Ceux qui espéraient [Ulrich]

Lorsque le Commandant avait demandé à la voir, quelques jours auparavant, Charlotte avait été plus que surprise : ce n'était pas vraiment son genre de se faire convoquer ainsi. Elle s'était dirigée vers le bureau de son supérieur assez anxieuse, comme la jeune adolescente appelée chez sa directrice de maison et le fait de trouver Elbert Stormborn assis face au Commandant avait renforcé sa perplexité. Que pouvaient bien lui vouloir le Commandant des Aurors et son ancien formateur ? Elle n'avait pas tardé à avoir la réponse : Stormborn avait proposé son nom comme cinquième membre du jury d'admission pour les futurs Aspirants. Traditionnellement y siégeaient le Commandant, le sous-Commandant et trois autres membres reconnus du Bureau et, à ses yeux, elle n'entrait dans aucune catégorie. Elle était là depuis six ans mais n'était titulaire que depuis trois ans et n'avait rien accompli d'exceptionnel même si elle avait été félicitée plusieurs fois pour son travail. Mais Stormborn estimait qu'elle ferait une bonne candidate au jury. Tu cernes bien les gens, la bleue, avait-il dit. T'as un bon instinct. Et t'es bien formée, évidemment. Tu sais faire preuve de tact et gérer les gens, prendre sur toi, on le voit bien ces derniers temps avec Furtinus, tu gères mieux que Finnigan. Le Commandant avait acquiescé à ces mots et avait rajouté que Stormborn l'avait convaincu. Tu es un bon élément, Charlie, c'est normal que tu sois récompensée. A ses yeux, être mise sur le dossier M était bien suffisant comme récompense, c'était un honneur bien suffisant et une grande récompense pour son boulot. Elle avait été fière d'être nommée sur le dossier et avait passé encore plus de temps au travail. Elle avait été surprise par les compliments du Commandant et de Stormborn et n'avait pas su quoi répondre, à part un "merci" un peu précipité. Elle avait déjà été complimentée par son lieutenant, mais ce n'était pas pareil. Que ce soit par le Commandant et Stormborn, cela avait un vrai poids. Puis tu pourras coller ton écriture d'écolière sur les papiers administratif comme ça, avait rajouté Stormborn en ricanant. Ça fera bien.

C'est ainsi que depuis ce matin, elle entendait les candidats au poste d'Aspirant Auror du Ministère de la Magie. Des septième et septième années bis, mais aussi certains qui repassaient l'entretien, après avoir été recalés la première fois. Il n'y avait pas de test pratique ou théorique, on se basait uniquement sur les résultats aux ASPICS des candidats. Ils étaient de toute manière formés après par le Bureau. La grande salle de conférence avait été réquisitionnée et elle y était avec le Commandant, l'Auror McDougal, qui était sous-Commandant, Harry Potter - elle avait le même poste qu'Harry Potter, elle avait cru s'étouffer en apprenant cela - et Stormborn. Elle se sentait assez à part de tous ces Aurors reconnus et expérimentés. Bien sûr, Harry Potter n'avait que quatre ans de plus qu'elle, mais c'était Harry Potter. L'Auror McDougal avait dû remarquer sa gène, puis qu'elle était venue lui affirmer qu'elle n'était pas la plus jeune qui siégeait dans ce jury : l'Auror Stormborn y avait été engagé à vingt-et-un ans, juste à la fin de sa formation et avait été nommé lieutenant à vingt-ans un. Selon elle, ce n'était pas l'expérience qui comptait pour choisir les candidats mais ce qu'ils apporteraient à l'équipe, le regard qu'ils poseraient sur les examinés. Le Commandant et elle étaient là pour l'expérience, Potter parce qu'il avait toujours des choses intéressantes à dire sur les gens et que sa présence permettrait de voir la réaction des postulants, Stormborn était là parce qu'il repérait tout de suite tous les défauts et elle parce qu'elle verrait les qualités. En gros, elle était là parce qu'elle était trop gentille. C'était plaisant à savoir. Mais elle était quand même heureuse d'être là, de voir qu'elle était un peu reconnue par ses pairs.

Ils avaient vu une petite dizaine de postulants depuis ce matin et deux avaient été retenus définitivement, à l'unanimité. La jeune fille qui venait de sortir, elle, était plus contestée. Isobel Montgomery, dix-huit ans, Serpentard, d'excellentes notes aux ASPICS (O en DCFM, O en Sortilèges, E en Potions, E en Métamorphose) et une grande motivation. Charlie avait voté pour, tout comme le Commandant et McDougal. Potter et Stormborn étaient plus mitigés. C'est une hypocrite, avait grogné Stormborn dès qu'elle était sortie. Avec ses petits sourires mielleux, là... Non, j'en veux pas. Potter partageait un peu la même idée, qu'elle n'était pas honnête, qu'elle ne présentait pas son véritable caractère au jury. Il estimait que cela serait difficile de travaille en équipe avec elle et de lui faire confiance. Le Commandant estimait que ses excellentes notes et sa motivation étaient excellentes et que même si son caractère n'était pas très facile, elle ferait une bonne recrue. McDougal avait ajouté que ce qui était décisif, c'était le formateur qu'on lui attribuait. Elle avait même précisé qu'elle la verrait bien avec Stormborn, ce qui avait fait grogner l'intéressé qui avait affirmé qu'il ne voulait pas d'une petite précieuse hypocrite de ce genre. Stormborn avait été son formateur et Charlie ne put s'empêcher de se demander s'il n'avait pas voulu d'elle au début et puis ce que le jury avait dit d'elle, une fois qu'elle était partie. Elle avait été retenue à la fin, avait l'impression que le contact passait plutôt bien avec Stormborn - elle avait été major de promotion et il la conseillait encore parfois - mais peut-être qu'au début, elle n'était pas censée devenir Auror. Elle ne savait pas ce qu'elle aurait fait, si elle avait été refusée par le BDA. Elle serait peut-être rentrée à Sainte-Mangouste, elle avait les notes pour. Quoi qu'il en soit, elle était là maintenant et c'était à elle de donner son avis sur les candidats.

Le prochain à se présenter était Ulrich Keller, comme l'indiquait le dossier de présentation dont ils avaient tous un exemplaire, un jeune sortant de Poudlard, un septième année dont les résultats ASPICS étaient excellents. Son nom résonnait bien évidemment aux oreilles des Aurors comme le nom d'un Mangemort, ce que ne manqua pas de faire remarquer Stormborn. Visiblement, c'était la première fois que le jury était confronté à ce cas de figure. D'habitude, les enfants de Mangemorts ne portaient pas vraiment les Aurors dans leur cœur, alors en devenir un... Mais c'était peut-être un cas de figure qui se représenterait dans les années à venir : beaucoup d'enfants de Mangemorts de la deuxième guerre allaient commencer à avoir l'âge de choisir leur orientation. Et comme le fit remarquer Potter, s'il était pris, ce serait difficile pour lui de s'intégrer au milieu de héros de guerre et d'anti-Mangemorts. Charlotte savait parfaitement ce qu'il voulait dire : la guerre avait marqué beaucoup d'Auror, ils avaient eu beaucoup de pertes, notamment durant la Bataille de Poudlard et c'était souvent de la main des Mangemorts. Tout le monde savait que ce qui était arrivé aux Aurors Londubat, à l'Auror Maugrey et à tant d'autres, était de la faute des Mangemorts. Il y avait beaucoup de héros de guerre au Bureau qui n'apprécieraient sûrement pas de devoir traiter un Keller comme un égal. Par exemple, même si elle adorait Seamus, Charlie savait très bien qu'il avait déjà du mal avec les Sang-Purs, alors quelqu'un qui portait le nom d'un Mangemort... Si cet Ulrich était pris, cela allait faire des vagues. Elle-même avait vécu la guerre, mais beaucoup plus en retrait. Elle n'avait perdu personne, même si elle avait été attristée de la mort de Colin Crivey, qu'elle connaissait, et que cela lui avait fait étrange d'avoir perdu un élève de son année, Regulus Lestrange. Elle n'avait rien contre les Sang-Pur, elle sortait quand même avec un Warlock, aussi était-elle assez neutre face à ce Keller. S'il se présentait au Bureau des Aurors, c'est qu'il était différent de sa famille, sûrement. Lorsque Donna fit entrer Ulrich Keller, celui-ci se fit jauger de la tête aux pieds par tous les Aurors présents. Il était habillé de manière traditionnelle sorcière, élégant et semblait sûr de lui mais pas arrogant. Le Commandant lui désigna une chaise devant eux et l'invita à s'assoir avec un sourire poli.

- Monsieur Keller, bienvenue à votre entretien pour une potentielle admission au sein du corps prestigieux des Aurors. Je suis le Commandant Mario Casablanca et je dirige cette unité. Voici mon sous-Commandant, l'Auror Moïra McDougal, l'Auror Harry Potter, le Lieutenant Auror Elbert Stormborn et l'Auror Charlotte Meyer. Nous sommes votre jury.

Chacun des faits et gestes de Keller étaient observés et consignés sur leurs fiches, afin de prendre une décision définitive le lendemain, décision qui serait soumise au Directeur de la Justice Magique, Richard Dalnox.

- Monsieur Keller, reprit l'Auror McDougal, pourriez-vous vous présenter et nous expliquer pourquoi vous souhaiteriez devenir Auror ?

Cette question-là était une question simple et classique, posée à tous les candidats. Mais les Aurors se permettaient de tout demander, afin de pouvoir cerner au mieux le candidat et Charlotte savait très bien qu'il serait questionné sur sa famille. Elle pariait sur Stormborn, d'ailleurs. Il était souvent celui qui attaquait, qui stressait les candidats, qui voulait les détasbiliser, quitte à être méchant et agressif. Elle en avait fait les frais, d'ailleurs, durant son entretien mais était fière de ne pas avoir cédé, de ne pas avoir été la "petite poupée fragile en recherche de sensations fortes" qu'il l'accusait d'être à ce moment-là. Non, Stormborn n'était pas tendre. Mais c'était un Auror efficace et reconnu au sein du Bureau, très écouté. Charlotte reporta son attention sur Keller, qui avait pris la parole. Aspirant puis Auror Keller... Cela avait le mérite d'être novateur, au moins.

Trop de Serpentard cette année, estima Charlotte, dans un réflexe très Gryffondor. Toutes les maisons étaient représentées au sein du Bureau, avec une petite majorité de Gryffondor et de Serdaigle. Les premiers pour leur recherche d'aventure et les secondes pour leurs capacités. C'était présent même dans le jury. Le Commandant était un Poufsouffle, McDougal une Serdaigle, Potter et elle des Gryffondor tandis que Stormborn était un Serpentard. Ainsi, ils avaient cette année le préfet-en-chef. C'était donc un élève reconnu des enseignants et aptes à gérer des situations difficiles. Bon point pour lui, c'était évident. C'était pour cela qu'il le présentait en premier lieu. Ce qui était en revanche plus étonnant, c'était qu'il choississe lui-même d'aborder le sujet, retirant son jouet - sans le savoir - à Stormborn. Pauvre Elbert, songea-t-elle en retenant un sourire. A la manière dont il le présentait "bien malgré moi", Keller essayait de se distancier de sa famille. Visiblement, il voulait tout faire pour qu'on ne l'associe pas à eux, ce qui était compréhensible. Néanmoins, si Ulrich Keller était plutôt bien parti, il fit une faute en déclarant que son père était innocent. Déclarer ceci, c'était remettre en cause l'enquête des Aurors et la décision du Mangenmagot, ce qui n'était pas vraiment à faire quand on voulait justement devenir Auror. Charlotte elle-même avait tiqué sur cette phrase. Elle savait que les erreurs judiciaires existaient et qu'ils pouvaient se tromper, le BDA n'était pas parfait. Elle ne croyait pas au "Mangemort sous la contrainte". C'était l'excuse de tout ceux qui voulaient éviter les procès. Le Ministère avait été clément suite à la première guerre, avait laissé en liberté beaucoup de familles qui étaient soi-disant sous l'Imperium. Des familles qui avait accourues auprès de Vous-Savez-Qui dès qu'il était revenu. Le Ministère ne s'était pas fait avoir deux fois. Protéger sa famille, évidemment. Il y avait d'autres moyens de protéger sa famille que de devenir un Mangemort, cette justification sonnait comme l'excuse que l'on donnait aux enfants pour expliquer les actes de leur père. Et Alexander Keller avait été contraint, lui aussi ? Elle connaissait le dossier. Il avait tellement été contraint à protéger sa famille qu'il avait assassiné sa sœur, tiens.

Tous les bons points qu'avait pu marquer Ulrich Keller s'effacèrent à ce moment-là et lorsqu'il aborda sa motivation à devenir Auror. C'était une motivation personnelle, "prouver que les Keller n'était pas des Mangemorts" ce qui était souvent disqualificatoire. On ne rentrait pas au BDA pour contester les décisions de justice et d'enquête de ces derniers. Un coup d’œil à ses collègues prouva à Charlotte qu'ils pensaient la même chose qu'elle. En plus, dans ses tournures de phrases, on avait l'impression qu'Ulrich Keller s'estimait plus compétent que les Aurors qui avaient enquêté sur les Mangemorts car il était là pour éviter que "d'autres erreurs se reproduisent". Heureusement qu'il était là pour empêcher les erreurs, tiens, comment est-ce qu'ils avaient pu tenir jusqu'à son arrivée ? A ses yeux, pour le moment, c'était non pour Ulrich Keller. Après, elle n'était pas la seule à décider et l'entretien n'était pas terminé mais Charlotte était mal partie avec lui. Il sortit ensuite la motivation traditionnelle d'aider la communauté sorcière et sa volonté d'avoir un métier d'action, ce qu'elle pouvait comprendre, cela avait été également l'une des ses envies et elle avait dû le dire lors de son entretien, elle ne se rappelait plus. Keller termina par évoquer la réalité de son nom au sein du BDA et baissa la tête. Le geste était étrange. Cette phrase visait à les convaincre de le prendre, il assumait clairement son nom derrière ses mots. Et il baissait la tête alors qu'il aurait dû les regarder dans les yeux, s'il avait été sincère et s'il avait vraiment voulu les convaincre. Ce geste là sonnait comme de la fausse modestie. C'était Stormborn qui lui avait appris à regarder la manière dont bougeait les gens, s'il l'avait remarqué aussi, c'est qu'elle ne se trompait pas. Sinon, c'est qu'elle devenait vraiment parano à force d'interroger des suspects. Ulrich Keller n'était pas un suspect, mais il était jaugé de la même manière. Quoi qu'il en soit, Charlie était intriguée par ce geste, qui ne semblait pas naturel. Soit Keller essayait de rendre modeste alors qu'il ne l'était pas, ce qui pourrait montrer qu'il était arrogant ou alors c'est qu'il n'était pas sincère. Dans les deux cas, sa réponse n'était pas valable. Le reste de l'entretien leur apporterait sûrement la réponse.

-  Vous vous pensez mieux que les Aurors, Monsieur Keller ? attaqua soudainement Stormborn.  Vous estimez qu'on a fait une faute sur le dossier de votre famille et en grand magnanime vous venez nous apprendre à mener des enquêtes correctement, c'est ça ?

Tel formateur, telle aspirante, songea Charlie, un peu amusée. Elle avait relevé la même chose mais ne l'aurait sûrement pas formulé de la même manière.

- Est-ce que vous comptez rouvrir le dossier de votre famille ? demanda Harry Potter. Est-ce que vous comptez le consulter ?

Ce n'était pas connu du grand public, mais on savait au sein du BDA que Potter avait rouvert les dossiers de Sirius Black et de Severus Rogue pour apporter ses propres éléments et orienter l'enquête. Ses déclarations sur Black avait été cautionnées par Kingsley, ce qui avait permis de le réhabiliter et d'incriminer Peter Pettigrow. Ce qu'il disait sur Rogue était en revanche beaucoup plus contesté, même par des héros de guerre et anciens camarades de classe comme Seamus qui avait subi la tyrannie des Carrow, dirigés par Rogue. S'il n'avait pas réussi à blanchir Rogue aux yeux de tout le monde dans le monde sorcier, Harry avait au moins réussi à faire placer son portrait dans le bureau de la Directrice de Poudlard. Cela n'avait pas empêché Skeeter d'écrire, quelques années auparavant, "Rogue : Ange ou Crapule ?". Mais bon, c'était Rita Skeeter.

- Moi j'aurai une question quant à votre dernière affirmation, intervint Charlotte. Comment voyez vous le Bureau des Aurors et ses membres ? Si vous êtes pris, comment pensez-vous être accueilli ? Sincèrement.

Il venait de dire qu'ils étaient tous anti-Mangemorts. Ce qui était parfaitement vrai, en réalité, du moins pour la plus grande part, les autres étaient beaucoup plus en retrait sur la question. Ce qu'elle voulait connaître, c'était l'image qu'il avait d'eux et la manière dont il imaginait leurs réactions vis à vis de lui. Et elle voulait voir s'il allait être honnête ou mentir, si elle allait encore avoir l'impression qu'il n'était pas tout à fait honnête dans ses réponses, qu'il jouait quelque chose, en rajoutait.

Le bon Auror était celui qui savait observer discrètement afin d'analyser une situation rapidement. Un Auror qui se faisait repérer en pleine surveillance était certain de voir son suspect s'enfuir aussi vite que ses jambes - ou son transplanage - le lui permettaient. C'était quelque chose de difficile, qui venait avec le temps et l'expérience, l'Auror formateur transmettant à son Aspirant ses compétences. Après, cela devenait une mauvaise habitude d'observer les gens, d'analyser leurs gestes, une sorte de déformation professionnelle, dirons-nous. L'avantage des entretiens pour devenir Auror, c'est qu'ils avaient ordre d'observer les candidats dans les moindres petits détails sans aucune retenue. Le langage corporel était quelque chose de très intéressant et de très révélateur, très difficile à contrôler. Contrairement à ses collègues plus expérimentés, c'était la première fois que Charlotte faisait partie du jury et elle n'avait pas d'expérience dans le recrutement des candidats, elle devait sûrement passer à coté de plein de petites choses que ses collègues repéraient du premier coup, à force de voir passer de fringuants étudiants tout justes diplômés. Pour ne pas rester inactive et pouvoir apporter un avis construit à la décision finale, elle était obligée de se reposer sur ce qu'elle connaissait et donc sur sa formation. C'est pour cela qu'elle portait son attention sur tous les petits tics corporels des candidats, laissant ses collègues analyser leurs discours. Chez Ulrich Keller, c'était particulièrement intéressant à observer. Les autres avaient des tics normaux, comme se tordre les doigts, se balancer sur leurs pieds ou remettre des mèches de cheveux en place. Lui n'en n'avait pas et tout ces gestes manquaient de... spontanéité. Évidemment, ce n'était qu'une impression, elle ne pouvait se baser que sur ce qu'elle voyait sans autre élément derrière mais Stormborn lui avait toujours appris qu'il fallait se fier à son instinct, que c'était ça qui différenciait les bons Aurors de ceux qui n'étaient que technique. La gestuelle était censée être coordonnée avec les paroles et ce qui lui avait mis la puce à l'oreille, c'était quand Keller avait baissé la tête alors qu'il aurait plutôt dû les regarder dans les yeux. Depuis ce moment précis, elle ne le lâchait plus.

C'est ainsi qu'elle avait remarqué un léger tressautement au coin de sa bouche quand Stormborn était intervenu, comme si c'était quelque chose d'amusant. Et pourtant, elle pouvait largement témoigner que se faire remettre à sa place par un Auror tel que Stormborn n'était pas une partie de plaisir : il ne mâchait jamais ses mots, même avec ses collègues ou les aspirants. Et c'était toujours impressionnant de le voir s'emporter et tempêter, tant il semblait ne pouvait jamais s'arrêter. Et puis l'entretien des Aurors était censé être quelque chose d'effrayant, d'intimidant. Les candidats devaient appréhender ce moment, c'était normal, leur avenir professionnel se jouait là. C'était se retrouver face à jury composé d'Aurors, qui était quand même le corps d'élite du pays, pour qu'ils vous jugent sans retenue, déterminent si vous étiez assez bons ou pas. Devenir Auror était souvent une vocation, c'était quelque chose de difficile. Il fallait travailler dur à Poudlard, passer l'entretien et tenir les trois ans de formation, ce qui n'était pas donné à tout le monde. Certains abandonnaient, d'autres étaient renvoyés parce qu'ils ne correspondaient pas assez à ce qu'on attendait d'eux. Même pour quelqu'un qui était à l'aise, quelqu'un de charismatique et à l'aise à l'oral, cet entretien ne devait pas être une partie de plaisir. Parce que c'était son avenir qui se jouait, c'est bien pour cela que les candidats envoyaient souvent des dossiers à d'autres endroits, car ils n'étaient jamais sûrs d'être pris, même avec un dossier excellent. Elle-même avait postulé en Médicomagie après ses ASPICS, au cas où elle ne serait pas prise au Ministère. Ce n'était pas très correct pour la PM, mais souvent, les candidats aux Aurors postulaient également à la Police, où ils prenaient plus de monde et où c'était plus facile d'y entrer. Généralement, les candidats aux Aurors voulaient vraiment le devenir, c'était une passion, un rêve et l'accomplissement de ce rêve se jouait à ce moment-là, pendant cet entretien. Une possibilité de vie future se jouait devant vous. Alors oui, c'était forcément un peu effrayant, même pour les gens les plus à l'aise. Or, Ulrich Keller ne semblait pas angoissé pour un sou. Certes, il y avait différents niveaux de stress - elle-même n'était vraiment pas bien avant de rentrer dans la pièce - mais tout de même ! C'était étrange. Et un candidat qui se prenait un savon durant un entretien déterminant pour son avenir n'était pas censé avoir envie d'en rire.

Si on lui avait demandé à l'instant même ce qu'elle pensait d'Ulrich Keller, Charlotte aurait hésité entre étrange et artificiel. Étrange pour ce léger tressaillement au coin des lèvres, artificiel pour ce faux mouvement de modestie avec la tête. On aurait dit qu'il se moquait d'eux. Il n'y avait pas de raisons, pourtant. Peut-être qu'elle devenait un peu paranoïaque aussi. Aurait-elle été aussi méfiante et aussi pointilleuse si le candidat en face d'elle n'avait pas été un enfant de Mangemort, n'avait pas porté le nom de Keller ? Elle aussi avait peut-être des préjugés inconscients, qui la poussaient à vouloir absolument trouver quelque chose pour refuser l'admission d'Ulrich Keller. De toute manière, elle verrait si ses impressions étaient partagés à la délibération. Mais elle ne savait pas, elle avait l'impression qu'il y avait quelque chose. Elle n'aurait pas pu dû dire quoi mais elle avait la sensation que c'était là, latent derrière chaque mot et chaque geste d'Ulrich Keller. Peut-être qu'elle en faisait trop, peut-être qu'elle se trompait. Mais c'était là et elle n'arrivait pas à se débarrasser de cette impression tenace. Pourtant, on aurait pu croire qu'elle cherchait juste à pinailler, vu toutes les choses qu'elles remarquerait et qui semblaient pourtant si innocentes ! " Moi, un simple élève sortant de Poudlard ?" était une phrase tout à fait banale et elle avait pourtant l'impression d'y revoir de la fausse modestie, que Keller se dévalorisait volontairement. Si elle se forçait à rester objective, elle aurait pu trouver une explication logique à cette phrase : Keller voulait calmer Stormborn pour reprendre l'entretien sur de bonnes bases. Mais si elle écoutait encore cette sensation, son esprit lui soufflait que le but de l'entretien était de se mettre en valeur, de prouver qu'on était digne de rentrer dans un corps aussi prestigieux et donc de se démarquer du lot, pas d'y rentrer en prétendant être absolument banal. De la part d'un autre candidat, elle aurait pu croire que se tirer dans les jambes ainsi n'était qu'une maladresse de la part d'un candidat mal à l'aise qui s'empressait de calmer l'un des membres du jury. Mais Ulrich Keller avait jusqu'ici montré trop d'aisance pour qu'elle puisse décemment croire à une erreur de sa part.

Mais malgré tout ce qu'elle pouvait penser du jeune homme, son entretien se passait bien et ses réponses aux deux questions suivantes furent absolument parfaites et irréprochables, exactement ce qu'on attendait d'un bon candidat qui voudrait devenir Aspirant. C'était même à se demander si elle n'avait pas imaginé tout ce qui avait pu clocher auparavant, si les notes qu'elle prenait consciencieusement n'étaient pas là pour le lui rappeler. Peut-être était-ce des maladresses de début d'entretien, peut-être que Keller était enfin assez rôdé et à l'aise pour ne plus commettre de bévues ? Peut-être qu'elle se trompait sur toute la ligne. Après tout, ne venait-il pas de fournir deux excellentes réponses auxquelles elle ne pouvait rien redire ? Par rapport à cela, ses quelques notes semblaient assez dérisoires et n'auraient que peu de poids dans la décision finale. Et pourtant, elle avait encore cette impression qui ne disparaissait pas, même pas éclipsée par les deux excellentes réponses d'Ulrich Keller. C'était peut-être une mauvaise chose, peut-être qu'elle avait trop écouté Stormborn qui était très méfiant voire défiant, tout le monde le savait au sein du Bureau. Il avait été le partenaire pendant des années du célèbre Auror Alastor Maugrey, avant que ce dernier ne prenne sous son aile celle qui était alors l'Aspirante Tonks. Maugrey et Stormborn avaient été séparés pour qu'ils puissent devenir formateur et c'était pour cela que Charlie était devenue l'Aspirante de Stormborn, des années après la mort de Maugrey. De sa formation avec Stormborn, elle avait retenu de nombreuses choses et plusieurs principes, évidemment, mais s'il y en avait un qui revenait régulièrement, c'était bien celui des "critères de méfiance". Selon Stormborn, les gens trop gentils étaient louches, les gens trop parfaits étaient louches, les gens qui exagéraient étaient louches, les gens trop sûrs d'eux étaient louches, les gens avec une enfance difficile étaient louches, les gens qui souriaient trop étaient louches, les gens qui vous regardaient sans cesse dans les yeux étaient louches, ceux qui ne le faisaient jamais étaient louches et la plus importante : toute personne qui te semble louche est louche. Charlotte admirait son formateur, c'était un Auror exceptionnel à ses yeux, perspicace et efficace et il ne lui serait jamais venu à l'esprit de remettre en cause ce qu'il disait. Et lorsqu'elle appliquait la leçon de Stormborn, Ulrich Keller était plus que louche. Il semblait trop parfait, elle avait l'impression qu'il était faussement modeste donc trop sûr de lui donc louche, il avait une enfance difficile et surtout... Il lui semblait louche. C'est ce qu'elle devrait marquer à l'encre rouge sur son dossier, tiens, "louche".

Lorsqu'elle prit elle-même la parole pour le questionner, Keller sortit encore une très bonne réponse. C'était un véritable combo, tiens, qui faisait sérieusement pencher la balance pour le oui, même si elle mourrait d'envie - sans savoir pourquoi - d'appuyer fortement sur l'autre plateau pour déséquilibrer le tout. Elle devait être objective, c'était essentiel pour bien juger. Si ça se trouve, Ulrich Keller n'avait absolument rien de louche et elle allait réduire son avenir en poussière parce qu'elle avait trop écouté Stormborn et ses critères de méfiance qui rendaient toute la population louche. Elle essaya de faire passer le test à ses proches, pour voir. Lilly n'était pas louche, Jensen non plus, Eliott non plus, Harriet non plus, ses parents non plus, sa sœur non plus... Quoique, elle n'avait rien dit, cela ne concernait pas tout le monde. Mais Ulrich Keller avait quand même plusieurs critères et c'était quelque chose qu'elle voulait retenir. De toute manière, elle avait beau essayer, elle était partie pour faire la liste de tout ce qu'elle pouvait avoir contre lui, donc bon... Néanmoins, Keller commit de nouveau un impair qui alerta encore une fois Charlie, sans qu'elle le veuille. J'ai un caractère un peu trop facile à vivre ? Sérieusement ? Qui sortait des trucs comme ça ? Personne ne disait qu'il avait un caractère facile à vivre, c'était... C'était étrange, comme concept et comme formulation. Autant, elle avait déjà entendu des "je suis trop gentil" et encore, c'était souvent les autres qui l'affirmaient, autant, c'était la première fois qu'elle voyait quelqu'un affirmer qu'il était bien trop facile à vivre. Surtout dans un entretien. Dans un entretien pour devenir Auror, qui traquaient la magie noire et les mages noirs. Autant dire "J'ai le caractère d'un niffleur", ce serait plus direct. Automatiquement, elle rajouta le critère "trop gentil" à Keller. Il commençait sérieusement à les accumuler, les critères de méfiance.

- Parlons donc de votre caractère, Monsieur Keller, rebondit l'Auror McDougal.  Selon vous, quelles sont vos plus grandes qualités et vos plus grands défauts ? J'aimerais en entendre au moins trois de chaque.
-  Et adressez-vous donc à nous en parlant d'Aurors, cingla Stormborn, visiblement toujours remonté, en faisant allusion au Miss Meyer qui était survenu plus tôt.

Charlotte hésita un instant à intervenir, étant donné que sa demande n'était pas très traditionnel mais elle croisa le regard de Stormborn qui devait avoir senti son hésitation et qui hocha imperceptiblement la tête.

- Monsieur Keller, vous avez un dossier exemplaire, commença-t-elle en le feuilletant. D'excellents résultats, d'excellentes appréciations, un poste de préfet-en-chef, vous avez même été membre de l'équipe de Quidditch de votre maison. Vous n'êtes pas qu'un simple élève, lança-t-elle en relevant la tête et en vrillant ses yeux dans les siens. Ne soyez pas si humble, on pourrait presque croire que vous faites... semblant. Un sourire ingénu naquit sur ses lèvres à ces mots. Elle voulait le mettre en difficulté, voir si elle pouvait réfuter ou augmenter sa suspicion. Si j'osais, je dirais même que vous êtes le candidat idéal. Presque un peu trop ! ajouta-t-elle avec un rire, sans se départir de son sourire candide. Monsieur Keller, si vous êtes pris, vous apprendrez vite qu'il faut toujours gratter sous la surface. Et que tout le monde ment. Alors je vais vous demander quelque chose d'atypique, je le reconnais. Mais répondez donc honnêtement. Qu'est-ce qui pourrait nous pousser à ne pas vous prendre au Bureau des Aurors ? Dîtes moi quelque chose que je ne sais pas, quelque chose qui viendra donner un peu d'épaisseur à ce dossier idéal. Vous l'avez vous-même dit, on peut vous trouver un peu trop... Quel était votre terme, déjà ? Lisse. Oui, c'est dans cette idée. Nous ne recherchons pas le gentil petit jeune homme qui pourrait faire figure de gendre idéal. Nous cherchons des Aurors. Laissez-donc tomber un peu le masque, Monsieur Keller.

Oui, c'était étrange comme demande et ses collègues la questionnerait sûrement après. Mais elle croisa le regard approbateur de Stormborn et sa volonté ne flancha pas. Personne n'était parfait. Et Ulrich Keller ne faisait pas exception à la règle.

Il y avait des personnes que l'on n'aimait pas, sans raison particulière ou sans qu'on puisse comprendre pourquoi. Et bien Charlotte n'aimait pas Ulrich Keller, voilà tout. Elle n'avait aucun argument pour se justifier, c'était personnel, elle ne parlait pas en tant qu'Auror mais elle ne l'appréciait pas. Il y avait des collègues qu'elle n'appréciait pas en tant que personne mais qu'elle respectait en tant qu'Auror et ils se contentaient d'avoir des rapports strictement professionnels et il y avait aussi les collègues qu'elle n'appréciait pas et qu'elle classait dans la catégorie des mauvais Aurors comme Teddy Furtinus. La manière dont il avait traité l'affaire Longwood lui restait encore en travers de la gorge. Enfin, l'avantage était qu'elle n'aurait pas à former Keller, elle n'était pas encore assez expérimentée pour cela et tant mieux. Former des Aspirants l'intéresserait, même si elle ne se sentait pas du tout prête et ne savait pas si elle pourrait en être capable, mais des Aspirants comme Willa, ou Amely Weaver. Pas comme Keller. Et puis elle était très bien avec Seamus, ils formaient une bonne équipe et s'entendaient très bien. Elle adorait bosser avec lui et avait envie de continuer pour le moment. Elle avait apprécié ses quelques mois avec Mika mais elle préférait Seamus. Ils mangeaient les même brownies en plus, alors ils partageaient. C'était l'assurance d'un bon duo, tout à fait !

Elle entendit Stormborn grogner à coté d'elle et acquiesça silencieusement. L'éducation que j'ai reçu, en insistant bien sur le "j'ai". Comme si eux étaient mal éduqués. C'était bien un truc de Sang-Pur, ça, une telle arrogance. Enfin, de la plupart des Sang-Pur, corrigea-t-elle avec une pensée pour Eliott. Mais c'était quelque chose de terriblement présent chez ces gens-là, l'arrogance et le mépris pour eux, pauvre petite masse populaire qui n'avait aucune manières. La populace, ce n'était vraiment plus ce que c'était, n'est-ce pas Keller ? songea Charlotte en reculait sur sa chaise. C'est sûr que tout le monde ne vivait pas au Moyen-Age ici avec des mariages arrangés ou que savait-elle entre Sang-Pur et des principes furieusement rétrogrades. Ils vivaient encore avec leurs principes d'antan comme si la société n'avait pas changé depuis le 19ème siècle et ils étaient persuadés d'être au dessus de la masse. Ils vivaient de rentes et elle était certaine que si beaucoup de Sang-Pur se retrouvaient dans les hautes sphères du Ministère, c'était uniquement par piston et pas grâce à la qualité de leur travail. Pourquoi favoriser une classe soit-disant supérieure qui n'apportait rien à la société ? C'était injuste. Keller n'avait rien de plus qu'eux tous, il était juste né avec une cuillère en argent dans la bouche. Il avait dix-sept ans et ne connaissait rien à la vie mais il se permettait quand même de les prendre de haut. Ce n'est pas comme cela qu'il allait s'intégrer, un fils de Mangemort qui se croyait supérieur dans un bureau d'Aurors issus souvent de la classe moyenne. Tant mieux. Cela lui remettrait les idées en place.

Elle griffonna les défauts et qualités de Keller sur son parchemin par acquis de conscience, c'était les première notes qu'elle prenait depuis le début de l'entretien. Elle était partie très rapidement sur une mauvaise impression et n'arrivait pas à s'en défaire. Pour elle de toute manière, c'était non, elle voterait contre. Elle n'était pas seule à décider certes mais son vote serait nom. Ce qui l'embêtait, c'est qu'elle n'avait rien d'objectif pour argumenter et pour justifier son refus. Elle n'allait quand même pas dire que sa tête ne lui revenait pas, si ? Elle ne savait pas pourquoi mais elle le trouvait louche, voilà tout. C'était instinctif mais l'instinct ne se justifiait pas. Stormborn semblait la comprendre mais c'est lui qui l'avait formée aussi, il était assez normal que leurs avis se recoupent. Et même dans les choses qu'elle pouvait contester, ce n'était que du pinaillage. Elle pouvait dire que la détermination n'était pas un défaut ou qu'il se donnait un air en affirmant qu'il était trop gentil. Trop gentil, ce n'était pas ça. Il mentait, se donnait un style et cela l'agaçait. Facile à vivre, une qualité ? Certes, mais ce n'était pas cela qui aidait à rentrer au BDA. "Coucou, je m'appelle Ulrich Keller et je veux bien vous faire vos cafés avec le sourire !" Il l'agaçait, il avait quelque chose de louche, quelque chose qu'elle n'arrivait pas à comprendre et le fait de ne pas arriver à mettre le doigt dessus l'irritait. C'était comme avoir un mot sur le bout de la langue sans pour autant le retrouver.

- C'est parfait, répondit-elle avec un sourire faussement aimable.

Elle n'en laissa rien paraître mais elle avait un début d'information et elle se renseignerait sur ce qui s'était passé avec le Capitaine. Elle devait trouver qui il était, ce qu'il faisait... Dommage qu'elle n'ait pas accès à son dossier scolaire. Soit le Capitaine en question éait fou, soit elle pourrait avoir des infos sur Keller, des infos qui l'aiderait dans ses interrogations, soit elle devenait complètement paranoïaque, elle ne savait pas vraiment. Les trois solutions étaient possibles, à vrai dire, même - et surtout - la troisième. Peut-être qu'elle faisait de la déformation professionnelle, qu'elle voyait le mal partout, que Stormborn déteignait sur elle. D'ailleurs, ce dernier semblait bien décidé à passer l'attaque. Son formateur était toujours très agressif en entretien ou en audition, il soumettait les gens au stress, pour voir leurs réactions; Elle avait été persuadée d'avoir échoué à cause de lui.

- Les gens ont souvent envie de vous traiter de fou furieux, Monsieur Keller ? J'avoue que je les comprend un peu, c'est des envie que j'ai aussi en croisant des gamins de Mangemorts, les tares se transmettent dans les gènes, c'est bien connu.

Charlotte lança un léger coup d’œil à Stormborn, surprise et choquée. Elle s'était attendue à de la provocation, mais pas à tant de violence. Elle ne tourna pas la tête pour ne pas montrer sa réaction à Keller mais tout de même ! Il y avait mettre le candidat en situation de stress et être insultant. Quoique, cela pouvait peut-être faire ressortir certains cotés de Keller, genre "je suis un fou furieux qui tente se maitriser en jouant au gendre idéal".

- Vous croyez qu'en venant ici, vous pourrez absoudre les actes de votre famille ? Vous nous avez pris pour quoi, le Bureau du Salut ? Un Auror gamin de Mangemort ? Mais bien sûr ! Vous pourrez leur donner des conseils sur comment survivre à Azkaban, votre famille connait bien, on aura pas besoin de vous faire visiter !

Stormborn vrilla son regard dans celui de Keller et Charlie se força à ne pas bouger.

- Vous voyez, y'a bien un truc que j'ai appris dans ma carrière : un gamin traumatisé ne devient jamais quelqu'un de normal. Vous pouvez toujours vous cacher derrière vos manières de dandy mais cela ne changera rien au fait que vous êtes le fils d'un dégénéré qui aimait lécher les pieds d'un taré.

Cette fois-ci, Charlotte tourna clairement la tête vers Stormborn et elle entendit le Commandant se racler la gorge. Au moins, c'était radical comme technique de stress, Stormborn n'aurait pas pu faire mieux. Elle reporta son attention sur Keller, sans contester les mots de Stormborn. Ce n'était pas la méthode qu'elle aurait employé mais si Stormborn la jugeait efficace...