-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Jeune talent et vieux mécène [Amelia]

Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Jeune talent et vieux mécène [Amelia] Icon_minitimeDim 16 Juin 2013 - 15:46
19 juin 2007

Quelques traits rouges vinrent meurtrir le parchemin délicat sur lequel avait été rédigé à grands soins le discours d'inauguration du nouveau Centre d'insertion des loups-garous de Norwich, que Leopold devait prononcer le soir même. Les sourcils froncés, les doigts crispés sur son stylo, le directeur corrigeait, barrait et raturait sans remords le brouillon fait par l'un de ses assistants, qui avait fait preuve d'un lyrisme qui ne seyait guère à la sobriété de l'évènement. La construction de ce centre avait été tellement controversée et politisée, entre partis politiques divisés et habitants indignés, qu'il avait fallu de longues années pour que son ouverture soit enfin possible. Leopold ne tenait pas à mettre le feu aux poudres le jour de l'inauguration en ayant un discours trop militant, bien que sa position en faveur de l'insertion des loups-garous soit de notoriété publique depuis bien longtemps. Hélas, il fallait souvent composer avec les peurs des gens lorsqu'il s'agissait de rapprocher monsieur et madame tout le monde des créatures magiques qui peuplaient ce monde... Une soirée compliquée l'attendait, entre ronds-de-jambes, coupes de champagne et conversations où chaque mot serait pesé. Et le lendemain ne serait pas mieux, puisqu'il aurait à affronter le fameux Monsieur Dupont, le français insupportable dont il avait déjà décalé le rendez-vous une première fois...

*Vivement le week-end*, songea-t-il en rectifiant une faute d'orthographe avec une grimace. Ce n'était pas parce que ce discours ne serait lu que par lui que l'on pouvait se permettre de martyriser la langue anglaise ! Était-il le seul à savoir écrire dans ce foutu département ? Peut-être que le MIM n'avait pas tort avec ses cours moldus. Quelques cours d'anglais, de calcul ou d'histoire moldue ne feraient pas de mal aux jeunes générations... Il était en train de mettre le point final à son discours quand sa secrétaire, Josie, frappa quelques coups à la porte et passa sa tête joviale par l'ouverture.

"Monsieur Marchebank, voici Miss Pevensie !"

Redressant la tête, Leopold fronça les sourcils en tentant vainement de se rappeler qui pouvait bien être miss Pevensie. Il ne se rappelait pas avoir pris de rendez-vous cette après-midi, car il savait qu'il aurait ce discours à préparer et son contrat pour monsieur Dupont à finaliser...

"Miss Pevensie...", finit-il par répéter, une interrogation dans la voix.

"L'artiste qui vient vous livrer son tableau", précisa Josie avec indulgence.

Le visage de Leopold s'illumina alors qu'il se rappelait enfin de la jeune artiste dont Adonis lui avait parlé. Parfait, voici un peu d'animation dans une journée bien trop sérieuse ! Il était fort curieux de rencontrer cette jeune femme qui semblait avoir attiré l'attention de son jeune collaborateur.

"Ah ! Très bien, parfait, faites-la entrer !"

Abandonnant avec plaisir son discours, Leopold se redressa et rajusta la veste de son costume moldu. Il passa une main dans ses cheveux pour les mettre en ordre et se tourna vers la porte quand il l'entendit s'ouvrir à nouveau.

"Miss Pevensie, bonjour !", lança-t-il d'un ton avenant. "Entrez, entrez donc !"
Amelia Pevensie
Amelia PevensieAncien personnage
Messages : 132
Profil Académie Waverly
Jeune talent et vieux mécène [Amelia] Icon_minitimeMar 25 Juin 2013 - 22:35
Amelia recula de quelques pas, poussant un dernier soupir. Elle avait fini. Elle n'était pas sûre de le faire, pour être honnête. Avec son hospitalisation, elle avait été assez faible durant quelques jours et avaient perdu de précieuses heures à passer sur son tableau. Et Adonis avait été très clair: Mr Marchbank avait absolument besoin de son tableau au plus tard le 19 juin. Et le 19 juin… on y était. Depuis environ deux heures. Elle avait presque jeté Adonis en dehors de chez elle pour la finir, d'ailleurs. Elle avait énormément de mal à peindre quand il était dans les parages, elle était à chaque fois obligée d'attendre qu'il parte, ce qui lui faisait perdre encore plus de temps. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle n'y arrivait pas. Peindre devant Liu ne lui avait jamais posé de problème, peindre devant ses amis non plus…
Et puis la petite voix qui lui chuchotait que c'était parce qu'elle n'était pas à l'aise avec Adonis, elle la faisait taire.
Elle se sentait bien avec Adonis, quand elle oubliait la petite lueur qu'elle croyait parfois voir briller dans ses yeux, qui lui faisait presque peur. Quand elle oubliait le fait qu'il semblait presque jouer avec elle. Parce qu'elle ne voulait pas le voir. Elle ne voulait pas être méfiante, pour une fois, elle voulait juste se laisser aller, et voir où ça la mènerait.
Nulle part. Tu vas juste te brûler les ailes.
Elle détestait ça. Quand une petite voix dans son esprit, la voix de son frère, lui renvoyait à la figure tout ce qu'elle voulait ignorer.
 
Elle se passa une main lasse sur les yeux, jetant un dernier regard à sa toile avant de la recouvrir d'un drap, laissant l'empaquetage au lendemain matin. Elle était trop, beaucoup trop fatiguée pour s'occuper de cela maintenant.
Alors, sans même se changer, sans même retirer sa blouse encore tâchée de peinture, elle s'effondra dans son lit et plongea aussitôt dans un sommeil sans rêve.
Elle avait encore le temps, le lendemain, de se préoccuper de tout ça.
 
A onze heures précises, Amelia frappa à la porte du département de contrôle et de régulation des créatures magiques. Elle avait fait un effort vestimentaire, remplaçant son T-shirt et son jean élimé par une chemise blanche et un pantalon noir. Oui, elle n'était pas conviée à un grand dîner ou à quoi que ce soit d'un peu officiel, mais elle tenait néanmoins à faire bonne impression. Toujours faire bonne impression. Toujours donner l'impression d'être plus assuré qu'on ne l'était réellement. Toujours faire croire, toujours paraître. C'était ce qu'elle avait appris très jeune, et qu'elle essayait toujours de mettre en œuvre. Avec plus ou moins de succès en fonction des situations.
Alors elle plaqua un sourire sur son visage, et s'introduisit très poliment auprès de la secrétaire, une femme d'âge mûr, nommée Josie si on en croyait le badge agrafé sur le revers de sa veste de tailleur. Alors qu'elle vérifiait avec un air sérieux si son nom se trouvait sur la liste prévue, Amelia laissa voguer quelques instants son regard sur la pièce qui l'entourait. Si le bureau de Mr Marchbanks avait les mêmes murs nus, elle comprenait aisément qu'il veuille un tableau pour égayer quelque peu son intérieur. Amelia n'avait jamais aimé les murs blancs, de toute manière. Elle finissait toujours par peindre des idéogrammes dessus, de toute manière, donc ils ne le restaient jamais longtemps, mais le blanc était une couleur – ou plutôt non, même pas une couleur, une "sensation visuelle" comme disait son frère – qui avait le don de la mettre mal à l'aise quand elle était présente seule. Un vestige de son éducation chinoise, sans doute, qui présentait le blanc comme la couleur du deuil.
 
En tout cas, elle fut ravie de pouvoir quitter la pièce, accueillie par la voix affable de l'homme qui était sans nul doute Léopold Marchbank. Elle lui offrit un grand sourire, lui tendant la main afin de la serrer.
 
" Mr Marchbank, je suis désolée du temps que vous avez dû attendre pour que la toile soit enfin finie. J'espère néanmoins qu'elle va vous plaire. "
 
Elle la déposa délicatement sur le bureau, à un endroit qu'elle avait remarqué comme étant vide. Avec adresse et habitude, Amelia défit les nœuds de la corde qui maintenant le tissu protégeant son œuvre en place, avant de la découvrir complètement.
 
" Alors, vous satisfait-elle pleinement? "
 
Elle, en tout cas, en était satisfaite. Oui, elle avait fini à St-Mangouste en la peignant. Oui, elle avait dû adapter un peu tout ce qu'elle avait prévu à cause d'un sortilège qui n'avait pas marché de la manière prévue. Mais elle en était fière. La femme s'élevait, de dos, royale et impénétrable dans son lourd manteau de fourrure, face à une coiffeuse ornée d'un grand miroir. Tout autour, on voyait des choses bouger. Un chat gris passait dans les rideaux, les faisant bouger, une femme rangeait des objets à l'arrière-plan, avant de disparaitre par une petite porte. Le vent faisait même bouger ses cheveux, mais elle restait totalement immobile. Semblant dédaigner le monde qui l'entourait, les hommes qui la regardaient.
Elle était au-dessus de tout.

Même au-dessus d'elle, qui pourtant l'avait peinte.


Jeune talent et vieux mécène [Amelia] 1260124signa
Britt Robertson, Kit par Daisy ♥
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Jeune talent et vieux mécène [Amelia] Icon_minitimeMar 9 Juil 2013 - 15:49
"Ne vous en faites pas pour le délai", répondit Leopold d'un ton avenant.

Leopold observa avec attention la jeune femme qui avançait vers son bureau, et lui donna une ferme poignée de main. Il apprécia son sourire lumineux et son apparence soignée, et décida de suite qu'elle lui plaisait. Restait maintenant à savoir s'il en serait de même de son tableau, dont Adonis lui avait chanté les louanges. Il attendit avec une impatience contenue que la peintre détache les noeuds de la corde qui maintenait le tissu, découvrant ainsi son oeuvre. Leopold resta silencieux une longue minute, à observer la femme qui occupait le centre du tableau, le visage impénétrable. Adonis ne s'était pas trompé en lui recommandant cette artiste, il y avait véritablement quelque chose de spécial dans son oeuvre. Son regard resta longtemps fixé sur la femme à l'élégance altière, fasciné par ce personnage distant et inaccessible, avant de parcourir les petits détails du tableau. Le vent dans ses cheveux, l'ombre du chat dans les rideaux, la femme en arrière-plan... On aurait presque dit qu'elle avait été peinte pour lui. Leopold aimait l'impression que dégageait cette peinture. C'était pour cela qu'il aimait tant l'art, car rien ne le faisait vibrer autant qu'une belle oeuvre d'art, aucun des petits plaisirs de l'existence.

Un sourire sincère, comme il en esquissait rarement, vint détendre les traits de son visage et il redressa la tête pour observer son interlocutrice. Elle lui semblait si jeune, et pourtant son oeuvre dégageait une certaine maturité. Elle n'était pas vide, lisse et convenue comme c'était si souvent le cas chez les jeunes artistes, et cela intrigua Leopold. Quelle était l'histoire de cette jeune fille ?

"Monsieur Greengrass a eu l'oeil avisé en repérant votre oeuvre, c'est époustouflant. Exactement ce que je recherchais. Ce tableau sera parfait sur le mur face à mon bureau", dit-il en indiquant l'emplacement.

Le directeur hésita un instant, avant de se laisser tenter. Il glissa la main dans la poche de son pantalon et en sortit sa baguette magique, qu'il sentit frémir sous sa peau. Sentant son pouls s'accélérer, Leopold prit une profonde inspiration et se concentra. Cela irait, il n'avait pas pratiqué la magie de la journée, et il pouvait lancer un sort par jour sans trop de douleurs ni difficultés. Et puis Amelia avait bien gagné le droit de voir sa peinture à l'endroit où elle serait exposée...

"Levicorpus !"

Une grimace étira furtivement ses traits tandis qu'il sentait sa poitrine se comprimer sous l'effort, mais il oublia bien vite ce désagrément face à la vue du tableau qui s'élevait pour rejoindre le mur d'en face, où il se fixa aux crochets que Leopold avait fait préalablement installer. Après un dernier coup de baguette pour le rendre droit, il poussa un soupir de satisfaction et engloba son bureau d'un regard ravi. Le tableau sur le mur beige, l'aquarium dans le coin à droite, la grande bibliothèque sur le mur de gauche et le bureau sous la large fenêtre...C'était parfait.

"Magnifique", commenta-t-il en hochant la tête. "Vous avez beaucoup de talent, mademoiselle Pevensie. Vos oeuvres sont-elles exposées dans une galerie londonienne ? Je me ferais un plaisir de la visiter à l'occasion. Une seconde peinture pour mon domicile ne serait pas de trop, d'ailleurs..."

Regagnant son fauteuil, il indiqua à Amelia le siège qui lui faisait face et attrapa une feuille de parchemin dans un des tiroirs ainsi que son plus beau stylo. Après avoir griffonné quelques instants, il apposa sa signature toute en courbes puis reporta son attention sur son interlocutrice.

"Voilà pour vous !", s'exclama-t-il en tendant une enveloppe de parchemin qui contenait un ordre de virement. "JOSIE ?"

La porte s'ouvrit sur le visage affable de sa secrétaire, qu'il invita à entrer d'un geste de main.

"Servez donc quelque chose à boire à mon invitée, voulez-vous.

Pendant que Josie s'affairait, prenant commande auprès d'Amelia, Leopold dévisagea ouvertement son interlocutrice, curieux. Leopold se trompait peut-être mais il avait l'impression d'avoir trouvé un jeune talent fort prometteur, qui se ferait probablement connaître dans les années à venir. Si c'était le cas, il avait bien l'intention de devenir son plus fidèle soutien avant que le monde de l'art ne s'en empare...

"Alors, dites-moi, quel âge avez-vous ? Vingt-deux, vingt-trois ans, j'imagine ? Comment une artiste si jeune parvient-elle déjà à peindre des tableaux si accomplis ? Où avez-vous appris ? Merci, Josie."

Leopold attrapa le verre de Ragnarov que venait de lui servir sa secrétaire avant de quitter la pièce, et interrogea la jeune femme du regard.
Amelia Pevensie
Amelia PevensieAncien personnage
Messages : 132
Profil Académie Waverly
Jeune talent et vieux mécène [Amelia] Icon_minitimeDim 21 Juil 2013 - 15:06
Elle s'était reculée de quelques pas, le laissant admirer à sa guise ce qu'il avait acheté sans l'avoir jamais vu. C'était le moment décisif. Soit il aimait, adorait, et tout allait bien… Soit il détestait. Et encore, elle préférait largement qu'on déteste son œuvre, ce qui montrait qu'elle avait réussi à exprimer quelque chose, plutôt qu'on lui inflige une pâle indifférence, un petit mot et un sourire de circonstance.
Et le visage de Mr Marchbanks restait impénétrable, le regard fixé sur sa toile. Impossible de savoir ce qu'il en pensait, impossible d'avoir un jugement, impossible d'être sûre et certaine qu'il n'était pas déçu, pas furieux d'avoir acheté quelque chose qui ne lui plaisait pas…
Et cela, elle ne voulait pas, même si elle n'avait aucune prise sur ses sentiments, ses émotions, ses ressentis face à cette toile qu'elle avait mis tant de temps à achever, dans laquelle elle s'était complètement immergée durant plusieurs semaines. Elle avait mis tellement d'elle dans cette œuvre que la voir partir chez un homme qui ne l'apprécierait pas, qui la regarderait simplement comme un joli bibelot, sans voir au moins en partie ce qu'elle y voyait lui serait très difficile. Même si elle n'avait pas tellement le choix.

Mais le sourire qu'il lui offrit finalement la rassura. C'était un sourire sincère, un sourire simple et content, un sourire qui lui montrait qu'il voyait, qu'il comprenait, d'une certaine manière, l'étrange fascination que cette femme devait avoir sur ceux qui la regardaient. Et ces mots la rassurèrent. Il l'aimait, cette toile, il l'appréciait. Et Amelia sentit en elle quelque chose se relâcher, s'apercevant seulement à présent que quelque chose en elle retenait son souffle en attendant son jugement.
Et lorsque la toile s'éleva pour rejoindre le mur, elle ne put qu'acquiescer à ses paroles, un léger sourire aux lèvres. Elle était à sa place, cette grande toile, dans ce bureau lumineux. C'était comme si elle avait été créée pour être placée à cet endroit-là, d'une certaine manière.
Inclinant la tête en guise de remerciement lorsqu'il lui désigna le fauteuil en face de son bureau, elle répondit à sa question avec un léger sourire:

" Je possède une galerie à Bristol, que vous pouvez atteindre aussi bien du côté moldu que du côté sorcier. Elle se trouve dans la rue principale du quartier sorcier, vous ne pouvez pas vraiment la manquer! "

La galerie, c'était un cadeau de ses parents. Elle s'était jeté à corps perdu dans son aventure à Londres, mais son père avait obstinément refusé qu'elle jette tout l'argent qu'elle avait pu gagner en Chine dans une aventure dont elle n'avait aucune idée de si elle allait réussir. Même si elle gardait des contacts en Asie et continuait à y vendre des toiles, même si elle avait déjà amassé un peu d'argent pour ne pas se retrouver immédiatement à la rue, son père avait opposé un véto catégorique et avait tenu à payer la moitié. Et sa mère avait suivi, sans doute pour se faire pardonner de ne pas avoir cru en elle, des années auparavant.
Et c'était la sienne. Sa galerie, son chez-soi, son petit refuge. En Chine, elle faisait les salons, les réceptions mondaines, n'avait qu'une petite pièce dans son appartement pour tout entreposer. Ici, elle avait tellement plus.

" Je serais ravie de vous compter parmi mes prochains visiteurs, Mr Marchbanks. "

Elle attrapa avec un remerciement l'enveloppe qu'il lui tendait, avant de la ranger dans sa sacoche en toile qu'elle avait déposée au sol, ne manquant pas de sentir son regard curieux, légèrement inquisiteur se poser sur elle. L'entrée de Josie, à qui il demanda de leur servir quelque chose à boire, servit de diversion, mais elle pouvait toujours sentir ses yeux sombres sur elle.

" Vous êtes sûre de ne vouloir que de l'eau? "
" Vous êtes très aimable, mais j'ai tendance à ne boire que de l'eau ou du thé, alors ce sera parfait. "

Elle avait totalement arrêté l'alcool après une soirée assez humiliante lorsqu'elle avait vingt ans, n'en buvant que lorsqu'elle n'avait absolument pas le choix de faire autrement. Alors l'eau, c'était parfait.
Remerciant Josie d'un sourire, elle se tourna vers Léopold lorsqu'il reprit la parole pour lui poser de nombreuses questions.
Elle prit une légère gorgée d'eau en souriant, avant de répondre avec un air amusé:

" Vous me flattez, à me rajeunir. J'ai vingt-cinq ans, en réalité. "

En Chine aussi, ils avaient tendance à la croire plus jeune qu'elle ne l'était réellement, mais pour eux c'était surtout parce qu'elle était occidentale, au milieu de chinois. Et sa deuxième question la fit légèrement rougir, par le compliment sous-entendu qu'elle contenait. Elle ne considérait pas vraiment ses toiles comme abouties, comme exceptionnelles ou quoi que ce soit. Elle en était fière, oui. Elle les aimait, parce qu'elles représentaient quelque chose pour elle. Mais elle savait qu'il y avait mieux que ce qu'elle faisait, beaucoup mieux par d'autres. Elle admirait les artistes du passé, comme Picasso, comme Kandinsky, qui avaient réussi à se débarrasser de tous les carcans de la peinture traditionnelle pour aller vers quelque chose de nouveau. Elle ne pensait pas faire cela. Elle se rappellait toujours de ce professeur de l'Académie des Arts Magiques, qui lui avait dit, lorsqu'elle n'avait encore que dix-sept ans, qu'elle avait la capacité de faire bouger tout ce qui était établi en art magique. Mais elle n'avait même pas trente ans, était une inconnue dans son pays d'origine, et n'avait pas la sensation de changer quoi que ce soit. Alors, qui croire?
Cette voix externe, qui lui disait qu'elle le pouvait, ou sa conscience, qui lui chuchotait qu'elle n'était encore qu'une petite fille qui s'amusait avec des toiles et de la peinture, le tout assaisonné d'un peu de magie?

" J'ai toujours peint, depuis mon enfance, ça explique sans doute beaucoup de choses. Après… je suis autodidacte, pour ce qui concerne l'art magique. J'ai fréquenté l'école des Beaux-Arts de Pékin pendant quatre ans, et j'ai eu la chance de pouvoir faire des études moldues tout en continuant à travailler sur mes toiles magiques. "

Elle avait été immensément chanceuse, elle le savait. D'avoir des gens qui lui avaient fait confiance, des gens qui l'avaient soutenue, des gens qui avaient cru en elle alors qu'elle n'était qu'une ado, un peu paumée après le 2 mai, trop méfiante, trop étrange.
Tout le monde n'avait pas cette chance.

" Après, quitte à savoir si mes toiles sont abouties… Je pense que c'est plus à vous qu'à moi de juger, je n'ai pas assez de recul pour le faire. "

Elle reprit une gorgée d'eau pour se redonner une contenance. C'était vrai qu'il était plus à même d'exprimer un jugement qu'elle. Il était son aîné, d'au moins quinze ans, avait vu beaucoup plus de chose qu'elle, avait un jugement beaucoup plus sûr que le sien.
S'il disait qu'elles étaient abouties, c'est qu'elles devaient l'être, d'une manière ou d'une autre. Même si Amelia en doutait fort.


Jeune talent et vieux mécène [Amelia] 1260124signa
Britt Robertson, Kit par Daisy ♥
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Jeune talent et vieux mécène [Amelia] Icon_minitimeVen 9 Aoû 2013 - 16:59
"Vous ne buvez jamais d'alcool ?", interrogea Leopold tandis que sa secrétaire quittait le bureau. Il médita un instant sur cette information tandis que la conversation se poursuivait. Cette Amelia semblait être une personne bien sous tous rapports, et il semblait difficile à première vue de trouver quoi que ce soit à lui reprocher. Jeune et jolie, elle présentait bien et se montrait polie et courtoise, elle avait du talent, qu'elle avait cultivé elle-même, et n'avait aucuns défauts apparents. Cela éveillait sans aucun doute la curiosité de Leopold, qui se demanda si la personne qu'il avait en face de lui était réellement aussi convenable qu'elle en avait l'air ou s'il y avait des petits secrets à débusquer. Probablement, tout le monde avait des faiblesses et des mystères, restait à savoir lesquels. Comme elle le reprenait sur son âge, il la dévisagea avec un air ouvertement incrédule.

"Vingt-cinq ans, réellement ? C'est le plus bel âge", commenta-t-il avec un sourire sibyllin. "Profitez-en, ces années s'écoulent bien trop vite... Avez-vous un petit-ami, un fiancé peut-être ? A votre âge, j'aurais adoré rencontrer une jeune femme belle et artiste telle que vous."

Son sourire s'accentua légèrement, comme il cherchait à savoir de quel bois elle était faite. Était-elle aussi prude qu'elle en avait l'air ? Sa question la rendrait-elle rougissante, indignée, ou indifférente ? C'était toujours révélateur de la personnalité de quelqu'un que de savoir comment il réagissait face à une remarque légèrement déplacée. Oh, il en avait rencontré, de belles et jeunes artistes, par le passé. A Vingt-cinq ans, Leopold était à Vienne, échappant aux mangemorts en Autriche, fuyant l'ennui dans les bras des femmes... Mais cela ne le passionnait guère, à vrai dire. A vingt-cinq ans, Leopold trouvait la vie bien moins intéressante qu'à cinquante-cinq, à la tête du Département le plus intéressant du Ministère - à ses yeux du moins.

"Je viendrai visiter votre galerie la prochaine fois que je vais boire un verre à Bristol. Je pourrai ainsi en juger", répondit-il alors qu'elle discutait le caractère abouti ou non de ses toiles. C'était un fait que Leopold appréciait énormément celle qu'il avait commandé, mais il ne pouvait juger le travail de l'artiste dans son ensemble en se basant sur un unique tableau. Si la galerie se montrait à la hauteur de cet avant-goût, Leopold se ferait un plaisir d'agrémenter les murs de son manoir avec une autre oeuvre.

"Vous avez étudié à Pékin, ainsi donc ? J'imagine que vous avez dû voir des choses fascinantes. Parlez-moi donc du mode de vie sorcier des chinois, est-ce très différent de l'Angleterre ? Depuis quand êtes-vous de retour au pays ?"

Nul besoin de lui demander de confirmer son origine, sa blondeur et les traits de son visage la trahissaient. Leopold finit son verre de Ragnarov d'un trait et attrapa son paquet de chewing-gum, en portant un à sa bouche, se détendant légèrement tandis que la fraicheur de la menthe lui envahissait le palais. Reportant son attention sur Amelia, il la regarda avec curiosité. Leopold avait toujours aimé entendre les récits des sorciers qui avaient voyagé. Il y avait tellement de façon de pratiquer la magie à travers le monde...
Amelia Pevensie
Amelia PevensieAncien personnage
Messages : 132
Profil Académie Waverly
Jeune talent et vieux mécène [Amelia] Icon_minitimeMar 13 Aoû 2013 - 11:32
Elle grimaça à la question, avant de secouer la tête. Elle ne buvait plus d'alcool depuis ses vingt ans, ce que les gens autour d'elle avait tendance à trouver aberrant. Li Wei disait même que si elle continuait ainsi, elle allait finir par ne plus savoir comment s'amuser. Mais depuis cette soirée de nouvel an, où elle avait été avec Liu, où elle ne se rappelait absolument pas de ce qu'elle avait fait, elle avait pris la grande résolution de ne plus boire d'alcool lorsqu'elle n'y était pas obligée. Elle ne savait pas tellement ce qui avait été le plus humiliant: perdre complètement la tête alors qu'elle avait finalement très peu bu, ou bien entendre tout ce qu'elle avait fait le lendemain matin, de la bouche d'une Li Wei goguenarde et d'un Liu extrêmement gêné.

" Disons… que je ne tiens pas très bien l'alcool et que j'ai déjà eu quelques mauvaises expériences. "

Elle n'avait strictement aucune envie de vivre cela de nouveau, merci beaucoup. Alors elle avait pris des mesures drastiques, que les gens autour d'elle trouvait souvent exagérées. Mais bon, on n'était jamais trop prudent.
Lui ne semblait pas tellement s'en soucier, à la vue du verre d'alcool qui avait à la main. Elle savait que ce n'était pas avec un verre qu'elle risquait de dévoiler tous ses secrets les plus profonds, mais la prudence était une vertu qu'Amelia avait tendance à pousser à l'extrême. Trop, selon ses amis, qui qualifiaient plus cela de la méfiance que de la prudence.
C'est pourquoi, lors de la question qui suivit, Amelia se tendit légèrement, avant de se morigéner mentalement. Ce n'était qu'une question innocente, de la part d'un homme plus âgé envers une femme assez jeune pour être sa fille, une question un peu paternaliste mais qui n'avait rien à voir avec quelque chose d'autre, quoi que cela puisse être.

" J'ai été fiancée. Pendant sept ans. Et maintenant… C'est fini. Je ne pouvais plus rester avec lui. "

Une explication simple, à un évènement tellement plus important. Elle baissa brièvement son regard vers sa main gauche, l'ouvrant et la fermant de manière nerveuse. Elle ne ressentait plus l'absence criante de sa bague de fiançailles, mais parfois encore elle avait la surprise de ne pas la voir à son doigt, alors qu'elle s'attendait à l'y trouver. Elle releva la tête, eut un pâle sourire et haussa les épaules. C'était le passé, Liu était le passé. Elle avait le reste de sa vie devant elle.
Elle s'arrêta là, ne préférant pas s'aventurer sur le terrain de sa relation avec Adonis. C'était trop récent, trop étrange de parler de lui, d'une certaine manière. Elle n'avait pas honte, mais elle n'avait pas du tout envie de parler de cela avec un homme qu'elle ne connaissait pas, aussi sympathique puisse-t-il avoir l'air.
Elle décida sciemment d'ignorer la deuxième partie de sa phrase, à l'éclipser de son cerveau pour éviter que ses joues ne deviennent rouges écrevisses. C'était un simple compliment, une flatterie, rien de plus.

" Vous êtes toujours le bienvenu, Mr Marchbank. "

Elle appréciait de voir d'anciens clients revenir, d'anciens acheteurs, d'anciens artistes. En Chine, quelques-uns revenaient toujours vers elle, sans toutefois forcément lui acheter de toiles, simplement pour discuter avec elle, pour avoir son avis sur d'autres artistes, pour lui présenter parfois certaines de leurs connaissances.
S'ils revenaient, cela voulait dire qu'ils étaient satisfaits, non?

Elle resta quelques instants plongées dans ses pensées lorsqu'il évoqua la Chine, et tiqua sur l'appellation "retour au pays." Pouvait-elle réellement dire qu'elle rentrait au "pays", alors qu'elle avait passé la majorité de sa vie en Chine? Oui, elle avait l'air d'une anglaise, avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus, mais elle ne se ressentait plus tellement comme appartenant à l'Angleterre. Elle y avait passé une enfance qui n'avait pas été particulièrement heureuse, elle y avait vécu la guerre, alors qu'en Chine c'était la paix, c'était ses amis, c'était l'endroit où on l'avait acceptée telle qu'elle était.

" Je suis partie d'Angleterre lorsque j'avais treize ans et je suis revenue en Avril dernier. "

Elle resta quelques secondes de plus les yeux dans le vagues, se rappelant l'Allée Rouge sur laquelle se trouvait son petit appartement, le grand Ministère de la Magie, son école dans la campagne dans les environs de Pékin, tout ce qu'elle avait pu apprendre….

" C'est… ce n'est absolument pas comparable avec l'Europe. Ici, on impose un enseignement global, avec quelques options. En Chine, comme la population sorcière est beaucoup plus importante, les petits sont tous à l'école dès leurs six ans. Après, en fonction de leurs résultats, ils intègrent d'autres écoles qui leurs dispensent un enseignement plus ou moins poussé en fonction de leurs capacités. Après, leurs qu'ils ont quatorze ans, ils ont le choix entre plusieurs autres écoles qui dispensent chacune un enseignement spécialisé en fonction de leur projet de futur. "

Et même si on n'avait pas tellement d'idée de futur, comme elle à quatorze ans. Elle avait choisi ce qui l'intéressait, sans vraiment savoir ce qu'il y avait au bout.

" Le principe, c'est que chacun apprend ce qu'il a besoin de savoir, et que si on ne réussit pas étant enfant à entrer dans les bonnes écoles grâce aux bons résultats, il est totalement impossible de finir par entrer dans les meilleurs écoles en bout de parcours et donc d'avoir des postes intéressants. C'est un système extrèmement compétitif, et cela explique aussi que je ne connaisse pas tous les types de magies enseignés. "

Elle n'en connaissait qu'une infirme partie, elle le savait, la partie traditionelle qu'on voulait bien apprendre à des jeunes dont on ne connaissait pas encore la totalité des capacités. Si elle avait voulu continuer dans cette voix, elle aurait pu en apprendre beaucoup plus, elle aurait pu s'améliorer… Et elle serait restée en Chine.

" J'ai étudiée la magie traditionnelle, totalement différente de la magie européenne. C'est de la magie sans baguette, basée sur les idéogrammes, sur l'étude des forces de la nature… On nous apprend aussi un art martial magique que l'on pratique sans baguette après s'être plongé dans une sorte de transe… "

Elle secoua la tête. C'était des notions extrêmement compliquées, même pour ceux qui les avaient étudiés, et elle ne savait pas tellement comment les rendre compréhensibles pour quelqu'un qui n'avait jamais étudié ce type de magie-là.

" Je suis désolée, je ne suis pas très douée pour vulgariser des notions comme celles-ci, fit-elle avec un sourire d'excuse. Ensuite… la nature humaine est la même partout, je ne pense pas que les Chinois soient si différents des Anglais. Peut-être un peu plus protecteurs de leur culture, et aussi plus fermés, dans le sens où l'on ne sait jamais tellement ce qu'ils pensent. Et puis… d'une certaine manière, je me ressens plus comme étant chinoise que comme étant anglaise. "


Jeune talent et vieux mécène [Amelia] 1260124signa
Britt Robertson, Kit par Daisy ♥
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Jeune talent et vieux mécène [Amelia] Icon_minitimeDim 8 Sep 2013 - 11:30
Elle ne pouvait plus rester avec lui...en voilà une réponse lacunaire, songea Leopold en examinant son interlocutrice, légèrement perplexe. Sept ans avec quelqu'un que l'on aime, c'était extrêmement long aux yeux du sorcier. Si elle avait tenu sept années, pourquoi le mariage avait-il posé problème ? Leopold n'avait jamais aimé aucune femme pendant si longtemps. Oh, il aimait Meredith, d'une certaine façon, mais elle l'exaspérait ou l'indifférait bien souvent et la passion avait disparu dès les premiers temps de leur mariage. Il éprouvait de l'affection pour elle, très certainement, après tant d'années de vie commune, mais de là à parler d'amour... Il aimait Coraline, aussi, d'un amour fraternel et obsessionnel. Quant à ses amantes, aucune d'entre elle n'avait jamais réussi à susciter des sentiments suffisamment forts pour qu'il s'attarde auprès d'elles plus que quelques mois. Comme bien d'autres avant lui, Leopold en était donc venu à penser que l'amour était une illusion et le mariage une convention sociale fort pratique qui n'avait pas grand chose à voir avec les sentiments. Dans ces conditions, il ne voyait pas pourquoi Amelia n'aurait-elle pas pu rester avec lui, mais il ne lui en fit pas la remarque. Elle était probablement jeune et naïve, et avait tout le temps pour parvenir à la même conclusion que lui...

Le directeur écouta avec intérêt les explications d'Amelia sur le système éducatif chinois et les différents types de magie. Sa dernière remarque le fit sourire et il répondit :

"Je peux comprendre cela. J'ai moi-même des origines autrichiennes et je me sens plus proche de la culture et du mode de vie autrichien que de l'Angleterre. Parfois, souvent, même, je me dis que ce pays marche sur la tête et que ses habitants sont fous..."

Il secoua la tête avec amusement avant d'ajouter :

"Pourtant, je ne le quitterais pour rien au monde. On s'amuse beaucoup trop par ici."

Surtout depuis que les mardoliens avaient décidé de s'intéresser au vieux continent, conclut-il mentalement. Ce qui effrayait la plupart des sorciers le faisait jubiler, lui, car l'on avait rarement vu autant d'animation et de rebondissements dans les journaux depuis la fin de la guerre. Le ministère s'agitait, ce gros malin de Dalnox faisait le paon mais les rapports de force évoluaient imperceptiblement et nul doute que le paysage politique de leur pays n'avait pas fini de changer sous la pression mardolienne... Ce n'était cependant pas un sujet à aborder avec une jeune artiste qui, venant de passer la majeure partie de sa vie dans un pays lointain, se sentait probablement fort déconnectée de l'actualité britannique.

"Vous pourriez me faire une démonstration de magie traditionnelle ?", demanda-t-il finalement, une lueur brillant au fond de ses yeux. "Si c'est possible, bien entendu. Il se trouve que je suis atteint d'une sorte de maladie qui m'empêche d'utiliser pleinement mes capacités magiques, j'ai le plus grand mal à utiliser une baguette magique. J'y arrive mais cela me demande beaucoup d'efforts et j'ai souvent pensé à m'intéresser aux façons différentes qu'ont les étrangers d'utiliser et de canaliser la magie, dans l'espoir d'y trouver une solution à mon problème. Hélas, je ne l'ai jamais fais, par manque de temps et parce que la technologie moldue permet de remplacer bon nombre de sorts... Mais je serais curieux de voir cette magie à l'oeuvre..."

Leopold jeta un coup d'oeil pensif à sa baguette magique, la faisant tourner entre ses doigts. Le directeur n'éprouvait aucune honte quant à sa maladie, contrairement aux Cracmols qui en faisaient souvent toute une affaire. Il se moquait bien de ce que l'on pouvait dire dans son dos, car les portraits que l'on faisait de Mr Marchebank étaient généralement bien trop flatteur par rapport à sa nature profonde. De toute façon, il avait suffisamment de pouvoir, d'argent et de prestige pour rendre envieux bon nombre de sorciers... De plus, il avait appris à s'accommoder de son problème et avait été rassuré de voir qu'il ne l'avait transmis à aucun de ses enfants. Il n'en restait pas moins curieux, et espéra qu'Amelia lui répondre par l'affirmative, même si cette forme de magie avait l'air compliquée à expliquer et donc probablement à montrer.

"Pourquoi être revenue en Angleterre après tout ce temps, si ce n'est pas trop indiscret ?, l'interrogea-t-il à nouveau. "J'imagine que l'arrivée a dû être déconcertante, pour ne pas dire brutale..."
Amelia Pevensie
Amelia PevensieAncien personnage
Messages : 132
Profil Académie Waverly
Jeune talent et vieux mécène [Amelia] Icon_minitimeDim 15 Sep 2013 - 22:48
Elle se retint de hausser un sourcil lorsque le directeur lui répondit qu'on s'amusait bien trop en Angleterre pour la quitter. Elle ne voyait pas bien en quoi la situation anglais était drôle, à vrai dire. Elle en était assez déconnectée, ne connaissant que les bases de la politique sorcière, avait une vague idée des crises sociales sous-jacentes liée à la création de ce gouvernement pro-ouverture, avait eu vent de la menace mardolienne, sans vraiment l'associer à quoi que ce soit de tangible. Mais bon, ce qu'elle en savait ne se rapprochait pas tellement de sa définition d'amusant, ou de drôle.
Enfin, il devait avoir des raisons personnelles de penser cela, ce n'était en rien son problème. Il pensait ce qu'il voulait, s'il trouvait la situation actuelle drôle, c'était son histoire, même si Amelia ne comprenait pas vraiment pourquoi.
Elle trouvait l'Angleterre dingue, étrange, du fait de son éloignement si lointain. Voir des visages européens à tous les coins de rues lui avait fait étrange, au début. Entendre de l'anglais et non du chinois, voir les inscriptions en alphabet latin et non en idéogrammes… Rien que la manière que le gens utilisaient pour s'exprimer était différente. Et, grosse différence également, il s'agissait d'une démocratie. Le monde sorcier chinois était certes plus libre que le monde moldu, mais il restait très contrôlé, très élitiste au niveau des idées. Elle avait fréquenté les élites, les familles les plus favorisées, elle le savait. On se mélangeait peu, de toute manière, jamais elle n'avait eu de contact avec des élèves d'autres écoles, d'écoles moins bien classées ou réputées que la sienne.
Ça ne se faisait pas, c'était tout. On appréciait la place où l'on était, on travaillait pour atteindre une supérieure, et voilà.

Sa demande suivante la laissa légèrement surprise. La plupart du temps, les gens n'avait pas tellement d'intérêt pour la manière dont elle avait appris la magie en Chine, estimant que la manière enseignée en Europe était bien mieux, bien plus claire, bien plus simple… Quelque chose qu'elle trouvait stupide, mais contre quoi elle ne pouvait rien faire. Et même si la curiosité de Leopold Marchbank était intéressée, elle ne se retira pas comme elle aurait pu le faire autrement.
Elle se pencha, attrapant sa besace pour en sortir une feuille de papier blanc et son matériel d'écriture. Elle la déboucha d'un geste habitué, la déposant sur le bureau devant elle après avoir demandé si elle pouvait déplacer les quelques dossiers qu'il s'y trouvait. Attrapant son pinceau, elle expliqua d'une voix calme:

" Dans la culture traditionnelle chinoise, la magie est une énergie qui circule tout autour nous, et qui est rattaché à un centre à l'intérieur de nous-même. Le but est de trouver ce centre magique, et d'y puiser directement la magie. C'est ce qu'on fait lorsqu'on utilise la magie instinctive, par exemple. Ensuite, on la transmet à l'idéogramme qu'on est en train d'écrire, qui sert alors de stockage à un sort, si on peut dire cela comme ça. "

Elle se concentra quelques secondes, fermant les yeux. Pour elle, trouver ce centre était facile, c'était ce à quoi elle était entraînée depuis ses quatorze ans. On utilisait d'abord une transe, avant de passer directement au puisement d'énergie lorsqu'on devenait suffisamment expérimenté. Elle y arrivait pour les idéogrammes, qui était une sorte de magie passive, mais pas pour la magie active, les arts martiaux. Il fallait réussir à puiser sur cette source d'énergie de manière continue, sans trop en prendre d'un coup, sous risque de finir dans les pommes.
Elle l'atteint sans difficulté, plongeant son crayon dans l'encre avant de tracer d'une main assurée les quelques trais des idéogrammes. Ils se mirent légèrement à luire une fois qu'elle les eut terminés, prenant une légère couleur violette.
Elle releva la tête, refermant son pot d'encre et dit avec un léger sourire:

" Ce n'est pas très impressionnant, je sais. La même technique peut être utilisée pour attaquer ou se défendre physiquement, mais il faut un entraînement beaucoup plus poussé que celui que j'ai eu. "

Elle attendit quelques secondes que son encre sèche, avant de rouler la feuille et de la tendre à l'homme en face d'elle.

" Cet idéogramme est chargé d'une magie ayant à peu près le même effet qu'un sortilège d'Allégresse. Il suffit que vous posiez votre paume dessus, et la magie quittera l'idéogramme pour rentrer dans votre corps, comme si quelqu'un vous avait lancé ce sort. "

Elle n'avait jamais entendu parler d'une maladie comme celle dont souffrait l'homme, par contre. Les sorciers n'étaient pas très nombreux, les maladies rares devaient donc l'être encore plus que chez les moldus… Et en Chine, c'était simple, il n'y en avait pas. Pas dans les cercles qu'elle fréquentait en tout cas. C'était quelque chose de honteux, de ne pas avoir d'enfants capable de magie, en Chine. Quelque chose dont on était pas fier, et qu'on cachait souvent. La politique de l'enfant unique était à ce moment-là un problème. Comment savoir, à la naissance, si l'enfant serait un Cracmol ou non?
Elle n'en avait jamais rencontré, de Cracmols. Elle avait un peu pitié d'eux, d'une certaine manière, coincé entre deux mondes sans vraiment appartenir ni à l'un, ni à l'autre. Ils étaient un peu dans la même situation que les nés-moldus, à la seule différence qu'eux devaient s'intégrer dans un monde qui n'avait aucune connaissance sur l'autre.

Sa question suivante, par contre, la mit vraiment mal à l'aise. Ce n'était pas quelque chose qu'il avait besoin de savoir, ce n'était pas quelque chose qu'elle confiait facilement. Li Wei, Wei Hua, Eden le savaient, ses parents aussi, mais c'était tout. Ce n'était pas quelque chose qu'elle confiait facilement, dont elle aimait vraiment parler. Sans doute parce que si elle y pensait, elle commençait à regretter, à se dire "et si"… et ce n'était vraiment pas bon pour son moral.

" Pour des raisons qui me sont propres. Disons que… j'avais besoin d'un retour aux sources. Et oui, c'était dur, je n'étais pas revenue en Angleterre depuis 1995, à part un passage de deux mois après le deux mai. Alors revenir, alors que tout avait changé en profondeur mais peu en apparence, c'était étrange. On a l'impression que ça fait des années que la guerre est finie, mais il suffit de gratter un petit peu pour la voir ressortir. En plus… les mentalités ont évolués, quand j'étais en Chine, et devoir recommencer à vivre avec tout cela, c'est… un peu déstabilisant, oui. "



Jeune talent et vieux mécène [Amelia] 1260124signa
Britt Robertson, Kit par Daisy ♥
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Jeune talent et vieux mécène [Amelia] Icon_minitimeDim 6 Oct 2013 - 16:23
Leopold écouta avec attention les explications d'Amelia, ravi de découvrir une nouvelle forme de magie, aussi ancestrale que le pays dans lequel elle se développait. C'était quelque chose qui le touchait de particulièrement près, notamment lorsqu'elle évoqua la magie instinctive comme comparaison. A la lumière de ses explications, il n'était pas certain de pouvoir améliorer ses facultés magiques avec un tel processus. Au final, la façon par laquelle on convoquait et véhiculait la magie importait peu, puisque le problème de Leopold venait précisément de ce centre intérieur dans lequel il puisait sa magie, ce centre qui le faisait souffrir lorsqu'il tentait de s'en servir. Ce qui n'était pas normal, puisque pour la grande majorité des sorciers, la magie se ressentait très certainement mais ne provoquait aucune difficulté, aucune douleur. Leopold, lui, avait autant de difficultés à faire de la magie instinctive qu'à lancer un sortilèges, d'où la pensée erronée que sa famille avait eu dans son enfance, lorsque l'on avait cru qu'il était cracmol. Pourtant, sa lettre pour Poudlard était belle et bien arrivée et il avait pu user un peu plus les bancs de Serpentard, maison dans laquelle il avait dû se faire une place sans grands talents magiques... Heureusement, il compensait par d'autres atours, songea-t-il avec un brin de suffisance.

Le sorcier observa néanmoins la jeune femme tracer un idéogramme avec grand intérêt, et attrapa la feuille qu'elle lui tentait, avant d'examiner les quelques traits tracés à l'encre. Cela semblait tellement simple ! Leopold décida de tester tout de suite l'efficacité de ce procédé, cela ne pourrait pas lui faire de mal vu ce qui l'attendait ce soir... Il posa la paume de la main sur l'idéogramme et sentit aussitôt une agréable sensation de flottement et de bien-être l'envahir.

"Très impressionnant", commenta-t-il avant d'adresser un sourire légèrement béat à son interlocutrice.

Il la vit se refermer légèrement sur elle-même lorsqu'il mentionna les raisons de son départ, et son sourire s'accentua légèrement. Amelia Pevensie était une jeune femme pour le moins mystérieuse et surprenante, cela changeait agréablement de ces pimbêches qu'il avait l'habitude de côtoyer pour l'enregistrement des loups-garous. Ces sorcières manucurées et tirées à quatre épingles avaient l'air de considérer qu'elles savaient tout mieux que tout le monde et qu'elles faisaient partie du plus important bureau du ministère, sous prétexte qu'elles traitaient avec des créatures particulièrement sensibles et considérées comme dangereuses. C'était ridicule, pourtant, leur travail considérant majoritairement à de l'administratif, et la plupart des loups-garous n'étant que de pauvres âmes sans le sou qui avançaient tant bien que mal dans la vie. Rien de très dangereux, donc...

Leopold devait absolument faire du ménage dans son département, qui s'était retrouvé infecté d'incapables depuis l'entrée en fonctions de Fiennes... Il devait très vite retrouver le contrôle de ses embauches, songea le sorcier avant que cette pensée ne s'évanouisse de son esprit sous l'effet du sortilège d'allégresse. Il jeta un coup d'oeil à sa montre et constata avec un soupir que l'heure tournait. Il était largement temps qu'il ne se remette à son discours...

"Je comprends, cela m'a fait le même effet après la première guerre... Veuillez pardonner mon indiscrétion, j'ai une fâcheuse tendance à me mêler de ce qui ne me regarde pas", répondit-il alors avant d'ajouter : "Bien, je vous remercie pour cette démonstration, pour le tableau et pour le déplacement. Ce fut un plaisir de vous rencontrer, miss Pevensie, et je pense que je passerai sous peu visiter votre galerie. Il nous faut encourager les jeunes talents de ce pays, avant qu'ils ne repartent explorer de nouveaux horizons !"

Leopold raccompagna Amelia jusqu'à la porte de son bureau, puis revint méditer devant son nouveau tableau.

RP Terminé
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Jeune talent et vieux mécène [Amelia] Icon_minitime