de lui apprendre qu'il le croyait intelligent ! Et pas n'importe lequel, non, celui auquel il avait débité un nombre incroyable de bêtises en tout genre... Un jour, il se souvenait même l'avoir appelé « preux chevalier du ménage », ce n'était pas peu dire !

Si encore Donald avait su que Silverster ne le trouvait pas bête, il aurait peut-être fait des efforts. Mais là c'était trop tard, il l'avait beaucoup déçu. Ce n'était que le concierge de son école qui lui disait cela, mais Donald se sentit soudain triste, comme spectateur d'un immense gâchis. Jamais personne n'avait compté sur lui d'une manière ou d'une autre. Silverster était le premier à lui faire un peu confiance... et il l'avait beaucoup déçu. Lui qui désirait tant qu'on reconnaisse sa valeur, il venait se décrédibiliser auprès de la seule personne qui avait un tant soit peu fait attention à lui. En y repensant, Silverster était tout de même l'une des rares grandes personnes à bien le connaître. Avant, il y avait Ed, mais ce dernier avait récemment perdu grâce aux yeux de Donald, ayant réalisé son aveuglément sur certains côtés noirs de son oncle. Et ce à cause de sa conversation avec le concierge, l'année précédente. Il ne s'en était pas rendu compte, mais Silverster avait gagné un réel crédit à ses yeux, et pas seulement en tant qu'adversaire de choix. Aussi en tant que conseiller.

*Mais c'est un adulte, mon cher Coin-Coin, et n'oublie pas que les adultes sont tes ennemis.*

Pendant ces profondes réflexions, Donald continuait d'essuyer la colère du jeune homme qui lui faisait face. Il lui demandait ce que lui avait fait « ce gosse » pour qu'il se prennent à lui, s'il se rendait compte de l'impact que peut avoir ce genre de geste sur un enfant, que voulait-il prouver... Donald n'avait pas de réponses à toutes ces questions. Il était admettait n'avoir eu aucune raison valable d'embêter « ce gosse », il n'ignorait pas que ce caractère sensible serait touché par son geste, il ne cherchait pas à prouver quoi que ce soit en faisant cela. Il n'avait qu'à le dire à Silverster et il serait tranquille. Mais s'il était d'accord avec l'adulte, il refusait de le reconnaître. Au fond de lui, il acquiesçait, mais il secouait la tête en signe de dénégation.

« Je ne... »

Silverster coupa court ses protestations pour continuer sur sa lancée, pointant du doigt son silence, comme quoi il ne cherchait pas à l'« amadouer avec des mots ». Donald aimait bien cette expression. C'était l'une des rares choses qu'il savait faire, manier la langue pour convaincre ou persuader. Il aurait bien fait usage de ce talent si Silverster lui en avait laissé le temps, mais déjà celui-ci lui ordonnait d'aller s'excuser après de Tom Fields le soir même, au dîner. Plus les remontrances s'étaient accumulées, plus le vent de la révolte s'était insufflé chez l'adolescent. Plus Silverster le contraignait à ne pas chercher d'excuses, plus il s'en trouvait. Malgré les menaces de son aîné, il sentait une boule d'indignation lui remonter dans la gorge et s'exciter sur sa langue, ne demandant qu'à s'échapper. S'il avait su contenir ses ardeurs, il aurait pris la décision avisée de se taire comme Silverster le lui avait conseillé. Hélas, l'envie de répliquer bouillonnait dans ses veines, bien trop forte pour être réprimée, bien trop forte pour qu'il pense au prix qu'il devrait payer en contrepartie. Faisant fi du bon sens, ses mots, comme crachés par l'impulsion, jaillirent de sa bouche :

« Je m'en fiche de vous décevoir, mentit-il. D'abord, je ne vous ai jamais demandé d'attendre quoi que ce soit de moi ! Si vous vous êtes trompé sur moi c'est votre problème, ne me le mettez pas sur le dos ! »

Il était insolent... mais les sommets, c'était avec Sorden qu'il les avait atteints.

« Et puis si vous ne voulez pas que je vous réponde, pourquoi me posez-vous plein de questions ? Faut savoir ! »

Les adultes manquaient vraiment de logique, parfois.

« Ensuite, vous parlez de "ce geste" comme si j'avais commis un crime contre l'humanité... Je lui ai juste fait une petite blague, faut pas exagérer non plus ! C'est pas pire que vos anciennes farces à vous ! C'est pas comme si je l'avais frappé ! Et puis je sais bien qu'une baguette c'est sacré, je l'aurais jamais lâchée ! Pour tout vous dire, je pense que Tom Fields, se faire bousculer un peu ça lui fait du bien. L'est plus si petit que ça, l'est en troisième année quand même. Si on prend toujours par des pincettes les chochottes comme lui, ce seront des chochottes toute leur vie ! Il faut bien qu'il s'endurcisse un peu, non ? Se prendre quelques murs, ça aide à avancer ! »

Donald avait parlé d'une traite. Il reprit son souffle tout en adressant un regard victorieux à son interlocuteur, persuadé d'avoir raison. C'était comme ça qu'on l'avait élevé : son père était là pour le gronder, sa mère pour le réconforter.

« Et puis quoi que vous en dites, je ne cherche rien à prouver du tout ! Je m'amusais, c'est tout ! »

Donald n'était pas foncièrement méchant. Juste un gamin, un de ceux qui, quand ils sont petits, éprouvent un plaisir aussi cruel qu'inconscient à couper les insectes en morceaux, les mettre dans un bocal plein d'eau et les regarder mourir.
William Silverster
William SilversterAncien personnage
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L'élève et le concierge, le retour [William] Icon_minitimeMer 6 Nov 2013 - 15:29
Visiblement, le bon sens n'était pas la qualité première de Donald, puisqu'il ne semblait pas aussi repenti qu'il aurait dû l'être. William leva un sourcil surpris lorsque les premiers morts du Gryffondor furent non pas pour se déculpabiliser mais pour affirmer qu'il se moquait de l'avoir déçu, ce qui devait certainement être un mensonge, ses paroles l'avaient donc chamboulé plus qu'il ne l'avait pensé. Ses mots n'étaient relevé que lorsqu'il avaient de l'importance et visiblement, Donald le tenait suffisamment en haute estime pour être blessé et touché pour relever qu'il l'avait déçu. Son visage s'adoucit légèrement, il n'aurait peut-être pas dû s'énerver autant mais il appréciait beaucoup Donald et le voir maltraiter un plus petit que lui l'avait vraiment choqué et mis hors de lui. Il soupira lorsque le jeune garçon rétorqua que si il n'attendait pas de réponses de sa part, il ne devait pas lui poser de questions, ce qui n'était pas faux. Il écouta alors son explication, la façon dont lui voyait les choses et ça ne lui plaisait pas beaucoup.

"Certes, j'ai moi aussi fait des bêtises dans ma jeunesse mais je ne m'en suis jamais pris aux plus jeunes que moi. Donald, il y a une différence entre faire des petites blagues sans conséquences comme repeindre un mur en rose ou s'attaquer à Peeves ou à l'établissement en lui même pour faire rire ses camarades et s'en prendre directement à ses camarades. Alors certes, certains élèves vont rire du malheur de celui qui sera le centre de votre méchanceté, vous en retirerez une certaine satisfaction car vous aurez été au centre de toute l'attention. Mais comme un imbécile qui pour se sentir important ressent le besoin de torturer les autres. Parce que ce que vous faites c'est une sorte de torture Donald, vous ne vous en rendez pas compte parce que vous ne voyez pas le mal que vous pouvez faire. Savez vous comment le jeune Tom réagit aux "blagues" que vous lui faites ? Il se sent certainement persécuté, d'autant plus si vous n'êtes pas le seul à l'embêter. Parce que selon vous, c'est une chochotte, parce qu'il est plus sensible que vous, vous vous sentez obligé de le bousculer ? Mais tout le monde n'est pas comme vous, tout le monde ne peut pas se créer une carapace d'indifférence face aux méchancetés des autres, chacun évolue à son rythme. Ce genre d'actes peut aller très loin et lorsque Tom sera a bout, lorsqu'il ne pourra plus supporter votre méchanceté gratuite, que se passera-t-il ? Réfléchissez bien Donald, je sais que vous en êtes capable, je sais que vous êtes loin d'être bête malgré ce que certains peuvent penser. Laissez les autres trouver leur rythme, vous ne savez pas qui est réellement Tom Fields, vous ne savez pas comment il fonctionne, certains apprennent à devenir fort face aux coups bas et d'autres sont complètement anéantis. Vous avez sans doute ce dernier trait de caractère mais ce n'est pas le cas pour tout le monde."

Le jeune concierge se tut et posa un regard grave sur Donald, il croyait en lui, en son potentiel, certes, il n'était peut-être pas très assidu en cours, il n'était peut-être pas très réfléchi parfois mais il cachait un trésor d’ingéniosité, de courage, de malice et de gentillesse, il en était certain. Donald était encore jeune, il avait tout le temps pour apprendre et il se demandait si ses parents l'encourageait ou si il le laissait se débrouiller seul, ne lui disant pas qu'il pouvait faire mieux. Will ne comprenait pas pourquoi le Gryffondor avait paru aussi surpris lorsqu'il avait mentionné le fait qu'il l'avait déçu, il n'aurait normalement pas dû le prendre autant à cœur après tout, il n'était que le concierge, à son époque, il se serait moqué comme de son premier biberon de décevoir Rusard.

"On peut s'amuser, Donald, sans aucun problème même, mais pas au dépend des autres. Vous comprenez ? Notre liberté s'arrête là où celle des autres commence. Méditez donc là-dessus pendant votre semaine de retenue."

Il lâcha alors le regard du jeune garçon et repris la rédaction de son rapport d'incident. Il allait passer toute une semaine avec Donald, l'occasion d'en apprendre un peu plus sûr lui, d'en apprendre plus sur ce qu'il cachait au fond de lui pour avoir ce besoin permanent de se faire remarquer, ce besoin de reconnaissance qu'il recherchait lui même lors de son enfance.


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Donald McWilde
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L'élève et le concierge, le retour [William] Icon_minitimeDim 1 Déc 2013 - 13:47
Encore un an auparavant, Donald se serait attendu à ce que le concierge lui fît payer son insolence. Il avait ouvert la bouche en dépit de ses menaces et avec quelqu'un d'autre que Silverster, la riposte aurait été rude. Quelques étaient les circonstances, répondre à une figure d'autorité était fortement déconseillé : c'était sans doute cette contrainte de se taire à laquelle Donald répugnait à se plier. Lorsqu'il était victime d'une injustice ou que le professeur avait tort, il ne pouvait s'empêcher de se récrier. Cette incapacité à ravaler son orgueil lui valait bien des sanctions : la crainte des représailles était loin d'être assez forte pour qu'il baissât la tête devant l'affront injustifié. Mais Silverster lui avait laissé une chance imméritée de s'expliquer, de dire ce qu'il pensait de la situation. Son point de vue, il l'avait écouté ; Donald lui devait donc d'être attentif au sien.

Il apprit ainsi que s'attaquer à Peeves était considéré par le concierge comme une petite blague sans conséquences. Certes, ce n'était qu'un esprit frappeur destiné à semer le chaos et, de surcroît, Donald n'avait pas réussi à se le mettre dans la poche lors de sa première année, mais était-ce une bonne idée de s'y frotter ? D'ailleurs, était-ce possible que Peeves éprouvât des sentiments ? N'avait-il pas été quelqu'un, un jour ? Nick Quasi-Sans-Tête, lui, était profondément vexé et attristé à chaque fois que le Club des Chasseurs sans Tête refusait son adhésion, et c'était un fantôme. Alors pourquoi pas Peeves ? Donald avait les mêmes interrogations concernant les animaux. Peu de temps auparavant, il considérait son crapaud comme... une personne, ou presque. D'un point de vue cérébral autant que d'un point de vue affectif. Il avait été extrêmement déçu d'apprendre que Starr ne possédait pas les même capacités cognitives que les hommes : apparemment, il les comprenait pas, il ne pensait pas non plus et dans un autre registre, il n'avait aucune conscience de lui-même.

Au début, Donald s'était révolté contre cet état de faits en prétextant qu'il était impossible de savoir ce qu'il y avait dans leur tête, aux animaux. Il s'était finalement résigné ; son crapaud n'était peut-être pas aussi développé intellectuellement qu'il ne l'avait cru. Malgré cela, il n'admettait pas la deuxième hypothèse selon laquelle Starr ne ressentirait rien. Tous ces chagrins que Donald avait partagés avec lui, il ne les avait donc pas compris et en plus, pas ressentis ? C'était trop horrible à imaginer ! « Les bêtes nous sont inférieures », lui avait dit Tony, son grand frère, pendant les grandes vacances. Donald trouvait qu'il n'était pas question ici de différents pieds d'égalité. Alors oui, peut-être que Starr n'avait pas cette chose qui faisait la différence, cette chose qui faisait des hommes des hommes et des animaux des animaux. Peut-être qu'il ne l'avait pas, mais Donald n'avait pourtant pas cessé de lui parler comme à un être humain et aujourd'hui encore, il le considérait comme un peu plus qu'un simple animal.

Ce fut sur cette réflexion que Donald se rendit compte que ses pensées divaguaient assez loin pour quelqu'un qui était en train de se faire tirer les oreilles. Il avait toujours eu le chic de se disperser aux mauvais moments comme lors des bons. Or, bon, celui-ci était loin de l'être, car Silverster venait de le qualifier d'imbécile – et le pire, c'est qu'il avait raison. Un imbécile, c'était tout ce qu'il était ! On le lui avait assez répété. La diatribe du concierge était parsemée d'expressions comme faire rire, retirer de la satisfaction, être le centre de l'attention, se sentir important. Il frappait juste ; si Donald ne le reconnaissait pas d'ordinaire, il se retrouvait dans chacun de ces mots. Faire rire, il adorait ça : être la raison des sourires, de l'hilarité générale lui faisait un bien fou. Malheureusement, pas comme il l'aurait souhaité : il aurait aimé être naturellement drôle, sortir une blague à chaque phrase, mais les camarades qui appréciaient la subtilité de son humour étaient bien rares. Alors, puisqu'il était dans l'incapacité de les faire rire avec lui, il faisait l'idiot et on riait à ses dépends. C'était l'autre solution qu'il avait trouvée mais parfois, il regrettait un peu de l'avoir choisie...

Être le centre de l'attention, c'était une affaire de tous les jours. Donald avait toujours rêvé d'être populaire. C'était la raison pour laquelle il avait tant d'idoles : Ringo Starr, le batteur talentueux des Beatles, Jeremy Baker, l'ancien capitaine de Quidditch de leur maison... Chaque personne que Donald admirait représentait tout ce qu'il souhaitait devenir : un musicien mythique, un chef de file respecté, et la liste n'en finissait pas. Sortir de l'anonymat et être reconnu pour ce qu'il était et pour ce qu'il faisait était sans équivoque l'objectif de sa vie. Lorsque Danny Sneals était encore à Poudlard, sans le connaître, Donald avait déjà beaucoup de respect pour ce Poufsouffle qui, s'il n'était pas particulièrement adoré de ses congénères, avait su étendre sa réputation sur l'école entière. Une manière comme une autre de peser dans la balance. Silverster s'arrêta de parler ; Donald en profita intervenir avec un petit ricanement.

« Repeindre un mur en rose... je note l'idée ! »

Puis Silverster conclut que leur liberté s'arrêtait là où celle des autres commençait et ce fut cette phrase qui indigna Donald. Il avait toujours eu l'impression que c'était l'inverse : certaines personnes usaient de leurs désavantages pour se garantir une liberté qui empiétait sur la sienne...

« Je suis pas d'accord ! Il y a une sorte de... je sais pas, de traitement de faveur pour les gens soit-disant un peu plus fragiles.... Juste pour préserver leur sensibilité, on a plus le droit de rien, et après ils en font presque un prétexte ! Les autres, ceux qui sont plus forts, on les épargne pas. Je trouve ça injuste ! »

Un discours quelque peu confus pour illustrer une conviction personnelle très claire. Depuis longtemps, il trouvait que les adultes favorisaient les plus faibles, et selon eux, c'était normal. À partir du moment où il parlait fort, s'agitait et faisait étalage de son indiscipline, on n'hésitait pas à le rembarrer parce qu'il le méritait, comme si ça ne pouvait pas le blesser. Peut-être qu'il le méritait d'ailleurs, mais il était quand même touché par les remarques. Malgré ce que le concierge disait, il n'avait pas de carapace d'indifférence sur laquelle rebondiraient les méchancetés, il souffrait d'être traité de gros nul... mais il avait l'impression que de toute façon, on pensait que ce n'était pas grave ! Ce n'était pas grave puisque les gens comme lui, on pouvait les blesser, ça se voyait que ça ne les atteignait pas alors que les plus timides, plus doux, plus renfermés, il ne fallait surtout pas les heurter.

« Méchanceté gratuite, torture, persécution ? reprit Donald sans laisser à Silverster le temps de répliquer. Vous croyez pas que vous abusez un peu ? l'interrogea-t-il, ce qui était assez ironique venant d'un maître de l'exagération. Non, vous avez raison, je sais pas comment Tom réagit à mes blagues, et à vrai dire j'y réfléchis pas avant de le chambrer. Après tout, quand il sera à bout comme vous dites, je vois pas en quoi ça pourrait aller très loin, il va quand même pas se jeter sous un train, tiens, comme Sean Fitch... »

Donald s'était brusquement arrêté avant de finir sa phrase. Il venait de réaliser que si, peut-être que Tom se suiciderait, un jour. Il avait été assez choqué d'apprendre que Sean Fitcher avait tenté de se jeter sous le Poudlard Express l'année précédente. Le Gryffondor qui cherchait tant à profiter de la vie et qui, depuis le décès du père d'Irving, ne rigolait pas avec la mort, s'était plus récemment demandé ce qui avait pu pousser un jeune homme à accomplir un tel acte. Il n'ignorait pas que son histoire avait commencé avec des piques, des insultes lancées au détour d'un couloir, rien de bien méchant selon lui – et pourtant, des petites remarques qui avaient conféré à sa volonté une force suffisante pour qu'il s'approchât des rails et manquât de mourir devant eux. C'était bien la première fois que Donald réfléchissait aux conséquences potentielles de ses actes, et la deuxième que Silverster lui ouvrait les yeux sur l'aveuglement dont il faisait preuve chaque jour de sa vie.
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L'élève et le concierge, le retour [William] Icon_minitimeLun 9 Déc 2013 - 11:46
William esquissa un léger sourire alors que Donald affirmait qu'il allait noter l'idée de repeindre les murs en rose. Le concierge quant à lui nota de surveiller les murs plus souvent, juste au cas où. Il n'avait pas voulu donner de mauvaises idées à Donald mais quitte à ce qu'il en fasse, il préférait que ce soit sur les murs plutôt que sur les autres élèves. Il fronça ensuite les sourcils lorsque le jeune Gryffondor laissa entendre qu'il y avait plus de liberté pour les plus sensibles. Il réfléchit alors sérieusement au raisonnement du jeune garçon. Il n'avait pas tout à fait tort sur certains points, on faisait forcément plus attention au enfants plus fragile, on pesait les mots qu'on utilisait alors qu'avec un élève plus perturbateur, on se permettait d'être plus vindicatif, alors que les mots étaient les mêmes tout aussi blessant. En effet, ce n'était pas juste, il y avait des inégalités, il y en avait toujours eu mais désormais il ferait attention. Enfin, plus qu'auparavant. Il savait que les petits plaisantins étaient aussi sensible que les autres au fond, ils le cachaient juste mieux et cherchaient juste à se faire remarquer. Il savait parfaitement de quoi il retournait, il en avait été un dans son temps, à rechercher l'attention, à essayer de se démarquer de son frère aîné, de montrer que lui aussi valait quelque chose, à essayer de montrer à son père que lui aussi existait et qu'il n'était pas seulement qu'un sale gosse. Il n'avait pas compris à l'époque qu'il n'y avait pas besoin de faire tout ça pour qu'on s'intéresse à lui. Mais à l'époque, il l'ignorait.

Il reporta son attention sur Donald, essayant de suivre son raisonnement, ses lèvres se relevant légèrement en un fin sourire quand le maître de l'exagération lui fit remarquer que lui même en avait peut-être usé. Il écouta attentivement la diatribe du Gryffondor quand il s'arrêta soudainement prenant enfin conscience de quelque chose. William était fier, le jeune garçon était arrivé tout seul à la conclusion qu'il voulait lui présenter. C'était selon lui, une façon plus douce moins abrupte de lui présenter une forme de vérité. Il y avait sans doute peu de chance que le petit Field se retrouve sous un train mais on ne pouvait pas savoir ce qu'il pouvait bien lui passer par la tête, on ne pouvait pas prédire l'avenir et on ne pouvait pas entrer dans la tête des gens pour savoir ce qu'ils pensaient. Techniquement, c'était possible mais légalement ce n'était pas permis et moralement, ce n'était pas correct.

"Je vois que vous avez compris ce que je voulais dire Donald. On ne peut être certain de rien. J'espère que désormais vous réfléchirez avant de faire une blague de ce genre. Je sais que vous êtes intelligent, la preuve, vous avez réussi tout seul à déduire ce à quoi je pensais. Ne laissez pas les gens vous convaincre que vous êtes bête et méchant. Vous ne l'êtes pas, vous avez juste besoin qu'on vous montre les limites. Un peu plus souvent que pour d'autres c'est certain mais je ne m'inquiète pas pour vous, vous y arriverez et si jamais vous avez besoin d'un conseil, je suis là."  

William esquissa un nouveau sourire, un peu plus franc que les précédents cette fois. Il aimait beaucoup Donald, il s'était attaché à lui, plus qu'il ne l'aurait dû s'en doute mais c'était plus fort que lui, on lui avait un jour dit qu'il ne fallait jamais avoir de petit préféré mais c'était humain, il y avait toujours un préféré, même inconsciemment, on faisait forcément des différences. Donald faisait parti de ses chouchous comme on aurait dit familièrement.

"Bon alors, qu'est-ce que je vais bien pouvoir vous faire faire pendant votre retenue ?"

Il avait déjà expérimenté le coup de l'aide concierge, il pourrait peut-être recommencer, cela lui donnerait le moyen de discuter plus longuement avec Donald et d'apprendre à encore mieux le connaître. Savoir ce qu'il voulait faire plus tard par exemple où ce qu'il voulait pour Noël, ce genre de chose, des choses de son âge après cette conversation très sérieuse. Il sortit un paquet de patacitrouille de son bureau et en tendit un au jeune garçon.


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L'élève et le concierge, le retour [William] Icon_minitimeSam 18 Jan 2014 - 0:23
*Il est très fort*, admit Donald. Même s'il ne l'avouerait jamais en présence du concierge, il était assez admiratif de la réussite de celui-ci à lui faire comprendre quelque chose aussi rapidement. Un an plus tôt, le Gryffondor aurait été bien plus buté et obtus. Il aurait sûrement refusé quelconque forme de dialogue et n'aurait même pas écouté les paroles de Silverster. Or, lui qui oubliait tout si vite, il essayait de se les graver dans la mémoire, « on ne peut être certain de rien », peut-être lui serviraient-elles plus tard – peut-être était-ce cela, grandir.

Donald ne savait pas trop comment le prendre. Il était partagé. D'un côté, il avait hâte de grandir et de pouvoir franchir toutes les limites. Il se lamentait souvent d'être enfermé entre ces murs et ces règles. Pour lui, être adulte, c'était pouvoir, ça rimait avec liberté : plus d'obligations, plus d'interdictions, plus de punitions. Il n'aurait pas à obéir, ni à désobéir ; finie l'école, finies les retenues, car il pourrait faire ce qu'il voulait. Il se languissait d'agir à sa guise, de parcourir le monde, d'accomplir ses rêves. De plus, à son âge, aucun moyen d'être pris au sérieux ; dès qu'il élevait un peu la voix, ses parents prétextaient sa crise d'adolescence. Pour eux, leur rejeton était classé dans la catégorie « enfant », c'est-à-dire intellectuellement limité (ça, ce n'était pas difficile à démontrer). N'avait-il pas toujours voulu être écouté ? Pour cela, il avait le choix entre deux solutions : attendre d'être assez vieux pour être considéré comme ayant son mot à dire, ou bien cesser de se comporter comme un gamin – ce à quoi, malgré son besoin d'attention, il n'était pas prêt à renoncer.

En effet, d'un autre côté, Donald n'avait aucune envie d'atteindre l'âge adulte. Chaque jour qui le rendait un peu plus vieux, il s'accrochait à son enfance, cocon protecteur. Il préférait rire de tout, s'amuser à longueur de temps et se moquer de ses aînés plutôt que de prendre en charge les nouvelles responsabilités que l'âge lui incombaient. Il se servait de l'immaturité comme d'un prétexte pour ignorer ce fardeau dont le poids augmentait d'année en année. Vieillir, c'était un peu sa hantise, son cauchemar, parce que selon lui, la population se séparait en deux parties bien distinctes : les enfants et les adultes. Leur véritable âge importait peu, c'était dans la tête que la transformation s'effectuait. Dans la plupart des cas, les premiers étaient amusants et les deuxièmes ennuyeux, mais quasiment tous, à un moment donné de leur existence, basculaient chez les adultes,  à l'adolescence usuellement, parfois à vingt ans, souvent à quarante  – Donald, quant à lui, voulait rester un enfant pour toujours.

Parfois hélas, il sentait l'insouciance lui filer entre les doigts sans qu'il pût la retenir. Cela, il s'en rendait compte par d'infimes changements qui s'opéraient chez lui : un jeu stupide, déclencheur de son hilarité à une époque, le distrayait un peu moins... La politique, qu'il trouvait assommante lorsque les grands en discutaient à table, ne le laissait plus aussi indifférent... Il se surprenait quelques fois à choisir l'option la plus raisonnable – enfin, pas trop souvent quand même. Bref, les rares instants où il en avait conscience, il s'étonnait d'avoir changé de point de vue sur un sujet tandis qu'il était auparavant persuadé du caractère immuable de son jugement. Cette évolution involontaire ne se remarquait que sur un laps de temps assez long mais ça l'effrayait un peu de réaliser que ce dont il était convaincu à ce jour, il n'y croirait peut-être plus dans quelques temps, et donc que malgré son avis catégorique sur la question, peut-être qu'un jour, il serait un adulte comme ceux dont il se moquait. Au final, la destination n'était-elle pas commune à tous, même à lui ?

« J'y penserai », promit Donald d'un ton plus désinvolte que prévu.

En vérité, il était fortement tenté de se fier à Silverster. Un signal d'alerte clignotait dans sa tête, hululant « ennemi ennemi ennemi », mais Donald le fit taire derrière une plaisanterie :

« Haha, je sens que vous allez vous la poser encore beaucoup de fois, cette question ! »

Ce fut la Patacitrouille qui le décida à faire confiance au concierge. Son petit ventre rebondi pouvait en témoigner, Donald vouait un culte aux bonbons, moldus ou sorciers. Les sucreries étaient sa monnaie d'échange mais aussi une de ses plus grandes faiblesses (là, c'est au tour de la réserve sous le matelas de se manifester). À ses yeux, en donner une était une si grande faveur que ce moment en devenait presque symbolique : accepter cette offrande revenait pour lui à signer un traité. Ce fut la deuxième fois que Donald McWilde scella un pacte avec William Silverster... Lequel rentrait dans le cercle très restreint des grandes personnes auxquelles il décernait le qualificatif « cool », même si jamais il ne l'admettrait à haute voix. William venait de détrôner l'oncle Ed, détenant le titre de sa grande personne préférée jusqu'à... une certaine conversation. Malgré son ancienneté, l'adolescent fut pris de remords en se la rappelant. Cette fois-là, ses propos avaient dépassé l'insolence ; il s'était montré carrément insultant envers le concierge. En général, il trouvait ses éclats justifiés mais si demander pardon n'était pas dans ses habitudes, il avait eu tort et le reconnaissait.

« Au fait, je... m'excuse pour, hum, vous savez... Vous aviez raison. La prison change les gens. »

*S'ils n'ont pas déjà changé avant*, ajouta-t-il pour lui-même. Il ne s'était rendu compte de rien, mais que ce soit un oncle qu'on idolâtre ou un frère avec qui l'on rit, ce n'est jamais facile de voir changer les gens qu'on aime.
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L'élève et le concierge, le retour [William] Icon_minitimeJeu 30 Jan 2014 - 16:05
William retint un soupir devant le ton désinvolte de Donald mais au moins, il savait qu'il avait un peu fait réfléchir le jeune garçon et que ces mots n'étaient pas prononcés inutilement. Il était certain qu'au fond de lui, Donald se rendait compte du mal qu'il avait pu faire. Il grandissait mine de rien ce petit gamin qui l'année dernière encore le rabaissait à cet endroit exact. Il lui tendit une friandise avec un léger sourire et rit franchement lorsque le jeune garçon laissait entendre qu'il n'était pas prêt d'arrêter de se demander le genre de retenue qu'il pourrait lui donner.

"En effet Monsieur McWilde. Mais peut-être qu'un jour vous arrêterez de vous même et que vous viendrez me rendre visite dans mon bureau sans que j'ai besoin de vous y traîner de force à chaque fois."

Son sourire s'agrandit légèrement. Il venait d'inviter un élève à venir le voir lorsqu'il le désirait. Il aimait beaucoup Donald et les discussions qu'il avait avec lui. Il posa un regard affectueux sur le jeune garçon avant de reprendre son sérieux.

"Bien, alors on va dire que vous allez... classer les dossiers qui se trouvent dans mon bureau."

Du doigt, il pointa l'armoire qui se trouvait derrière lui avec tout un tas de dossiers en vrac déjà présents de l'époque de Rusard. C'était légèrement vicieux comme punition mais il allait beaucoup s'amuser à regarder Donald ranger tout ça. Et sans ronchonner. Son regard perdit la petite lueur amusée qui y était apparu lorsque le jeune garçon s'excusa. Il aurait voulu réconforter le gamin. Lui dire que ça irait, qu'il aurait préférait avoir eu tort.

"Je suis désolé Donald."

Josh aussi avait changé. Et en même temps, il était resté le même. C'était lui qui avait changé à la réalité. Il s'était voilé la face à l'époque, préférant ne rien voir et ne rien savoir. Jusqu'à l'arrestation. Et puis, il avait continué sa route, avait mûri et désormais, il exigeait la même chose de son aîné. Qu'il grandisse, qu'il ouvre les yeux et se rende compte que la vie n'était pas un jeu. Qu'il ne pourrait pas indéfiniment continuer à jouer au plus malin parce qu'il finirait pas le payer très cher. Il n'avait pas voulu comprendre, il n'avait pas voulu entendre l'aveux à demi mot de son frère la dernière fois qu'il l'avait vu. Il s'était un instant demandé si il était sérieux lorsqu'il lui avait presque avoué vouloir rejoindre les Mardoliens. Il poussa un soupir.

"Mon frère n'est pas celui que je croyais non plus. Il semble que les personnes auxquelles nous tenons le plus parfois se révèlent décevantes. Vous... allez bien ?"

Il posa un regard compatissant sur Donald et l'invita à reprendre une friandise. Il avait l'impression que si il tentait le moindre geste d'affection, ce dernier ne serait pas forcément bien pris. Après tout, Donald était un adolescent, il devait sûrement prendre sur lui pour ne pas lui montrer ses faiblesses, d'autant plus qu'il était un garçon et les garçons avaient leur fierté, c'était bien connu.


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L'élève et le concierge, le retour [William] Icon_minitimeJeu 13 Fév 2014 - 23:21
Silverster était désolé.

« Ne le soyez pas », aurait-il été plus juste de lui répondre ; cependant, le dépit rendait injuste et Donald avait plutôt envie de rétorquer « Vous avez des raisons de l'être ». Mais c'était diriger sa colère contre la mauvaise personne, comme il l'avait fait l'année précédente. À l'époque, il avait eu peur que Silverster eût raison, que son oncle ne fût plus le même, et il s'était montré, oui, franchement injuste. Quand il l'avait traité de menteur, d'une certaine manière, il s'adressait aussi à son oncle...

Un oncle que Donald adorait. Pendant des années, il attendait chacune de ses visites avec impatience, bouillonnant d'excitation à l'idée de ce qu'il allait recevoir. Des rollers en peau de caïman, un piment séché d'Amérique du Sud, une mygale apprivoisée ? Son imagination n'avait pas de limite parce que l'oncle Ed était un héros. Il avait une veste en cuir, une grosse moto rutilante et il vivait tout un tas de choses passionnantes. Les cadeaux farfelus et exotiques qu'il ramenait à la maison apportaient une touche d'exotisme au quotidien monotone de Donald. Il le défendait lorsque son père, personnage dix fois plus ennuyeux et jaloux de son beau-frère, le traitait de canaille. L'oncle Ed n'était pas un voleur, l'oncle Ed était un aventurier ! se récriait le neveu à toute offense envers son modèle. Il l'admirait plus que n'importe qui, il l'adulait, même. Il voulait devenir comme lui plus tard. Et un jour, l'oncle Ed était parti en prison. Donald avait pris ça comme une péripétie de plus, une sorte de revers de la fortune. Rien de grave, non, lui avait-on dit, sauf qu'on ne lui avait pas tout dit.

Plus tard, Donald s'était rendu compte que les cadeaux qui l'avaient émerveillé par leur histoire, leur provenance et leur fantaisie n'étaient que des breloques et autres colifichets sans intérêt. Du toc. Comme tout ce qu'il aimait tant chez son oncle : ses anecdotes, ses folles équipées, les périls et les hasards de la fortune... Ne restait que la moto noire. Au final, Ed n'était pas qu'un sympathique voyou auquel on pardonne ses mauvaises habitudes ; c'était une canaille de la pire espèce. Par pour ce qu'il avait fait, mais pour ce qu'il lui avait dit. C'était lui le menteur de l'affaire, pas l'infortuné qui avait aidé Donald à comprendre que son oncle était un imposteur sous bien des aspects. Sur le coup de l'impulsion, Donald avait rejeté la faute sur Silverster.

Après un soupir, ce dernier révéla que son frère n'était pas celui qu'il croyait non plus, et Donald se demanda à quel point. Si sa mémoire était bonne (elle lui faisait souvent défaut), il se souvenait que ce fameux frère s'était retrouvé coupable de trafic de drogue, ce qui n'était pas rien, surtout pour sa famille. Comment Silverster l'avait-il découvert ? Avait-il remarqué un changement de comportement chez son frère ? Des dizaines de questions venaient à l'esprit de l'adolescent, mais il sentit que le moment était mal choisi de les poser. Une autre fois, peut-être.

"Il semble que les personnes auxquelles nous tenons le plus parfois se révèlent décevantes."

Donald ricana, un demi rictus moqueur déformant la partie inférieure de son visage. Silverster n'avait-il pas affirmé tout à l'heure qu'il l'avait beaucoup déçu ? Ainsi, il tenait à lui ? C'était ridicule : l'un était concierge, l'autre n'était qu'élève. Le concierge et l'élève, rien de plus. Mais apparemment, Donald était pardonné. Il était reconnaissait à Silverster de ne pas chercher à le réconforter outre mesure, avec des mots auxquels il n'aurait pas su répondre et qui l'auraient fait se rétracter. Dès qu'on commençait à lui parler de façon sérieuse et personnelle, il préférait se boucher les oreilles et chanter Romance in the Chamber of Secrets à tue-tête plutôt que d'entendre ce qu'on avait à lui dire. C'était plus facile de se cacher derrière l'humour. De faire preuve d'auto-dérision à l'évocation du moindre sentiment, d'utiliser les blagues comme protection. Il ne tenait pas à perdre toute sa dignité devant un adulte, non plus !

« Je vais toujours bien ! » rectifia Donald en bombant le torse.

Ce qui, au vu de son irréductible bonne humeur, n'était pas faux, mais pas entièrement vrai non plus. Il ne refusa pourtant pas le second remontant qui lui fut proposée et l'enfourna aussitôt.

« Et maintenant, encore mieux, articula-t-il la bouche pleine. Vous savez qu'avec ce genre d'argument, je risque de revenir très souvent, finalement ? »


[RP TERMINÉ]
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